• Camp d’été décolonial : qui a peur de la non-mixité et de l’antiracisme politique ? - Contre-attaque(s)

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    Depuis quelques semaines, la polémique enfle autour du projet de camp d’été décolonial porté par Sihame Assbague et Fania Noël. En cause, la non-mixité politique de l’événement, choisie et revendiquée par les militantes. Après avoir essuyé de nombreuses critiques et attaques diffamatoires, et pour répondre aux nombreuses interrogations des premiers concernés, elles se sont lancées dans la rédaction d’un dialogue fictif avec elles-mêmes.

    Pourquoi déjà avoir choisi de créer ce camp d’été décolonial ?

    L’idée de ce camp est née d’un échange sur la nécessité de multiplier les espaces de transmission, de rencontres et de formation politique. Il en existe déjà ; ils font écho à une longue tradition d’organisation autonome des immigrations et des quartiers populaires. Les anciens, comme notre génération d’ailleurs, n’ont jamais attendu qu’on vienne les sauver. Ils se sont engagés, ont milité et résisté sur tous les fronts. C’est important de rappeler ça car tout militant est l’héritier de luttes passées et même en cours. On connaît très mal cette Histoire, on en sait très peu sur ces luttes et leurs enjeux. Du coup, l’un des objectifs du camp d’été c’est justement de se réapproprier tout ça. Il s’agit également de poser des termes sur ce que nous vivons et de partager méthodes et savoirs, qu’ils soient théoriques ou pratiques. En tant que militantes autodidactes, nous savons à quel point certains concepts ou certaines techniques peuvent paraître abstraits, complexes, etc...et puis, de manière générale, on a toujours besoin de creuser ce que l’on croit savoir (nous les premières), de se confronter à d’autres pensées, d’autres prismes, d’autres réalités. C’est un peu le principe de l’éducation populaire.

    Après, plus nous militons et plus nous nous rendons compte que le rouleau compresseur de l’antiracisme moral aka Touche-pas-à-mon-pote a fait des dégâts et a très largement contribué à la dépolitisation de ces sujets. On se retrouve avec des campagnes similaires à #TousUnisContreLaHaine qui, en se focalisant uniquement sur le racisme interpersonnel et sur les sentiments haine/amour, occultent volontairement sa dimension structurelle, étatique et donc éminemment politique. Cette formation nous a semblé d’autant plus opportune que les racisés sont voués à rester le sujet de discussion favori de la classe politique et médiatique de ce pays. Il faut juste voir les polémiques autour du voile... Tout ça, on a besoin de l’analyser, de le comprendre afin de le déjouer.