RastaPopoulos

Développeur non-durable.

  • Un projet de registrar coopératif en France

    Notamment suite à l’horrible rachat de Gandi et les prix capitalistes x 10.

    Arthur Vuillard : « Il y a un peu plus d’un an, je… » - Framapiaf
    https://framapiaf.org/@arthru/112082374307495622

    Explication :
    https://hashbang.coop/blog/appel-a-interet-pour-un-bureau-denregistrement-cooperatif

    Quel est le problème des registrars actuels ?

    Les registraires actuels sont des entreprises commerciales à but lucratif. Cela signifie que les personnes détenant ces entreprises décident des tarifs appliquées, des services proposés et du support, le marché guidant leurs décisions.

    Lorsque j’ai publié le sondage, c’était en réaction à l’annonce de la vente de Gandi à Total Webhosting Solutions. Des craintes avaient alors été publiées à propos de la hausse des prix et de la baisse de qualité qui pourraient avoir lieu chez Gandi suite à ce rachat, ce qui aurait déjà été constaté suite à d’autres rachats de la part de Total Webhosting Solutions.

    Je n’ai pas personnellement constaté de baisse de qualité, mais il y a bien eu une hausse des prix : des boites mails précédemment inclues avec l’achat du nom de domaine ne l’étaient plus, et ont maintenant un tarif qu’on peut juger élevé.

    EDIT : j’ai participé à un comité de pilotage informatique du Groupement Régional Alimentaire de Proximité où nous avons parlé ½h des problèmes de disponibilité et de délivrabilité de Gandi Mail...

    Cette situation illustre la problématique : un registrar peut changer de politique du jour au lendemain sans prendre en considération ses usagers et usagères.

    Sondage :
    https://hashbang.coop/formulaire-dinteret-pour-un-bureau-denregistrement-cooperatif

    • Dans un monde égalitaire, choisir sa mort pourrait être une option. Mais nous ne vivons pas dans ce monde. Le problème de considérer que l’euthanasie est “juste un choix individuel”, c’est que les personnes ne prennent pas leurs décisions hors contexte social. Nos choix sont le fruit de circonstances sociales que nous ne maîtrisons pas, pour la plupart, quoiqu’en dise la méritocratie.

      Le suicide assisté n’est pas juste une question personnelle. Il existe des politiques publiques de prévention du suicide. Où se situe la ligne de démarcation entre les personnes qui méritent une prévention du suicide et les autres ?

    • Il se pose dans ce contexte la question de l’ #iatrocratie, parce que l’euthanasie est la forme la plus radicale du règne des médecins sur notre vie et notre mort.

      Après l’époque nazie et l’octroi massif de l’euthanasie par les médecins on ne peut que s’opposer à toutes ses formes. Je revendique mon droit à ma propre mort mais sans intervention extérieure. L’euthanasie par contre c’est systématiquement du meurtre.

      Personnellement je suis furieux car on m’oblige plus ou moins à commettre des actes illégaux si je veux bien préparer ma mort comme moi je l’entends. A mon avis il faudrait revenir au statut d’avant 1900 et se libérer du contrôle de l’état sur l’accès à toute sorte de substance.

      Côté technique il n’y a pas vraiment de problème quand on veut se donner la mort. C’est d’ailleurs enseigné dans les écoles militaires et de navigation. Bref il faut lire les fiches techniques de diverses substances et gazes qu’on peut toujours acheter librement. On y trouve la déscription des dangers qu’on recherche. Les diabétiques possèdent généralement tout ce qu’il faut.

      Il y a des procédés à éviter. Par mon père je sais qu’en 1945 pendant les derniers jours avant l’entrée de l’armée rouge dans Berlin les capsules de cyanure trainaient sur le tables de l’office du parti nazi comme les smarties sur une table d’anniversaire des gamins. N’en prenez pas. C’est bon pour les Göring et Goebbels car c’est efficace et rapide mais ce n’est pas une belle mort.

      Il faut du courage et de l’imagination pour entreprendre les préparatifs nécessaires pour le moment quand on sera en situation de vouloir partir en toute liberté. Sans doute c’est à cause de ce défi que les esprits moins libres souhaitent le soutien d’un médecin. Le curé ne fera pas l’affaire.

      Il y a une solution technique pour tout, alors il faut surtout défendre la liberté de vivre à sa guise, dans un contexte solidaire, sans exclusion sociale et à l’abri de la pauvreté. Après, la mort c’est facile et on y n’échappe pas de toute facon.

      Enfin je constate qu’on a encore inventé un néologisme pour nous désolidariser. Le « validisme » est le petit frère mal coiffé du « classissme » qui nie les forces révolutionnaire qui sont le résultat de l’antagonismes des classes sociales.

      Nous ne sommes pas des victimes d’ « ismes » particuliers mais nous font tous partie de classes dont les relations conflictuelles s’expliquent par des intérêts économiques et de pouvoir et se résolvent par la lutte des classes. Dans ce contexte on voit bien que l’euthanasie est la manière la plus radicale d’éliminer ce qui reste de de l’homme quand on ne peut plus en tirer profit en l’exploitant au travail ou se remplir les poches par les soins coûteux.

      L’euthanasie est un crime et une forme particulièrement brutale de la lutte des classes à la fois. La notion de « validisme » cache cette vérité dans un brouillard de baratin idéoligique.

      Gedenkstätte #Hadamar
      https://www.youtube.com/channel/UC6BAw-6yJBeKYDwr33qeYXA

      #suicide #euthanasie #justice_sociale #maladie #idéologie

    • Côté technique il n’y a pas vraiment de problème quand on veut se donner la mort. C’est d’ailleurs enseigné dans les écoles militaires et de navigation. Bref il faut lire les fiches techniques de diverses substances et gazes qu’on peut toujours acheter librement. On y trouve la déscription des dangers qu’on recherche. Les diabétiques possèdent généralement tout ce qu’il faut.

      A ma connaissance le livre « suicide mode d’emploi » est toujours interdit et le problème qu’il soulevait, à savoir que les connaissances en la matière sont très parcellaires et conduisent à des ratés catastrophiques (souffrance avant de mourir ou bien handicap à vie), est toujours d’actualité.

    • Qui référence Christine Boutin ? On peut pas dire que ça saute aux yeux… Les références réelles centrales de l’article étant :
      https://www.editionsladecouverte.fr/de_chair_et_de_fer-9782348067778
      – l’ONU https://www.ohchr.org/en/press-releases/2021/01/disability-not-reason-sanction-medically-assisted-dying-un-experts
      – plusieurs associations d’handicapés, France et Canada https://tvndy.ca/a-propos/faq-2

    • Un peu hypocrite de s’en remettre à la « sédation profonde et continue ». Ça signifie laisser crever la personne de faim et de soif.

      Edit pour la suite :
      L’aspect idéologique religieux n’est pas soulevé. Souvent le suicide d’un proche était masqué car la morale religieuse dit que la mort ne nous appartient pas et que le suicide est interdit.
      Pour les amis que j’ai accompagné dans leur longue descente dans la souffrance et qui m’ont demandé de les aider à partir, j’ai refusé cet acte qui m’aurait hanté. N’empêche que pour S. on a fini par lui trouver sa #trousse_de_liberté que lui a glissé son médecin après qu’on ait fait le siège de son bureau à l’hôpital. C’était un soulagement
      pour elle de savoir qu’elle détenait son choix (même si elle ne l’a pas exercé), et aller en Suisse était trop cher.

      Après ce n’est pas être « pour » l’avortement ou « pour » l’euthanasie mais bien pour le droit inconditionnel à l’avortement et à (EDIT) <strike>l’euthanasie</strike> au droit à mourir dignement et définitivement à la phrase « mon corps m’appartient ».

    • @touti : Oui, c’est ce que j’ai vu aussi : l’autrice dit s’opposer à l’euthanasie et développe tout un argumentaire, pour conclure qu’en fait on n’en aurait même pas besoin, puisqu’on peut déjà :

      En appliquant les directives anticipées, en développant les soins palliatifs et la sédation profonde et continu jusqu’au décès, a-t-on besoin de recourir au suicide assisté ou à l’euthanasie ?

      Et plus haut, il est même indiqué, sous forme de citation :

      “La loi reconnait que l’évolution des évènements peut certainement être influencée par la sédation sans que le contrôle absolu du moment du décès ne fasse tomber cette pratique dans le champ de l’euthanasie. La nutrition artificielle et l’hydratation constituent un traitement et pourront donc être arrêtés comme tout autre traitement.”

      Bref : non à l’euthanasie, qui ne serait pas « de gauche », mais oui à la sédation profonde et controlée et en te laissant mourrir sans eau ni nourriture, parce que pour le coup c’est un « soin palliatif » donc « de gauche ».

      –-----

      Plus globalement, je suis mal à l’aise avec cette posture (que je vois souvent revenir ici) : l’idée serait qu’en fait, les gouvernements (et les assureurs privés !) qui souhaitent légaliser l’aide active à mourir, ce qu’ils veulent en vrai, c’est euthanasier massivement les handicapés et les gens qui coûtent trop cher ; il y a là dans ces raisonnements des assertions borderline.

      Sinon, il y a des gens qui souhaitent une mort digne, parce que leur vie quotidienne est déjà une torture. L’idée qu’on leur oppose une lecture théorique qui concerne d’autre qu’eux-mêmes, au motif que ce ne serait « pas de gauche », ça me semble problématique (si on tient à recourir aux « -ismes », c’est pas loin d’une forme de validisme en soi).

    • Sinon, il y a des gens qui souhaitent une mort digne, parce que leur vie quotidienne est déjà une torture. L’idée qu’on leur oppose une lecture théorique qui concerne d’autre eux-mêmes, au motif que ce ne serait « pas de gauche », ça me semble problématique.

      C’est justement là qu’il y a une lecture politique : avoir une vie quotidienne pourrie peut avoir des facteurs individuels… et beaucoup sociaux. Dans une société très inégalitaires (et de plus en plus inégalitaire), on ne peut pas sortir tous les facteurs sociaux qui pourrissent la vie quotidienne des gens. Et que si c’était égalitaire ou tout du moins moins inégalitaire, beaucoup de gens pensant au suicide n’y penseraient plus. Il en resterait bien sûr toujours, mais beaucoup beaucoup moins. C’est pas une nouveauté que le suicide est considéré comme un fait social et non un choix individuel… ça fait partie des sujets d’origine de la sociologie.

    • Alors on est à deux doigts de vouloir ré-interdire le suicide en général, parce que c’est un fait social provoqué par nos société inégalitaires. Le suicide provoqué par une souffrance mentale ou sociale, c’est le principe même du suicide, et généralement sans besoin d’une assistance médicale. (Comme le fait remarquer @alexcorp, ça ne veut pas dire non plus que c’est facile et que ça se passe correctement.)

      Parce qu’on pense que le suicide, qui existe déjà, de manière massive, et sans assistance médicale, que ce suicide est « social » et « politique », on veut maintenir l’interdiction d’une aide à mourir pour les personnes dont la fin de vie est une torture interminable, et qui voudraient avoir la liberté de partir dignement. Sans que cela change grand chose, par ailleurs, au suicide qui se pratique déjà sans aide médicale.

      À un moment, la tumeur qui dévore ton cerveau, c’est pas un fait social abstrait et tu devrais avoir le droit à ton choix individuel à ce propos.

    • La lecture politique est complètement nécessaire.

      C’est comme l’avortement : les bourgeoises pouvaient avorter dans de bonnes conditions, pas les gueuses.

      Actuellement, les bourgeois qui le désirent accèdent à l’assistance médicale nécessaire. Dans les milieux médicaux, c’est un secret de polichinelle.

      Mais justement, parlons-en des milieux médicaux, prompts (par exemple, encore) à jeter certaines qui ne souhaitent pas avoir d’enfants, tout en stérilisant de force celles dont ils estiment qu’elles ne devraient pas se reproduire.

      Les doubles standards riches/pauvres, blanc·he·s/racisé·e·s, valides/hadicapé·e·s sont légions et on veut me faire avaler que les macronistes — qui saccagent systématiquement la solidarité, l’éducation et la santé publiques — veulent étendre le pouvoir médical sur la fin de vie des « déconsidérés » de la macronie par pure bonté d’âme ou empathie ?

      Bien sûr que c’est politique.

      La vraie question, pour la tumeur en fin de vie, c’est de savoir si ça se passe différemment selon qui tu es et comment le corps médical considère ton groupe d’appartenance.

      Sur des cancers équivalents, l’accès aux traitements et aux type de traitements n’est pas équivalent selon qui tu es et d’où tu viens. Ce qui fait que les populations qui se confrontent à des fins de vie pourries ne sont pas équivalentes. Et ça me pose problème dans le cadre d’une politique générale qui aggrave délibérément les conditions de vie de larges pans de la population.

      Je pense que dans ce débat qui n’a pas eu lieu (bah oui, le gus annonce son truc tout seul comme d’hab’ et rien que ça, ça participe à la suspicion fondamentale d’insincérité sur tout ce qu’il touche), il est aussi important de savoir d’où parle les uns et les autres.

      Tu ne vois pas l’affaire de la fin de vie du même œil selon que tu sais que tu auras une vieillesse potable ou une vieillesse de merde, de sacrifices et de manque de tout. Selon que tu sais parler au corps médical ou que tu sais que tes douleurs ne sont pas entendues, niées, voire dénigrées et donc pas prises en charge assez tôt.

      J’aimerais bien voir les profils sociaux des prises en charges tardives des maladies et de leur répercussion sur l’espérance de vie ou le confort de fin de vie.

      Et tout ça sur fond de service public de la santé en mode dégradé depuis des années.

      Sérieusement ?
      Comment évacuer tous ces paramètres ?

    • C’est comme l’avortement : les bourgeoises pouvaient avorter dans de bonnes conditions, pas les gueuses.

      Oui mais la réponse « de gauche » dans le cas de l’avortement n’est pas : « puisque l’accès à l’avortement est inégalitaire, maintenons l’interdiction de l’avortement ». Ce qui est pourtant la position de ce texte pour l’euthanasie. (En suivant cette même logique, on peut parfaitement prétendre que l’avortement est un outil d’eugénisme social, et donc « pas de gauche ».)

    • La vraie question, pour la tumeur en fin de vie, c’est de savoir si ça se passe différemment selon qui tu es et comment le corps médical considère ton groupe d’appartenance.
      Sur des cancers équivalents, l’accès aux traitements et aux type de traitements n’est pas équivalent selon qui tu es et d’où tu viens.

      Alors voilà qui me rappelle un évènement survenu il y a une petite vingtaine d’années dans ma famille. Le gars, la soixantaine, récidive d’un cancer dermatologique survenu dix ans auparavant. Le truc incurable finit par s’attaquer à sa colonne vertébrale. Après moults opérations toutes plus ou moins hasardeuses, il lâche l’affaire mais s’entête à vouloir mourir chez lui et non à l’hôpital. Il a fini sa vie sur son lit en hurlant de douleurs pendant des jours, son médecin « de famille » (c’est comme ça qu’on disait à l’époque) ne lui ayant prescrit que des patches à la morphine alors qu’il était tout à fait envisageable même contre sa « volonté » de le faire hospitaliser en soins palliatifs (puisque il y avait encore une unité à l’hosto du coin à l’époque). je vous prie de croire que, avant d’endosser le costume en sapin, le mec en a chié et ses « derniers instants » ont laissé un traumatisme durable parmi les personnes de son entourage proche.
      Donc avant de se demander quoi que ce soit, ce serait bien de savoir non seulement à quoi mais surtout à QUI on a affaire.

    • > On peut pas dire que ça saute aux yeux…

      J’ai lu l’article en diagonale, et ce qui m’a sauté aux yeux immédiatement c’est la question crypto-complotiste ("Demandez-vous pourquoi les mutuelles plaident pour l’euthanasie.") Suffit de cliquer pour voir qu’on est chez les anti-avortement—le nom de domaine déjà évente la chose. (Quand je parle de Boutin ça n’est pas pour faire un raccourci, elle y est citée nommément comme fondatrice.)

      Le simple fait d’employer le mot « euthanasie » dans ce débat est une manipulation.

    • Euh, d’où que ça vienne, ça me rassure un peu sur le fondement de mes idées :)

      Mais pourquoi donc une personne de @rezo a marché dedans et a référencé cet article ?

    • J’ai retranscrit le texte.
      (ouais, Insta, c’est nul.)

      Pourquoi être contre le projet de
      loi surl’euthanasie active, par @valeriereyrobert

      En mai 2024, l’Assemblée Nationale débattra du projet de loi sur la fin de vie.
      Un-e patient-e pourra faire une demande d’euthanasie, qui, sous 15 jours, sera validée ou non par une équipe médicale.
      lel aura alors une prescription pour un médicament létal qu’iel pourra absorber seul-e.

      – Les personnes grosses sont moins bien soignées (revue Obesity, 2021)
      – Les personnes atteintes d’une pathologie mentale ont une espérance de vie inférieure de 15 ans dues à des pathologies pourtant détectables (cancers, problèmes cardio vasculaires). En 2020, en France, les malades du Covid schizophrènes ont été moins admis en soins intensifs et ont connu une mortalité supérieure. (Guillaume Font, 2021).
      – Aux États-Unis, les femmes noires sont autant atteintes par le cancer du sein que les femmes blanches mais en meurent bien davantage.

      – Une étude française a montré qu’aux urgences, à symptômes identiques, les hommes sont pris plus au sérieux que les femmes et les blanc-he-s davantage que les non blanc-he-s. (Fabien Coisy, 2023)
      – Les personnes handicapées ont souvent des parcours de soins qui ne sont pas adaptés et qui donc peuvent diminuer leur espérance de vie. Ils subissent des discriminations et des soins forcés.

      Un rapport de la Cour des Comptes de juin 2023 montre combien le budget consacré aux soins palliatifs est insuffisant.

      La moitié des patient-es concerné-es n’a pas accès aux soins palliatifs et la majorité des soins proposés sont à l’hôpital, ni en ehpad, ni à domicile.

      20 départements français n’ont aucun service de soins palliatifs.

      L’Aide Médicale d’État va encore être réformée ce qui entraînera une moindre qualité de soins pour les concerné-es. Des médicaments et des offres de soins sont régulièrement déremboursés.

      Les exemples pourraient être multipliés.
      La race. la classe et le genre (liste non exhaustive et cumulative) jouent un rôle important dans l’accès aux soins.
      Si l’on est moins bien soigné-e, on est également moins bien accompagné-e dans l’agonie.

      En 2019, ma mère a déclaré un cancer du pancréas et est morte 9 mois plus tard, à domicile, après une agonie extrêmement douloureuse. Elle a demandé à mourir lorsque les doses d’antidouleurs n’étaient pas adaptées mais aussi lorsqu’elle jugeait ne plus être « digne » (problèmes d’incontinence par exemple).

      « Mourir dans la dignité » est un construit social et doit être interrogé.

      A nous répéter qu’il y a des vies qui valent d’être vécues et d’autres non, des situations physiques “indignes”, nous poussons aussi celles et ceux qui y sont confronté-es à considérer que leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue.

      Lorsque nous aurons mis à plat le validisme, la grossophobie, le sexisme, le racisme, l’homophobie ou encore la transphobie, alors nous pourrons discuter de l’euthanasie.

      Lorsqu’un-e malade se sera vu-e proposer toute l’offre de soins disponibles pour le soulager de ses douleurs physiques et psychiques alors iel sera en pleine capacité de décider si oui ou non iel souhaite encore être euthanasié-e.

      Dans un système capitaliste, sexiste, validiste et
      raciste, toute loi sur l’euthanasie est eugéniste.

    • Et cet article et son autrice n’a pas de rapport à priori avec l’asso de Boutin, c’est UN des liens dans son article qui pointe sur ça, et il se peut plutôt (bénéfice du doute par défaut) que ce soit elle qui n’ait pas été regardante.

      Tous les autres liens comme déjà dit c’est un rapport de l’ONU (défavorable), et des assos handi, anti-validistes. On ne voit pas le rapport avec des pro-vies cathos donc.

      L’autrice est une communicante/marketeuse parisienne, qui tient un podcast sur l’écologie et l’effondrement.

    • Lorsque nous aurons mis à plat le validisme, la grossophobie, le sexisme, le racisme, l’homophobie ou encore la transphobie, alors nous pourrons discuter de l’euthanasie.

      @monolecte Ce qui revient à écrire que tant que nous ne vivrons pas dans une société parfaite, la possibilité de se faire aider pour mourir dignement devra rester interdite. Tant pis pour les gens torturés à mort par un cancer en phase terminale.

    • J’ai tendance à penser que le problème principal, comme l’évoque @monolecte, c’est que cette (peut-être) future loi est portée par quelqu’un de parfaitement cynique et incapable de la moindre empathie, et autant dire que je comprends la méfiance généralisée... Mais pour le coup, le sieur en question a parlé « d’aide à mourir » et non pas d’euthanasie. Et cela fait des années que le sujet est là, on ne peut pas dire qu’il amène ça comme un cheveu sur la soupe (le problème, encore une fois, est que tout ce qu’il touche se transforme en merde). Or tout le débat actuel (à gauche) porte sur grosso modo une peur de « l’euthanasie des handicapés » (et à ce stade on n’est donc plus très loin du point godwin) et on voit donc maintenant des arguments dignes de la famille de Vincent Lambert nous être opposés.
      J’ai 2 auteurs en tête qui me viennent sur le sujet : Martin Winckler et Claude Guillon (le fameux auteur de « suicide mode d’emploi ») et pour moi le droit à mourir est fondamentalement une idée de gauche, profondément humaniste et anti-religieuse.

      Lorsque nous aurons mis à plat le validisme, la grossophobie, le sexisme, le racisme, l’homophobie ou encore la transphobie, alors nous pourrons discuter de l’euthanasie.

      Moi aussi ça me fait tiquer. Exactement du même tonneau que « quand on aura réglé le problème de la lutte des classes alors on pourra parler sexisme, racisme etc. ».

    • Le livre est peut-être interdit mais accessible : Claude Guillon, Yves Le Bonniec, Suicide, mode d’emploi : Histoire, technique, actualité, 1982, ISBN : 9782852090002,2852090007

      Après l’euthanasie c’est du meurtre institutionnalisé, c’est son essence.

      Sichten und Vernichten - Psychiatrie im Dritten Reich
      https://www.youtube.com/watch?v=SpRYvOkIfkI

      Phrase clé du film documentaire : Jamais le pouvoir des médecins n’a été aussi total que sous le nationalsocialisme allemand.

      Actuellement on nous prépare un retour à l’époque guerrière et fasciste qui verra resurgir ce type d’extermination sous un prétexte ou un autre. Vous avez dit Gaza ? N’exagérez pas, les arguments des meurtriers se ressemblent, mais ceux d’aujourd’hui agissent à une autre échelle. Je le répète : En comparaison avec les SS-Totenkopfverbände Tsahal et Hamas ne leur arrivent pas à la cheville.

      Voilà pour la dimension politique. Sur plan individuel les questions se posent d’une manière assez différente.

      Après ces constats nous sommes dans l’obligation morale de défendre notre liberté de vivre dignement.

      L’euthanasie c’est mal, le suicide par contre se justifie objectivement dans plusieurs situations :

      – A la fin d’une longue et bonne vie on se sent heureux mais fatigué.
      – On est moribond et souffrant.
      – On veut échapper à la torture.
      – On veut éviter une mort plus horrible que le suicide bien fait.
      – On est con.

      La souffrance toute seule par contre ne justifie jamais le suicide. Elle peut nous entraîner dans un état où on ne souhaîte que de mourir, mais c’est un leurre si on ne peut pas exclure la moindre possibilité d’amélioration aussi temporaire qu’elle soit.


      Épicure et son tetrapharmakos (τετραφάρμακος)

      J’avoue que c’est un jugement moral suivant le principe que nous ne sommes pas sur terre pour ne pas souffrir. Des plus épicuréens que mois abandonneront la vie plus facilement ;-)

      Une dernière remarque : Il ne faut jamais oublier que le fascisme et le libéralisme partagent la même idée de l’homme qui est un loup pour l’homme. Puis l’impérialisme et le colonialisme avant lui ont fourni toutes les preuves nécessaires pour les appeller ce qu’ils sont : des systèmes meurtriers façonnés par des hommes prêts à sacrifier des peuples entiers sur l’hôtel de l’idéologie de la prospérité pour quelques élus. Heureux qui sait encore faire la différence entre responsabilité individuelle et forces historiques. Les autres niais seront les bourreaux de leurs semblables au service des seigneurs qui ont déjà malmené leurs ancêtres.

  • WebAIM: Screen Reader User Survey 10 Results
    https://webaim.org/projects/screenreadersurvey10

    In December 2023 and January 2024, WebAIM surveyed preferences of #screen_reader users. We received 1539 valid responses. This was a follow-up to 9 previous surveys that were conducted between January 2009 and June 2021.

    In order, the most problematic items are:

    – CAPTCHA - images presenting text used to verify that you are a human user
    – Interactive elements like menus, tabs, and dialogs do not behave as expected
    – Links or buttons that do not make sense
    – Screens or parts of screens that change unexpectedly
    – Lack of keyboard accessibility
    – Images with missing or improper descriptions (alt text)
    – Complex or difficult forms
    – Missing or improper headings
    – Too many links or navigation items
    – Complex data tables
    – Inaccessible or missing search functionality
    – Lack of “skip to main content” or “skip navigation” links

    #accessibilité

  • Les divagations de la #Wertkritik en terre sainte
    https://dndf.org/?p=21297

    Evidemment cela n’aurait pas de sens de chercher à argumenter qu’il n’y aurait pas dans ce monde des antisémites se réclamant d’un anticapitalisme et/ou d’un marxisme (vulgaire ou pas). Mais dans la mesure où les citations ci-dessus émanent d’un courant politique se revendiquant de la critique radicale marxiste, cela a beaucoup de sens d’examiner au plus près les raisonnements qui conduisent la Wertkritik à assimiler toute lutte contre la classe qui incarne (ou qui – comme classe sociale – “personnifie”) les intérêts de la société capitaliste, la classe bourgeoise donc, à un antisémitisme. Car il s’agit bien de cela : ou bien on adhère aux positions de la Wertkritik sur son anticapitalisme « radical » et prétendument émancipateur, ou bien on est forcément, structurellement, potentiellement (!?) un antisémite ! Nous sommes en présence ici d’une logique en tout point similaire à celle qui assimile les critiques et les luttes contre la politique colonialiste de l’Etat hébreux en Palestine à un antisémitisme. Il y a une continuité évidente entre ces raisonnements et les prises de position défendues par Robert Kurz dans son article. Ce raisonnement se résume à une injonction : celui qui n’épouse pas le point de vue et la démarche de la Wertkritik sur sa prétendue critique radicale catégorielle du capitalisme, est structurellement un méprisable antisémite !

    Il y a plusieurs éléments constitutifs du fonds patrimonial de la Wertkritik qui concourent pour aboutir à son incapacité à porter un regard critique fondé et par ailleurs indispensable sur l’antisémitisme et sur son instrumentalisation.

    #Israël #Palestine

    • Flûte, suite à un plantage j’ai perdu ce que j’avais commencé, avec des citations. Bon en plus rapide, bien que fortement opposé à ce que la WK dit sur Israël, comme commencent à le dire des commentaires dessous le lien, ce texte est quelque peu confus. Déjà sur l’antisémitisme. Mais aussi au moins dans certains passage de la première partie où on pige pas trop de qui il parle vraiment, de quels textes, avec pas mal de passages où il fait dire vraiment des contresens complets en mode technique de l’épouvantail.

  • Why We’re More Exhausted Than Ever | TIME
    https://time.com/6694092/exhaustion-increasing-causes-essay

    New York Times-bestselling author and researcher Dan Buettner spent his career studying “blue zones,” areas in the world where people live longer, healthier lives than anywhere else. In his work, he explains that people who live in blue zones have one thing in common: they live a human-needs-first lifestyle, in which the things that we need as human beings are prioritized. That means eating whole foods, having rich social lives, getting regular movement, and working with a purpose rather than for the sake of maximizing productivity.

    This is a stark contrast to most people’s realities. Outside of these “blue zones,” most people eat processed foods, strategically plan activities to socialize and get movement, and treat work like it comes before everything else. Unfortunately, prioritizing elements found in blue zones requires spare time, energy, and money—things the average (tired) person does not have. An objective look at how most people are living day-to-day doesn’t paint a picture of human needs being met; it paints a picture of enduring our demands. We have not built a human-needs-first society; we have built a business-needs-first society, and it is starting to show.

  • Quels #impôts les #milliardaires paient-ils ?
    (publié juin 2023)

    A l’aide de données administratives inédites, reliant les déclarations de revenus des particuliers aux #déclarations_fiscales des entreprises en #France en 2016, les auteurs mesurent les #taux_d’imposition directe effectifs des ménages situés au sommet de la distribution des revenus. Cette nouvelle mesure, distincte du traditionnel revenu fiscal de référence en ce qu’elle intègre notamment les revenus non distribués des sociétés détenues par ces ménages, les amène à interroger la réalité de la progressivité de l’impôt.


    Enseignements clés

    - Le taux d’imposition effectif des ménages français apparaît en 2016 progressif jusqu’à des niveaux élevés de revenu. Il atteint 46 % pour les foyers appartenant aux 0,1 % les plus riches.
    - Le taux d’imposition effectif devient régressif au sommet de la distribution, passant de 46 % pour les 0,1 % les plus riches, à 26 % pour les 0,0002 % les plus riches.
    – Pour les « milliardaires », l’impôt sur le revenu ou l’ISF ne représentent qu’une fraction négligeable de leurs revenus globaux, alors que l’impôt sur les sociétés est le principal impôt acquitté.
    - Le taux plus faible d’imposition des plus hauts revenus s’explique par le fait que l’imposition des bénéfices des sociétés est plus faible que l’imposition des revenus personnels.

    https://www.ipp.eu/publication/16253

    #riches #fisc #fiscalité

    • The billionaire’s guide to doing taxes

      Do you want to pay less taxes? Great. Step one, be a rich person. Then, buy a yacht. Or a sports team. Give a lot to charity. Lose some money in the stock market. Above all, make sure most of your money exists in the form of assets, not cash — stocks, real estate, a Dutch master painting, fine jewelry, or whatever else strikes your fancy.

      They say that money is a universal language, but it speaks at different volumes. When you have a fathomless bounty of wealth, money doesn’t quite register as an expense until you add a lot of zeros to the end — so spending a lot to save a lot is a no brainer. It’s why the mega-rich often hire expensive tax lawyers, wealth managers, or even set up a whole office dedicated to tax strategy. “It’s not just preparing the return,” says Paul Wieseneck, a tax accountant and director of the Fuoco Group. “There’s so much more involved in planning, in accumulating, offsetting, and trying to mitigate the taxes as best as possible.”

      For the rich, taxes aren’t a springtime affair with a quick visit to H&R Block, but a year-round endeavor.

      How much tax a wealthy person owes in a given year is a complex tapestry threaded with exemptions, deductions, credits, and obscure loopholes you’ve never heard of. The ideal is to owe zilch. If that sounds impossible to achieve, just look at the leaked tax returns of the wealthiest Americans that nonprofit news site ProPublica analyzed in 2021: Over several years, billionaires Elon Musk, Jeff Bezos, and Michael Bloomberg, among others, paid no federal income taxes at all.

      How do they do it? Here are some basic rules they live by.
      Don’t take a paycheck

      If your income is earned through wages paid to you by an employer, chances are your taxes are on the simpler side of the spectrum. Not as simple as it is for wage earners in other countries, where the government simply tells you how much you owe, but getting a paycheck from your boss means your taxes are automatically withheld each pay period. Filing your tax return might be as easy as filling out one form.

      You can pick and choose which deductions to take (like for student loan interest, or for having a home office), but the vast majority of households take the simpler standard deduction, which this year erases $14,600 from your tax bill. For tax year 2024, you’ll pay a 37 percent tax on any income you rake in over $609,350. That sounds like it would add up to a sizable amount for multimillionaires and billionaires — unless that income is just a minuscule share of their increasing wealth.

      Jeff Bezos, when he was still Amazon CEO, had a base salary of around $80,000 a year. Elon Musk doesn’t take a salary at all at Tesla. Apple CEO Tim Cook does get a $3 million salary, but it’s a small slice of the $63 million he received overall last year. Most wealthy entrepreneurs are paid in bountiful stock rewards; Musk is currently fighting to keep his record-breaking Tesla pay package, made up of a bunch of stock options and now valued at almost $56 billion. ProPublica found that, because their income fell below the threshold, at least 18 billionaires got a Covid-19 stimulus check.

      Paul Kiel, a ProPublica reporter who was an integral part of the newsroom’s billionaire tax return stories, says the income versus wealth divide was crucial in helping the public understand how differently the wealthy operate. “If you can avoid income as it’s defined in our system, and still get richer, that’s the best route,” he tells Vox.

      Stocks aren’t taxed until they’re sold — and even then, what’s taxed is the profit on the sale, called a capital gains tax. Billionaires (usually) don’t sell valuable stock. So how do they afford the daily expenses of life, whether it’s a new pleasure boat or a social media company? They borrow against their stock. This revolving door of credit allows them to buy what they want without incurring a capital gains tax. Though the “buy, borrow, die” strategy isn’t quite as sweet right now because interest rates are high, a Wall Street Journal piece from 2021 notes that those with $100 million or more could get interest rates as low as 0.87 percent at Merrill Lynch. The taxable value of a stock also resets when it’s passed on to an heir, so that if a wealthy scion chooses to sell their inherited stock, they’d only pay a tax on the increase in value since the original owner’s death.
      Plan on losing money

      If you do, regrettably, have to sell assets, fret not: just lose a lot of money, too, and pile on the offsets. “We do what’s called tax-loss harvesting,” says Wieseneck, using a simple example to illustrate. Say someone owns Pepsi stock, and it tanks. They sell at a loss, but then buy about the same amount of Coca Cola stock. The Pepsi loss can erase some (or even all, if you play your cards right) of the taxes owed on the gains made on Coca Cola stock.

      “During the year we try to accumulate losses,” says Wieseneck. “At the end of the year, if I know you have a capital gain on a sale of a property or a house or another investment, I’ll accumulate some losses for you that can offset [it].” Capital losses don’t also have to be applied in the same year — if you know you’ll be selling more assets next year, you can bank them for later.

      It’s illegal to quickly sell and then buy the same stock again — a practice called a “wash sale” — just to save on taxes, but the key word is “same.” Public companies often offer different classes of stock that essentially trade the same, and it’s not hard to trade similar-enough stocks back and forth. Exchange-traded funds (ETFs), for example, are like buckets containing a mix of stocks that can themselves be traded like a stock. A few different ETFs might perform roughly the same on the stock market; a person could sell one ETF and quickly buy another while avoiding the “do not sell and buy the same stock within 30 days” rule.
      Play tax rate arbitrage

      Another tool in the tax shrinking arsenal: leveraging the differences in tax rates, which vary based on the type of asset and how long someone owned it. Long-term gains — assets held for longer than a year — from the sale of stocks and bonds are taxed at rates as low as zero percent and as high as 25 percent. Short-term gains, meanwhile, can face a tax as high as 37 percent. Collectibles, which include art, antiques, cards, comic books, and more, have a max rate of 28 percent.

      The basic strategy here is to always get the lowest tax rate possible for your gains. A favorite tactic of billionaire investor Jeff Yass, according to reporting from ProPublica, is to place bets both for and against large companies, trying to amass a bunch of short-term losses on one end and long-term gains, which already enjoy a lower tax rate, on the other.

      Another kind of magic trick is to place high-tax income into lower-tax or no-tax wrappers, which can include things like tax-advantaged retirement accounts. One example is what’s called the private placement life insurance policy, a niche product that only the very wealthiest of the wealthy use. It can cost millions of dollars to set up, so it’s not worth it unless you’re rich, but the premiums a policyholder pays into the policy can be invested in high-growth investment options, such as hedge funds. The money you’d get back if you decide to cancel the policy isn’t taxed, but it’s not even necessary to take the money out. You can borrow money from the policy at low interest rates, and its benefits pass on tax-free to beneficiaries upon the original holder’s death. It’s insurance, says Michael Kosnitzky, co-chair of the law firm Pillsbury Winthrop Shaw Pittman’s Private Client & Family Office practice group, “but it also holds investment assets and, like any permanent insurance policy, the cash surrender value grows tax free.”

      A recent report from Sen. Ron Wyden (D-OR), the chair of the Senate Committee on Finance, laid out how big the scheme had gotten, currently sheltering at least $40 billion. The report found that the average net worth of people with such life insurance policies was over $100 million.
      Business or pleasure?

      When you’re very rich, it’s important to treat everything as a business expense. Private jets are expensive luxuries, but the cost can be fully tax deductible if the plane is mostly being used for business — and what counts as “mostly business” isn’t clear cut. Maybe you take a trip on your jet partly to take a business meeting, but also to spend a few relaxing days in a beautiful getaway spot. Private jet owners often set up LLCs and rent out their planes when they’re not personally using them to take advantage of the tax deduction, reported ProPublica.

      In fact, many expensive hobbies of the ultra-rich coincidentally turn into business expenses — yachts, racehorses, golf courses, and more. They’re often run very professionally, says Kiel, “but never quite seem to make a profit.”

      “Generally you’re not supposed to write stuff off that’s a hobby,” he continues. “But the wealthier you are, the more your hobbies appear to be businesses or are operated like businesses.”

      Despite the ubiquity of this practice, there’s risk to it, especially as the IRS ramps up audits of tax write-offs for private jets. If the wealthy are going to buy exorbitantly expensive yachts and claim it’s being used for a business, says Kosnitzky, “you’d better be on very solid ground.”
      Philanthropy pays

      Charity is a time-worn way the ultra-rich reduce their taxes — and it has the added bonus of putting a nice luster on their reputation. Many charitable organizations set up by billionaires are tax-exempt, and charitable donations are tax deductible. You can completely control when to make a donation, and of what size, depending on how much taxable income you have in a given year; it’s a nimble method of offsetting taxes.

      But the worthiness of charitable deductions can be questionable, because they’re “very, very loosely regulated,” says Kiel. The donations themselves can range from buying mosquito nets to prevent malaria to “paying for your kid’s private school.” Recall, for example, that former President Donald Trump once used money from his foundation to buy a painting of himself. Often, the wealthy can pour money into foundations and funds with philanthropic aims without actually distributing that money to anyone. One popular charitable medium today is called a donor-advised fund. Rich people put their money into these funds, and “advisers” who manage the account eventually give away the money — eventually being the key word. Even if the money hasn’t gone to a good cause yet, donors can take the tax deduction right away.

      In other cases, what raises eyebrows is whether an ostensibly charitable organization actually serves a public good. These charities get tax-exempt status because they’re supposed to have a “pro-social” purpose, says Daniel Reck, an economics professor at the University of Maryland who recently co-authored a paper analyzing tax evasion among the ultra-rich. Some billionaires claim their foundations qualify because they’re opening up a historical mansion or private art collection to the public. In fact, there are many examples of tax-exempt organizations not holding up their end of the bargain. As ProPublica reported, the historic landmark Carolands Chateau enjoys tax benefits but is open to the public just two hours per week. A private art gallery established by the late billionaire Sheldon Solow only recently became open to visitors, despite some of the art being held in a tax-exempt foundation.

      Also crucial to utilizing charity as a tax avoidance strategy is pumping up the value of your generosity. “You donate some fancy piece of fine art to a museum, you get an assessment for the art, it’s much more than you could actually ever sell it for,” explains Reck. “You get a big tax write-off.” It’s not just fine art, either — one popular form of overvaluation (until Congress passed a bill putting an end to it last year) involved inflating the value of land. Called a “syndicated conservation easement,” it took advantage of an incentive for environmental conservation, in which landowners who agree not to develop their land would get a tax break proportional to the fair market value of the land. “The game is that people just massively, ludicrously inflate these fair market values,” says Reck. In the syndicated version of this tax break, a group of investors buys land, gets an overvalued assessment on it, and shares the tax write-off between themselves. “Now there are a bunch of court cases about it,” Reck says.
      The gray area and the illegal stuff

      Some of the above tactics occupy an ambiguous, blurry zone of legality — it might be okay or not on a case-by-case basis. Some wealthy people may be alright with the risk, but Kosnitzky notes that it isn’t wise to play the “audit lottery” — there’s also reputational risk to consider. For those determined to take an “aggressive” tax position, a lot of documentation and even having their lawyer prepare a memo defending their tax strategy may be necessary. They might still end up paying a penalty and owing taxes, but exactly how much is up for negotiation.

      The paper Reck co-authored found that sophisticated tax evasion methods used by the very wealthy, including evasion through pass-through businesses or offshore accounts, often goes undetected by random audits. This suggests that current estimates of the “tax gap,” or the difference between taxes paid to the IRS and the amount it’s actually owed, is very likely an undercount.

      The difference between avoidance (legal) and evasion (illegal) is hard to untangle at times because wealthy people will dispute their audit, deploying brilliant tax lawyers to argue that the government is mistaken. These battles can take years to settle. It’s not just that the IRS needs a bigger budget to do all the audits it wants to — it did get extra funding in the Inflation Reduction Act — but that auditing a wealthy taxpayer is costlier, and much more time-consuming, than auditing a poor one. The structures of the well-off’s businesses are often extremely complex, too, which also makes auditing them more expensive.

      Reck noted that rich people dispute a greater share of the tax that the IRS says they should pay after an audit. In the middle of the income distribution, about 10 percent of the auditor’s recommended adjustment is disputed, says Reck. Among people with the highest income, however, the disputed share exceeds 50 percent. “That suggests that the taxpayer and their advisers, at least, believe that they’re either in some gray area or were allowed to do what they did.”

      “We’ve talked to a lot of former IRS agents, and they would often hear the line that for wealthy taxpayers, their tax return is like an opening offer,” says Kiel.

      How the very rich lose money, overvalue art, buy very expensive life insurance, and somehow profit.

      https://www.vox.com/money/2024/3/13/24086102/billionaires-wealthy-tax-avoidance-loopholes
      #philantropie

      via @freakonometrics

  • The Real Gaza Death Toll
    https://consortiumnews.com/2024/03/07/the-real-gaza-death-toll

    200 000 victimes à Gaza et non pas 30 000 ?

    (...) With virtually no healthcare left, no medications, and infectious diseases spreading especially among infants, children, the infirm, and the elderly, can anybody believe that the fatalities have just gone over 30,000?

    With 5,000 babies born every month into the rubble, their mothers wounded and without food, healthcare, medicine, and clean water for any of their children, severe skepticism about the Hamas’ Health Ministry’s official count is warranted.

    Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu and Hamas, which he helped over the years, have a common interest in lowballing the death and injury toll. But for different reasons. Hamas keeps the figures low to reduce being accused by its own people of not protecting them, and not building shelters. Hamas grossly underestimated the savage war crimes by the vengeful, occupying Israeli military superpower fully and unconditionally backed by the U.S. military superpower.

    The Health Ministry is intentionally conservative, citing that its death toll came from reports only of those named as deceased by hospitals and morgues. But as the weeks turned into months, blasted, disabled hospitals and morgues cannot keep up with the bodies, or cannot count those slain laying on roadsides in allies and beneath building debris. Yet the Health Ministry remains conservative and the “official” rising civilian fatality and injury count continues to be uncritically reported by both friend and foe of this devastating Israeli state terrorism.

    Predictions of Human Catastrophe

    It was especially astonishing to see the most progressive groups and writers routinely use the same figures from the Health Ministry in Hamas-run Gaza as did the governments and outside groups backing the one-sided war on Gaza. All this despite predictions of a human catastrophe in the Gaza Strip almost every day since Oct. 7, 2023, by arms of the United Nations, other besieged international relief agencies on the ground, eyewitness accounts by medical personnel and many Israeli human rights groups and brave local journalists in that strip, the geographic size of Philadelphia. (Unguided Western and Israeli reporters and journalists are not allowed to enter Gaza by the Israeli government.) (See the open letter, titled “Stop the Humanitarian Catastrophe,” to President Joe Biden on Dec. 13, 2023, by 16 Israeli human rights groups that also appeared as a paid notice in TheNew York Times.)

    Then came the Dec. 29, 2023, opinion piece in The Guardian by the chair of global public health at the University of Edinburgh, Devi Sridhar. She predicted half a million deaths in 2024 if conditions continue unabated.

    (...)

    From accounts of people on the ground, videos and photographs of deadly episode after episode, plus the resultant mortalities from blocking or smashing the crucial necessities of life, a more likely estimate, in my appraisal, is that at least 200,000 Palestinians must have perished by now and the toll is accelerating by the hour.

    Imagine Americans, if this powerful U.S.-made weaponry was fired on the besieged, homeless, trapped people of Philadelphia, do you think that only 30,000 of that city’s 1.5 million people would have been killed?

    Daily circumstantial evidence of the deliberate Israeli targeting of civilians and civilian infrastructures requires more reliable epidemiological estimates of casualties.

    It matters greatly whether the aggregate toll so far, and counting, is three, four, five, six times more than the Health Ministry’s undercount. It matters for elevating the urgency for a permanent cease-fire, and direct and massive humanitarian aid by the U.S. and other countries, bypassing the sadistic cruelty against innocent families of the Israeli siege. It matters for the columnists and editorial writers who have been self-censoring, with some, like the Post’s Charles Lane, fictionally claiming that Israel’s military doesn’t “intentionally target civilians.” It matters for accountability under international law.

    Above all, it lets weak Secretary of State Antony Blinken and duplicitous President Biden be less servile when Netanyahu dismisses the low death toll by taunting them: What about Dresden, Hiroshima and Nagasaki?

    As a percentage of the total population being killed, Gaza can expose the Israeli ruling racist extremists to a stronger rebuttal for ending U.S. co-belligerent complicity in this never-to-be-forgotten slaughter of mostly children and women. (The terrifying PTSD on civilians, especially children, will continue for years.)

    Respecting the more accurate casualty toll of Palestinian children, mothers, and fathers presses harder for permanent cease-fires and the process of recovery and reparations for the survivors of their holocaust.

  • 70s French Jazz Mix (Soul Jazz, Free Jazz, Spiritual Jazz, Ethno Jazz..)
    https://www.youtube.com/watch?v=o0Tq-2a6Y-8

    00:00 | Michel Sardaby - Welcome new warmth
    03:17 | Rhesus O - Éveil
    05:26 | Jef Gilson & Malagasy - Valiha Del
    10:07 | Baroque Jazz Trio - Orientasie
    13:24 | Edja Kungali - Jungle Dance
    19:25 | Jacques Thollot - Position stagnante de réaction stationnaire
    20:50 | Henri Texier - Le sage, le singe et les petits enfants
    25:14 | Jef Gilson, Malagasy - Hommage À Rakotozafy
    30:00 | Moving Gelatine Plates - Un Jour...
    31:16 | Jef Gilson, Malagasy - Buddah’s Vision
    37:09 | Christian Zÿsset - Thème N° 3 Medium Free-Jazz
    38:47 | Daniel Humair, Jean Luc Ponty, Phil Woods, Eddy Louiss - La Sorcellerie
    43:53 | Richard Raux, Hamsa - A Coltrane
    46:46 | Mahjun - Chez Planos
    52:50 | Henri Texier - Angèle
    54:14 | Brigitte Fontaine - Moi aussi
    56:45 | Intercommunal Free Dance Music Orchestra - 7 rue des Precheurs
    58:03 | Zao - Ataturc

    –҉ ҉-҉ ҉-҉-҉ ҉-҉ ҉-҉-҉ ҉-҉ ҉-҉-҉ ҉-҉ ҉-҉-҉ ҉-҉ ҉-҉-҉ ҉-҉

    Jazz in France during the 1970’s : "In France the fortunes of few genres were as closely linked to May ’68 as free jazz..

    #musique #jazz #France #années_70

  • Sezin Topçu, Catastrophes nucléaires et « normalisation » des zones contaminées, 2016
    https://sniadecki.wordpress.com/2024/03/02/topcu-normalisation

    La minimisation des impacts catastrophiques d’un accident nucléaire est en passe de devenir un grand classique de notre temps, et ce non seulement dans les pays où la présence d’installations nucléaires est importante, comme la France, ou dans les pays ayant déjà subi un accident, comme le Japon ou la Biélorussie, mais également dans les pays qui en sont dépourvus. Cette minimisation, qui semble s’imposer avec force, relève de la capacité de « résilience » des nucléaristes, c’est-à-dire des industriels, des Etats nucléaires, ainsi que de certaines instances de régulation, nationales comme internationales.

    […]

    Au delà des conséquences très graves sur la santé des populations, dont la démonstration ou la reconnaissance sont rendues difficiles en raison du temps de latence que nécessitent les maladies radio-induites pour se manifester, mais aussi du secret ou de la fabrique active d’ignorance qui souvent les entourent, un accident nucléaire signifie également le sacrifice de territoires tout entiers.

    I. Gérer l’ingérable.
    Naissance des « zones » comme outil managérial

    Des « zones d’exclusion » aux « zones d’évacuation »
    Le dispositif de zonage : une prise de risque à géométrie variable

    II. De Tchernobyl à Fukushima : des zones en mouvement

    Des zones évacuées aux terres à reconquérir
    Mesure de l’exposition humaine aux rayonnements ionisants produits par la radioactivité
    Le « casse-tête » des évacuations volontaires
    Les enjeux politiques et économiques de la normalisation des zones contaminées
    Des normes sanitaires anormales pour des zones à « normaliser »
    Les guides de « réhabilitation participative » : ou comment apprendre à vivre dans un monde contaminé

    III. Vers la disparition de « zones » dans l’après Fukushima ?

    De la gestion des dégâts matériels à l’administration de la psychologie sociale

    Conclusion

    #nucléaire #anti-nucléaire #critique_techno #catastrophe #accident_nucléaire #pollution #radioactivité #santé

  • Des forêts en vie

    La série documentaire (LSD) de France culture a diffusé le mercredi 6 mars 2024 un formidable opus dédié à l’évolution contemporaine des forêts françaises. Un éblouissement comparable à la découverte à partir de 1975 des trois volumes du Catalogue des ressources, adaptation française du Whole earth catalog, diffusée par la librairie Parallèle, rue Saint Honoré à Paris, fleuron de notre bibliothèque.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/des-forets-en-vie-6125980

  • UN APPEL INTERNATIONAL - Amour, émeute et cuisine
    http://ecoeuretcuisine.canalblog.com/2024/03/un-appel-international.html

    UN APPEL INTERNATIONAL

    face à la guerre mondiale militarisée qui nous menace

    On sait depuis longtemps déjà que l’économie capitaliste est à la paix mondiale ce que le massacre de la Saint-Barthélémy fut à la Pax Dei catholique : une guerre du tous contre tous.

    Cette guerre, assez souvent du moins durant les heures de prospérité et de croissance économiques, se joue selon les « lois du marché », quoiqu’elle s’offre toujours assez régulièrement de régler ses comptes les moins diplomatiquement conciliables à la périphérie, où des escarmouches plus ou moins militaires ne cessent d’envoyer à la mort les plus miséreux des humains parmi le grand nombre des miséreux que le capitalisme engendre tous les jours.

    Du Yémen au Congo en allant de l’Ukraine à la Syrie - et nous en passons -, c’est bien toujours la siccité des différents centres vides de l’économie capitaliste globalisée qui s’exprime sur ses bords.

    C’est que le « marché » n’a en vérité d’autre loi que celle qui lui interdit d’en connaître aucune ; la croissance et le profit sont à ce prix. Et c’est justement ce profit et cette croissance qui ont maintenant atteint leur dernière limite : les contradictions propre au capitalisme, tant sociales qu’écologiques, devaient fatalement conduire à l’impossibilité de leur reproduction.

    Il n’est pas jusqu’aux êtres humains eux-mêmes qui ne soient à présent confrontés à la difficulté de perpétuer leur propre « espèce » ; les autres disparaissent déjà !

    Socialement, la baisse du taux de profit veut que le capitaliste accentue encore l’exploitation, autrement dit la spoliation, de la masse des prolétaires, lesquels à leur tour se voient contraint de consommer moins, et par là-même de limiter les profits du capitaliste. Écologiquement, la croissance indispensable à la perpétuation du capitalisme est cette puissance qui ne cesse de ravager le terrain même sans lequel elle ne saurait exister : le milieu « naturel », qui finit par se rendre invivable, et aussi bien inexploitable.

    Bref, le capitalisme est entré dans sa dernière phase...

    et la troisième guerre mondiale, qui avait commencé sitôt après la chute du mur de Berlin en 1989, non seulement sur le « marché » en tant que pseudo-fin de l’histoire, et victoire définitive du capitalisme sur un ennemi qui n’avait jamais été là, sinon comme capitalisme bureaucratique, mais bientôt une fois encore militairement à la périphérie – avec la guerre du Golfe en 1991, par exemple -, entre à présent dans une phase plus aiguë, et qui verra soit l’effondrement de la quasi entièreté du monde, soit un soulèvement révolutionnaire mondial.

    On sait qu’une théorie révolutionnaire suffisante et suffisamment répandue manque présentement à l’appel, mais ce n’est en vérité qu’affaire d’effacement produit à long terme par la propagande bourgeoise et ses contrefaçons multiples.

    Les marchands du monde n’ont pu fatalement produire qu’un monde de marchandises, où de la tomate à l’information presque tout s’est vu falsifié.

    La théorie révolutionnaire n’est pas inexistante, puisqu’elle existe au moins depuis Anacharsis Cloots, Pannekoek, Karl Marx et tant d’autres qui les ont suivi. La théorie révolutionnaire naît avec le premier prolétariat, elle naît du prolétariat, et le prolétariat est présentement partout ; mais plus que jamais, après tant d’années d’effacement et de mensonges, depuis l’école jusque dans les médias et depuis toutes les maisons blanches jusque dans les bureaux en management des GAFAM, les moyens pratiques et le nombre lui manquent : nous sommes passés du prolétariat conscient de la fin du XIXe siècle au prolétariat-zombie du XXIe siècle – et nous ne prétendons pas, ni ici ni ailleurs, grandir nos propres mérites : nous sommes nous-mêmes le produit de cette époque décomposée, et notre rôle ne peut qu’être relatif, relativement à ceci que nous ne disons rien de nouveau qui ne soit dû à l’actualisation du réel dans le mouvement réel de l’histoire. Nous ne disons donc rien de nouveau, nous le disons quelque peu différemment ; c’est l’urgence qui nous appelle :

    la troisième guerre mondiale n’attend plus, qui va précipiter l’humanité dans l’abîme !

    En se militarisant un peu plus chaque jour, la troisième guerre mondiale devient en effet visiblement aujourd’hui ce qu’elle était déjà essentiellement hier : un champ de ruine où tout le néant de l’accumulation marchande finit par montrer son vrai visage dans le désert que les bombardements laissent derrière eux : rien ne saurait le montrer mieux immédiatement que la destruction en cours de la bande de Gaza.

    Gaza, comme du reste le Yémen, et d’ores et déjà quelques autres lieux dont la multiplication dit ce qui vient, ne sont que les prémices du carnage total qui approche, lequel promet d’être pire que ses deux principaux précédents : la classe dominante capitaliste appellera ça, elle appelle déjà ça, une guerre de civilisation, quand il ne s’agit en réalité de rien d’autre que d’une guerre sociale absolue.

    La classe dominante bourgeoise a fait le choix du fascisme et du racisme à chaque fois qu’elle a été confronté aux crises du capitalisme, elle a fait le choix à chaque fois d’envoyer à la guerre les millions de prolétaires qu’elle exploitait déjà devant ça, elle a fait le choix de la destruction pour mieux exiger ensuite des prolétaires restants qu’ils reconstruisent à son profit ; elle fait présentement le choix, confrontée à la fin qui vient du capitalisme, non seulement du fascisme et du racisme, mais de la destruction totale et sans retour, sauf, espère-t-elle, d’elle-même : son haut degré d’inconscience et sa nullité intellectuelle concrète actuels parle pour elle ; le fétichisme marchand a fini par la rendre ignorante et folle : elle n’est plus même capable de réaliser qu’elle conduit ses propres enfants au désastre !

    L’Empire de la marchandise est l’empire de la schize infinie, qui a profité jusqu’ici à cette classe dominante, en tant surtout que cette schize cache le conflit réel dans la « société » sous de faux conflits plus ou moins spectaculaires qu’elle ne cesse de multiplier. C’est pourquoi jusqu’ici les humains réifiés n’y survivent plus guère autrement qu’en zombies égarés dans des décors qui leur sont étrangers, et séparés entre eux par des murs, des faux-semblants, des idéologies froides et des écrans. En sorte que nous pouvons dire que c’est toute l’immensité actuelle de cette séparation abstraite qui cherche maintenant à trouver son expression concrète, en tant qu’espace qui recueille la séparation, comme désert total, où même le prolétaire-zombie finira par ne plus pouvoir résider.

    La mort seule rôde encore après les bombes et la déforestation !

    Et nous n’avons plus même pour nous ce temps qu’évoquait jadis Balthazar Gracián, dont pouvaient jouir même celles et ceux qui n’avaient pas de demeure ; ici et maintenant lui aussi nous est compté : nous ne voulons pas de cette guerre, et nous savons ne pouvoir l’empêcher que par la révolution prolétarienne mondiale.

    L’échec des révolutions précédentes est regrettable, mais il est vain de le regretter.

    C’est pourquoi nous lançons ici cet appel* :

    PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, INSURGEZ-VOUS !

    À BAS LA MARCHANDISE !

    À BAS LA GUERRE !

    À BAS LE CAPITALISME !

    À BAS L’EMPIRE !

    VIVE LA LIBERTÉ L’ÉGALITÉ ET LA FRATERSORORITÉ !

    Autrement dit

    VIVE LA COMMUNE !

    Comité AEC

    Comité Néo-Invisible

    • Grave portnawak : il y a une énorme quantité de gens qui ne sont propriétaires de rien et d’autres qui sont propriétaires de maisons en merde passoires énergétiques trop chères à réhabiliter.

      Les gus ont juste écrit un article sur leur coterie habituelle qui oui, par la magie accumulatrice capitaliste bourgeoise, s’enrichit à chaque génération sur le dos de tous les autres.

    • On pourrait aussi écrire l’autre face de ces petits merdeux

      Au cours des 20 prochaines années, la majorité des jeunes n’aura pas les moyens de se loger sauf à avoir hérité. La politique libérale du logement stagnant au niveau zéro, elle revient essentiellement à modifier la loi pour louer des logements indécents et préfère protéger les propriétaires de AirBn ou les payer par la CAF pour augmenter artificiellement les loyers et ne rien construire.

  • D’acier et de béton - Agnès Stienne - Visionscarto
    https://www.visionscarto.net/d-acier-et-de-beton

    Ici poussait du blé, là des tournesols, ailleurs des patates, des framboises et des oignons. Des arbres fruitiers, des fossés, des haies sculptaient des paysages ruraux vivants, garants de la vitalité des campagnes. Les terres ont été rasées. Des routes tracées, des dalles de béton coulées, des tonnes de ferrailles dressées sur des milliers de m2. Des rampes d’accès numérotées à intervalles réguliers. Un trafic routier intensifié. Artificialisation des sols, destruction des paysages, anéantissement des écosystèmes, pollutions diverses, des impacts largement négatifs sans réels bénéfices pour les communautés locales. Place aux entrepôts logistiques.
    par Agnès Stienne

  • Gabriel Attal annonce une hausse spectaculaire du nombre de contrôles sur les demandeurs d’emploi


    Le premier ministre, Gabriel Attal, lors d’une visite de l’entreprise Numalliance, à Saint-Michel-sur-Meurthe (Vosges), le 1er mars 2024. SEBASTIEN BOZON / AFP

    Le premier ministre a mis en scène sa volonté de durcir les règles de l’assurance-chômage, vendredi, lors d’un déplacement dans les Vosges, exprimant sa volonté de transformer « notre modèle social » pour qu’il « incite toujours davantage au #travail ».
    Par Bertrand Bissuel (Eloyes, Epinal, Saint-Michel-sur-Meurthe (Vosges), envoyé spécial)

    Gabriel Attal a retenu – au moins – une leçon de la brève période au cours de laquelle il fut ministre de l’éducation nationale, juste avant son arrivée à Matignon : la pédagogie est un art de la répétition. Vendredi 1er mars, lors d’un déplacement dans les Vosges, le chef du gouvernement a, une fois de plus, exprimé la volonté de transformer « notre modèle social » pour qu’il « incite toujours davantage au travail ». Son propos a été particulièrement musclé : « Cela nécessitera des décisions difficiles », a-t-il prévenu, sans livrer plus d’indications, mais en faisant clairement référence à la piste, évoquée à plusieurs reprises par l’exécutif depuis la fin de 2023, d’un nouveau durcissement des règles de l’assurance-chômage.

    A travers cette visite, M. Attal entendait montrer combien il est « pour une France du travail ». Il a aussi manifesté toute son attention pour les classes moyennes, « qui gagnent un peu trop pour toucher des aides, mais certainement pas assez pour être à l’aise ». Un message pour les exhorter à ne pas céder, à trois mois des élections européennes, aux « sirènes » des extrêmes : le Rassemblement national n’a pas été nommé, mais M. Attal pensait, de toute évidence, à lui – en premier lieu.
    En un peu moins de quatre heures, il s’est rendu dans trois lieux différents, distants de plusieurs kilomètres : une agence de France Travail, ex-Pôle emploi, un centre de formation de chauffeurs-routiers et une entreprise fabriquant des machines, Numalliance. Une itinérance menée tambour battant en compagnie de deux ministres, Catherine Vautrin (travail, santé et solidarités) et Roland Lescure (industrie et énergie).

    « Nous ne lâcherons rien »

    Le locataire de Matignon en a profité pour confirmer son intention de poursuivre la refonte de notre Etat-providence, avec des formules cinglantes. Le « système », selon lui, a fonctionné, durant des décennies, sur une « hypocrisie », qui consistait à « acheter la paix sociale à coups d’aides sociales ». Cela a entretenu « le chômage de masse », l’enfermement dans « l’inactivité » et le « ressentiment ». Il faut « mettre un terme » à cette situation et changer de « paradigme », a martelé le premier ministre, en soulignant que les décisions prises depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 s’inscrivaient déjà dans cette optique, notamment par le biais des réformes successives de l’#assurance-chômage qui ont durci les conditions d’indemnisation.
    Aujourd’hui, M. Attal veut aller encore plus loin, mais sans dire comment. Il s’est borné à annoncer une augmentation – spectaculaire – du nombre de #contrôles sur les demandeurs d’emploi : le but est d’en réaliser 1,5 million à la fin du quinquennat, soit environ trois fois plus qu’en 2023, tout en les ciblant sur les personnes susceptibles d’être embauchées dans les secteurs cherchant de la main-d’œuvre.

    Le chef du gouvernement réaffirme ainsi son attachement au « devoir de travailler », un principe inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946, a-t-il rappelé, vendredi après-midi. Ce discours lui vaut d’être accusé de punir les chômeurs. Critique qu’il a réfutée, en faisant valoir qu’il se place dans une double logique d’obligations plus strictes mais aussi de droits améliorés.

    C’est au nom de cet argumentaire que M. Attal a confirmé l’extension, à partir du 1er mars, de la réforme du revenu de solidarité active. Elle prévoit de conditionner le versement de la prestation à la réalisation d’au moins quinze heures d’activité par semaine, moyennant un accompagnement renforcé de l’allocataire. Jusqu’à maintenant, la mesure était expérimentée par dix-huit conseils départementaux. Ils seront désormais quarante-sept, l’objectif étant de parvenir à une « généralisation » en 2025. « Nous ne lâcherons rien, tant que tous ceux qui peuvent revenir vers l’emploi perdureront dans le chômage », a-t-il lancé. Une pression qui, à l’en croire, s’exerce autant sur les individus que sur les pouvoirs publics.

    Son leitmotiv en faveur du « travailler plus » s’est accompagné de promesses pour « travailler mieux ». Dans son esprit, il s’agit d’abord de tirer vers le haut les rémunérations. Le premier ministre a, encore, mis en garde les représentants des branches professionnelles dont les conventions collectives contiennent des grilles salariales avec des coefficients sous le smic : s’ils ne corrigent pas ces anomalies, d’ici à juin, par le jeu de la négociation, « nous sommes prêts à toutes les options », a-t-il prétendu, en mentionnant le recours à la loi et « les sanctions ». Un « séminaire gouvernemental » sera, par ailleurs, organisé, à la mi-mars, pour réfléchir à « la question du travail », notamment à « la semaine en quatre jours ».

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/03/02/gabriel-attal-annonce-une-hausse-spectaculaire-du-nombre-de-controles-sur-le

    #chômeurs #précaires #RSA

  • Gilets Jaunes : « c’est le plus gros corpus d’expression citoyenne qu’on ait analysé en France et peut-être dans le monde », que sont devenus les cahiers de doléances ?
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/gilets-jaunes-c-est-le-plus-gros-corpus-d-expression-ci

    (...)

    La mission du grand débat national a par la suite disparu et le gouvernement a demandé à l’entreprise chargée de traiter les cahiers de doléances de supprimer purement et simplement toutes les données récupérées jusqu’alors sur les ordinateurs. Des centaines de milliers de doléances perdues à jamais.

    • Marie Ranquet
      https://mastodon.zaclys.com/@Marie_Ranquet/112019267160958568

      Ce que je vois passer sur la soit-disant « destruction » des « cahiers de #doléance » (leur vrai petit nom est « cahiers citoyens ») de 2019 me rend furieuse à un point qu’on ne peut pas imaginer. 🤬

      Je suppose qu’il faut tout reprendre dans l’ordre. Je vais essayer 🧵

      1) Des données perdues à jamais ? c’est ce que certains articles alarmistes claironnent. Déjà rappelons que les cahiers papier sont archivés aux Archives départementales ; et que leur version numérisée est conservée aux Archives nationales.

      Ce qui déjà devrait rassurer un peu. Ce qui a « disparu à jamais », si je comprends bien, c’est la version qui avait été confiée à des prestataires informatiques.

      Et je ne sais pas, mais moi ça me rassure plutôt de savoir que les prestataires qui traitent des données à caractère personnel confiées par le secteur public aient l’obligation de les effacer une fois la prestation terminée 🙄 (à moins qu’on préfère qu’elles aillent nourrir l’IA ou soient vendues au plus offrant, ou stockées sur du cloud quelque part ?) #RGPD
      #CahiersCitoyens

      2) Des données inaccessibles ? on entend tout et n’importe quoi sur ça. Les informations sont accessibles dans les services publics d’archives qui les conservent : Archives départementales pour les cahiers originaux, Archives nationales pour la version numérisée.

      (...)

    • Marie Ranquet, le simple fait qu’un travail ait été commandé, réalisé, payé (avec nos impôts) mais jamais restitué par le prestataire, ni utilisé par le gouvernement (ou alors faut m’expliquer au regard des decisions prises depuis) ni rendu public est en soi un énorme problème.
      Que la matière brute existe encore, disséminée dans des dizaines d’endroits, soit, mais qui va la récupérer et l’analyser maintenant ? Est-ce à la portée d’un citoyen ? Faut-il attendre un thésard ou un Piquety de 2050 ?
      Comme la convention climat, tout cela est le vent que le gouvernement met dans sa comm pour donner l’illusion que le peuple a son mot à dire

  • ne comprend pas pourquoi TF1 ou M6 ne font pas appel à elle, parce qu’elle a plein d’idées de nouvelles téléréalités :

    -- Pétain Express : le jeu qui consiste à rallier le plus vite possible le régime de Vichy en autostop. Qui, parmi les binômes Éric et Marion, Marine et Jordan ou Emmanuel et Gabriel, touchera en premier la moustache du maréchal ?

    -- Les Aventuriers de Polenta : perdu·e·s au beau milieu d’un système économique délirant, des naufragé·e·s livré·e·s à elleux-mêmes doivent pédalent dans la semoule pour parvenir à se nourrir. À la fin, il en restera zéro !

    -- Qui veut épouser mon fisc ? : l’administration chargée de la collecte des impôts doit essayer de retrouver et séduire des membres du gouvernement et du patronat planqués en Suisse ou aux Bahamas.

    -- Secret Scorie : enfermées dans un ministère, de jeunes personnalités politiques présentées comme progressistes doivent cacher aux autres qu’en réalité elles sont déjà de vieilles réacs qui scolarisent même leurs mômes chez les fachos.

    Etc, etc. Vous voyez, si depuis quelques années les audiences de la télévision sont en berne (tiens, elles sont parties se planquer en Suisse, elles aussi ?) c’est uniquement parce que les programmateurices et les boîtes de production ne savent pas faire évoluer les concepts.

  • Le « décolonialisme militaire » comme legs colonial controversé.
    Un long texte, dense et pour tout dire un peu complexe pour des A1. Mais Jean-Pierre Olivier de Sardan est un anthropologue de grande renommée, un des meilleurs connaisseurs des Etats et sociétés d’Afrique de l’Ouest francophone (notamment Niger, Mali et Burkina Faso.

    https://aoc.media/analyse/2024/02/28/au-sahel-un-decolonialisme-militaire

    Au Sahel, un décolonialisme militaire

    Par Jean-Pierre Olivier de Sardan
    Anthropologue

    Alors que les juntes militaires du Burkina Faso, du Niger et du Mali se retirent de la Cedeao et que les nouveaux dirigeants semblent portés par un sentiment populaire de rejet de l’influence française, une analyse du paradigme « décolonial » et de ses différents usages révèlent une forme d’idéologie qui sert avant tout les intérêts des élites au pouvoir.

    En publiant ( il y a quelques jours sur ce même site ) un article très critique sur la politique catastrophique d’Emmanuel Macron au Sahel (en particulier à propos de la punition collective infligée aux populations locales), je n’avais évidemment pas pour objectif de conforter la stratégie des régimes militaires au pouvoir et d’exonérer leurs propres responsabilités dans la rupture avec la France. En général il faut être deux pour se fâcher de façon aussi radicale, et toute escalade implique les deux parties.

    Une analyse de la façon dont les officiers qui pilotent les gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger instrumentalisent et amplifient les ressentiments populaires à l’égard des anciens colonisateurs (leur « francophobie ») me semble donc nécessaire et complémentaire, d’autant plus que le fait de rendre la France (et à travers elle l’Occident) responsable de toutes les déceptions des indépendances, de tous les échecs des démocraties, de toutes les impasses du développement, rejoint de façon intéressante le pôle le plus radical d’un courant intellectuel devenu à la mode tant en Afrique que dans le monde, sous le label de « décolonialité » ou de « décolonialisme ». Je vais donc faire un détour préalable par cette école de pensée avant d’examiner sa connexion avec les discours des officiers au pouvoir et les acclamations de leurs supporters.

    Le paradigme décolonial et ses variantes

    Le paradigme décolonial a pris naissance en Amérique latine, chez des auteurs relevant plutôt de disciplines littéraires et herméneutiques. La colonisation à laquelle leur récit alternatif se réfère est celle de l’Amérique à partir de l’arrivée de Christophe Colomb à la fin du XVème siècle, marquée par la soumission et le massacre des peuples dits « indigènes ». Mais cette colonisation espagnole ou portugaise, qui fut aussi une colonisation de peuplement, a pris fin depuis bien longtemps, autrement dit les souvenirs politiques directs de sa domination, de son arbitraire, et de sa violence se sont largement estompés au profit tout au long des indépendances des histoires nationales latino-américaines (imprégnées d’un point de vue occidentalo-centriste et d’un oubli des histoires indigènes).

    Ce sont donc essentiellement les survivances intellectuelles de cette colonisation (sa « colonialité »), et, au-delà, les prétentions universalistes de l’Occident, son dédain pour les savoirs non occidentaux et, in fine, l’épistémologie rationaliste elle-même (d’où le néologisme d’« épistémicide » parfois employé contre celle-ci) qui sont pris pour cibles[1]. Aujourd’hui, ce courant décolonial est sorti d’Amérique latine, il a gagné les campus américains puis européens (et les diasporas africaines)[2]. Il s’est donc globalisé, en particulier dans les milieux intellectuels et universitaires, où il a souvent fusionné avec divers courants de pensée critiques et post-modernes (paradoxalement « occidentaux »), tels que les perspectives déconstructionnistes, les théories de la domination, le féminisme, la critique de la violence structurelle des États modernes et du bio-pouvoir, et les concepts de racialisation et d’intersectionnalité.

    Le paradigme décolonial est donc d’abord un courant intellectuel : c’est une décolonialité savante. Mais celle-ci est loin d’être homogène. On peut ainsi distinguer deux pôles : un pôle radical plus idéologique et un pôle souple plus empirique. Pour le pôle radical, les « épistémologies du Sud[3] » s’opposent frontalement à l’épistémologie occidentale, tout entière fondée sur une rationalité européenne des Lumières s’auto-proclamant universelle, alors que pourtant elle excluait et continue à exclure tout le reste de l’humanité, et en particulier les conceptions, valeurs, savoirs, coutumes ou visions du monde de la multitude des peuples autrefois colonisés[4].

    Le pôle radical procède par énoncés catégoriques et vastes agrégations identitaires, sans s’embarrasser de contre-exemples. Le pôle souple, lui-même très diversifié, est plus nuancé, discret, attentif aux complexités, ses auteurs reconnaissent que tout n’est pas à jeter dans le mouvement des Lumières, défendent la rationalité scientifique si elle prend en compte d’autres rationalités, et l’universalisme s’il n’est pas occidentalo-centré. Ils admettent les apports de la pensée philosophique ou sociologique européenne[5]. Ils sont aussi plus tournés vers l’enquête comme base d’investigation des survivances coloniales. Je ne traiterai pas ici des nombreux travaux qui développent cette décolonialité souple et empiriquement argumentée.

    Bien sûr il s’agit d’un continuum entre ces deux pôles, avec de nombreuses positions intermédiaires[6]. Il faut aussi mentionner le courant post-colonial, antérieur à son cousin décolonial, les divergences entre les deux, bien que souvent affirmées par le second (son pôle radical surtout) étant parfois peu discernables. Il se réfère plus directement aux survivances du colonialisme en Inde ou en Afrique. Nous avons ici choisi de l’inclure dans l’expression « décolonialisme savant[7] ».

    Le décolonialisme en Afrique et son double registre

    La rencontre du décolonialisme avec l’Afrique sub-saharienne est en effet une autre histoire, différente, spécifique. Tout d’abord la référence coloniale n’est pas en Afrique ce qu’elle signifie pour l’Amérique latine : l’occupation française par exemple est encore fort proche des temps actuels, et de ce fait ses répressions et son despotisme, en particulier sous la période dite de l’« indigénat », aboli seulement en 1945, restent encore très douloureux dans la mémoire collective.

    Les décennies qui ont suivi les indépendances, lesquelles ont été de fait « octroyées » plutôt que conquises dans le cas de l’AOF et de l’AEF (grâce il est vrai à la défaite française en Algérie et sans oublier le rôle du RDA, ou, au Cameroun, de l’UPC), ont été marquées de surcroît par une présence française relativement importante et souvent intrusive dans les pays dits « de son pré carré », ce qui a engendré les qualifications (non dénuées de fondement) de « néo-colonialisme » ou de « Françafrique » (associées à celle de « gendarme de l’Afrique » en référence aux nombreuses interventions militaires).

    Autrement dit, tant le colonialisme politique du 20ème siècle que son prolongement néo-colonial pendant deux ou trois décennies (et ses répliques ultérieures) restent aujourd’hui des éléments centraux des perceptions négatives de la France dans l’imaginaire collectif en Afrique, quand bien même le poids politique et économique réel de la France s’est peu à peu affaibli depuis une bonne vingtaine d’années. Il s’agit donc d’un décolonialisme populaire, à dominante politique, qui n’est pas une création du paradigme décolonial savant, et qui l’a d’ailleurs précédé.

    D’un autre côté, divers intellectuels africains, surtout dans un registre philosophique, ont revendiqué, eux aussi avant l’émergence des paradigmes postcolonial et décolonial, une décolonisation des esprits, à la suite de Cheikh Anta Diop, en particulier sous la forme d’une réhabilitation des sociétés traditionnelles (ou « pré-coloniales »), de leurs histoires, de leurs cosmologies, de leurs organisations politiques, de leurs cultures, de leurs langues.

    Pour le dire de façon abrupte, cette décolonisation intellectuelle entendait critiquer l’aliénation coloniale ou néo-coloniale, réhabiliter l’Afrique précoloniale, et rompre radicalement avec l’histoire de France et l’histoire de l’Occident égypto-gréco-latin enseignées dans les écoles coloniales comme étant l’Histoire tout court. Elle a rejoint désormais le paradigme décolonial savant, sous l’une ou l’autre de ses formes.

    Le courant décolonial en Afrique se situe donc dans deux registres intersécants : d’un côté un décolonialisme populaire, relevant de la sphère politique, qui fait référence à la colonisation récente et au néo-colonialisme qui a suivi. C’est une spécificité du décolonialisme africain. De l’autre côté un décolonialisme intellectuel, relevant de la sphère culturelle, qui converge avec les diverses variétés du paradigme décolonial savant.

    Mais décolonialisme populaire et décolonialisme savant en Afrique ont en commun une caractéristique fondamentale : tous deux constituent non seulement des ensembles argumentaires mais aussi, voire surtout, une cause militante, morale et affective : il s’agit de mettre fin aux humiliations profondes du passé comme du présent (esclavage, colonisation, néo-colonialisme, racisme, paternalisme, occidentalo-centrisme, rejet des migrants) et à cet effet il faut combattre deux ennemis emboités, la France d’une part (le colonisateur d’hier et sa présence excessive aujourd’hui encore) et l’Occident plus généralement (dont l’universalisme proclamé cache mal de nombreuses discriminations racistes et masque une prétention suprématiste injustifiée au monopole des connaissances, dont la France est par ailleurs un archétype).

    Ces deux registres ont été largement appropriés depuis des décennies au sein des classes moyennes urbaines africaines passées par le lycée et/ou l’université. Ce qu’on a appelé « la montée du sentiment anti-français » en Afrique n’est donc pas seulement un résultat de la propagande récente et insistante des militaires arrivés au pouvoir (et encore moins l’effet des réseaux russes, ni même des funestes erreurs de Macron), elle repose sur un socle ancien, dont trois composantes sont évidentes, et pour une grande part légitimes, à savoir : (a) les comptes non réglés de la colonisation, (b) les manœuvres coupables de la Françafrique, et (c) l’occidentalo-centrisme de la culture générale et des institutions de développement (ainsi que ce que j’avais appelé « l’impérialisme moral », qui y est souvent associé). Les frustrations et humiliations qui découlent de ces trois composantes sont en outre associées aux échecs de la démocratie (telle qu’elle a été pratiquée par les gouvernements africains), à la dénonciation d’élites corrompues, et à l’absence de perspectives sociales, économiques, professionnelles.

    Désir de revanche et besoin de réhabilitation sont donc depuis longtemps un binôme symbolique fort, présent dans de larges fractions des populations. Les signes les plus divers de ce désir de revanche et de ce besoin de réhabilitation abondent : les manifestations d’écoliers et d’étudiants depuis les indépendances ont très souvent pris pour cibles des symboles français (SCOA, Total, Orange) … ; les attentats du 11 septembre ont été largement applaudis en Afrique… ; la popularité aujourd’hui encore de Thomas Sankara tient pour beaucoup à ce qu’il était capable de dire « non » à la France et à l’Occident… On peut ajouter, entre mille autres exemples, le statut iconique et donc intouchable de Cheikh Anta Diop, l’étonnante popularité de Chavez dans les syndicats étudiants, le succès spectaculaire du film Black Panther, ou la croyance assez répandue que c’est un empereur du Mali qui a découvert l’Amérique avant Christophe Colomb.
    Un décolonialisme militaire

    Les positions très anti-françaises (mais aussi anti-occidentales, bien que moins intensément) qui ont été adoptées depuis deux ans par les putschistes sahéliens n’ont sans doute aucun lien direct avec le paradigme décolonial, mais elles s’appuient incontestablement sur le décolonialisme populaire, cette partie de l’opinion publique déjà largement acquise à ce qui apparait comme une cause juste, à forte légitimité multi-facettes, tout à la fois politique, idéologique, culturelle, morale. Les militaires, en surfant sur ce décolonialisme populaire, ont opéré un choix tactique habile, au moins à court terme.

    Leur « souverainisme » affichée, leur « néo-nationalisme » (dont le contenu semble se réduire le plus souvent au rejet de la France et des dirigeants africains considérés comme ses suppôts), leur « néo-panafricanisme » (limité en fait aux pays sahéliens sous régimes militaires) amplifient et dopent à leur tour le décolonialisme populaire : les réseaux sociaux parlent abondamment d’une « nouvelle indépendance » déclenchée grâce aux coups d’état, qui serait même la « vraie indépendance », reléguant celle de 1960 au rang d’accessoire de théâtre, et considérant de fait les régimes africains antérieurs, en particulier démocratiques, comme des créations de l’Occident et des agents de la France.

    Faire déguerpir l’armée française, interdire l’espace aérien du pays, renverser les alliances, refuser les visas, insulter l’ONU, quitter la CEDEAO, déroger aux règles régionales ou internationales, jeter à la poubelle les élections, réprimer les opposants comme étant des traîtres à la patrie, s’allier avec la Russie, toutes ces décisions apparaissent à une partie de l’opinion publique comme autant d’actes décoloniaux audacieux, éminents, grandioses. Oser faire publiquement et au nom de la nation ce que les « fausses démocraties » antérieures n’avaient jamais osé faire face à la France et à l’Occident, n’est-ce pas une revanche admirable, une réhabilitation magnifique, face à la poursuite masquée de la colonisation politique, et face à l’aliénation et la colonisation insidieuse des esprits ?

    La stratégie classique du « bouc émissaire » utilisée intensément par les militaires sahéliens est d’autant plus efficace que le bouc émissaire est l’ancien maître, une cible populaire de longue date, qui a fourni de bonnes raisons pour être détestée. Dans un récent entretien[8], le général Tiani, à la tête du Niger, parle plusieurs fois de la France actuelle en disant de façon sarcastique « Le Maître » : c’est sous-entendre que le Maître colonial serait toujours présent 60 années après l’indépendance, ce Maître auquel Alassane Ouattara, Patrice Talon, Bola Tinubu et Macky Sall (les cibles africaines préférées des capitaines, colonels et généraux sahéliens) obéiraient encore servilement, ce Maître avec lequel seuls les trois régimes militaires ont osé rompre.

    Le colonisateur d’hier est tenu comme responsable de tous les maux de l’Afrique, y inclus d’ailleurs l’insurrection jihadiste qu’on le soupçonne de favoriser en sous-main, ce qui permet de qualifier la France d’État terroriste. En outre, Tiani, dans ce même discours, évoque plusieurs fois les émirats, sultanats, royaumes et empires du Sahel, du Moyen-Âge au XIXe siècle, montrant ainsi son souci de réhabiliter un passé glorieux ignoré des Français et des Occidentaux.

    On a donc affaire avec les actuels régimes militaires à une forme exacerbée du décolonialisme populaire. Un décolonialisme militaire. Une formule de gouvernance inédite.
    Deux critiques fondamentales contre le paradigme décolonial et le décolonialisme militaire

    Mais ce décolonialisme militaire, comme le décolonialisme populaire qui le soutient et qu’il flatte, a quelques points communs avec le pôle radical du paradigme décolonial savant.

    Certes, la « dispute épistémologique » déclenchée par les savants décoloniaux radicaux (promoteurs d’une « épistémologie du Sud »), n’est pas en soi un débat qui passionne les foules, mais elle a néanmoins son équivalent populaire dans le rejet des savoirs européens au profit de la réhabilitation des savoirs africains, un thème très répandu dans les classes moyennes africaines. On peut en voir une forme plus intellectuelle chez les tenants d’une « philosophie africaine », et une forme extrémiste islamisée dans le rejet d’une école publique francophone devenue impopulaire pour beaucoup de parents (« Boko Haram » peut être traduit par « maudite soit l’école occidentale ! »).

    De façon générale, la critique des survivances coloniales intellectuelles par le décolonialisme savant et la dénonciation des stratégies néo-coloniales françaises par le décolonialisme populaire ont un fort « air de famille ». Certes il n’y a pas entre eux des relations de cause à effet, et ils se situent dans des registres différents, mais ils partagent tous deux un élément central : leur narratif est fondé sur un même dédain pour les données historiques qui ne vont pas dans le sens voulu, une même vision extrêmement idéologisée (et donc caricaturale) de l’histoire.

    Cet air de famille apparait clairement quand on s’intéresse aux critiques qui ont été émises à l’encontre du paradigme décolonial radical (savant) dans son rapport avec l’Afrique : elles valent tout autant pour le décolonialisme militaire, comme on va le voir. Je vais pour cela m’appuyer sur deux auteurs en particulier, Olufémi Taiwo et Elgass (El Hadj Souleymane Gassama[9]), qui « déconstruisent » les principaux arguments du paradigme décolonial radical (« déconstruction » étant un terme volontiers utilisé par la perspective décoloniale, il est en l’occurrence appliqué à celle-ci). Elgass fait d’ailleurs parfois le lien entre décolonialisme radical savant d’un côté et décolonialisme populaire et militaire de l’autre, par exemple avec cette phrase ironique : « [pour les décolonialistes] Les héros africains ne se mesurent pas nécessairement à leur impact positif sur la vie des Africains et leur bien-être mais ils sont jugés sur leur capacité à tenir tête à l’Occident » (Elgass, p. 48).

    Nous ne retiendrons ici que deux critiques, mais elles sont majeures. La première porte sur l’essentialisation de la colonisation et l’absence d’une perspective historique rigoureuse. La seconde, complémentaire et enchâssée dans la première, porte sur la négation de facto de l’agencéité des acteurs africains depuis l‘indépendance.

    Quand on parle de décoloniser, de quel type de colonisation s’agit-il, et à quel moment de la colonisation fait-on allusion ? Si l’on considère seulement la colonisation française au sens strict, la période de la conquête et ses massacres n’est pas la période de l’indigénat avec son despotisme du quotidien, qui n’est pas celle de la loi-cadre préparant les indépendances. La colonisation dans la santé à base de médecine militaire et de lutte contre les grandes endémies a peu de rapport avec les écoles primaires des villes pour former des « commis » locaux, et moins encore avec la chefferie administrative (clé de voute du système colonial). Mais surtout, que signifie « décoloniser » lorsqu’on parle de la période post-coloniale (dite souvent néo-coloniale, au moins pour ses premières décennies) ?

    On ne peut confondre occupation coloniale et influence néo-coloniale. Certes, l’une et l’autre sont condamnables, mais pas pour les mêmes raisons et pas avec les mêmes arguments. Qu’entend-on exactement par « néo-colonial » ? La poursuite de la colonisation sous une autre forme ? Une soumission (occasionnelle ? permanente ?) des régimes indépendants aux injonctions (lesquelles ?) des anciens colonisateurs ? La tentative (réussie ? parfois mise en échec ?) de la France de garder une influence (politique ? économique ? culturelle ? militaire ?) dans les pays autrefois par elle colonisés ? Les interventions militaires au profit de dirigeants amis ? Les déclarations déplorables des dirigeants français ?

    Certes, on peut légitimement contester que le jour de l’indépendance soit une rupture radicale, et parler plutôt d’une transition préparée par la puissance coloniale et s’étendant sur une décennie, depuis la loi-cadre Deferre en 1954, jusqu’au moment où plus aucun Français n’est encore à un poste directeur quelconque dans les administrations africaines (milieu ou fin des années 1960). Mais on ne peut négliger ce fait fondamental : l’indépendance a donné la clé de la maison aux élites africaines, même si les anciens colonisateurs ont par la suite usé et abusé trop souvent de leurs conseils, de leur influence, de leurs financements, et parfois de leurs menaces ou de leurs armes. « En Afrique la différence qualitative décisive entre le colonialisme et l’indépendance est que dans le premier cas la capacité des Africains de contrôler leurs propres destinées était bloquée, alors que dans le second ils pouvaient fabriquer leur propre histoire, même s’ils l’ont éventuellement mal fabriquée. Toute tentative d’affirmer l’existence d’une continuité sans fracture entre le colonialisme et le néocolonialisme est douteuse, et même complètement fausse. (…) L’action ou l’inaction de l’ex-colonisé est décisive dans le succès ou l’échec du néo-colonialisme. Car les véritables néo colonialistes ne sont autres que nous-mêmes les Africains » (Taiwo, pp. 44-45).

    Par exemple, la Françafrique néo-coloniale, bien plus faite de compromis, tractations et « arrangements » (certes fort critiquables) entre dirigeants africains et français que de diktats de ces derniers, était nettement différente dans le contenu comme dans la forme du modus operandum des gouverneurs et commandants de cercles coloniaux ; et c’est toujours à l’appel de dirigeants locaux menacés ou renversés que les Français sont (hélas) intervenus militairement.

    Inversement, parce qu’ils en avaient la volonté politique, Modibo Keita ou Sékou Touré (comme Kwame Nkrumah ou Julius Nyerere du côté anglophone) ont très tôt pu imposer leurs propres visions du pouvoir et leurs règles du jeu, en abandonnant par exemple le franc CFA ; et Houphouët Boigny, certes solide allié de la France, était loin d’en être le « valet », si l’on considère son habileté à les rallier à sa propre stratégie. Les élites africaines qui ont gouverné depuis 1960 avaient leurs propres objectifs, elles manœuvraient aussi les dirigeants des pays occidentaux (France inclus), pratiquaient la dissuasion du faible au fort, et jouaient à l’occasion de la rivalité entre les deux blocs pendant la guerre froide. Et rappelons-nous que ce sont les mouvements étudiants et syndicaux qui ont amené les conférences nationales et la chute des régimes militaires de première génération, et non pas la France ou le discours de La Baule de Mitterrand.

    Par la suite, la Françafrique de Foccart a décliné peu à peu (parfois reconvertie en une « Bollor-afrique » privée), et les politiques africaines de Hollande ou de Macron, bien qu’imprégnées à des degrés divers de paternalisme, de condescendance et de méconnaissance, et tenant évidemment compte des intérêts stratégiques français, ne peuvent plus sérieusement être placées sous ce label, même s’il en reste quelques traces désolantes. L’Agence française de développement n’a rien à voir avec l’administration coloniale, mais elle est aussi très différente de la coopération française des années 1980, et les stratégies géopolitiques imposées à ses dirigeants peuvent largement diverger des objectifs et des pratiques de ses agents sur le terrain.

    Quant à l’industrie du développement, son occidentalo-centrisme évident, son hyper-bureaucratisation, ses « modèles voyageurs » et projets « top-down[10] » ou l’arrogance dont font parfois preuve ses experts internationaux ne signifient pas pour autant qu’elle chausse les bottes de la colonisation. Il ne faut pas tout mélanger. Banques de développement, organisations des Nations-Unies, multiples agences bilatérales, ONG internationales petites et grandes, structures régionales : tous ces intervenants hétéroclites, qui ont entre eux de nombreux désaccords et des divergences notables, ne peuvent être regroupés sous une même accusation de néo-colonialisme.

    L’ouvrage L’empire qui ne voulait pas mourir[11] commet à cet égard une erreur typique de la perspective décoloniale : tout son argumentaire affirme que la colonisation française serait encore et toujours présente de la conquête à nos jours. Mue par le même rêve de domination, et le même mépris des Africains, elle n’aurait fait que changer d’habits, à l’image de la célèbre phrase du marquis de Lampedusa dans Le Guépard : « il faut que tout change pour que rien ne change ».

    Cette essentialisation de la colonisation perdurant 60 années après les indépendances, l’affirmation que rien n’a vraiment changé et l’oubli corrélatif de toute perspective historique, c’est-à-dire de toute périodisation, ne permettent pas de comprendre les phénomènes complexes et les dynamiques internes qui ont fait l’Afrique durant ces 60 années. C’est le propre des simplifications abusives (et des idéologies, de droite comme de gauche, du Nord comme du Sud) que de gommer les nuances, homogénéiser les hétérogénéités, aplatir les différences dans le temps et l’espace, refuser de prendre en compte les contre-exemples. « La réification du fait colonial est si forte qu’elle tend à enfermer toute l’histoire du continent dans ce temps unique, omettant l’extraordinaire diversité de cette chronologie, ses souverainetés propres, ses essences inviolées. Mais plus encore, elle somme toute la création d’être en réaction avec ce fait colonial, délaissant la nécessaire autoscopie » (Elgass, p. 209).

    Taiwo insiste aussi de façon convaincante sur la concaténation abusive entre colonisation, modernité, capitalisme ou christianisme. Reprocher au colonialisme les maux du néo-libéralisme ; dénoncer l’individualisme, la perte de valeurs familiales d’antan ou la consommation de masse comme autant de produits maudits de la colonisation ; associer à tout jamais le colon et le missionnaire, constituent des généralisations hâtives auxquelles Taiwo oppose de nombreux arguments empiriques.

    Loin d’être identique à la modernité et de constituer son seul véhicule[12], la colonisation a souvent bloqué celle-ci, par exemple en donnant un rôle décisif aux chefferies locales, qui ont toujours constitué une force sociale particulièrement conservatrice. De même la colonisation a sans doute freiné l’expansion du capitalisme en Afrique, au profit des monopoles coloniaux. Prenons enfin l’exemple du christianisme : même si les missions ont accompagné, suivi et approuvé la conquête militaire, le christianisme a néanmoins pénétré en Afrique bien avant la colonisation (cf. le royaume du Kongo au XVème siècle) il s’est transformé de multiples façons bien après (cf. églises évangéliques et pentecôtismes), et il a pris des formes originales sous la colonisation contre la volonté des colonisateurs (cf le Kimbanguisme au Congo ou le Harrisme en Côte d’Ivoire).

    La deuxième vague d’arguments qui met à mal le narratif décolonial (radical/savant comme populaire/militaire) et qui découle de la première porte sur la façon dont sont traités les acteurs africains : les deux seuls rôles qui leur sont attribués sont en effet ceux de victimes de la colonisation ou de marionnettes de celle-ci. Un des concepts centraux des sciences sociales contemporaines, agency, agentivité ou agencéité en français, développé par Anthony Giddens, passe totalement à la trappe. Il désigne pourtant des propriétés qui sont en principe attribuables à tout acteur social, aussi démuni, dominé ou vulnérable soit-il : être porteur de connaissances et de stratégies, être capable d’agir, dans les limites certes des contraintes et ressources qui l’environnent, mais toujours avec une marge de manœuvre. « Cette approche [le paradigme décolonial] nie ou en tout cas minimise l’agencéité des colonisés (…) Un grand nombre des pratiques créatives des ex-colonisés ne sont pas prises au sérieux par les fanatiques de la décolonisation. » (Taiwo, p. 24)

    Si 60 ans d’indépendance n’ont servi à rien, si la colonisation domine encore les sociétés politiques africaines et aliène leurs esprits et leurs mentalités, si seuls les actuels militaires sahéliens ont mis fin à cette dépendance honteuse, cela signifierait que les Africains seraient totalement dépourvus d’agencéité ! « Mettre la colonisation au centre de la vie des colonisés est historiquement suspect et a comme effet inattendu de rendre peu lisible, voire complètement invisible, l’autonomie de la vie des colonisés, en dépit de la colonisation » (Taiwo p. 206).

    Les critiques que nous venons d’évoquer ciblent surtout le paradigme décolonial radical, mais elles gardent toute leur pertinence face au décolonialisme militaire et à l’usage qu’il fait de son rapport à la colonisation. Quand Elgass rappelle qu’il est plus facile d’accuser l’autre que de balayer devant sa propre porte : « Penser contre soi, le préalable de l’introspection, le supplice du miroir, ces exigences intellectuelles élémentaires sont balayées par la fureur accusatrice » (p. 79), il cible aussi bien le décolonialisme militaire que le décolonialisme radical savant.

    Le décolonialisme comme idéologie

    On peut toutefois être sceptique sur la capacité des critiques du décolonialisme radical à convaincre les foules acclamant les militaires de ce que les proclamations souverainistes actuelles reposent sur des fondations historiquement et épistémologiquement bancales. Car le décolonialisme n’est pas seulement une configuration argumentative, c’est aussi, qu’il soit radical savant ou populaire, une idéologie, une croyance, et on ne convainc guère les croyants par des arguments. La face idéologique du décolonialisme, politique comme intellectuel, est intolérante aux débats et aux contestations argumentées. C’est ce qui d’ailleurs rend toutes les idéologies (scientifiques ou populaires) insubmersibles, résistantes à la raison, rétives aux preuves.

    Le décolonialisme en Afrique est un cas intéressant de mixage entre une idéologie scientifique (restreinte en général au monde des enseignants et chercheurs) et une idéologie politique populaire (circulant de façon large).

    Tout d’abord, le paradigme décolonial radical est une idéologie scientifique, parce que, côté scientifique, il entend ouvrir un nouveau champ de production de connaissances (débusquer partout les survivances coloniales, et jusqu’au sein de la rationalité universaliste occidentale) mais, côté idéologie, c’est au prix élevé d’une dichotomisation du monde, d’une maltraitance de l’histoire et d’une non prise en considération des nuances et des contre-exemples. L’émergence d’une idéologie scientifique ouvre certes à ses débuts des perspectives nouvelles et produit des effets d’innovation et de séduction intellectuelle, ceci d’autant plus quand elle actionne aussi des leviers militants et moraux. Mais peu à peu, et parfois assez vite, l’idéologie scientifique n’admet plus d’être contestée, elle tourne à la rhétorique et au dogme, elle ne produit plus de données originales et se contente de répéter ses propres mantras.

    Le décolonialisme est aussi en Afrique une idéologie politique populaire : capable de mobiliser les foules bien au-delà des cénacles culturels, il s’éloigne des sophistications intellectuelles et des subtilités langagières du paradigme décolonial, pour simplifier (parfois à l’extrême) les énoncés qu’il partage avec lui et dénoncer (bien plus fort que lui) tous ceux qui n’y adhèrent pas. Dès lors qu’il accède au pouvoir, son dogmatisme est plus implacable, plus redoutable. Mais surtout les idéologies politiques populaires se nourrissent de l’espoir de ceux qui croient en elles. Les populations du Sahel, face à l’enchevêtrement des crises qu’elles subissent[13], face au sentiment d’impasse profonde qu’elles ressentent, sont nécessairement sensibles aux marchands d’espoirs.

    Faire du Maître d’antan la seule cause des crises, l’accuser des pires complots contre le peuple (en étant conforté par les réactions totalement contre-productives de l’ancien colonisateur et de la CEDEAO), et en même temps libérer le pays de toutes ses chaînes par le simple fait d’obliger le Maître à décamper tout en l’humiliant, c’est une stratégie de vente d’espoir particulièrement efficace, qui promet des lendemains qui chantent gagés sur une évidence : le Mal a enfin été chassé.

    Et ensuite ?

    Le décolonialisme militaire a une grande différence avec le décolonialisme savant : il s’inscrit non pas dans des stratégies théoriques et professionnelles individuelles au sein du monde universitaire (donc un tout petit monde), mais dans une stratégie politique, qui plus est par des acteurs qui ont pris de force le pouvoir à la tête d’un État, et engagent l’avenir de millions de personnes. Une question se pose donc immédiatement : que se passera-t-il une fois le bouc émissaire éliminé du paysage national ? Quel projet politique y a-t-il derrière la dénonciation du néo-colonialisme, qui a permis aux militaires de légitimer leur coup d’état ?

    La critique des faillites des régimes démocratiques antérieurs est le second argumentaire mis en avant par les actuels détenteurs du pouvoir : mauvaise gestion, corruption, affairisme… Ces maux sont mis sur le compte de la démocratie, et la démocratie est mise sur le compte de l’Occident, ce qui est quelque peu exagéré et injuste dans les deux cas, car il s’agit plutôt du comportement des élites politiques nationales (quand bien même elles ont été courtisées, protégées et appuyées par la France ou l’Occident plus généralement).

    Le paradoxe est que la hiérarchie militaire fait bel et bien partie de ces élites. À nouveau, un peu d’histoire est nécessaire. Mettre fin à la mauvaise gestion, la corruption, et l’affairisme était déjà la rhétorique utilisée par la première vague de coups d’état militaires dans les années 1970-80. Elle a été ensuite utilisée par les conférences nationales qui ont amené la démocratie dans les années 90. Elle a été enfin été utilisée par les diverses oppositions sous les régimes démocratiques. Mais, depuis 60 ans, tous ceux qui, après avoir dénoncé la mauvaise gestion, la corruption, et l’affairisme, ont accédé au pouvoir (par coup d’état ou par élection toujours contestée) n’ont jamais fait mieux (et souvent ont fait pire) que leurs prédécesseurs. Il n’y a aucune raison de penser que cela soit différent aujourd’hui, d’autant plus que les armées sahéliennes sont depuis longtemps accusées avec des arguments solides d’être elles-mêmes des fiefs de mauvaise gestion, corruption, et affairisme.

    Le troisième argumentaire porte sur le reversement des alliances. Il reste cependant très sommaire : il s’agit de quitter l’orbite occidentale pour aller vers les BRICS. Mais cette réorientation géo-politique n’a pas attendu les récents coups d’état pour prendre forme, loin de là. La Chine est déjà devenue le principal partenaire de l’Afrique et le premier lieu d’accueil de ses étudiants. Les pays du Golfe persique sont depuis longtemps actifs dans les pays africains musulmans. La Turquie est de plus en plus présente. L’Inde arrive. Et bien sûr la Russie vend son matériel militaire et si affinité envoie ses soldats. Poursuivre cette réorientation n’a donc rien de nouveau.

    Les pays du Sahel sont confrontés à deux défis majeurs, dont leur avenir dépend. (1) Il faut gagner la guerre contre l’insurrection jihadiste. (2) Il faut élaborer et mettre en œuvre des politiques de développement économique qui créent massivement des emplois et qui permettent se sortir progressivement de la dépendance à l’aide extérieure (qu’elle soit occidentalo-centrée comme hier ou multipolaire comme aujourd’hui) … Ni le remplacement de civils élus par des militaires putschistes ni la rupture avec la France et avec la CEDEAO ne font avancer magiquement dans ces deux directions. Les militaires, qui semblent peu pressés de rendre le pouvoir, sont-ils en mesure de relever ces deux défis, et d’éviter la mauvaise gestion, la corruption, et l’affairisme qui ont plombé tous leurs prédécesseurs ?

    Dans chaque pays sahélien, beaucoup (les plus bruyants) espèrent, d’autres (qui se font discrets, répression oblige) sont très sceptiques. Mais les seules proclamations décoloniales ne peuvent en tout cas pas faire chanter les lendemains.

    Jean-Pierre Olivier de Sardan

    Anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS et directeur d’études à l’EHESS

  • LES NUITS LE JOUR : Aldous Huxley, prophète malgré lui
    Entretien de 1948 à partir de 44 min.
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/les-nuits-le-jour-aldous-huxley-prophete-malgre-lui-1217538


    Un peu d’Aldous Huxley pour éclairer une semaine où les faux-semblants agricoles et militaires sont particulièrement tordus (extrait à partir de 53 min)

    Le besoin primordial de l’humanité, c’est une suffisance de nourriture. Mais c’est primordialement par des considérations de puissance que sont dictées à présent les politiques des gouvernements nationaux. Les minorités dirigeantes du monde s’arrangent invariablement pour avoir assez à manger, et même, à en juger par les descriptions écœurantes de récents banquets diplomatiques, plus qu’assez... En conséquence, ils ont tendance à considérer la nourriture comme une chose allant de soi, et à songer en premier lieu, et par moment presque exclusivement, à cette question : Qui tyrannisera qui ? Mais la grande majorité des hommes, des femmes et des enfants sur cette planète, ne sont pas en mesure de considérer la nourriture comme allant de soi. Leur premier souci, souvent exclusif, c’est le repas à venir. À la conférence de San Francisco les seuls problèmes discutés ont été des problèmes de puissances. Le problème fondamental de l’humanité, le problème de l’obtention d’une nourriture suffisante, a été confié aux soins d’une obscure commission internationale de l’agriculture. Si les hommes politiques étaient sincères dans leur désir de paix si bruyamment exprimé, ils feraient tout leur possible pour mettre à côté les problèmes absolument insolubles de puissance, en concentrant toute leur attention, au cours des conférences internationales et des discussions diplomatiques, sur le grand problème unique que chacun des membres de la race humaine est intéressé à résoudre ; le grand problème unique, qui n’exige pas de violence militaire pour sa solution, mais qui, pour le monde en général, est totalement insoluble tant qu’on continue à jouer au vieux jeu du militarisme et de la politique de force. La première question à l’ordre du jour de toutes les réunions de représentants des diverses nations devrait être : Comment tous les hommes femmes et enfants auraient-ils suffisamment à manger ?

  • Je me connecte subrepticement sur seenthis pour partager la triste nouvelle du décès de Rémi Gendarme-Cerquetti qui autrefois contribuait ici, réalisateur émérite, notamment de « Fils de Garches », petit bijou de documentaire. Désolé d’être le porteur de mauvaises nouvelles.

    Amicalement