Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Emeutes aprĂšs la mort de Nahel : ce qu’il faut retenir du rapport de la commission d’enquĂȘte
    ▻https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/adolescent-tue-par-un-policier-a-nanterre/emeutes-apres-la-mort-de-nahel-ce-qu-il-faut-retenir-du-rapport-de-la-c

    Le rapport fait Ă©tat d’une vingtaine de propositions, dans des domaines trĂšs variĂ©s, pour « tirer les leçons » de la rĂ©ponse faite Ă  l’époque par les pouvoirs publics. Le rapport s’abstient nĂ©anmoins de toute sĂ©vĂ©ritĂ© Ă  l’égard des responsables politiques, et des forces de l’ordre, qui ont, selon eux, Ă©tĂ© « utilisĂ©es dans de bonnes conditions ».

    🙈🙉 âžĄïž 🚼

  • DerriĂšre le succĂšs de Blablacar, un contrat secret et des Ă©conomies d’énergie surĂ©valuĂ©es
    ▻https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/04/06/derriere-le-succes-de-blablacar-un-contrat-secret-et-des-economies-d-energie


    Les locaux de Blablacar, Ă  Paris, en septembre 2015. PATRICK KOVARIK / AFP

    L’entreprise de #covoiturage a engrangĂ© plusieurs dizaines de millions d’euros depuis 2012 dans le cadre d’un mĂ©canisme d’obligations environnementales approuvĂ© par l’Etat. Une manne longtemps restĂ©e opaque, et qui s’appuie sur des calculs parfois fantaisistes.

    Pratique, Ă©cologique et mĂȘme depuis peu rentable : #Blablacar, qui revendique plus de vingt millions d’inscrits en France, est Ă©rigĂ© en modĂšle de start-up innovante. « Le leader mondial du covoiturage est Français : c’est une fiertĂ© ! », s’émerveillait Emmanuel Macron en 2022. Mais, pour en arriver lĂ , la #start-up a profitĂ© d’un discret soutien avalisĂ© par l’#Etat, Ă  hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros par an, selon les informations du Monde. Une #rente opaque dont Blablacar a Ă©tĂ© le bĂ©nĂ©ficiaire quasi exclusif pendant une dĂ©cennie et continue de profiter aujourd’hui.
    L’histoire remonte Ă  2012. La plate-forme, alors baptisĂ©e Covoiturage.fr, cherche encore son modĂšle Ă©conomique aprĂšs six ans d’existence. Une manne inespĂ©rĂ©e lui est alors proposĂ©e par un grand groupe français : Total.
    La compagnie, devenue depuis TotalEnergies, doit se conformer Ă  une obligation environnementale imposĂ©e par l’Etat Ă  tous les fournisseurs d’énergie. Le pĂ©trolier doit financer chaque annĂ©e un certain nombre d’actions favorisant la sobriĂ©tĂ© Ă©nergĂ©tique, dont l’efficacitĂ© est mesurĂ©e par des #certificats_d’économies_d’énergie (CEE). Ce systĂšme de #pollueur-payeur l’oblige Ă  rechercher auprĂšs de structures agrĂ©Ă©es par l’Etat des « gisements » de CEE potentiels, comme des travaux d’isolation, des installations de chaudiĂšres performantes, des dispositifs de fret ferroviaire


    ▻https://justpaste.it/c0ouj

    Tout ça pour des trajets couteux oĂč sous la bienveillance obligĂ©e des « Ă©valuations » la marchandisation rĂšgne.

    #voiture #entreprise #capitalisme_de_plateforme

  • Le viol, un crime de l’intimitĂ© longtemps impensĂ©
    ▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/05/le-viol-un-crime-de-l-intimite-longtemps-impense_6226192_3232.html

    A partir du milieu du XIXe siĂšcle, quelques rares mĂ©decins commencent cependant Ă  Ă©couter la parole des victimes, surtout quand elles sont encore enfants. Le psychiatre Auguste-Ambroise Tardieu (1818-1879) est ainsi le premier Ă  prĂȘter attention Ă  la souffrance des petites filles violĂ©es de l’hĂŽpital de Lourcine [Ă  Paris, actuel hĂŽpital Broca]. Mouvements fĂ©briles, troubles nerveux, suicide : le fondateur de l’enseignement mĂ©dico-lĂ©gal comprend qu’un #viol engendre des tourments psychiques. « Ce crime qui offense les sentiments les plus intimes au moins autant qu’il blesse le corps dĂ©termine souvent une perturbation morale », Ă©crit-il en 1857.

    Dans l’esprit des mĂ©decins, des magistrats et de la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre, une rĂ©volution des sensibilitĂ©s est en train de naĂźtre, mĂȘme si elle est encore trĂšs embryonnaire. « Si quelques experts mĂ©dicaux de la fin du XIXe siĂšcle commencent effectivement Ă  apercevoir la souffrance psychique des #femmes violĂ©es, ce sont encore des voix isolĂ©es au sein de la communautĂ© mĂ©dicale, observe l’historien FrĂ©dĂ©ric Chauvaud. Leurs rapports n’ont pas vraiment d’incidence sur le quotidien de la justice – d’autant qu’à l’époque les victimes, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, n’intĂ©ressent pas les juges : le procĂšs pĂ©nal est centrĂ© autour de l’accusĂ©. »

    Beaucoup de magistrats, au dĂ©but du siĂšcle suivant, restent en effet convaincus que la violence physique est consubstantielle au viol – et certains restent mĂȘme imprĂ©gnĂ©s par la doctrine de l’Ancien RĂ©gime sur la « certitude du consentement ». En 1913, dans son TraitĂ© thĂ©orique et pratique du droit pĂ©nal français, le grand pĂ©naliste RenĂ© Garraud (1849-1930) affirme ainsi avoir « quelque scrupule Ă  placer sur la mĂȘme ligne la violence morale et la violence matĂ©rielle, et Ă  admettre que la femme, consentant, sous la pression mĂȘme des menaces les plus graves, Ă  se livrer Ă  un homme, puisse prĂ©tendre avoir Ă©tĂ© violĂ©e par celui-ci ».

    Une question politique

    Il faudra encore plusieurs dĂ©cennies pour que le regard sur le viol se transforme vraiment. En s’affirmant peu Ă  peu comme des disciplines Ă  part entiĂšre, la psychiatrie, la psychologie et la #psychanalyse permettent de mesurer les ravages psychiques de la violence. « La connaissance de la subjectivitĂ© traumatique Ă©merge, au XXe siĂšcle, dans le sillage des conflits militaires, analyse Denis Salas. Les premiers travaux sur la nĂ©vrose traumatique sont publiĂ©s aprĂšs la premiĂšre guerre mondiale, ceux sur le stress post-traumatique aprĂšs la seconde guerre mondiale. Ils permettent de comprendre des souffrances qui, jusque-lĂ , Ă©taient restĂ©es invisibles. »

    ▻https://justpaste.it/6kpmk

    #histoire #sensibilités #justice

    • Si la protection que le code pĂ©nal accorde aux femmes est Ă  ce point fragile, c’est en grande partie en raison d’une croyance trĂšs ancienne que Georges Vigarello baptise la « certitude du consentement ». Aux yeux des hommes de loi de l’Ancien RĂ©gime, il Ă©tait impossible qu’un homme seul viole une femme. « [Pour eux], la vigueur fĂ©minine suffit Ă  la dĂ©fense, Ă©crit Georges Vigarello. Les juristes d’Ancien RĂ©gime y voient une quasi-vĂ©ritĂ©. » Les philosophes des LumiĂšres adhĂšrent, eux aussi, Ă  cette doctrine : « La nature a pourvu le plus faible d’autant de force qu’il en faut pour rĂ©sister quand il lui plaĂźt », estime, en 1762, Jean-Jacques Rousseau dans Emile ou De l’éducation.

      L’article souligne le fossĂ© anachronique et s’appuie sur les juridictions. Sans dire que l’éducation sexuelle, des enfants, des hommes et des femmes a levĂ© un tabou immense il y a Ă  peine 50 ans sur l’inconnu du sexe et du dĂ©sir, alors, imagine le viol et ses non-dits. Il faudrait demander aux femmes ĂągĂ©es de plus de 80 ans ce qu’elles savaient de la sexualitĂ© Ă  15 ou 20 ans.

  • Retour des Ă©coles normales : le proviseur de la RĂ©publique a encore frappĂ© ! | Alternatives Economiques
    ▻https://www.alternatives-economiques.fr/philippe-watrelot/retour-ecoles-normales-proviseur-de-republique-a-frappe/00110296

    C’est la fin des masters MĂ©tiers de l’enseignement de l’éducation et de la formation, dits MEEF, mis en place par Jean-Michel Blanquer en 2017 et rĂ©formĂ©s avec un concours placĂ© en fin de M2, il y a
 deux ans. Cette Ă©volution menĂ©e Ă  marche forcĂ©e a Ă©puisĂ© les Ă©tudiants candidats (et les personnels des instituts nationaux supĂ©rieurs du professorat et de l’éducation – InspĂ©). Or, ces rĂ©formes incessantes brouillent la visibilitĂ© nĂ©cessaire aux Ă©ventuels candidats sur leur formation et nuisent Ă  l’attractivitĂ© du mĂ©tier.

    Le recrutement au niveau master a assĂ©chĂ© le « vivier » des candidats potentiels et limitĂ© l’accĂšs au mĂ©tier des catĂ©gories populaires. Le retour du concours d’entrĂ©e au niveau de la licence nous ramĂšne Ă  la situation prĂ©valant de 1990 Ă  2009. Mais notons qu’à la fin de cette pĂ©riode, il y avait dĂ©jĂ  une baisse des inscriptions aux concours. De mĂȘme, les niveaux de rĂ©munĂ©ration envisagĂ©s correspondent Ă  ce qui Ă©tait proposĂ© en M1 et M2 avant la derniĂšre rĂ©forme. Ce fut sans effet sur l’attractivitĂ©.

  • Je lis que Doctolib ne veut pas rĂ©clamer les comptes bancaires des gens.

    Ce qui me laisse supposer que notre glorieux gouvernement, imaginant que c’est Doctolib qui allait prĂ©lever les 5 euros quand on ne va pas Ă  son rendez-vous mĂ©dical, ce gouvernement n’avait pas pensĂ© que c’était tout de mĂȘme une idĂ©e Ă  la con d’avoir encore un endroit oĂč les gens stockeraient leur compte bancaire, quelques semaines Ă  peine aprĂšs que les donnĂ©es de sĂ©cu de 33 millions de français aient fuitĂ© via le piratage de Viamedis et Almerys, et que France Travail se soit fait piquer les donnĂ©es de 43 millions de personnes.

    Toujours les mĂȘmes conneries : on dĂ©crĂšte un truc Ă  la con, et on croit que l’intendance va te me sĂ©curiser fissa la collecte des autorisations de prĂ©lĂšvement sur les comptes bancaires de dizaines de millions de français.

    Alors soit Doctolib est un peu sage sur ce coup, et prĂ©fĂšre ne pas prendre ce genre de risque. Ou bien il fait monter les enchĂšres et attend qu’on lui promette un bon gros paquet de pognon pour le faire.

  • Le controversĂ© projet de loi pour « sĂ©curiser » internet dĂ©finitivement votĂ©
    ▻https://www.nouvelobs.com/politique/20240410.OBS86943/le-controverse-projet-de-loi-pour-securiser-internet-definitivement-vote.

    CyberharcĂšlement, arnaques sur internet, accessibilitĂ© des sites pornographiques aux mineurs
 autant de flĂ©aux auxquels le texte tente de rĂ©pondre. Plusieurs dĂ©putĂ©s se sont inquiĂ©tĂ©s de la menace qu’il fera, selon eux, peser sur les libertĂ©s publiques.

    Enfin, Internet va devenir un lieu de non-droit. Non-droit de s’exprimer, non-droit de lire, non-droit de partager, non-droit de rigoler, non-droit de faire de la politique.

    • Ce dĂ©lit d’outrage en ligne permettra de sanctionner le fait de « diffuser en ligne tout contenu qui soit porte atteinte Ă  la dignitĂ© d’une personne ou prĂ©sente Ă  son Ă©gard un caractĂšre injurieux, dĂ©gradant ou humiliant, soit crĂ©e Ă  son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ». Un « dĂ©lit flou » qui « dĂ©roge [
] Ă  la loi de 1881 », s’alarme l’association de dĂ©fense des libertĂ©s numĂ©riques La Quadrature du net.

      on va enfin pouvoir punir les auteurs de lĂšse-majestĂ© en ligne !

  • Le chamboule-tout des mĂ©tiers de la grande distribution, percutĂ©s par l’IA, la location-gĂ©rance et l’essor des caisses automatiques
    ▻https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/11/grande-distribution-le-big-bang-dans-l-emploi_6227113_3234.html

    Jusque-lĂ , les manageurs construisaient les plannings des 450 salariĂ©s de cette grande surface, situĂ©e dans le centre commercial Aushopping Porte D’Espagne, et ils les affichaient quinze jours Ă  l’avance. DĂ©sormais, pour les quatre-vingts personnes du « secteur des caisses » en phase de test, c’est « le logiciel qui, avec ses paramĂštres, va rĂ©partir la charge de travail Ă  couvrir ».

    Difficile de discuter avec « la machine » autour d’un cafĂ© dans l’espoir d’adapter son planning. « Elle ne regarde pas si une employĂ©e, ĂągĂ©e de 57 ans et opĂ©rĂ©e des Ă©paules, est en bout de course, fatiguĂ©e, pour lui amĂ©nager ses plages horaires », souligne Mme Prieur. L’un de ses collĂšgues qui avait l’habitude de travailler six heures par jour pendant trois jours s’est ainsi retrouvĂ© subitement avec un emploi du temps de sept heures et trente minutes pendant deux jours, complĂ©tĂ© d’une journĂ©e de trois heures.

    Ça te parle d’intelligence artificielle, quand il ne s’agit que d’un algorithme de rangement multi-critùre.

    • Faut bien bien comprendre qu’en rĂ©alitĂ©, la machine continue de faire ce pour quoi elle a Ă©tĂ© programmĂ©e. Il y a tout a fait de la place pour indiquer que telle « ressource humaine » est empĂȘchĂ©e sur certaines tĂąches ou horaires, c’est juste le paravent derriĂšre lequel on planque l’intensification de la dĂ©gueulasserie.

      Et pendant ce temps-lĂ , on parle moins des autres pratiques đŸ€ź :

      A commencer par le développement de la location-gérance et de la franchise, deux modes de gestion des grandes surfaces moins coûteux en capital pour les grands groupes, mais moins protecteur sur le plan social pour les salariés.

      Carrefour s’en est fait une spĂ©cialitĂ©. Depuis 2018, 305 magasins, dont 80 hypermarchĂ©s, sont passĂ©s en location-gĂ©rance par vagues successives. Plus d’un tiers de ses hypers et les trois quarts de ses supermarchĂ©s sont aujourd’hui en franchise, contre respectivement moins de 10 % et moins de 60 %, il y a cinq ans.

      ConsĂ©quence, 23 000 salariĂ©s sortis des effectifs du groupe, dont « 4 000 en 2024 », selon Sylvain MacĂ©, dĂ©lĂ©guĂ© syndical de groupe pour la CFDT chez Carrefour et secrĂ©taire national de la FĂ©dĂ©ration des services. D’environ 115 000 salariĂ©s, en France, en 2018, l’entreprise n’en compte plus que 80 000 aujourd’hui, selon les syndicats. « Nous ne communiquons pas de chiffre des effectifs en France hors franchise », rĂ©pond de son cĂŽtĂ© la direction.

      J’ai vu ça au Carrefour Market de mon ex-bled : rachetĂ© en gĂ©rance par un comptable qui spĂ©cule sur plusieurs super du coin, ça a juste Ă©tĂ© un carnage social, avec plus aucun avantage pour les salariĂ©s et la suppression de l’anciennetĂ© sur le gĂąteau : les gens sont revenus au salaire de dĂ©part et en plus il ont perdu les syndicats, les CE, etc.
      DĂ©gueulasserie.

    • Faut bien bien comprendre qu’en rĂ©alitĂ©, la machine continue de faire ce pour quoi elle a Ă©tĂ© programmĂ©e

      Rah, merci ! 🙏 le truc que je rĂ©pĂšte Ă  longueur d’annĂ©e, Ă  mes proches, mes moins proches, mes Ă©tudiants
 (ça me rappelle le fil « j’aime seenthis » sur lequel j’ai rien mis, mais voilĂ , des petites bulles comme ça que je ne lis qu’ici
)

      Et bravo pour la trouvaille de l’article.

    • @biggrizzly Algorithme de planification. Toujours la mĂȘme histoire, derriĂšre il y a une fonction objectif, et le bidule est la pour maximiser (ou minimiser, pareil) la fonction en question. L’humain n’a aucune place lĂ  dedans, quels que soient les arguments (foireux dans 100% des cas).

    • Faut bien bien comprendre qu’en rĂ©alitĂ©, la machine continue de faire ce pour quoi elle a Ă©tĂ© programmĂ©e

      Comme les nazis qui ne faisaient qu’obĂ©ir aux ordres, et comment cette dĂ©responsabilisation perdure puisqu’on continue d’obĂ©ir aux ordres d’un monde productiviste logiquement eugĂ©niste.
      L’ordre est donnĂ© Ă  la machine de fabriquer du profit, dans cet optique il est normal que la femme de 57 ans qui a mal aux Ă©paules soit soumise aux mĂȘmes horaires que les jeunes vigoureux, elle sera Ă©jectĂ©e plus tĂŽt du circuit.
      Si elle se plaint, elle peut aller voir l’autre machine, celle à soigner, qui lui ponctionnera 5€ si elle est en retard et la remettra au travail illico.

  • SNU : la faute de l’Education nationale | Le Club
    ▻https://blogs.mediapart.fr/b-girard/blog/110424/snu-la-faute-de-leducation-nationale

    Dans quelques semaines, la participation forcĂ©e des Ă©lĂšves de Seconde rend de facto le SNU obligatoire. Avec la mise au pas de la jeunesse autour d’une mystique identitaire par une contrainte de type militaire, c’est aussi le service public d’éducation, maĂźtre d’Ɠuvre et maĂźtre d’ouvrage du dispositif, qui change de nature.

  • La Fondation David Suzuki lance la campagne Partage ta pelouse | Le Devoir
    ▻https://www.ledevoir.com/environnement/810694/biodiversite-gazon-maudit

    La Fondation demande qu’on repense globalement le rapport symbolique de la sociĂ©tĂ© aux herbes vertes engraissĂ©es chimiquement, entretenues mĂ©caniquement. Un guide diffusĂ© gratuitement enseigne Ă  prendre soin d’une pelouse avec moins de ressources (notamment en eau) et Ă  transformer une zone herbacĂ©e Ă  l’ancienne pour en faire un espace plus riche Ă©cologiquement.

  • Combien de mots utilise-t-on ? Comment savoir si un chiffre est farfelu ? On vous explique tout - Le français va trĂšs bien, merci
    ▻https://www.tract-linguistes.org/combien-de-mots-utilise-t-on-comment-savoir-si-un-chiffre-est-farf

    Nous n’avons pas trouvĂ© d’adulte capable de tenir des conversations orales dans ses situations les plus courantes, banales et quotidiennes avec moins de 10000 mots. Ce serait un exercice oulipien de rĂ©ussir une telle performance. Et on ne parle pas de vocabulaire passif, car celui-ci est encore plus Ă©norme pour n’importe quel individu ! Prenez quelques outils et n’hĂ©sitez pas Ă  vĂ©rifier par vous-mĂȘme.

  • Alain Bentolila : entre science et pensĂ©e magique, il a choisi ? - Le français va trĂšs bien, merci
    ▻https://www.tract-linguistes.org/alain-bentolila-entre-science-et-pensee-magique-il-a-choisi

    Ancien professeur de linguistique Ă  l’UniversitĂ© Paris-Descartes, Alain Bentolila atterre les linguistes (et pas qu’eux) en diffusant depuis 2005, de maniĂšre insistante et dĂ©libĂ©rĂ©e, un mensonge. À partir d’un entretien qu’il a accordĂ© au journal Le Monde “Vivre avec 400 mots”, M. Bentolila martĂšle des chiffres fantaisistes sur la taille du vocabulaire des jeunes des milieux dĂ©favorisĂ©s. Or, 400 mots c’est la taille moyenne du vocabulaire actif d’un enfant de deux ans ; le vocabulaire passif Ă  deux ans est dĂ©jĂ  plus grand. M. Bentolila ne peut pas ignorer cela. Tout en publiant par ailleurs lui-mĂȘme un rapport oĂč il Ă©voque les milliers de mots des enfants Ă  l’école primaire, il n’a cessĂ© de parler de 400 mots (parfois 250, parfois 500, selon les jours) dans les mĂ©dias. TrĂšs longtemps, les mĂ©dias ne prenaient pas la peine de vĂ©rifier ou de lui demander une source. En 2019, cela a changĂ© : TV5, par exemple, a publiĂ© un billet de dĂ©sintox et les journalistes ont commencĂ© Ă  se rendre compte que 400 mots tiennent sur une feuille A4 et que les affirmations de ce linguiste Ă©taient infondĂ©es. Mais c’est cette intox maintes fois rĂ©pĂ©tĂ©e qui lui a sans doute permis de se voir confier un « rapport sur l’acquisition du vocabulaire Ă  l’école Ă©lĂ©mentaire » par le gouvernement français en 2007.

  • « Bon, j’ai regardĂ© les 5 premiers Ă©pisodes de la FiĂšvre (sur C+). Avec les 4 T de TĂ©lĂ©rama je me suis dit, faut aller voir. Ben
 y’a pas mal de choses qui me gĂȘnent. Je vous explique rapidement (Ă  noter que tout ce que je mettrai entre guillemets est une citation de la sĂ©rie). » Mathilde Larrere

    Alors je vais essayer de pas trop spoiler. En gros. Tout commence par un incident entre un joueur de foot noir et son entraineur blanc (coup de boule, « sale toubab »). S’ensuit un emballement avec en gros, 3 camps.

    D’un cĂŽtĂ© une stand-uppeuse qui joue des paniques identitaires, dĂ©nonce le « racisme anti blanc », alimente les peurs et cherche « la guerre civile ». Elle manipule des rĂ©seaux sociaux.
    De l’autre, les « indigĂ©nistes » qui dĂ©noncent « le racisme systĂ©mique ». Au milieu, une Ă©quipe de com et une brillante jeune femme qui soutiennent le club et cherchent « la paix ».

    Alors OK, y a des moments plutĂŽt rĂ©ussis sur le rĂŽle des rĂ©seaux sociaux, l’art de la com, l’analyse de la fenĂȘtre d’Overton, mĂȘme quelques passages pas cons sur la lecture fĂ©ministe et dĂ©coloniale de la situation.

    Mais ce que fait cette sĂ©rie, c’est juste mettre en fiction la lecture de la « tenaille identitaire », avec les « indigĂ©nistes » d’un cĂŽtĂ©, la stand-uppeuse de l’autre, comme si c’était les deux faces d’une mĂȘme mĂ©daille, tous cherchant « Ă  mettre de l’huile sur le feu ».

    Déjà, ça pue.
    Ajoutez Ă  ça que c’est un monde sans politique (ou peu), sans État, sans parlementaires. Comme si tout Ă©tait affaire de com, de RS et de groupes manipulateurs. Enlever la politique, c’est aussi enlever le RN ( le seul dĂ©putĂ© dans la sĂ©rie est un LR bien Ă  droite).

    Si du cĂŽtĂ© des « indigĂ©nistes » on voit un petit groupe (que la sĂ©rie s’amuse Ă  prĂ©senter comme se divisant, parlant par formules toutes faites), avec ses gardes du corps, cotĂ© extrĂȘme droite, y’a que la meuf bien lisse, pas un nervi Ă  tatouages nazi (et dnc pas le RN !).

    Tout est fait pour qu’on s’identifie au camp du milieu, l’équipe de com, celui de la paix, du « vivre ensemble », du « black blanc beur », plein de bons sentiments mais sans la moindre lecture politique un peu sĂ©rieuse de ce qui se passe.

    La sĂ©rie plaĂźt je pense Ă  des gens qui se pensent de gauche, sans trop se questionner sur ce que ça signifie, qui y trouvent la justification de leur rejet des idĂ©es qu’ils doivent penser « woke », « indigĂ©nistes », et seront rassĂ©rĂ©nĂ©s d’Ɠuvrer pour la paix civile. Qui pensent aussi que les pb de racisme se rĂšglent en se pardonnant et en dansant ensemble, que les pb sociaux se rĂšglent par l’action humanitaire et les librairies bus.

    Ce faisant, la sĂ©rie distille tout un tas d’expressions de droite voire d’ED, comme "la France archipelisĂ©e", la "tenaille identitaire" qui prend en otage "le pays rĂ©el", reprend nb de clichĂ©s sur les dĂ©coloniaux et minimise clairement le danger de l’extrĂȘme droite en France. Bref, dans l’air du temps fort malheureusement, je comprends vraiment pas les 4 T de Telerama !

    ▻https://twitter.com/LarrereMathilde/status/1778004984585461998

  • Le recadrage de magistrats par Eric Dupond-Moretti est « de nature Ă  porter atteinte » Ă  la sĂ©paration des pouvoirs, selon le Conseil supĂ©rieur de la magistrature
    ▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/04/10/le-recadrage-de-magistrats-par-eric-dupond-moretti-est-de-nature-a-porter-at

    Des magistrats (...) ont racontĂ© au Figaro s’ĂȘtre « pris une soufflante » par le garde des sceaux et avoir Ă©tĂ© « en Ă©tat de sidĂ©ration » ; l’ancien avocat pĂ©naliste Ă©tait furieux des propos tenus durant la commission sĂ©natoriale d’enquĂȘte sur l’impact du narcotrafic en France. « Je crains que nous soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants Ă  Marseille », avait affirmĂ© Isabelle Couderc, juge d’instruction du pĂŽle criminalitĂ© du tribunal de Marseille, le 5 mars.

    #Justice

  • Le dĂ©ni français face aux menaces sur l’eau

    Éditorial

    Le Monde, 8 avril 2024

    Des consommateurs aux collectivitĂ©s et producteurs d’eau potable, des industriels aux agriculteurs en passant par les Ă©nergĂ©ticiens, toute la sociĂ©tĂ© commence Ă  Ă©prouver l’ampleur du problĂšme. Pourtant, le gouvernement a renoncĂ© Ă  toute mesure de long terme.

    ▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/08/le-deni-francais-face-aux-menaces-sur-l-eau_6226651_3232.html

  • Dans “l’enfer” des cours d’EPS
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/eps-enfer

    A l’approche des Jeux Olympiques, certains mĂ©dias s’interrogent : la France est-elle un pays sportif ? Au-delĂ  de la question des mĂ©dailles et des Ă©quipes nationales, on se hasarde Ă  se demander si oui ou non une culture sportive innerve l’ensemble de la population. Faisons-nous suffisamment de sport ? Pas assez, nous dit-on. « Manger [
]

  • A moins de 30 ans, leur corps dĂ©jĂ  abĂźmĂ© par le travail : « Ă‡a a quelque chose de dĂ©primant de se rendre compte qu’on est toute cassĂ©e si jeune »
    ▻https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/04/09/a-moins-de-30-ans-leur-corps-est-deja-abime-par-le-travail-ca-a-quelque-chos

    Des salons de coiffure aux entrepĂŽts de logistique, de jeunes travailleurs et travailleuses racontent les douleurs physiques qui envahissent leur quotidien.

    Par Alice Raybaud
    PubliĂ© aujourd’hui Ă  06h15, modifiĂ© Ă  17h04

    Temps de Lecture 7 min.

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    DĂ©sormais, chaque matin, LĂ©a Ruiz revĂȘt tout un attirail. Positionner un masque FFP2 sur le visage, enfiler une paire de gants en latex. Sur son agenda personnel, toujours avoir un rendez-vous chez le kinĂ© programmĂ© Ă  court ou moyen terme. A 32 ans, elle n’a pas le choix si elle veut allĂ©ger les troubles physiques qui pĂšsent sur elle aprĂšs neuf annĂ©es en tant que coiffeuse.

    Les premiĂšres douleurs sont survenues trĂšs tĂŽt, dĂšs ses pĂ©riodes de stage. Dans les salons de grandes chaĂźnes oĂč la jeune apprentie coiffeuse officiait – debout toute la journĂ©e et soumise Ă  une « cadence effrĂ©nĂ©e » –, son dos a commencĂ© Ă  lui faire mal. Puis ses poignets et ses Ă©paules, Ă  force d’enchaĂźner les Brushing coudes relevĂ©s et sĂšche-cheveux Ă  la main, et enfin ses jambes, en raison du piĂ©tinement continu. « Au dĂ©but, ça s’en allait, avec du sport ou des sĂ©ances de kinĂ©. Et puis ça s’est installĂ©, et c’est devenu des douleurs constantes », raconte LĂ©a Ruiz. A l’orĂ©e de la trentaine, un eczĂ©ma envahit ses mains, abĂźmĂ©es par les shampooings, suivi de violents maux de tĂȘte, liĂ©s Ă  l’inhalation quotidienne des produits de dĂ©coloration.

    Depuis 2020, elle a quittĂ© l’industrie des salons de coiffure « Ă  la chaĂźne » et a montĂ© une coopĂ©rative avec d’autres collĂšgues, dĂ©cidĂ©s Ă  penser une organisation du travail plus respectueuse : Frange radicale, Ă  Paris, oĂč les coiffeurs essaient de prendre davantage leur temps pour chaque coupe. Mais la jeune femme traĂźne toujours ces sĂ©quelles physiques, qui s’aggravent d’annĂ©e en annĂ©e. « Je ne vois pas bien combien de temps je vais pouvoir encore tenir comme ça », confie-t-elle.

    « Usure prĂ©maturĂ©e »

    Dans de nombreux secteurs, en particulier peu qualifiĂ©s, des jeunes travailleurs et travailleuses subissent, avant mĂȘme la trentaine, les impacts prĂ©coces de leur activitĂ© professionnelle. Des domaines comme la logistique, le BTP, la vente, la restauration, l’esthĂ©tique – souvent essentiellement soit fĂ©minins, soit masculins – sont marquĂ©s par un mĂȘme turnover, symptomatique de milieux qui essorent les corps en un temps record.

    Si les mĂ©tiers en question sont caractĂ©risĂ©s par une pĂ©nibilitĂ© intrinsĂšque, les jeunes entrants sont particuliĂšrement exposĂ©s Ă  ce que les chercheurs appellent une « usure prĂ©maturĂ©e » en raison de la nature des emplois qui leur sont attribuĂ©s. Souvent en intĂ©rim ou en CDD, ils passent en coup de vent, dĂ©couvrant Ă  chaque contrat un nouvel environnement de travail, auquel ils ne peuvent s’adapter pleinement. Et oĂč on leur confie souvent les tĂąches les plus harassantes, dont les manutentions les plus lourdes et contraignantes, comme le souligne un rapport du Centre d’études de l’emploi et du travail de 2023.

    Marc (qui n’a pas souhaitĂ© donner son nom de famille), ajusteur-monteur de 25 ans, enchaĂźne depuis ses 19 ans les contrats d’intĂ©rim dans des usines d’automobile et d’aĂ©ronautique. Il a commencĂ© par du travail de nuit, puis des horaires en trois-huit. « J’ai grandi dans une famille monoparentale, tout le temps avec des galĂšres d’argent. Alors, quand j’ai vu qu’avec ce type d’emploi je pouvais toucher 2 000 euros plutĂŽt que le smic, en tant que non-qualifiĂ©, j’ai dit oui direct. C’est un appĂąt pour les jeunes comme moi qui cherchent Ă  tout prix Ă  sortir de la misĂšre », raconte le jeune homme, passĂ© auparavant par la vente et la restauration, « par dĂ©faut, aprĂšs le refus de [ses] vƓux d’études supĂ©rieures sur Parcoursup ».

    Mais avec ses horaires atypiques couplĂ©s au port de lourdes charges et un environnement de travail bruyant, il voit son corps – et son mental – s’écrouler. « C’est comme si j’étais constamment en retour de soirĂ©e, avec des difficultĂ©s Ă  respirer, une arythmie cardiaque, l’impossibilitĂ© de trouver le sommeil. Ce rythme te dĂ©truit tout », explique Marc, qui souffre aujourd’hui de plus en plus d’une scoliose, et dont les bras et les poignets sont congestionnĂ©s Ă  force des gestes rĂ©pĂ©tĂ©s Ă  l’usine.
    Douleurs et blessures

    Concernant en grande partie les plus jeunes, le travail de nuit aggrave tous les impacts physiques. « Certaines expositions, par exemple aux produits dangereux, font davantage de dĂ©gĂąts la nuit, car le corps ne les accueille pas de la mĂȘme maniĂšre, et s’abĂźme plus vite et parfois de maniĂšre durable », observe le chercheur Serge Volkoff, spĂ©cialiste des relations entre l’ñge, le travail et la santĂ©.

    Plus d’un quart des 15-24 ans sont aussi contraints, Ă  leurs dĂ©buts, Ă  de l’emploi Ă  temps partiel. « Or, ce recours au temps partiel les expose aux plus grandes pĂ©nibilitĂ©s physiques et mentales », observe AnaĂŻs Lehmann, doctorante en sociologie, qui rĂ©dige une thĂšse sur les travailleuses de la vente de prĂȘt-Ă -porter. Dans ce secteur, le temps partiel est utilisĂ© pour placer les jeunes aux moments de fortes affluences. « Des pĂ©riodes oĂč elles doivent soutenir une cadence Ă©levĂ©e, debout, avec l’impossibilitĂ© de circuler correctement dans les rayons ou en rĂ©serve. Nombre d’entre elles se retrouvent avec des Ă©paules bloquĂ©es, des douleurs aux pieds ou mĂȘme des hernies discales », constate la chercheuse.

    Ces douleurs et blessures ont d’autant plus de probabilitĂ© de survenir que les jeunes connaissent moins, « du fait de leur inexpĂ©rience, les gestes de prudence, pour bien se positionner et Ă©viter de se faire mal », constate Serge Volkoff. Si bien qu’ils se trouvent particuliĂšrement exposĂ©s aux accidents graves et mortels au travail : trente-six travailleurs de moins de 25 ans n’ont pas survĂ©cu Ă  un accident du travail en 2022, selon la Caisse nationale d’assurance-maladie.

    Leur statut prĂ©caire – de plus en plus frĂ©quent et long en dĂ©but de carriĂšre – les installe aussi « dans une position de fragilitĂ© qui rend compliquĂ© de s’opposer Ă  leur employeur, ou d’user d’un droit de retrait quand ils se sentent mis en danger », ajoute VĂ©ronique Daubas-Letourneux, sociologue Ă  l’Ecole des hautes Ă©tudes en santĂ© publique. L’enjeu de s’extraire de cette prĂ©caritĂ© pousse d’ailleurs les jeunes Ă  « mettre les bouchĂ©es doubles pour faire leurs preuves, sans pouvoir Ă©couter les premiers signes de dĂ©gradation physique », pointe l’ergonome Jean-Michel Schweitzer.

    « Si tu ne vas pas assez vite, c’est simple, on ne te rappellera pas. Ça, tu l’as tout le temps en tĂȘte », tĂ©moigne ainsi Pierre Desprez, 26 ans, intĂ©rimaire pendant des annĂ©es dans des entrepĂŽts de logistique, oĂč sa situation ne lui permettait pas de recourir aux gestes ou aux matĂ©riels de protection. « Quand tu as une cadence Ă  respecter, tu ne peux pas toujours attendre ton binĂŽme pour porter une charge lourde, alors tu t’y mets seul, quitte Ă  t’esquinter le dos, explique le jeune homme, titulaire d’un CAP boulangerie et pĂątisserie, secteur qu’il a quittĂ© en raison d’une allergie Ă  la farine, maladie frĂ©quente chez les boulangers. En ouvrant des cartons, on s’entaillait aussi souvent les mains. Enfiler les gants de protection, puis les retirer, c’était prendre trop de retard. » Aujourd’hui ouvrier dans la mĂ©tallurgie, Pierre connaĂźt la mĂȘme urgence, traduite dĂ©sormais par des mains « pleines d’échardes de mĂ©tal ».

    « Management du chiffre »

    DĂ©buter dans ces secteurs, oĂč la manutention est trĂšs prĂ©sente, ou dans certains mĂ©tiers d’artisanat signifie aussi devoir se plier Ă  « une culture de l’effort et de la souffrance physique, raconte la coiffeuse LĂ©a Ruiz. Plus tu vas te faire mal, plus ce sera dur, plus tu vas ĂȘtre valorisĂ© ». La sociologue Diane Desprat, qui a Ă©tudiĂ© le milieu de la coiffure, a bien constatĂ© que « toute manifestation de douleur chez l’apprentie ou la jeune salariĂ©e y est souvent pensĂ©e comme une maniĂšre d’apprendre le job, avec l’idĂ©e ancrĂ©e que le mĂ©tier “rentre” par le corps ».

    Dans la restauration depuis ses 20 ans, LĂ©a Le Chevrel se souvient, lors de ses dĂ©buts comme commis, s’ĂȘtre « usĂ©e le dos Ă  porter des trucs super lourds, malgrĂ© [son] petit gabarit pour prouver qu’[elle] avai[t] [sa] place ». Aujourd’hui, le corps Ă©puisĂ© bien que toujours passionnĂ©e par le mĂ©tier, « j’essaie de refuser de porter seule tel ou tel Ă©lĂ©ment qu’on devrait soulever Ă  deux, mais c’est mal vu. Tout comme le fait de prendre des arrĂȘts maladie, tabou ultime de notre mĂ©tier », explique la femme de 26 ans.

    Elle qui est passĂ©e par de nombreuses structures se rend compte que « bien des choses pourraient ĂȘtre faites de façon plus ergonomique, [s’il y] avait le matĂ©riel adaptĂ©, ou si seulement on se prĂ©occupait de ce qui se passe dans les cuisines ». Mais « personne ne vient nous parler d’ergonomie et, quand on voit la mĂ©decine du travail, on nous rĂ©torque que ces douleurs font partie du mĂ©tier, que c’est normal », ajoute-t-elle.

    Bien souvent, ne pas ĂȘtre permanent dans les entreprises empĂȘche aussi ces jeunes de bĂ©nĂ©ficier d’un suivi prĂ©ventif. « Les directions se disent qu’avec le turnover Ă©levĂ©, ces jeunes ne restent pas longtemps, et donc qu’elles n’ont pas besoin de se prĂ©occuper de leur ergonomie sur le long terme
 sans comprendre que c’est aussi cette pĂ©nibilitĂ© qui renforce le phĂ©nomĂšne de turnover », souligne la chercheuse AnaĂŻs Lehmann.

    « MĂȘme en Ă©cole, on n’a toujours pas beaucoup de cours [de prĂ©vention], remarque Lou-Jeanne Laffougere, apprentie paysagiste de 18 ans, qui souffre dĂ©jĂ  du dos et des bras. On se dĂ©brouille un peu seuls pour trouver les bons gestes. » Cependant, Serge Volkoff observe que, mĂȘme si la France est toujours « la mauvaise Ă©lĂšve europĂ©enne en termes de pĂ©nibilitĂ© », le sujet de l’usure prĂ©maturĂ©e commence Ă  ĂȘtre pris en compte : « Aujourd’hui, des employeurs font vraiment des efforts, des services de santĂ© au travail arrivent Ă  ĂȘtre proactifs sur ces enjeux. Ce qui n’est pas toujours simple, car Ă©conomiser les plus jeunes sur les tĂąches les plus pĂ©nibles, par exemple, veut aussi dire moins prĂ©server les anciens. »
    Lire aussi l’enquĂȘte : Article rĂ©servĂ© Ă  nos abonnĂ©s Face Ă  l’intensification du travail, les jeunes plongent dans un malaise profond : « Je m’enfonçais dans le travail, je n’avais plus de distance »

    A cela s’ajoute un autre phĂ©nomĂšne : les jeunes dĂ©butent dans un marchĂ© du travail aujourd’hui marquĂ© par une forte intensification, guidĂ©e par un « management du chiffre », qui Ă©reinte encore davantage les corps. A 18 ans, CloĂ© commence sa vie professionnelle dans des chaĂźnes low cost d’esthĂ©tique. « Il y avait une pression du “toujours plus” : c’était du travail Ă  la chaĂźne, de l’abattage, oĂč la cliente, qui vient sans rendez-vous, est reine. Avec ce rythme, impossible de bien se positionner pour s’économiser, se souvient la Toulousaine de 26 ans. Toutes mes vacances Ă©taient dĂ©diĂ©es Ă  me remettre physiquement, je ne pouvais mĂȘme plus aller faire du VTT avec les copains. »
    Incidences morales

    Bien vite, les consĂ©quences physiques envahissent le quotidien, des douleurs chroniques aux sĂ©quelles liĂ©es Ă  des accidents du travail. Le coĂ»t n’est pas uniquement physique. LĂ©a Le Chevrel investit une partie substantielle de son salaire dans de l’ostĂ©opathie, des massages, du yoga, ou encore de la literie haut de gamme, « pas par confort, mais par nĂ©cessitĂ© ».

    Les incidences sont aussi morales. « Ă‡a a quelque chose de dĂ©primant de se rendre compte qu’on est dĂ©jĂ  toute cassĂ©e si jeune », confie LĂ©a Ruiz qui, comme toutes les personnes interrogĂ©es, peine Ă  imaginer un horizon professionnel. La sociologue AnaĂŻs Lehmann ajoute : « Les jeunes de mon enquĂȘte rapportent que cette pĂ©nibilitĂ© et ses consĂ©quences en viennent Ă  gĂ©nĂ©rer des conflits conjugaux, des tensions personnelles. Mais sans savoir comment trouver une Ă©chappatoire, en raison de leur faible niveau de diplĂŽme. »

    Le jeune ouvrier Marc, Ă  bout, cherche Ă  quitter ce secteur trop pĂ©nible, bien que ce soit « difficile avec seulement un niveau bac ». Il envisage malgrĂ© tout de se lancer dans une formation certifiante pour trouver un emploi de bureau, idĂ©alement dans l’informatique. Sans perspective pour accĂ©der Ă  un emploi moins Ă©reintant, Pierre Desprez, lui, dit Ă©viter de se projeter dans l’avenir : « Parce que, honnĂȘtement, ça me fait trop peur. »

    Alice Raybaud

  • Annuaire de projets libres (mais pas de logiciels)
    ▻https://linuxfr.org/news/annuaire-de-projets-libres-mais-pas-de-logiciels

    Les communs sont une source Ă©norme de partage !

    S’il est plutĂŽt facile dans le monde francophone de trouver des ressources logicielles (Merci Framasoft !) voire en anglais avec des sites comme alternativeto, quid des ressources hors logiciels ?

    Certes, on peut faire des recherches avec des filtres, placer les bons mot-clĂ©s, se lancer dans des google dorks pour les plus acharnĂ©s (
), mais il n’est pas toujours Ă©vident de tomber sur ce que l’on souhaite. Encore moins si cela n’est pas traduit en français ou que l’on ne connaĂźt pas la ressource et donc on ne la recherche pas. Et pourtant ! Cela n’empĂȘche qu’une fois dĂ©couverte, elle peut devenir une ressource prĂ©cieuse !

    Ainsi, l’association de la graine Ă  l’humus, qui produit des ressources libres en relation avec dĂ©veloppement durable, a mis en place un site (...)

  • Pourquoi « la naissance des divinitĂ©s au nĂ©olithique est liĂ©e Ă  la domestication des plantes au Proche-Orient »
    ▻https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2024/04/07/pourquoi-la-naissance-des-divinites-au-neolithique-est-liee-a-la-domesticati

    Notre monde contemporain n’apprĂ©hende la technique qu’à l’aune de son application, d’oĂč une approche biaisĂ©e de son origine. Or, les grandes innovations techniques sont trop complexes pour pouvoir envisager leur application dĂšs le dĂ©but.

    Les premiers dĂ©veloppements sont en rĂ©alitĂ© le fruit d’une volontĂ© d’explorer un phĂ©nomĂšne fascinant, dont l’irruption interpelle les conceptions du monde et du cosmos – ainsi de la poudre Ă  canon inventĂ©e par des alchimistes chinois fascinĂ©s par le souffle de l’explosion.

    Le concept de « technopoĂŻĂšse », que j’ai rĂ©cemment proposĂ©, dĂ©signe cette phase originelle dans laquelle le processus revĂȘt plus d’importance que le produit qui en est issu. Par la suite, dans la phase technologique qui lui succĂšde, le produit fini se dĂ©tache du processus. Devenue autonome, sa production peut se voir guidĂ©e par des critĂšres utilitaires.

    Les trois millĂ©naires d’extension du processus de domestication des plantes au Proche-Orient correspondent prĂ©cisĂ©ment Ă  une phase de technopoĂŻĂšse, dans laquelle les plantes sont mises en culture au nom de la rĂ©sonance cosmique du processus, et non pas en vue de leur consommation. J’affirme donc que c’est cette dimension cosmique qui deviendra le moteur du processus de domestication.

    #agriculture #histoire #archéologie #technique #technopoïÚse #spiritualité #utilitarisme #Nissim_Amzallag #livre

  • « Aux Etats-Unis, l’immobilier de bureau victime des vendredis »
    ▻https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/08/aux-etats-unis-l-immobilier-de-bureau-victime-des-vendredis_6226656_3234.htm

    MĂȘme si beaucoup de salariĂ©s amĂ©ricains ont retrouvĂ© le chemin de leurs bureaux aprĂšs la fin du Covid, les employeurs ne parviennent pas Ă  les faire revenir le dernier jour de la semaine. Un phĂ©nomĂšne qui pĂ©nalise l’immobilier de bureau et qui concerne bien au-delĂ  [sic] des frontiĂšres Ă©tasuniennes, explique Philippe Escande, Ă©ditorialiste Ă©conomique au « Monde ».

    Le bĂątiment fait tellement peur aux habitants de Brooklyn qu’ils l’ont baptisĂ© « Sauron », comme le mĂ©chant du Seigneur des anneaux. Il faut dire que ce monolithe tout en acier noir de 325 mĂštres de haut et 93 Ă©tages tranche dans le paysage. La Brooklyn Tower est le seul gratte-ciel gĂ©ant de New York qui ne soit pas situĂ© sur l’üle de Manhattan. Elle ne fait pas peur qu’aux habitants, mais aussi aux promoteurs. Elle devrait ĂȘtre mise aux enchĂšres le 10 juin, Ă  la suite du dĂ©faut de l’un d’eux sur sa dette.
    Ce n’est pas le seul building en difficultĂ© depuis la sortie de la crise liĂ©e au Covid-19. L’immobilier de bureau amĂ©ricain est particuliĂšrement touchĂ©. Selon le dernier rapport de l’agence de notation Moody’s, le taux de surfaces vacantes, non louĂ©es, aux Etats-Unis a atteint prĂšs de 20 % au premier trimestre 2024. Du jamais-vu depuis plus de trente ans. Etonnant dans un pays Ă  l’économie florissante qui continue Ă  recruter Ă  tour de bras. Sur le seul mois de mars, prĂšs de 303 000 nouveaux emplois ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s dans le pays.

    « Il faut organiser ce chaos »

    La premiĂšre explication rationnelle Ă  cette panne immobiliĂšre rĂ©side dans le niveau des taux d’intĂ©rĂȘt. Ceux-ci se rĂ©percutent sur les prĂȘts immobiliers et sur le niveau des loyers. Mais la principale raison est ailleurs, du cĂŽtĂ© des vendredis. Ce jour-lĂ , les bureaux sont vides. Si, poussĂ©s par leurs employeurs, beaucoup de salariĂ©s ont retrouvĂ© le chemin des open spaces et des salles de rĂ©union, ils dĂ©sertent encore le dernier jour de la semaine. Selon le baromĂštre de la sociĂ©tĂ© Kastle, en moyenne dans les dix plus grandes villes amĂ©ricaines, prĂšs de 60 % des employĂ©s sont prĂ©sents dans les locaux. Mais ce chiffre dĂ©gringole Ă  30 % les vendredis (mardi est le jour le plus chargĂ©). L’immobilier de bureau est une victime des vendredis.

    « C’est fou, s’est exclamĂ© l’homme d’affaires Barry Diller le 4 avril sur la chaĂźne CNBC, mais nous allons sensiblement vers une semaine qui ne sera pas forcĂ©ment de quatre jours, mais oĂč le vendredi sera Ă  la maison. Il faut organiser ce chaos ». Et une maniĂšre de le faire, Ă  profit pour les entreprises, est de rĂ©duire la taille des bureaux. Une rĂ©volution silencieuse qui doit beaucoup Ă  l’absence de chĂŽmage, mais qui a toutes les chances de s’ancrer dans la sociĂ©tĂ©, et pas seulement aux Etats-Unis.

    #immobilier #travail #télétravail

  • Taxe « lapin » pour limiter les rendez-vous mĂ©dicaux non honorĂ©s, une fausse bonne idĂ©e ?
    ▻https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-biais-d-esther-duflo/taxe-lapin-pour-limiter-les-rendez-vous-medicaux-non-honores-une-fausse-

    Nous savons bien que les humains ne sont pas motivĂ©s exclusivement par l’argent. C’est d’ailleurs pour avoir dĂ©montrĂ© l’importance des limites de la rationalitĂ© Ă©conomique que Daniel Kahneman, un psychologue, qui est dĂ©cĂ©dĂ© la semaine derniĂšre, a reçu le prix Nobel en Ă©conomie. Ses travaux ont ouvert la voie Ă  un nouveau chant de l’économie, l’économie comportementale, qui montre comment prendre en compte la psychologie nous permet de mieux comprendre pourquoi les individus ne se comportent pas toujours d’une maniĂšre parfaitement rationnelle.

    Une des leçons de Kahneman, c’est que la maniĂšre dont une dĂ©cision est prĂ©sentĂ©e compte beaucoup dans les dĂ©cisions que nous prenons, particuliĂšrement quand nous devons dĂ©cider rapidement (ses idĂ©es sont popularisĂ©es dans le livre SystĂšme 1, systĂšme 2, les deux vitesses de la pensĂ©e).

  • « Ils profitent de notre pauvretĂ© » : derriĂšre le boom des intelligences artificielles gĂ©nĂ©ratives, le travail cachĂ© des petites mains de l’IA
    ▻https://www.francetvinfo.fr/internet/intelligence-artificielle/ils-profitent-de-notre-pauvrete-derriere-le-boom-des-intelligences-arti

    Pour Antonio Casilli, il faut commencer par oublier l’idĂ©e que l’IA est seulement une prouesse d’ingĂ©nieurs ou d’entrepreneurs. « Nous sommes tous en quelque sorte les producteurs de ces IA, parce que ce sont nos donnĂ©es qui servent Ă  les entraĂźner, mais nous ne sommes pas reconnus comme tels. Tant qu’on continuera Ă  penser que l’IA est seulement l’affaire de Sam Altman, on aura un problĂšme. »

  • ChĂŽmage des seniors : « en trois ans, je n’ai reçu qu’un seul appel » - Rapports de Force
    ▻https://rapportsdeforce.fr/pas-de-cote/chomage-des-seniors-en-trois-ans-je-nai-recu-quun-seul-appel-0213203

    Depuis le dĂ©but du mois de fĂ©vrier, syndicats et patronat nĂ©gocient sous l’égide du gouvernement pour un nouveau « pacte de vie au travail ». Comprendre : Ă  propos du chĂŽmage des seniors. Mais, alors que les discussions commencent, les premiĂšres annonces de Bruno Le Maire ne rassurent pas les premiers concernĂ©s. DĂ©brayage et Rapports de force leur ont donnĂ© la parole.

    • « en trois ans, je n’ai reçu qu’un seul appel ». La chance ! moi j’en reçois plein dont beaucoup de charognards de l’intĂ©rim. Je vais sur mes 59 printemps Ă  la fin du mois et je suis rĂ©fractaire au chagrin jusqu’à la retraite.

  • Introduction Ă  Shoah, par Arnaud Desplechin - Tsounami
    ▻https://tsounami.fr/sommaire/article6

    Le 4 novembre 2023, Arnaud Desplechin prĂ©sentait la 1Ăšre Ă©poque de Shoah de Lanzmann au Centre Pompidou. l’une des plus belles interventions qu’il nous ait Ă©tĂ© donnĂ© d’entendre sur le cinĂ©ma. Voici le texte, brut, tel qu’il l’a lu ce jour-lĂ  dans les colonnes de Tsounami, jeune et bouillonnante revue de cinĂ©ma

    « Et le cinĂ©aste nous demande de continuer Ă  ĂȘtre stupĂ©fait. À ne pas comprendre »

    Et ce film a changé ma vie.

    Le film que j’ai vu un jour de 1985 n’était pas un reportage. Le film Ă©tait Ă  peine un documentaire. Shoah ne m’expliquait rien. Et pourtant j’y apprenais mille choses.

    J’en arrive au cƓur : Shoah simplement incarne, et c’est Ă  mon sens la plus haute fonction du cinĂ©ma.

    Shoah incarne le point aveugle du 20Ăšme siĂšcle, la destruction des Juifs d’Europe, une destruction dont il reste si peu de traces. Sinon dans nos mĂ©moires, dans nos vies quotidiennes.

    Ce film relĂšve un dĂ©fi cinĂ©matographique : comment donner Ă  voir le massacre de plus de six millions d’ĂȘtres humains ?


    Eh bien Lanzmann a trouvé la réponse. Plein de réponses. Je vais en énumérer deux ou trois autres.