Alors voilĂ , lisant ton message, je mâĂ©tais dit est-il vraiment intĂ©ressant dâenfoncer encore des clous dans le cercueil de ce lâon appelle la critique cinĂ©matographique en France, dâautant que le problĂšme a Ă©tĂ© rĂ©glĂ© une mauvaise fois pour toutes il y a une quinzaine dâannĂ©es, il y avait eu une trĂšs belle opĂ©ration de muselage de ce qui pourtant Ă©tait assez inoffensif, pour tout dire, la profession du cinĂ©ma trouvait les critiques de TĂ©lĂ©Ă papa trop incisives et on avait invitĂ© les critiques Ă faire leur mea culpa, les pauvres ne se rendaient pas compte quâĂ force de critiques qui contenaient encore des morceaux critiques, mĂȘme trĂšs Ă©moussĂ©s, ils mettaient en danger toute la profession du cinĂ©ma français.
Hier soir un dysfonctionnement de lâĂ©clairage dans une des salles du MĂ©lies Ă Montreuil a fait que le film que je voulais aller voir A war de Tobias Lindholm â nâĂ©tait pas visible, et donc le seul choix Ă la mĂȘme heure Ă©tait cette saloperie dâElle de Paul Verhoeven. Je me suis dit, allez comme ça je saurais au moins de quoi je parle.
Ben je nâai pas Ă©tĂ© déçu, jâen suis parti Ă un peu moins de la moitiĂ© sans doute, je crois que câest la troisiĂšme fois de ma vie que je ne regarde pas un film jusquâau bout en salle, ce qui veut dire que je suis mĂȘme restĂ© au bout de deux ou trois films de Xavier Nolan que jâai vus, câest pour vous dire que je suis quand mĂȘme hyper tolĂ©rant et drĂŽlement patient comme gars.
Franchement je ne sais pas par quel bout commencer. Tant ce film est mauvais, mais au-delĂ mĂȘme du mauvais, les acteurs de ce film Ă lâexception peut-ĂȘtre de la courte apparition de Vilma Pons en prof de yoga dĂ©contractĂ©e, les acteurs sont en bois, ils sont mal dirigĂ©s, je pense par exemple quâil doit ĂȘtre possible dâobtenir quelque chose dâacteurs comme Anne de Consigny ou Charles Berling, voire dâIsabelle Huppert, Michael Hanecke, lui, y arrive et que lĂ câest justement impressionnant Ă quel point ils nâont pas lâair dây croire eux-mĂȘmes. Il est Ă©tonnant de voir que câest assez systĂ©matique de constater que des acteurs et des actrices français tueraient pĂšre et mĂšre pour ĂȘtre dirigĂ©s par des cinĂ©astes amĂ©ricains alors quâils pourraient lâĂȘtre, peut-ĂȘtre pour moins cher, par dâexcellents metteurs en scĂšne français.
Toutes les situations du film suintent le toc, le fabriquĂ© et surtout le stĂ©rĂ©otype, mais pas nâimporte quel stĂ©rĂ©otype, celui que les AmĂ©ricains se font de façon systĂ©matique de la France, (Ah la France toujoursâŠ) et qui bien sĂ»r regardent surtout du cĂŽtĂ© de leurs amis fortunĂ©s. Dans un film amĂ©ricain tournĂ© en France, tout se passe de grands appartements parisiens. Câest-Ă -dire dans la portion sociologique des 1% des personnes les plus riches du pays.
Lâintrigue est construite nâimporte comment, on amĂ©nage les piĂšces seulement quand on en a besoin, ah putain oui, câest vrai, de temps en temps il faut laver ses habits, vite on construit une buanderie (la scĂšne dâĂ©change bref du personnage de Michelle avec la sage-femme qui vient de faire accoucher sa belle-fille est assez illustrative, tout dâun coup le personnage interprĂ©tĂ© par Anne de Consigny a mis au monde un enfant mort-nĂ©, et elle a allaitĂ© le fils de Michelle, ça pourrait servir et ça expliquerait bien des choses et tout est lâavenant). La scĂšne du repas de NoĂ«l est affligeante câest dâailleurs elle seule qui a fini par motiver mon dĂ©part Ă mi parcours, je nâavais mĂȘme pas envie de savoir qui Ă©tait le violeur, je mâen tapais depuis le dĂ©but de toute maniĂšre et jâimagine que câest un truc tordu, du genre, câest elle-mĂȘme qui sâenvoie des fichiers menaçant et qui a engagĂ© un des gigolos de sa mĂšre pour se faire violer ou mĂȘme son fils qui nâest pas vraiment son fils, le truc capillotractĂ© du rĂ©alisateur pas douĂ© mais qui veut jouer au plus malin.
Question fantasme câest Ă©videmment du court de chez court, trois fois la mĂȘme scĂšne du viol nous est remontrĂ©e avec une variante fantasmĂ©e encore plus violente que les autres, et naturellement, le personnage de Michelle ne demandait en fait que ça on lâa bien compris vous-mĂȘmes vous le saviez peut-ĂȘtre pas, mais en fait les femmes ne demandent quâĂ se faire violer, elles font semblant que non pas du tout, mais en fait si, les femmes sont dâune perversitĂ©, vous nâavez pas idĂ©e, vous nâavez quâĂ voir le dĂ©colletĂ© de Michelle le jour de NoĂ«l, une ou deux semaines aprĂšs son viol, si ce nâest pas incitatif ça, alors je ne sais pas ce quâil vous faut , dâailleurs on voit bien que quand son ami-amant, mari de sa meilleure amie, vient dans son bureau pour se faire traire quelques jours aprĂšs le viol, pas de problĂšme elle est obligeante, et pareillement une semaine ou deux aprĂšs le viol, elle ne pense quâĂ se branler en matant Ă la jumelle le beau voisin, dont dâailleurs elle se demande si dâaventure il ne serait pas son violeur, Paul Verhoeven est vraiment un pauvre type, un branleur pour lequel le fin du fin en matiĂšre de sexualitĂ© câest un show de strip tease Ă Las Vegas (voir showgirls , tiens câest un des deux autres films que je nâai pas regardĂ©s jusquâau bout).
Que Paul Verhoeven soit un pauvre type, un branleur, dont le seul mĂ©rite aura Ă©tĂ© le caractĂšre dĂ©calĂ© et anti amĂ©ricain de Starship Troopers (et dont il aura luttĂ© pendant des annĂ©es depuis, pour tenter de nous convaincre quâil ne lâavait pas fait exprĂšs, ce en quoi il dit sans doute la vĂ©ritĂ©), oui, tout cela est su, en revanche, effectivement, la critique dans son emballement Ă assurer la promotion de ce genre de saloperies a assez clairement montrĂ© son ignorance crasse, son absence de jugement et de discernement et aussi son manque de culture cinĂ©matographique, parce que naturellement, ce film en plus dâĂȘtre trĂšs con est le collier, dans lequel ont Ă©tĂ© enfilĂ©s un grand nombre de clichĂ©s qui viennent de mille autres films, pas tous bons en plus.