• Le spectacle comme illusion et comme réalité
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-le-spectacle-comme-illusion-et-realite-par-gerard-brich

    C’est vrai, la notion de « spectacle » n’est pas sortie tout armée de la cuisse de Guy Debord (ni de sa gueule de bois un soir de migraine – à l’instar de certains récits de la naissance de la fille de Zeus). Le concept de spectacle a été introduit par Guy Debord dans le Rapport sur la construction des situations (1957), un texte qui est à l’origine de la fondation de l’Internationale situationniste. Elle l’est d’abord à propos du dramaturge allemand Bert Brecht : « seule l’expérience menée par Brecht à Berlin nous est proche, écrit Debord, par sa mise en question de la notion classique de spectacle. » La signification de cette proximité est claire : ce qui intéresse Debord, c’est l’effort que fait Brecht de casser l’illusion théâtrale par ce que l’on appelle la distanciation. Au rebours de l’ambition théâtrale, d’obtenir une identification du spectateur aux personnages mis en spectacle, il y a la volonté de donner la conscience de l’écart entre le spectacle et la « vie réelle », et de faire du spectacle, non un instrument de désengagement de la vraie vie, mais même, au contraire, un outil pour intervenir dans la réalité (il y a presque de la pédagogie, et même de l’intervention dans la conception brechtienne du théâtre). Il y a une deuxième occurrence de la notion de « spectacle » dans ce texte, encore plus explicite : « Il est facile de voir à quel point est attaché à l’aliénation du vieux monde le principe même du spectacle : la non-intervention ». Est ici introduite la notion d’aliénation, qui fonctionne comme une définition de l’illusion théâtrale, et l’idée que le « vieux monde » est un monde de la dépossession de soi au profit de l’identification illusoire dans les personnages du spectacle. Je dirai qu’il n’y a rien de particulièrement « situationniste » dans tout cela, même si la première thèse de la Société du Spectacle prend cette observation comme point de départ : « Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation. »

    #situationisme #critique_de_la_valeur

  • Après la bavure, l’impossible quête de vérité pour les proches de Wissam El Yamni
    http://www.politis.fr/Apres-la-bavure-l-impossible-quete,23755.html

    Marwa et Farid remuent ciel et terre. Recours judiciaires, contre-expertises, entrevues officielles, conférences de presse… Rien n’est superflu dans leur combat pour la vérité, un an et demi après le décès de leur frère suite à une interpellation. Comme souvent dans ce type d’affaires, l’enquête est un nouveau calvaire pour la famille tant la justice et lente et l’enquête tronquée. Source : (...)

  • Le laisser-faire est-il libertaire ?, par Serge Halimi (#2013/06)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2013/06/HALIMI/49177

    En accès libre

    L’un est un philosophe passé des marges de l’édition au statut de référence de la contestation antiproductiviste. L’autre, un normalien de 30 ans tenant séminaire à l’Ecole normale supérieure. Leurs travaux respectifs semblent camper les deux pôles entre lesquels tâtonne la gauche française.

    Jean-Claude Michéa et Geoffroy de Lagasnerie s’opposent sur à peu près tout. Le premier pourfend le libéralisme culturel autant que le libéralisme économique ; le second salue en eux un « foyer d’imagination ». Tous deux s’accordent cependant pour les juger liés. C’est là que réside leur erreur commune.

    #Idées #Histoire #Économie #Politique #Idéologie #Socialisme #Capitalisme #Libéralisme #Néolibéralisme

  • La fin du pacifisme, la seule issue est la violence : Günther Anders
    http://raumgegenzement.blogsport.de/2013/06/21/la-fin-du-pacifisme

    "Il n’est pas possible d’exercer une résistance efficace avec des méthodes gentilles, en offrant des myosotis aux policiers qui ne peuvent les accepter parce qu’ils ont les mains prises par leurs matraques. Il est tout aussi insuffisant, non : absurde, de jeûner pour obtenir la paix nucléaire. On n’obtient qu’un seul effet en jeûnant : on a faim. Peu importe à Reagan et au lobby nucléaire que nous ne mangions qu’un sandwich au jambon. Ce ne sont que des “happenings”. Aujourd’hui, nos prétendues actions politiques ressemblent d’une façon vraiment effrayante à ces apparences d’actions qui ont fait leur apparition dans les années 1960 […]. Avec ces actions, nous croyions avoir franchi la frontière de la simple théorie, mais nous n’étions en fait que des “acteurs” au sens théâtral. Nous faisions du théâtre par peur d’agir vraiment […]. Le théâtre et la non-violence sont des parents très proches."

    • #Günther-Anders #pacifisme #non-violence #violence #écologie #nucléaire #Gandhi

      « Ce que Gandhi a fait se résume-t-il à des happenings ? »

      « Du point de vue de l’histoire du monde, je crains bien que oui. Considérez-vous que Gandhi nu en train de tisser avec un métier manuel — une scène qui a été photographiée des millions de fois — soit autre chose qu’un happening comparable à ceux des briseurs de machines ? Il n’a réussi ni à empêcher le développement de l’industrie textile en Inde ni à toucher au terrible système des castes. Sérieusement, si Gandhi a appelé à résister sans violence, c’est “faute de mieux” […]. Voilà ce qu’il voulait dire : “Nous pouvons peut-être opposer quelque résistance même si ce faisant nous n’obtenons pas le pouvoir et, avec ce dernier, la puissance d’agir.” C’est dire que l’important pour lui, ce n’était pas la non-violence en tant que telle (comme seule méthode, seul principe ou seule fin moralement autorisés), mais l’éventualité très faible de pouvoir aussi opposer une résistance même si l’on n’a pas d’armes. Ce qui est fondamental chez lui, ce n’est pas le “sans” (“sans armes”) mais le “même si” (“même si l’on n’a pas d’armes”) »

    • En allemand, un même mot dit le pouvoir et la violence : #Gewalt.

      Anders se présente lui-même comme un « philosophe de la barbarie » (GJN, 17), de la barbarie du monde actuel : Auschwitz, Hiroshima et Tchernobyl

      Avec les mass media a vu le jour la figure de l’“ermite de masse” (OH, 121). Il est assis, isolé face à sa radio ou à son téléviseur et reçoit la même nourriture auditive ou visuelle que les autres. Il ne se rend pas compte que ce qu’il mange solitairement est l’aliment de millions d’autres personnes en même temps » (GJN, 31).

      #technocratie #déprimant #voiture #pollution #après_le_mur

    • Le réalisateur Hark Bohm, qui habitait à l’époque à trente cinq kilomètres de la centrale nucléaire de Stade, la première centrale nucléaire de la République Fédérale, a réagi ainsi aux propos d’Anders : « La légitime défense est nécessaire. Mais dois-je tuer le président du Land de Basse-Saxe ? Le plus haut magistrat de la ville de Stade ? Après Kennedy, il y a eu Johnson ; après Johnson, il y a eu Nixon. Je tiens le conseil de Monsieur Anders pour extrêmement dangereux […]. Avec sa recommandation, il fait le jeu de ce qu’il combat. Il légitime la terreur d’État » (GJN, 38).

      Je crains que ce soit Bohm qui ait raison. La question de la violence ne peut pas se poser comme ça, de manière artificielle, ce qui détermine sa possibilité c’est un véritable rapport de force. Sinon ce ne sont au mieux que gesticulations ridicules ou pires, comme le dit Bohm, parfaitement dangereuses.

    • Ouais enfin Anders n’a pas dit ça au hasard dans le vide, genre « jeune chien fou idéaliste ». Il a dit ça après avoir vu et étudié justement les rapports de forces écolo et socio des 50 années précédentes. Et il n’a pas dit ça pour le plaisir, lui-même ayant toujours été plutôt non-violent. Je soupçonne que ça lui ait même fait du mal de devoir faire ce constat... Faire de l’agit-prop, des « happenings », sittings, festif-machin-chose, ça ne change juste rien.

      Dans les années 70, un gros chantier de centrale nucléaire a démarré au Pays Basque. ETA s’est prononcé contre le nucléaire est a lancé des menaces. On ne cède pas au chantage. Début des années 80, ils ont enlevé l’ingénieur en chef du projet, et demandé le démontage de ce qui avait commencé. On ne cède pas au chantage. Ils ont exécuté leur otage et quelques autres. Le chantier a été annulé, est toujours en ruine aujourd’hui, et il n’a plus jamais été question de nucléaire dans cette région (pour l’instant). C’est triste, mais c’est un rapport de force.

      On trouvera certains articles rappelant l’histoire de la critique nucléaire en Europe dans les années 70 sur le site de PMO, par exemple celui là (le premier du site ! :D) : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1

    • Le pays basque était alors en guerre contre l’Etat franquiste, le peuple soutenait, c’était un vrai rapport de force. Une « perspective militante anticapitaliste », pour remployer ce terme en bois, ce n’est pas la même situation, ce n’est qu’une idée pour mobiliser, il me semble...

  • Comment survivre et résister dans les quartiers de haute sécurité
    http://infokiosques.net/lire.php?id_article=1044

    Pour moi, la chose la plus importante qui m’a permis de survivre à mes nombreux passages en #isolement a été le refus de renoncer au #pouvoir ! Je veux dire : toujours garder à l’esprit à quoi sert l’isolement – c’est-à-dire se souvenir de ce que l’État essayer de faire en me mettant là, et donc d’utiliser mes capacités de compréhension pour résister à leurs plans. Cela veut dire notamment :
    1- Me faire un programme quotidien, plutôt que de laisser les gardes décider de mes journées.
    2- Avoir des emplois du temps différents et les utiliser alternativement, afin d’éviter que les jours se ressemblent ; savoir quel jour on est et la date exacte.
    3- Utiliser les signes extérieurs, comme les changements de luminosité, les changements de service, les bruits venant de l’extérieur de ma cellule, pour garder une idée du temps. Les premières semaines, j’avais noté tous les bruits ou les occurrences objectives, puis après je demandais aux gardes l’heure qu’il était.
    4- Développer plusieurs formes d’exercice pour différents jours et différents états de forme physique. Une des techniques de contrôle utilisées dans les détentions où j’ai été est d’enlever ou de retarder le temps d’exercice. Puisque l’exercice était une façon très importante pour moi de contrôler ma colère afin que je ne devienne pas énervée ou stressée, c’était crucial pour moi de ne pas les laisser faire ça. J’ai appris le yoga et j’ai fait de la musculation, et je courrais quand j’avais la possibilité d’aller dans la cour.
    5- Développer des activités créatives qui me permettent d’admirer ma propre créativité humaine – par exemple dessiner, écrire, fabriquer des choses avec de la récup’, etc. ça m’a aidé de me rappeler que ma place dans l’univers est celle d’un être humain sensible, aimant et créatif, et non d’un animal encagé. (c’est pour cela que de très nombreux prisonniers arrivent à faire des dessins incroyables avec des stylos billes !)
    6- Apprendre quelque chose – entreprendre d’étudier quelque chose et faire marcher son cerveau afin qu’à chaque transfert je puisse constater que j’ai progressé plutôt que l’inverse.
    7- Écrire des lettres – trouver des correspondant-e-s si besoin ; avoir une communication active avec l’extérieur.
    8- Pour moi, en tant que créature politique, il était essentiel d’être abonnée à un grand journal (j’ai ensuite réussi à le partager clandestinement avec une autre prisonnière). J’avais la chance d’avoir des ami-e-s qui me l’envoyaient. Je me demande si la Campagne pour arrêter les quartiers d’isolement ne pourrait pas réunir assez d’argent pour payer des abonnements à des hebdomadaires – Time ou Newsweek, ou à un quotidien ou à un hebdomadaire correct – pour les personnes à l’isolement ? Dans les prisons pour femmes et dans la plupart des quartiers d’isolement, l’accès aux médias est réduit.
    9- J’ai combattu pour chaque parcelle de ce que j’étais supposée avoir « droit à » selon les lois. C’est dur de ne pas être pleine de colère et de frustration quand on se bat ainsi, c’est pour ça qu’il m’arrivait d’écrire une lettre enragée à un gardien ou à quelqu’un d’autre, où je disais tout ce que je voulais, puis de la déchirer. C’était assez thérapeutique.

  • La revue des ressources, On ne peut pas améliorer les prisons
    http://www.larevuedesressources.org/on-ne-peut-pas-ameliorer-les-prisons-l-incarceration-a-tout-va

    Nous confrontons, à treize décennies d’écart, les constats de Pierre Kropotkine [...] et ceux d’analystes du XXIe siècle [...] sur l’état des #prisons : inhumanité de l’#incarcération, #travail carcéral, rôle des entrepreneurs privés dans le secteur, #récidive, échecs d’hier et d’aujourd’hui de politiques répressives non seulement brutales mais intéressées.

  • Le parti #situationniste - Lieux Communs
    http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article655

    Deux ouvrages viennent de paraître qui, partant d’une critique globale du vieux monde, découvrent dans les nouvelles formes de contestation de l’ordre établi le signe d’une révolution sans précédent. Ils se présentent, l’un et l’autre, précédés de leur commune réputation. De l’invention d’une internationale situationniste, de la séduisante outrecuidance de quelques pamphlets, de l’agitation qu’ont faite en leur nom des étudiants strasbourgeois — assez bruyants pour inquiéter un moment l’autorité du syndicat et celle de l’université — ils ont tiré un prestige qui désigne leurs livres à l’attention particulière d’un petit nombre. Ces livres, après le temps des déclarations, des déclamations et des dénonciations inaugureraient-ils celui de la réflexion ? Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations [1], La Société du spectacle [2], leurs titres font attendre un mode d’expression auquel #Debord et #Vaneigem ne s’étaient pas encore décidés. Se pourrait-il donc que prenne forme un discours subversif d’un nouveau genre ? Il n’est pas jusqu’à la coïncidence de leurs publications qui ne nous mette en alerte. Un discours qui, dans le même moment, naît de deux sources différentes, semble échapper à l’arbitraire, il multiplie son effet.

    Texte de #Claude_Lefort paru le 15 décembre 1968 dans la Quinzaine Littéraire. Repris dans Le Temps Present, Ecrits 1945-2005, Belin, Paris, 2007, p.211-215.

  • Splendeur et décadence du hall de gare : gérer les pas perdus | Benoît Duteurtre (Le Monde diplomatique)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/12/DUTEURTRE/48502

    Après la gare de l’Est et la gare Saint-Lazare, la gare du Nord et la gare Montparnasse seront prochainement remodelées. Véritables temples marchands, les vieilles architectures de fer se sont transformées en halls d’aéroport propices à la dépense. (...) Source : Le Monde diplomatique

  • Mathieu Rigouste, La violence policière n’a rien d’accidentel
    http://www.lesinrocks.com/2012/12/11/actualite/rigouste-11330655

    Ce n’est pas de la rhétorique, l’#impérialisme est un stade de développement du #capitalisme et de l’#Etat, qui arrive à un moment déterminé dans l’histoire de la lutte des classes. Il s’agit d’un rapport de #domination à différentes vitesses et qui s’inscrit dans l’espace : c’est le processus d’expansion d’un Etat-nation partant à la conquête de territoires, de ressources et de populations en dehors de ses frontières et mettant en place des formes de dominations et de ségrégations basées sur la classe, le sexe et la race. Les géographes radicaux anglo-saxons expliquent que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de développement de l’impérialisme qui ressemble très étrangement à la phase d’accumulation primitive qui avait donné naissance au capitalisme et qui fonctionne par la dépossession des ressources, des territoires, des cultures et des formes de vie autonomes. Je tente de montrer que les campagnes de conquête menées par les grands Etats impérialistes dans le « monde Arabe » (Irak, Afghanistan, Egypte, Syrie…) se combinent avec une dimension intérieure sur leurs propres territoires : l’expansion des mégalopoles urbaines (Grand Paris, Grand Toulouse, Nantes Métropole…). Cette expansion est supportée directement par la #tension policière et vise la conquête puis la #restructuration petite-bourgeoise des quartiers populaires, le renforcement du socio-apartheid, l’industrialisation de l’enfermement et la massification du néo-esclavage en #prison. La #police est le fer de lance de cette croisade intérieure.

  • Vidéo Ina - Sexe en prison, vidéo Sexe en prison, vidéo Economie et société Justice et faits divers - Archives vidéos Economie et société Justice et faits divers : Ina.fr
    http://www.ina.fr/economie-et-societe/justice-et-faits-divers/video/CPB8505013105/sexe-en-prison.fr.html

    Sexe en prison

    Quelle est la sexualité en prison ? Quelle trace laisse-t-elle chez les détenus devenus libres ? Deux femmes et deux hommes racontent leur sexualité derrière les barreaux. Mona a passé 6 mois en prison elle avait besoin de parler de sexe avec une personne avec qui elle pouvait délirer. Elle faisait des rébus érotiques, dessinait des sexes... Son ami est encore en prison. Elle a peur qu’il devienne bestial à sa sortie. Pour Gérard (4 ans de prison), la sexualité c’était la masturbation, les ouvrages pornographiques, les sévices. Il a eu des rapports homosexuels, mais à ce niveau il pense que c’est trop simple de donner des étiquettes. Danielle (6 mois de prison) est tombée amoureuse. Elle trouve anormal qu’on ait besoin d’utiliser des objets pour avoir du plaisir. A l’extérieur, elle ne peut pas se contrôler et en éprouve de la honte. Jacques (11 mois de prison) pense qu’à la sortie on ne peut qu’avoir des relations sexuelles par la sodomie ou son simulacre. A sa sortie il était impuissant, il a eu des montées de haine, s’en est sorti grâce à une prostituée. Il propose qu’il puisse y avoir des visites conjugales dans les prisons.

    #prison #sexualité

  • Petit condensé sur une prise de position à propos du concept de non-violence, concept bien utile à tous ceux qui veulent nos asservir

    Derrick Jensen café : Non-violence non
    http://derrickjensenfr.blogspot.fr/2010/12/non-violence-non.html

    La question est qu’il me semble douloureusement (et superbement) clair qu’il ne s’agit pas d’éradiquer la colère, mais de rester clair sur le pourquoi et le comment de ma colère, d’en être conscient. Quand c’est approprié, laisser cette colère s’exprimer tant qu’elle ne me consume pas, tout comme je peux laisser ma peur et ma joie s’exprimer tant qu’elles ne me consument pas. (…)
    Tenter de « transcender » la colère vient de cette peur, et aussi de cette bonne vieille traditionnelle haine du corps qui veut nous débarrasser de notre nature animale « viciée » : l’esprit de transcendance (la conscience cosmique, les sourcils de Dieu etc...), c’est bien ; l’animalité, la nature, c’est mal.
    Hors de ce contexte violent, bien sûr, rien de tout cela ne fait sens.

    http://derrickjensenfr.blogspot.fr/2011/12/pacifisme-part-2.html

    J’ai trop entendu de pacifistes dire que la violence ne faisait qu’engendrer la violence. Ce n’est manifestement pas vrai. La violence peut engendrer bien des choses. La violence peut engendrer la soumission, comme quand un maître bat son esclave ( certains peuvent finalement se révolter, dans ce cas la violence engendrera plus de violence ; mais certains se soumettent pour le reste de leur vie, et comme nous le voyons, certains vont même créer une religion ou une spiritualité qui tente de tourner leur soumission en vertu, comme nous le voyons également ; certains écriront et d’autres répèteront que la paix la plus désavantageuse est meilleure que la guerre la plus juste ; certains parleront de la nécessité d’aimer son oppresseur ; et certains diront heureux sont les dociles car ils posséderont ce qui restera de la terre). La violence peut engendrer un gain matériel, comme quand un voleur ou un capitaliste vole quelqu’un. La violence peut engendrer la violence, comme quand quelqu’un attaque quelqu’un d’autre qui riposte. La violence peut engendre une cessation de la violence, comme quand quelqu’un repousse ou tue un assaillant (et c’est totalement absurde et insultant de dire qu’une femme qui tue un violeur engendre plus de violence).

    • Ce Derrick est d’une platitude renversante, son catalogue de raisonnements enfonce des portes ouvertes et il n’avance en rien une éventuelle discussion profitable. Voilà bien un type qui ne sait pas penser, je ne le connaissais pas, je pense qu’il est stupide

    • Hombre, pure illusion de perspective, le gonze dégoise, additionne des choses très différentes au profit d’on ne sait quoi, de « quelle violence » ou de quelle colère, la sienne- qui serait légitime ou supérieure ? et de fait, je me demande d’où et pour quoi il cause. Grande prétention.

    • @paulo Amigo ! J’ai l’impression que tu cherches midi à 14 heures. @rastapopoulos vient de répondre à deux de tes questions. J’ajoute que même s’il puise dans l’anecdotique pour nous faire part de sa vision du monde, ce qui, reconnais-le, est une démarche propre à l’humaine nature -ne sommes-nous pas tous enclin à partager notre vision du monde au travers de nos expériences sensibles- Jensen a le mérite d’appeler un « chat » un « chat » et son appel à la résistance contre le salopage généralisé de notre environnement est sans ambigüité aucune. Voilà ce que veut dire sa colère et elle me semble tout à fait légitime. Maintenant si c’est une question de style, on ne peut te reprocher de ne pas aimer le bonhomme si tu es plus attaché à la rhétorique d’un discours qu’à son contenu.

    • D’accord ! alors qu’il sabote.
      Pour ce qui est de la rhétorique, tu vas fort Hermano ! please ne renverse pas les rôles, je cherche à comprendre, Derrick lui colmate le débat éventuel de la somme bavardes de ses « expériences sensibles » qui me paraissent la traduction de simples frustrations perso et ne sont en aucun cas convaincantes. D’ailleurs il n’a pas peur des contradictions : nous annonçant que les principes sont toujours plus petits que la réalité et dans le même temps défendant « la littérature morale et la vérité »...Ouf ! Il a les a certainement rencontrées. Quant à la non-violence, d’évidence il ne sait pas de quoi il parle.
      Qu’il sabote donc, mais il n’est pas nécessaire de gaver les autres de sa confusion.

    • qui me paraissent la traduction de simples frustrations perso

      À part anathémer péremptoirement de la psychologie à la va-vite, tu peux préciser ce qui te permet de penser ça ?

      Après, par un tour de passe passe, Derrick met sur le même plan la violence de vengeance (on a vu un proche se faire tuer, on s’est fait violer, etc), la violence d’auto-défense (on se fait attaquer par une personne et on réplique), la violence institutionnelle, et encore la violence de défense contre un système (industriel, technicien, etc). Sont-ce vraiment des choses à mettre sur le même plan et à discuter la même manière comme si elles étaient interchangeables ? Ça me paraît bizarre. D’autant que même si on suit au départ son raisonnement, il y a une sorte de malaise à finalement arriver exactement aux mêmes conclusions que la NRA, en gros : l’auto-défense : notre famille se fait agresser, on butte le mec d’en face. Toujours des solutions individuelles, donc, et non en passant par la communauté dans laquelle on vit (cela dit, beaucoup de communautés traditionnelles sont basées sur la vendetta aussi).

      Là où je le rejoins en tout cas, c’est que la réalité n’est pas simpliste, et que ce n’est ni facile ni naturel de savoir en telle ou telle circonstance si on doit user de la violence ou la réprimer.

    • Un maître d’arts martiaux japonais nous avait donné ce sage précepte : « Si on vous agresse, ne pensez qu’à une chose, fuir. Maintenant, si vous êtes acculés, si vous ne pouvez faire autrement, alors battez-vous, défendez votre vie et celles des autres ».
      Ghandi lui-même disait : « Je crois que s’il y a seulement le choix entre la lâcheté et la violence, je conseille la violence. »
      De toute évidence Derrick Jensen connaît mal le concept de « non-violence ». je ne voyais pas en son propos une justification à tout prix des actes violents, de l’auto-défense « citoyenne » style « NRA », ni de la vendetta personnelle. Ce que j’ai perçu dans les extraits que j’ai mentionnés n’était qu’un procédé narratif afin de mettre en contradiction les partisans de cette non-violence qui n’ont de ce concept qu’une approche dogmatique (semble-t-il).
      J’ai vu l’intérêt de partager ces textes comme une illustration de la situation de violence institutionnelle que nous subissons de la part du capitalisme mondialisé et destructeur de l’humain. Il n’est pas vain de faire le rapprochement avec les techniques « new age » proposées un peu partout dans le monde du travail pour nous apprendre à « gérer notre stress », à « positiver », nous « adapter », développer notre « créativité » etc ... Vous êtes déprimés par votre travail ? Vous êtes tendus, agressifs ? Allons, venez donc faire un peu de yoga, tai-chi, shiatsu, sophrologie et exercices respiratoires tout cela enrobé d’un salmigondis de philosophie taoïste, bouddhiste et autres fariboles alors qu’un simple pain dans la gueule de celui qui vient vous briser les noix quotidiennement serait tout aussi salutaire. Non, je n’ai aucun à priori sur ces cultures et pratiques mais ça ne s’apprend pas dans les livres genre le bouddhisme pour les nuls, ça s’intègre sur un très long terme et par une discipline rigoureuse et non par la voie du mercantilisme/consumérisme.

    • Dernier message sur ce type, adressé à Rastapofriend : je cite :
      "rester clair sur le pourquoi et le comment de ma colère, d’en être conscient. Quand c’est approprié, laisser cette colère s’exprimer tant qu’elle ne me consume pas, tout comme je peux laisser ma peur et ma joie s’exprimer tant qu’elles ne me consument pas. (…)
      Tenter de « transcender » la colère vient de cette peur, et aussi de cette bonne vieille traditionnelle haine du corps qui veut nous débarrasser de notre nature animale « viciée »

      Voilà, si on n’est pas en plein dans les miasmes psycho, je sais pas dans quoi on fiche le pied, ni si ça porte bonheur ...
      Mais je n’en veux plus

  • SOS Racisme plaide pour un régime Orwellien | Fabrice Epelboin
    http://reflets.info/sos-racisme-plaide-pour-un-regime-orwellien

    Renforcer l’arsenal juridique contre internet, « principal outil de la diffusion de la haine raciale », pour Cindy Léoni, « il y a urgence à y mettre un coup d’arrêt ». Le moins que l’on puisse dire c’est que la première sortie médiatique de la toute nouvelle présidente de SOS Racisme, dont le fondateur vient d’être nommé (à défaut d’être « élu » démocratiquement) à la tête du Parti Socialiste, est une catastrophe. Comme il est permis de douter que cette idée brillante sorte de ce qui lui sert de cerveau, il est – du même coup – permis d’avoir très peur de ce que nous réserve le nouveau pouvoir en place en matière de contrôle social et de mise sous surveillance de l’internet Français. Dura Lex, Sed Lex Initié dans un grand élan populaire dans les années 80 (full disclosure, j’étais à l’époque à fond là dedans), SOS Racisme a rapidement dégénéré en poussant le pouvoir en place vers une solution législative au problème du racisme. Solution qui s’est rapidement retrouvé être la seule et unique approche proposée par l’organisation. Testing, et punition des contrevenants. De l’entrée de boites de nuits à l’envoi de candidatures à des offres d’emploi, la présidente de SOS Racisme convient (...)

    #A_la_Une #France #Politique #Censure #Cindy_Léoni #SOS_Racisme #Surveillance

  • Techniques autoritaires et démocratiques - #Lewis_Mumford
    http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article638

    « #Démocratie » est un mot dont le sens est désormais confus et compliqué par l’usage abusif qu’on en fait, souvent avec un mépris condescendant. Quelles que soient nos divergences par la suite, pouvons-nous convenir que le principe qui sous-tend la démocratie est de placer ce qui est commun à tous les hommes au- dessus de ce que peuvent revendiquer une organisation, une institution ou un groupe ? Ceci ne remet pas en cause les droits de ceux qui bénéficient de talents naturels supérieurs, d’un savoir spécialisé, d’une compétence technique, ou ceux des organisations institutionnelles : tous peuvent, sous contrôle démocratique, jouer un rôle utile dans l’économie humaine. Mais la démocratie consiste à conférer l’autorité au tout plutôt qu’à la partie ; et seuls des êtres humains vivants sont, en tant que tels, une expression authentique du tout, qu’ils agissent seuls ou en s’entraidant.

    De ce principe central se dégage un faisceau d’idées et de pratiques connexes que l’histoire met en évidence depuis longtemps, bien qu’elles ne se trouvent pas dans toutes les sociétés, ou du moins pas au même degré. On peut citer parmi ces éléments : l’autogouvernement collectif, la libre communication entre égaux, la facilité d’accès aux savoirs communs, la protection contre les contrôles extérieurs arbitraires, et un sentiment de responsabilité morale individuelle quand le comportement touche toute la communauté. Tous les organismes vivants possèdent un certain degré d’autonomie, dans la mesure où ils se conforment à leur propre forme de vie ; mais chez l’homme, cette autonomie est la condition essentielle de son développement. Lorsque nous sommes malades ou handicapés, nous renonçons en partie à notre autonomie : mais y renoncer quotidiennement, et en toute chose, transformerait notre vie même en maladie chronique. La meilleure vie possible – et ici j’ai parfaitement conscience d’ouvrir un débat – est une vie qui exige plus d’auto-organisation, d’expression et d’accomplissement de soi. Dans ce sens, la personnalité, autrefois attribut exclusif des rois, appartient à tous les hommes en vertu du principe démocratique. La vie, dans sa plénitude et son intégrité, ne se délègue pas.

  • Mon père, l’homme qui a vu la bête - FAKIR | Presse alternative | Edition électronique
    http://www.fakirpresse.info/Mon-pere-l-homme-qui-a-vu-la-bete,418.html

    Alors, on le tire ce chevreuil, ou quoi ?
    C’est le paradoxe, chez mon père : braconnier passé garde-chasse, piégeur de renards et les domestiquant, fusilleur d’écureuils et protecteur de la nature… À mon tour de grandir avec ces paradoxes.
    Alors, je le tire, ce chevreuil, ou pas ?

    #paysannerie

  • La gauche bleu marine - #Jean-Pierre_Garnier
    http://blog.agone.org/post/2012/09/20/La-gauche-bleu-marine

    On savait passablement délavée la rose brandie par un poing, qui servent encore d’emblème, de plus en plus discrètement il est vrai, au parti socialiste. Depuis la première accession de celui-ci au pouvoir, le poing qui symbolisait la lutte des travailleurs et les espérances socialistes a eu tendance à s’effacer, laissant seule la rose en charge de galvaniser les militants et les électeurs du parti. En réalité, le poing est toujours là, de manière virtuelle et réelle à la fois. Il n’est plus brandi cependant contre les possédants, mais, « culture de gouvernement » aidant, contre les dépossédés qui s’avisent de se rebeller dans les zones de relégation où ils sont parqués. Quant à la rose, on pourrait suggérer aux « communicants » du PS de résolument la troquer pour une fleur, fût-elle artificielle, d’une couleur plus adaptée, ne serait-ce le fait que celle-ci ait déjà été adoptée par un parti encore plus droitier que lui.

  • On s’est souvent demandé comment des #marxistes avaient pu être #staliniens. Mais si les patrons sont progressifs, à condition qu’ils bâtissent des usines, comment des commissaires qui en bâtissent autant et plus ne le seraient-ils pas ? Quant à ce développement des forces productives, il est univoque et univoquement déterminé par l’état de la #technique. Il n’y a qu’une technique à une étape donnée, il n’y a donc qu’un seul ensemble rationnel de méthodes de #production. Il n’est pas question, cela n’a pas de sens, d’essayer de développer une société par des voies autres que l’« industrialisation » – terme en apparence neutre, mais qui finalement accouchera de tout son contenu capitaliste. La #rationalisation de la production, c’est la rationalisation créée déjà par le #capitalisme, la souveraineté de l’« #économique » dans tous les sens du terme, la quantification, le plan qui traite les hommes et leurs activités comme des variables mesurables. Réactionnaire sous le capitalisme dès lors que celui-ci ne développe plus les forces productives et ne s’en sert que pour une exploitation de plus en plus « parasitaire », tout cela devient progressif sous la « dictature du prolétariat ». Cette transformation « dialectique » du sens du #taylorisme, par exemple, sera explicitée par Trotski dès 1919. Que cette situation laisse subsister quelques problèmes philosophiques, puisqu’on ne voit pas dans ces conditions comment des « #infrastructures » identiques peuvent soutenir des édifices sociaux opposés ; qu’elle laisse aussi subsister quelques problèmes réels, pour autant que les ouvriers insuffisamment mûrs ne comprennent pas la différence qui sépare le taylorisme des patrons et celui de l’Etat socialiste, peu importe. On enjambera les premiers à l’aide de la « dialectique », on fera taire les seconds à coups de fusil. L’histoire universelle n’est pas le lieu de la subtilité.

    Cornelius Castoriadis, L’institution imaginaire de la société

  • Qu’un #sens économique latent puisse souvent être dévoilé dans des #actes qui apparemment n’en possèdent pas, c’est certain. Mais cela ne signifie ni qu’il est le seul, ni qu’il est premier, ni surtout que son contenu soit toujours et partout la maximisation de la « satisfaction économique » au sens capitaliste-occidental. Que la « pulsion économique » - si l’on veut, le « principe de plaisir » tourné vers la #consommation ou l’#appropriation – prenne telle ou telle direction, se fixe sur tel objectif et s’instrumente dans telle conduite, cela dépend de l’ensemble des facteurs en jeu. Cela dépend tout particulièrement de son rapport avec la pulsion sexuelle (la manière dont celle-ci se « spécifie » dans la société considérée) et avec le monde de significations et de valeurs créé par la #culture où vit l’individu. Il serait finalement moins faux de dire que l’homo œconomicus est un produit de la culture capitaliste que de dire que la culture capitaliste est une création de l’homo œconomicus. Mais il ne faut dire ni l’un ni l’autre. Il y a chaque fois homologie et correspondance profonde entre la structure de la personnalité et le contenu de la culture, et il n’y pas de sens à prédéterminer l’une par l’autre.
    Lorsque donc, comme pour la culture du maïs chez certaines tribus indiennes du Mexique ou pour la culture du riz dans des villages indonésiens, le travail agricole est vécu non seulement comme un moyen d’assurer la nourriture, mais à la fois comme moment du culte d’un dieu, comme fête, et comme danse, et qu’un théoricien vient dire que tout ce qui entoure les gestes proprement productifs dans ces occasions n’est que mystification, illusion et ruse de la raison – il faut affirmer avec force que ce théoricien-là est une incarnation beaucoup plus poussée du #capitalisme que n’importe quel patron. Car non seulement il reste lamentablement prisonnier des catégories spécifiques du capitalisme, mais il veut leur soumettre tout le reste de l’histoire de l’humanité, et prétend en somme que tout ce que les hommes ont fait et voulu faire depuis des millénaires n’était qu’une ébauche imparfaite du factory system. Rien ne permet d’affirmer que la carcasse de gestes constituant le travail productif au sens étroit est plus « vraie » ou plus « réelle » que l’ensemble des significations dans lequel ces gestes ont été tissés par les hommes qui les accomplissaient. Rien, sinon le postulat que la vraie nature de l’homme est d’être un animal productif-économique, postulat totalement arbitraire et qui impliquerait, s’il était vrai, que le #socialisme est impossible à jamais.

    Cornelius Castoriadis, L’institution imaginaire de la société