• #géopolitique #Afriquedusud Impériale Afrique du Sud, par Anne-Cécile Robert ( Le Monde diplomatique) , interrogeant l’influence régionale de l’Afrique du Sud et ses rapports de domination avec les pays d’Afrique australe .

    L’Afrique du Sud, dotée d’un Etat structuré par l’appareil administratif et répressif de l’apartheid, légitimée par le démantèlement de ce régime raciste, dotée d’immenses richesses, profite de l’inconsistance institutionnelle de ses voisins (Mozambique, Swaziland, etc.) pour les transformer en marchés captifs. Elle cherche en outre à tirer tous les avantages de son appartenance au groupe des Brics.

    Selon le politologue camerounais Achille Mbembe, la « nation arc-en-ciel », de plus en plus impériale, ignore les barrières frontalières , qu’elle contribue ainsi à effacer. Dominant économiquement toute la sous-région, devenue une sorte d’arrière-pays, Pretoria exporte par ailleurs ses compagnies de sécurité jusqu’au Mali, au Ghana, en Guinée.

    Selon Mbembe, au nord, la « frontière virtuelle » de l’Afrique du Sud se situerait désormais à peu près au niveau du Katanga (sud-ouest de la République démocratique du Congo). Elle entrerait par ailleurs dans la zone d’attraction de l’océan Indien et de l’Asie.

    Les tensions sociales, comme l’a illustré la répression de la grève à Marikana, les conflits de pouvoir au sein de l’African National Congress (ANC) ou les accusations de corruption à l’encontre de M. Zuma révèlent des fragilités significatives et quelques contradictions.

    Pour en savoir plus : http://www.monde-diplomatique.fr/2012/12/ROBERT/48475

  • #géographie #Afrique #population La poussée démographique africaine est-elle une réalité ? Entretien avec Gilles Pison dans Le Nouvel Observateur (20.08.13)

    L’Afrique est le continent dont la population s’accroît le plus vite. Afrique du Nord comprise, sa population pourrait quadrupler, passant de 1 milliard actuellement à 4,2 milliards en 2100, d’après le scénario moyen des Nations-Unies. Un homme sur sept vit aujourd’hui en Afrique . Ce sera probablement un sur quatre en 2050, et peut-être un sur deux ou un sur trois en 2100.

    Dans cette région ravagée par l’épidémie de sida, la mortalité a temporairement augmenté en Afrique au sud du Sahara et l’espérance de vie diminué. Mais la fécondité y est encore élevée, assurant un excédent des naissances sur les décès important malgré la hausse de la mortalité. Le lourd tribut payé par l’Afrique à l’épidémie de sida n’aura au total guère remis en cause sa vitalité démographique , même avec une croissance un temps ralentie.

    L’accroissement devrait être particulièrement important en Afrique intertropicale . C’est en effet là que les femmes ont le plus d’enfants, même si la fécondité baisse. Par exemple, le Nigeria compte actuellement 170 millions d’habitants, soit près de deux fois moins que les Etats-Unis, qui en comptent 315 millions. Mais il y naît chaque année près de deux fois plus de bébés. Ce pays pourrait dépasser les Etats-Unis par la population avant 2050, et devenir après 2100 le deuxième pays le plus peuplé du monde, derrière l’Inde.

    La baisse de la fécondité en Afrique, pour l’instant plus lente que celle observée il y a quelques décennies en Asie et en Amérique latine, ne vient pas d’un refus de la contraception. Beaucoup de femmes africaines, même à la campagne, souhaitent limiter ou espacer leurs naissances, mais souvent elles ne bénéficient pas de services adaptés pour y arriver.

    Les programmes nationaux de limitation des naissances sont peu efficaces. Ils manquent de moyens, sans parler du manque de motivation de leurs responsables. Beaucoup ne sont pas persuadés de l’intérêt de limiter les naissances, y compris au plus haut niveau de l’Etat. C’est là l’une des différences avec l’Asie et l’Amérique latine des années 1960 et 1970, et l’un des obstacles à lever si l’on veut que la fécondité baisse plus rapidement en Afrique subsaharienne.

    Pour en savoir plus : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20130820.OBS3718/la-poussee-demographique-africaine-est-elle-une-realite.html
    A compléter avec l’infographie sur l’explosion démographique en Afrique sur http://tempsreel.nouvelobs.com/infographies/20130820.OBS3751/infographie-afrique-vers-une-explosion-demographique.html

  • #Géographie #France #Ville Entretien avec Jacques Lévy publié dans L’Express.fr sur son dernier ouvrage, Réinventer la France. Trente cartes pour une nouvelle géographie (2013) : des réflexions sur les territoires urbains, la perception faussée du territoire des dirigeants politiques, la #cartographie et ses conséquences politiques et sur l’arrière-plan épistémologique et idéologique de Jacques Lévy.

    Il propose dans son ouvrage de déconstruire les visions traditionnelles de la France, passant pour cela par une réflexion sur les choix cartographiques des représentations des phénomènes spatiaux (démographique ou économique entre autres), privilégiant les anamorphoses (la taille des figurés étant proportionnelle à la population dans les cartes réalisées par Jacques Lévy).

    La France, ce vieux pays d’agriculteurs, est devenue presque totalement urbaine ! Cette société agraire a, chez nous, définitivement disparu . Aujourd’hui, avec la télévision, Internet, l’explosion de la mobilité, tous les Français partagent les valeurs de la ville, y compris lorsqu’ils n’habitent pas dans le cœur des agglomérations. Pour le dire d’une formule, les « ruraux » sont des urbains qui habitent à la campagne. Nous sommes tous entrés dans la civilisation urbaine.

    Aujourd’hui, les trois quarts des Français vivent dans 13 % des communes . Et les deux tiers des localités n’abritent que 10 % de la population !

    Nos bonnes vieilles cartes de France ne rendent pas compte de l’urbanisation du pays, car elles représentent les kilomètres et non les populations. Je conçois des cartes où chaque petite tache de couleur est proportionnelle à la population. C’est une manière de changer notre regard sur le pays, car, ne nous y trompons pas, les cartes traditionnelles ont des conséquences politiques : elles nous conduisent à accorder trop d’importance à l’espace, au détriment des habitants.

    Son propos relève ainsi d’une géographie civique qui remet au centre les questionnements sur l’organisation politique française et la gouvernance des territoires.

    Les intercommunalités ont une faible légitimité, puisque leurs présidents ne sont pas élus au suffrage universel direct. C’est un véritable scandale démocratique

    François Mitterrand a eu raison de créer des pouvoirs locaux, mais il a commis une erreur fondamentale en renforçant les communes et les départements, c’est-à-dire les institutions du passé, au détriment des villes et des régions.

    Les communes sont des fossiles , mais des fossiles suffisamment bien défendus pour empêcher l’émergence de structures politiques capables de régler les problèmes des Français.

    Il faut créer des découpages politiques correspondant aux espaces de vie des Français.

    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/politique/jacques-levy-nos-communes-sont-des-fossiles_1272957.html

  • #géographie #numérique Entretien avec le géographie Philippe Estèbe dans Rue89 sur le plan numérique de François Hollande qui vise à couvrir le territoire national par la fibre optique, un cas pour questionner l’égalité des territoires en France et les rapports entre territoires urbains et ruraux. Avec les piques virulentes contre les élus ruraux !

    Il y a aujourd’hui une folie autour de cette idée d’égalité des territoires – on entend égalité d’équipement des territoires – alors qu’en réalité on assiste à des transferts financiers massifs de l’urbain vers le rural . Le niveau de dépenses de fonctionnement par habitant est bien supérieur dans les communes rurales. En Lozère, vous avez un prof pour dix élèves. En Seine-Saint-Denis, un pour trente. Vous avez une surreprésentation de services publics dans les « déserts ».

    L’uniformisation des territoires est un drôle d’idéal. Il me semble qu’on peut accepter d’avoir plusieurs modèles de développement dans un pays comme la France : des territoires qui vivent à des vitesses différentes, des lieux qui fonctionnent sur des logiques de niche...

    Pour moi, cette histoire de fibre optique est d’un archaïsme total. Elle est liée à l’incroyable présence des élus ruraux dans le débat politique français . L’égalité des territoires, c’est d’abord la voix du monde rural qui s’exprime sur un mode victimaire. Il va peut-être falloir arrêter un jour de céder au lobby des élus ruraux, pour qui l’espace compte plus que les gens.

    Aujourd’hui, les gens vivant à la campagne ont accès, grâce à la mobilité, aux services de la ville moyenne du coin. On peut le regretter et rester attaché à la vision idyllique du village compact organisé autour de la mairie et de l’église. Mais la vision isolationniste de cette polyvalence de proximité n’est pas juste par rapport à la réalité de la vie des habitants de ces territoires. Les communes ne sont pas de petits Etats entourés de frontières infranchissables.

    Les conseils généraux font des contrats avec les communes, les intercommunalités, les pays... Les relations entre collectivités tournent essentiellement autour des flux de subventions. Cette logique de dépendance aux crédits est stérilisante, ça ne favorise pas les initiatives locales.

    Notre discrimination territoriale fonctionne à l’envers. La Cour des comptes a montré que l’investissement par tête dans les quartiers d’habitat social est inférieur à ce qu’il est dans les communes rurales .

    A lire sur http://www.rue89.com/2013/02/20/fibre-optique-partout-arretons-de-ceder-au-lobby-des-elus-ruraux-239847

  • #géographie Entretien avec le géographe Philippe Estèbe dans Libération sur l’interdépendance entre les Hauts-de-Seine et le territoire français.

    Notre système économique est très fortement intégré et ce sont les politiques publiques qui, depuis cinquante ans, ont fabriqué cette intégration.

    Le système français de redistribution coûte très cher, mais c’est un facteur d’unité exceptionnel par rapport à ce que vivent l’Espagne ou l’Italie.

    A lire sur http://www.liberation.fr/societe/2013/08/06/le-systeme-de-redistribution-est-un-facteur-d-unite-exceptionnel_923225