• Souvenir personnel : Meeting Halle Carpentier 2 février 2008.
    http://www.democratie-socialisme.org/spip.php?article1416

    Depuis plusieurs mois, nous tractions, nous faisions signer des pétitions pour un référendum sur le traité de Lisbonne. Nous récoltions des signatures à la pelle. Les gens ne comprenaient pas qu’on passe outre l’avis du peuple exprimé par un référendum. Sarkozy, 8 mois après son élection, était déjà très impopulaire.

    Le point d’orgue de la campagne fut ce meeting à Paris le samedi 2 février soit 48 heures avant la réunion du Congrès (Assemblée Nationale et Sénat). Lors de ce meeting sont intervenus : Filoche (voir lien), Chevènement, Buffet, Besancenot, Bové, Laguillier, Autain, et beaucoup d’autres. Du lourd : environ une demi-douzaine des candidats à la présidentielle quelques mois plus tôt.

    Dans le bus qui nous ramenait en Lorraine, nous écoutions la radio pour savoir ce qui se disait du meeting. Et, là, c’était tellement énorme qu’on a tous éclaté de rire : Sarkopipo annonce qu’il s’est marié le matin même avec Carla Bruni ! Évidemment aucun compte-rendu du meeting, complètement éclipsé par la surprise people. Un président qui annonce son mariage en cours de mandat, rendez-vous compte !

    J’ai encore dans les oreille l’éclat de rire dans le bus.

    Ce type nous a vraiment pris pour des cons dès le début.

  • C’est un non-sens que de punir un peuple pour la corruption de ses dirigeants : le peuple en a été la première victime.

    Concernant la Grèce, on ne peut pas comprendre la situation actuelle sans tenir compte de ces deux faits :

    1) À la base, l’Union Européenne est un projet politique et non économique. Les accords sur le charbon et l’acier, sur l’énergie atomique étaient avant tout des prétextes à la constitution d’un bloc anticommuniste dans le contexte de la guerre froide. Ceux qui s’étonnent de l’entrée de la Grèce dans l’Euro ont oublié la géopolitique de l’époque. La Grèce, coincée entre la Yougoslavie, l’Albanie et la Bulgarie, sans frontière physique avec un autre pays de la Communauté, était une position hautement stratégique jusqu’en 1991. Face à cet enjeu les tripotages des comptes étaient de peu d’importance. Tous les dirigeants européens - modernes Tartuffes - et pas seulement les dirigeants grecs les ont couverts à l’époque. D’autant plus que cette position stratégique était le motif de dépenses militaires considérables, donc de marchés juteux.

    2) Verrouillage politique, népotisme, clientélisme et corruption sont des symptômes qu’on retrouve à des degrés divers dans tous les pays. Y compris la France. Ils sont toutefois beaucoup plus évidents dans les pays sous domination étrangère (au sens large : il peut s’agit de domination par un état étranger, ou par des entreprises étrangères). Or l’enjeu géostratégique que représentait la Grèce - on y revient - a prévalu très largement et très longtemps sur les besoins et aspirations des citoyens grecs. Ces derniers ne sont ni plus ni moins fondamentalement honnêtes, sérieux et travailleurs, que les autres citoyens européens.

    Qu’on ne s’y trompe pas : la quasi-faillite de l’État en Grèce n’est pas l’oeuvre du peuple grec. Celui-ci a tout-à-fait raison de refuser de payer une dette qui n’est pas la sienne. S’il était malgré tout obligé de le faire, ce serait un précédent catastrophique pour les autres peuples européens.

    FMI, BCE, UE, bas les pattes devant le peuple grec !

  • La France pillée (5/5) : Où va l’argent ? Que peut-on faire ?

    Pour ce rapport La France pillée, publié par Les Inrocks, le pôle économique d’Anticor s’est plongé dans le maquis des décisions de justice, des rapports, des enquêtes et des témoignages circonstanciés. Il en ressort une volonté de transparence et une inquiétude visible :

    “Privatisée en grande partie, la République s’efface et s’affaiblit. Les contrepouvoirs s’amenuisent.”

    Face à ce constat, l’association décortique l’actualité : vote d’amendements conciliants pour les grandes entreprises, autorisations d’exploitation du gaz de schiste données sans discernement, naïveté des collectivités contre opacité des banques. Elle en tire des recommandations, adressées au législateur comme aux autorités locales. Toutes tendent vers un contrôle accru des dépenses, une vigilance sur les conflits d’intérêt, une remise à plat des règles.

    http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/65745/date/2011-05-25/article/la-france-pillee-55-ou-va-largent-que-peut-on-faire
    Les Inrocks :
    #corruption

  • Un appel de citoyens grecs à l’initiative de Mikis Théodorakis

    AUX CITOYENS INDIGNES DE GRECE ET D’EUROPE

    « Nous saluons les dizaines de milliers, voire les centaines de milliers de nos concitoyens, jeunes pour la plupart, qui se sont rassemblés sur les places de toutes les grandes villes pour manifester leur indignation à l’occasion de la commémoration du mémorandum (accord cadre signe entre le gouvernement grec, l’UE, le FMI et la BCE, en Mai 2010 et renouvelé depuis régulièrement), demandant le départ du gouvernement de la Honte et de tout le personnel politique qui a géré le bien public, détruisant, pillant et asservissant la Grèce.

    La place de tous ces individus n’est pas au Parlement, mais en prison.

    Nous saluons les premières Assemblées générales qui se déroulent dans les centres de nos villes et la démocratie immédiate que s’efforce de découvrir le mouvement inédit de notre jeunesse. Nous saluons les travailleurs de la fonction publique qui ont entrepris manifestations, grèves et occupations pour défendre un Etat qui, plutôt que le démantèlement prévu par le FMI, a désespérément besoin d’une amélioration et d’une réforme radicales.

    Par leurs mobilisations, les travailleurs de l’Hellenic Postbank, de la Régie nationale d’électricité et de la Société publique de loterie et de paris sportifs défendent le patrimoine du peuple grec qu’entendent piller les banques étrangères, par le truchement de leur gouvernement fantoche à Athènes.

    Le pacifisme exemplaire de ces manifestations a démontré que lorsque la police et les agents provocateurs ne reçoivent pas l’ordre d’intervenir, le sang ne coule pas. Nous appelons les policiers grecs à ne pas être les instruments des forces obscures qui tenteront certainement, à un moment donné, de réprimer dans le sang les jeunes et les travailleurs. Leur place, leur devoir et leur intérêt est d’être aux côtés du peuple grec, des protestations et des revendications pacifiques de celui-ci, aux côtés de la Grèce et non des forces obscures qui dictent leur politique au gouvernement actuel.

    Un an après le vote du mémorandum, tout semble attester son échec. Après cette expérience, on ne peut plus s’autoriser la moindre illusion. La voie qu’a emprunté et continue de suivre le gouvernement, sous la tutelle des banques et des instances étrangères, de Goldman Sachs et de ses employés européens, mènent la Grèce à la catastrophe.

    Il est impératif que cela cesse immédiatement, il est impératif qu’ils partent immédiatement. Jour après jour, leurs pratiques révèlent leur dangerosité pour le pays. Il est étonnant que le procureur général ne soit pas encore intervenu contre le Ministre de l’Economie et des Finances, après les récentes déclarations tenues par ce dernier sur l’imminence de la faillite et l’absence de ressources budgétaires. Pourquoi n’est-il pas intervenu suite aux déclarations du président de la Fédération des patrons de l’industrie et de la commissaire européenne grecque Mari Damanaki sur une sortie de l’euro ? Pourquoi n’est-il pas intervenu contre le terrorisme de masse avec lequel un gouvernement en faillite, sous le diktat de la Troïka [UE - FMI - BCE], tente une nouvelle de fois d’extorquer le peuple grec ? Par leur catastrophisme, leurs allusions tragiques et tout ce qu’ils inventent et déblatèrent pour effrayer les Grecs, ils ont réussi à humilier le pays dans le monde entier et à le mener réellement au bord de la faillite. Si un chef d’entreprise s’exprimait de la même façon que le fait le Premier ministre et ses ministres lorsqu’ils parlent de la Grèce, il se retrouverait immédiatement derrière les barreaux pour malversation grave.

    Nous nous adressons aussi aux peuples européens. Notre combat n’est pas seulement celui de la Grèce, il aspire à une Europe libre, indépendante et démocratique. Ne croyez pas vos gouvernements lorsqu’ils prétendent que votre argent sert à aider la Grèce. Ne croyez-pas les mensonges grossiers et absurdes de journaux compromis qui veulent vous convaincre que le problème est dû soi-disant à la paresse des Grecs alors que, d’après les données de l’Institut statistique européen, ceux-ci travaillent plus que tous les autres Européens !

    Les travailleurs ne sont pas responsables de la crise ; le capitalisme financier et les politiciens à sa botte sont ceux qui l’ont provoquée et qui l’exploitent. Leurs programmes de « sauvetage de la Grèce » aident seulement les banques étrangères, celles précisément qui, par l’intermédiaire des politiciens et des gouvernements à leur solde, ont imposé le modèle politique qui a mené à la crise actuelle.

    Il n’y a pas d’autre solution qu’une restructuration radicale de la dette, en Grèce, mais aussi dans toute l’Europe. Il est impensable que les banques et les détenteurs de capitaux responsables de la crise actuelle ne déboursent pas un centime pour réparer les dommages qu’ils ont causés. Il ne faut pas que les banquiers constituent la seule profession sécurisée de la planète !
    Il n’y pas d’autre solution que de remplacer l’actuel modèle économique européen, conçu pour générer des dettes, et revenir à une politique de stimulation de la demande et du développement, à un protectionnisme doté d’un contrôle drastique de la Finance. Si les Etats ne s’imposent pas sur les marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne.

    La démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches.Il ne faut pas autoriser aujourd’hui les banques à détruire la démocratie européenne, à extorquer les sommes gigantesques qu’elles ont elle-même générées sous forme de dettes. Comment peut-on proposer un ancien collaborateur de la Goldman Sachs pour diriger la Banque centrale européenne ? De quelle sorte de gouvernements, de quelle sorte de politiciens disposons-nous en Europe ?

    Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire a été le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et d’Europe. Nous ne vous demandons pas un traitement de faveur parce que nous avons subi, en tant que pays, l’une des pires catastrophes européennes aux années 1940 et nous avons lutté de façon exemplaire pour que le fascisme ne s’installe pas sur le continent.

    Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes.

    Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. Bâtissons ensemble une Europe nouvelle ; une Europe démocratique, prospère, pacifique, digne de son histoire, de ses luttes et de son esprit. Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme. »

    Le Comite Consultative du Mouvement de Citoyens Indépendants. « L’ Etincel » ()

    Athenes, 26 Mai 2011
    (
    ) Créé à l’initiative de Mikis Theodorakis

  • Ça ressemble à une partie de poker menteur : le gouvernement allemand fait semblant de relayer les exigences de l’opinion allemande. En réalité, la BCE et le gouvernement allemand c’est cul et chemise. Il s’agit de faire pression sur la Grèce pour qu’elle renonce à ce qui lui reste de souveraineté.

    Le gouvernement grec, de son côté, a plus ou moins brandi la menace du référendum.

    Au total ça fait deux fois cette semaine qu’un gouvernement européen fait mine de s’appuyer sur son opinion publique, pour des questions vitales. C’est cent fois plus grave que l’histoire des concombres empoisonnés ou pas.

    « Le Bundestag vote en faveur d’une nouvelle aide à la Grèce - Monde - Challenges.fr »
    http://www.challenges.fr/actualites/monde/20110610.REU6656/le_bundestag_vote_en_faveur_dune_nouvelle_aide_a_la_gre.html?xtor=RSS-25

  • 16 - French Revolution : allons-y ! Pourquoi ?

    J’ai envie, après une dizaine de jour, de faire le point et de publier quelques réflexions sur les perspectives ouvertes par le mouvement French Revolution, dit aussi « Les Indignés ».

    Ce dans quoi je me reconnais

    o la connexion avec les mouvements espagnol, grec, l’attention à ce qui se passe en Tunisie, en Syrie
    o l’appel pour chaque citoyen à « prendre la place » et à renouveler la démocratie
    o le rejet de l’autoritarisme et des lois liberticides (Hadopi, Loppsi) : le travail fait depuis plusieurs années par les défenseurs des libertés numériques et au-delà trouve son prolongement dans le mouvement des indignés, c’est tout sauf anodin
    o le refus du système bipartisan, qui bloque tout changement réel, et la demande de changements constitutionnels
    o la référence à Stéphane Hessel, dont je ne partage pas les choix électoraux (PS, EELV), mais qui fait partie, avec Raymond Aubrac et d’autres, de ceux qui font connaître aux jeunes générations le programme du Conseil National de la Résistance :
    + sécurité sociale
    + statut des fonctionnaires
    + nationalisations
    + indépendance de la presse

    Ce qui me convient moins ou pas du tout

    Dès les premiers jours, une des questions les plus débattues sur le forum Réelle Démocratie était la suivante : « Que revendiquer, seulement la démocratie ou aussi du social ? ». Les premières réponses allaient clairement dans le sens d’une restriction au champ institutionnel. Je ne suis évidemment pas d’accord avec cette option. D’autant plus que chacun y va de sa recette miracle :
    o prise en compte du vote blanc
    o remplacer l’élection par le tirage au sort
    o référendum d’initiative citoyenne
    Ce dernier est probablement intéressant, toutefois il est loin de répondre à la situation. Est-il besoin de rappeler ce que nous vivons d’extraordinaire :
    o une crise financière mondiale du niveau de celle de 1929 avec la perspective de pays européens en défaut de paiement
    o un hold-up sur la démocratie en Europe (pacte pour l’euro plus) et plus particulièrement en Grèce où la troïka (UE, BCE, FMI) impose directement, sans même passer par le gouvernement en place, un programme inouï de privatisations et de coupes budgétaires
    En arrière-plan, l’avênement de l’économie numérique et les possibilités qu’elle ouvre en matière de développement humain, par la création de biens communs, par le partage des connaissances, par la circulation des idées, nous contraignent à poser en termes inédits la question de la propriété des moyens de production et de l’usage qui en est fait.

    a. Pourquoi cette réticence à évoquer la situation économique et sociale ?

    Naïveté ou peur du changement ? Les deux sans doute. On a tellement répété que les choix économiques faits ses trente dernières années étaient les seuls possibles que beaucoup n’osent plus imaginer d’autres choix. Ou ne veulent pas les imaginer, parce qu’ils ont opté pour l’individualisme et un prétendu apolitisme masquant des choix politiques et qu’au fond la société actuelle leur convient sous réserve de quelques aménagements à la marge.

    Plus gravement, la crise extraordinaire que nous vivons est grosse de toutes les possibilités, les meilleures comme les pires. Les officines fascistes savent que cette crise leur ouvre un boulevard. Elles ne manqueront pas, elles ont déjà commencé, de chercher à s’infiltrer dans toutes les agitations populaires pour tenter de les diriger. Leur stratégie est d’appuyer sur le « Tous pourris », sur l’antiparlementarisme, pour contrer toute revendication sociale. C’est ce que leur demandent leurs financeurs.

    D’autres, plus ou moins proches d’eux, peuvent partager la même stratégie, je pense aux ultralibéraux rêvant d’un gouvernement « apolitique », « technique », chargé de mettre en oeuvre les réformes qu’ils prônent et dont les peuples ne veulent décidément pas. Mais aussi, tout simplement aux sarkozystes de base, qui ont tout intérêt à faire passer le message selon lequel tous les partis se valent. Ce qui va dans le sens de l’abstention ou de la reconduction du sortant.

    Pour faire bonne mesure, on ajoutera des sectes et des conspirationnistes et on aura une idée de ceux qui cherchent à tirer parti du mouvement des indignés.

    Bien sûr, il s’agit là de minuscules minorités, mais elles ont une stratégie, et elles sont dangereuses.

    b. Un point particulier sur la question du revenu de vie

    De nombreux indignés, parmi ceux dont je me sens le plus proche, font du revenu de vie un incontournable. Certains m’ont proposé de l’ajouter à mes propositions du 8 Prairial. Je ne l’ai pas fait pour deux raisons :
    1. d’une part, et ce n’est pas la raison de fond, parce que cette revendication peut peut difficilement aboutir dans des délais raisonnables, contrairement à l’augmentation des salaires et des retraites. Rappelons qu’en juin 1968 le SMIC a été augmenté de 30%.
    2. mais surtout parce que, comme Bernard Friot, je préfère revendiquer un salaire à vie plutôt qu’un revenu de vie.

    * C’est bien pour toutes ces raisons qu’il ne faut pas rester spectateurs

    Prendre notre place dans le mouvement des indignés, participer à la French Revolution, sur les places de nos villes et villages, sur les réseaux sociaux, est une nécessité. La crise est là. Elle est gravissime.

    Les choses bougeront de toutes façons. En pire ou en mieux. En mieux si nous savons tenir compte d’une situation économique exceptionnelle et nous inspirer du programme du CNR. Nous sommes à mon avis dans un de ces moments-charnières où il faut prendre ses responsabilités.

    Mettons du social, des revendications précises et chiffrées, dans la French Revolution5 pour en faire une French Franche Revolution !

    16 Prairial 219
    #frenchrevolution