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  • Caméras et sécurisation des espaces de la Société Nationale des Chemins de fer Belges : une mise à l’épreuve des hypothèses relatives aux transformations de l’art de conduire les conduites dans les sociétés libérales avancées (2011, Vincent FRANCIS)

    Abstract :

    Les sociétés dites libérales avancées connaissent depuis quelques décennies un processus de transformation des formes de régulation sociale caractérisées par le passage d’un idéal de traitement de la déviance (Etat-providence) à une logique de gestion des risques. Les nouvelles technologies semblent de plus en plus impliquées dans ce processus. La recherche doctorale rend compte, dans ce contexte en pleine mutation, de la contribution de la vidéosurveillance à la stratégie globale de sécurisation qui se met actuellement en place au sein de la Société Nationale des Chemins de fer Belges.

    [...]

    Pour mettre à l’épreuve ces hypothèses, nous avons choisi de nous pencher sur le cas de la Société Nationale des Chemins de fer Belges (ci-après dénommée : SNCB), société dont la stratégie de sécurisation des espaces et plus singulièrement des gares et de leurs alentours fait l’objet depuis plus de dix ans d’une refonte complète caractérisée par une redistribution des ressources sécuritaires, faisant la part belle aux caméras.
    L’analyse du système de vidéosurveillance, en tant que ce dernier participe à la stratégie de sécurisation de la SNCB, représentait pour nous une manière d’accéder à la rationalité - la manière de penser et d’organiser le réel - qui sous-tend le mode de gestion des risques au sein de cette compagnie ferroviaire. Afin de mener à bien une telle analyse, nous avons mis en place, en collaboration avec les responsables de la sécurité de la SNCB un dispositif de recherche consistant à recueillir des données empiriques pertinentes de nature documentaire, discursive et ethnographique.

    Le compte-rendu des résultats de l’ensemble de nos recherches se fera en trois temps. Nous présenterons, d’abord et plus précisément, le cadre théorique et les concepts-clés qui ont présidé à l’élaboration de notre hypothèse de travail (la transformation de la
    gouvernementalité contemporaine) et à sa problématisation (A). Ensuite, nous ferons état des résultats de l’analyse de notre matériau empirique (B). Et, enfin, nous conclurons par le compte-rendu des enseignements théoriques les plus saillants (C).

    Dans les conclusions :

    Au vu de nos analyses, le constat est clair : les modèles qui soutiennent une forme de panoptisation sociétale ou autre bigbrotherisation ne tiennent plus. L’empirie surprend
    toujours. Elle nous a menés vers l’inattendu et l’inédit. Les espaces de la SNCB sous vidéosurveillance ne sont pas contrôlés de la même manière qu’ils l’auraient été au temps de la modernité. Ils ne sont en rien ces lieux de réhabilitation soutenue par un regard centralisé
    aux effets normalisateurs. Ce regard aujourd’hui n’est plus, en dépit de quelques résonnances avec le modèle panoptique, celui de Bentham. Décentralisé, éclaté, muni d’une mémoire et d’une intelligence en constant progrès, il sert désormais une toute autre rationalité gouvernementale : celle qui agit sur les conduites par requalification préventive de l’espace.

    [...]

    Ce qu’aucun théoricien n’avait fait jusqu’à présent, les stratèges de la SNCB l’ont donc fait réflexivement et sur le terrain. Ils ont rapproché le monde de ces architectes descendants de Bentham de celui de ces économistes descendants de Gary Becker. [Defensible Space]

    pdf de la thèse à télécharger ici :
    http://dial.uclouvain.be/handle/boreal:95905
    backup : http://docdro.id/CFB8WUd

    #Foucault
    #gouvernementalité
    #surveillance #vidéosurveillance
    Thomas Berns, Antoinette Rouvroy, Dominique Quessada, Nikolas Rose, Eric Sadin