Nidal

“You know what I did? I left troops to take the oil. I took the oil. The only troops I have are taking the oil, they’re protecting the oil. I took over the oil.”

  • Il faut absolument lire la contribution de Georges Corm au colloque Frantz Fanon d’Alger (juillet 2012) : Pourquoi la pensée de Fanon reste-t-elle pertinente ?
    http://www.georgescorm.com/personal/download.php?file=frantz%20_fanon.pdf

    Nous assistons ici à une involution de la conscience nationale dans un nationalisme vestimentaire et de l’apparence physique se réclamant non plus d’un peuple et de ses coutumes, mais des prescriptions transethniques de certains prédicateurs religieux musulmans. Ceux-ci s’imaginent naïvement pouvoir reconstituer dans le temps présent la société musulmane idéale, telle qu’elle aurait existé au VIIè siècle à Médine et à la Mecque du temps du prophète. En ce sens, une telle « mésaventure de la conscience nationale » illustre fort bien le pressentiment de Fanon sur les risques d’involution de la conscience nationale dans une rétractation identitaire stérile et anémiante. Ce succédané de conscience nationale empêche pour Fanon toute possibilité de régénérescence de la société colonisée qui demeure alors exposée à toutes les formes de domination néocoloniale, ce qui est bien le cas de la plupart des sociétés musulmanes, embrigadées dans le développement d’un islam dit « salafiste » transnational et soumis à l’influence de l’Arabie saoudite qui, depuis des décennies, forte de sa richesse pétrolière et financière, a répandu dans le monde arabe et musulman la doctrine wahhabite d’islam puritain et exclusiviste.

    En même temps, ces sociétés sont politiquement, militairement et économiquement soumises à l’influence hégémonique des Etats-Unis, de l’Union européenne et de l’OTAN. Cependant que l’altérité ainsi créé artificiellement par la « folklorisation » transnationale de la religion musulmane donne apparemment raison aux thèses du colonisateur qui lui aussi voit dans l’indigène une espèce humaine différente de celle des colonisateurs. Les images diffusées en boucle d’Oussama ben Laden durant deux décennies confirment cette totale « exotisation » de l’autre musulman […].

    A la fin du XXè siècle, Samuel Huntington donnera une nouvelle vigueur intellectuelle aux postures racistes des colonisateurs par son ouvrage sur les « choc des civilisations » qui aura un retentissement exceptionnel, en dépit de sa nullité conceptuelle et argumentaire. Ce qui donnera de la consistance aux thèses de Huntington sera cette altérité créée par l’extension de l’islam salafiste et de ses prescriptions vestimentaires. De la sorte, nous assistons aujourd’hui à la perpétuation du rapport colonisateur/colonisé, destructeur de la conscience nationale, que Fanon avait si bien décrit et dénoncé.

    En fait, le seul changement par rapport à l’époque où écrivait Fanon est celui de la globalisation économique et de l’émergence d’un pouvoir politique mondialisé concrétisé par les décisions du G8 et plus accessoirement du G20 et sa délégation en matière économique et financière au FMI ; un pouvoir qui est aussi celui des « marchés », des agences de notation, des grandes banques multinationales. […] Ainsi, la conscience nationale disparaît, ce qui permet au néocolonialisme moderne, incarné dans la globalisation économique néolibérale et transnationale, de devenir dominant.