Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • « Elle » fait bander les critiques ; il est Ă  gerber | Delphine Aslan
    ▻http://www.huffingtonpost.fr/delphine-aslan/elle-fait-bander-les-crit_b_10253466.html

    Vous, peut-ĂȘtre pas, mais nous, quand on voit une meuf qui se fait violer au cinĂ©ma, on a envie de l’aider, pas de regarder ses seins. Mais les critiques semblent tous s’identifier au violeur, et non Ă  la victime. C’est peu dire que la volontĂ© du rĂ©alisateur d’érotiser le viol semble avoir fonctionnĂ© !
    C’est peut-ĂȘtre ça aussi, un des problĂšmes du cinĂ©ma français : ses critiques. HermĂ©tiques au concept apparemment abstrait de consentement mutuel dans les relations sexuelles, ils prĂ©fĂšrent voir une fumeuse cĂ©lĂ©bration de l’amoralitĂ© et de la transgression quand ils assistent Ă  des scĂšnes de viols Ă  rĂ©pĂ©tition.

    #culture_du_viol

    • Diglee en parle aussi sur son blog
      ▻http://diglee.com/le-coup-de-poing-dans-la-gueule-presque-un-mercredi-soir

      J’ai pleurĂ© de dĂ©couragement en sortant du trĂšs trĂšs mauvais film, « Elle », visionnĂ© dans l’aprĂšs midi (je ne pouvais pas faire plus Ă  propos
) qui parle d’une femme bourgeoise qui se fait violer dĂšs la scĂšne d’ouverture par un inconnu cagoulĂ© qui pĂ©nĂštre chez elle par effraction
 et qui finalement aime ça et en redemande, tombant sous le charme de son agresseur, d’abord sans le savoir, puis en le sachant trĂšs bien.
      Le film rend le viol totalement anecdotique, un dĂ©tail qui ne la fragilise pas outre mesure et disparaĂźt bien vite au profit d’un jeu sexuel volontairement dĂ©rangeant, et fait de surcroĂźt passer l’hĂ©roĂŻne pour une tordue, ELLE, d’aimer ça quand celui qui la viole passe pour un simple « torturĂ© ».
      J’en passe sur ce film qui est une vision bien romancĂ©e et masculiniste du viol (et pourtant, j’avais aimĂ© Basic Instinct. Je ne partais pas braquĂ©e, je l’attendais mĂȘme beaucoup).
      Pas étonnant que le film soit en sélection officielle pour Cannes, qui a choisi un film de Woody Allen pour ouvrir le festival
 HEM.

    • Alors voilĂ , lisant ton message, je m’étais dit est-il vraiment intĂ©ressant d’enfoncer encore des clous dans le cercueil de ce l’on appelle la critique cinĂ©matographique en France, d’autant que le problĂšme a Ă©tĂ© rĂ©glĂ© une mauvaise fois pour toutes il y a une quinzaine d’annĂ©es, il y avait eu une trĂšs belle opĂ©ration de muselage de ce qui pourtant Ă©tait assez inoffensif, pour tout dire, la profession du cinĂ©ma trouvait les critiques de TĂ©lĂ©Ă papa trop incisives et on avait invitĂ© les critiques Ă  faire leur mea culpa, les pauvres ne se rendaient pas compte qu’à force de critiques qui contenaient encore des morceaux critiques, mĂȘme trĂšs Ă©moussĂ©s, ils mettaient en danger toute la profession du cinĂ©ma français.

      Hier soir un dysfonctionnement de l’éclairage dans une des salles du MĂ©lies Ă  Montreuil a fait que le film que je voulais aller voir A war de Tobias Lindholm ― n’était pas visible, et donc le seul choix Ă  la mĂȘme heure Ă©tait cette saloperie d’Elle de Paul Verhoeven. Je me suis dit, allez comme ça je saurais au moins de quoi je parle.

      Ben je n’ai pas Ă©tĂ© déçu, j’en suis parti Ă  un peu moins de la moitiĂ© sans doute, je crois que c’est la troisiĂšme fois de ma vie que je ne regarde pas un film jusqu’au bout en salle, ce qui veut dire que je suis mĂȘme restĂ© au bout de deux ou trois films de Xavier Nolan que j’ai vus, c’est pour vous dire que je suis quand mĂȘme hyper tolĂ©rant et drĂŽlement patient comme gars.

      Franchement je ne sais pas par quel bout commencer. Tant ce film est mauvais, mais au-delĂ  mĂȘme du mauvais, les acteurs de ce film Ă  l’exception peut-ĂȘtre de la courte apparition de Vilma Pons en prof de yoga dĂ©contractĂ©e, les acteurs sont en bois, ils sont mal dirigĂ©s, je pense par exemple qu’il doit ĂȘtre possible d’obtenir quelque chose d’acteurs comme Anne de Consigny ou Charles Berling, voire d’Isabelle Huppert, Michael Hanecke, lui, y arrive et que lĂ  c’est justement impressionnant Ă  quel point ils n’ont pas l’air d’y croire eux-mĂȘmes. Il est Ă©tonnant de voir que c’est assez systĂ©matique de constater que des acteurs et des actrices français tueraient pĂšre et mĂšre pour ĂȘtre dirigĂ©s par des cinĂ©astes amĂ©ricains alors qu’ils pourraient l’ĂȘtre, peut-ĂȘtre pour moins cher, par d’excellents metteurs en scĂšne français.

      Toutes les situations du film suintent le toc, le fabriquĂ© et surtout le stĂ©rĂ©otype, mais pas n’importe quel stĂ©rĂ©otype, celui que les AmĂ©ricains se font de façon systĂ©matique de la France, (Ah la France toujours
) et qui bien sĂ»r regardent surtout du cĂŽtĂ© de leurs amis fortunĂ©s. Dans un film amĂ©ricain tournĂ© en France, tout se passe de grands appartements parisiens. C’est-Ă -dire dans la portion sociologique des 1% des personnes les plus riches du pays.

      L’intrigue est construite n’importe comment, on amĂ©nage les piĂšces seulement quand on en a besoin, ah putain oui, c’est vrai, de temps en temps il faut laver ses habits, vite on construit une buanderie (la scĂšne d’échange bref du personnage de Michelle avec la sage-femme qui vient de faire accoucher sa belle-fille est assez illustrative, tout d’un coup le personnage interprĂ©tĂ© par Anne de Consigny a mis au monde un enfant mort-nĂ©, et elle a allaitĂ© le fils de Michelle, ça pourrait servir et ça expliquerait bien des choses et tout est l’avenant). La scĂšne du repas de NoĂ«l est affligeante c’est d’ailleurs elle seule qui a fini par motiver mon dĂ©part Ă  mi parcours, je n’avais mĂȘme pas envie de savoir qui Ă©tait le violeur, je m’en tapais depuis le dĂ©but de toute maniĂšre et j’imagine que c’est un truc tordu, du genre, c’est elle-mĂȘme qui s’envoie des fichiers menaçant et qui a engagĂ© un des gigolos de sa mĂšre pour se faire violer ou mĂȘme son fils qui n’est pas vraiment son fils, le truc capillotractĂ© du rĂ©alisateur pas douĂ© mais qui veut jouer au plus malin.

      Question fantasme c’est Ă©videmment du court de chez court, trois fois la mĂȘme scĂšne du viol nous est remontrĂ©e avec une variante fantasmĂ©e encore plus violente que les autres, et naturellement, le personnage de Michelle ne demandait en fait que ça on l’a bien compris vous-mĂȘmes vous le saviez peut-ĂȘtre pas, mais en fait les femmes ne demandent qu’à se faire violer, elles font semblant que non pas du tout, mais en fait si, les femmes sont d’une perversitĂ©, vous n’avez pas idĂ©e, vous n’avez qu’à voir le dĂ©colletĂ© de Michelle le jour de NoĂ«l, une ou deux semaines aprĂšs son viol, si ce n’est pas incitatif ça, alors je ne sais pas ce qu’il vous faut , d’ailleurs on voit bien que quand son ami-amant, mari de sa meilleure amie, vient dans son bureau pour se faire traire quelques jours aprĂšs le viol, pas de problĂšme elle est obligeante, et pareillement une semaine ou deux aprĂšs le viol, elle ne pense qu’à se branler en matant Ă  la jumelle le beau voisin, dont d’ailleurs elle se demande si d’aventure il ne serait pas son violeur, Paul Verhoeven est vraiment un pauvre type, un branleur pour lequel le fin du fin en matiĂšre de sexualitĂ© c’est un show de strip tease Ă  Las Vegas (voir showgirls , tiens c’est un des deux autres films que je n’ai pas regardĂ©s jusqu’au bout).

      Que Paul Verhoeven soit un pauvre type, un branleur, dont le seul mĂ©rite aura Ă©tĂ© le caractĂšre dĂ©calĂ© et anti amĂ©ricain de Starship Troopers (et dont il aura luttĂ© pendant des annĂ©es depuis, pour tenter de nous convaincre qu’il ne l’avait pas fait exprĂšs, ce en quoi il dit sans doute la vĂ©ritĂ©), oui, tout cela est su, en revanche, effectivement, la critique dans son emballement Ă  assurer la promotion de ce genre de saloperies a assez clairement montrĂ© son ignorance crasse, son absence de jugement et de discernement et aussi son manque de culture cinĂ©matographique, parce que naturellement, ce film en plus d’ĂȘtre trĂšs con est le collier, dans lequel ont Ă©tĂ© enfilĂ©s un grand nombre de clichĂ©s qui viennent de mille autres films, pas tous bons en plus.