Est-ce quâon se reprĂ©sente bien ce que ça signifie ? Pour une blague @GMeurice sâest retrouvĂ© Ă la police judiciaire. Glaçant. Son livre est une mine pour penser lâhumour, les polĂ©miques mĂ©diatiques insensĂ©es, les libertĂ©s mises en pĂ©ril. Et la « cartographie de la lĂąchetĂ© ». Thread
« Que faisons-nous entre ces murs qui ont vu passer tant dâescrocs, de voyous et de criminels ? » Oui, câest dĂ©lirant. Et câest sur ce dĂ©lire que sâouvre le livre : un interrogatoire des heures durant en raison dâune poursuite pour « injure publique et provocation Ă la haine raciale ».
Pour avoir dit que Netanyahu serait une « sorte de nazi sans prĂ©puce ». Meurice fait son mĂ©tier : une blague. Un tombereau de haine sâabat sur lui : Ă©normĂ©ment de menaces de mort. Il est un « chien », une « petite salope ». On lui promet « une belle dans la nuque ».
La rabbin Delphine Horvilleur lance un appel Ă la censure : il faudrait « circoncire le temps dâantenne » de G. Meurice. Les mĂȘmes qui bien sĂ»r disaient #JeSuisCharlie appellent Ă son licenciement. Les mĂ©dias sont en boucle. Le courrier quâil reçoit des jours durant est terrifiant.
Guillaume Meurice Ă©crit « Jâaime la rĂ©alitĂ©. Car elle ne fait pas que dĂ©passer la fiction. Elle la sublime. Quelle probabilitĂ© existait-il pour que, un beau matin, je sois convoquĂ© Ă la police judiciaire en ayant simplement effectuĂ© mon travail ? » Poursuivi « pour une vanne ».
Cette vanne, câĂ©tait sa « rĂ©action face Ă lâhorreur des bombardements israĂ©liens. On parle alors de 10000 morts en quelques jours, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de lâONU compare Gaza Ă un cimetiĂšre pour enfants et les rapporteurs de lâorganisation alertent dĂ©jĂ sur un risque de gĂ©nocide. »
Ăvidemment que cette blague nâa rien dâun appel Ă la « haine raciale » comme deux organisations lâen accusent de maniĂšre dĂ©lirante. Elle ironise sur un bourreau, Netanyahu, et sur lui seul. « Rien de bien mĂ©chant qui puisse blesser. Offenser, peut-ĂȘtre. Choquer, Ă©ventuellement. »
Guillaume Meurice a un rapport tranquille et serein Ă la maniĂšre dont on rĂ©agit Ă ses blagues en gĂ©nĂ©ral. Il en a fait des milliers. « Cela ne me dĂ©range pas quâon puisse dĂ©battre dâune blague. Quâon puisse la juger bonne, mauvaise, opportune ou non. »
Mais cette fois, pour cette blague, sa hiĂ©rarchie au sein de France Inter et de Radio France le convoque, le somme de sâexcuser. Sans un mot de soutien face aux menaces quâil reçoit. Meyer Habib le traite alors de « petite vermine antisĂ©mite » et le menace de maniĂšre ignoble.
Heureusement, « revers du revers de la mĂ©daille », arrivent encore plus de messages de soutien. Par exemple : « Je suis juif et ta blague ne mâa pas du tout choquĂ©. Et quand bien mĂȘme elle mâaurait choquĂ©, tu avais le droit de la faire. Ne te laisse pas intimider par des dĂ©biles ».
Sibyle Veil, PDG de Radio France, dĂ©cide pourtant de sanctionner Guillaume Meurice. Lequel la prĂ©vient immĂ©diatement : il contestera cette sanction aux prudâhommes. « La raison est simple : nâayant pas commis de faute, il ne me semble pas normal dâĂȘtre sanctionnĂ©. »
Cette sanction est une honte. Comme lâĂ©crit Adrien DĂ©nouette, « toute tentative de faire taire la moquerie cĂšde Ă une pulsion autoritaire. Les rappels Ă lâordre de Radio France rĂ©vĂšlent les impostures morales de lâĂ©poque, qui trĂ©pigne dâinstaurer la tyrannie des susceptibles ».
Certains ont versĂ© dans lâignominie. Tel A. Finkielkraut, rapprochant Guillaume Meurice dâĂdouard Drumont, celui qui forgea le plus abject des complotismes antisĂ©mites Ă la fin du 19e siĂšcle ; M. Van Renterghem, le comparant aux collaborationnistes pronazis
Le paradoxe (apparent) câest que ces gens aux propos infĂąmes, bataillant officiellement contre ce racisme quâest lâantisĂ©mitisme, ne se privent pas dâignobles propos racistes. Comme dans cette lettre reçue par G.Meurice : « jâespĂšre que tu vas crever dans un attentat de bougnoules »
Le prĂ©sident du SĂ©nat G. Larcher attaque G.Meurice tout en assurant que ce nâest pas un dĂ©bat sur la libertĂ© dâexpression. Ah bon !? « Doit-on sâarrĂȘter avant les limites de la loi ? En fixer dâautres ? Comment ? Selon leur propre humeur, leur agenda politique, leur plan de carriĂšre ? »
Autrement dit, demande Guillaume Meurice, « faut-il faire valider nos blagues par GĂ©rard Larcher, Cyril Hanouna, Pascal Praud ou Delphine Horvilleur ? » Le livre mĂȘlant lĂ©gĂšretĂ© et gravitĂ©, pose de fait beaucoup de questions majeures, notamment sur la libertĂ© dâexpression.
Lâavocat qui a dĂ©posĂ© plainte contre Guillaume Meurice est RĂ©mi-Pierre Drai. Le mĂȘme qui dĂ©fend le sĂ©nateur JoĂ«l Guerriau, accusĂ© dâavoir droguĂ© une dĂ©putĂ©e pour lâagresser sexuellement, et qui excuse son client parce quâil avait... perdu son chat...
« Dans quelques annĂ©es peut-ĂȘtre que cet ouvrage brillera par sa banalitĂ©, devenu un simple exemple parmi des milliers dâun climat de censure devenu la norme » "Ou un modeste tĂ©moignage dâune Ă©poque troublĂ©e mais Ă laquelle on aura su collectivement faire face pour Ă©viter le pire."