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« … en deçà d’un monde qui ne sait plus nourrir que son propre cancer, retrouver les chances inconnues de la fureur » (André Breton)

  • Le vrai changement, ce sont les travailleurs qui l’imposeront ! | éditorial de LO

    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/le-vrai-changement-ce-sont-les-travailleurs-qui-limposeront-728730.h

    C’est une technique de vente connue de tous les commerçants pour appâter les clients : il faut changer sa vitrine régulièrement pour donner l’illusion du renouvellement. Le remaniement ministériel en est la version politique.

    Et, dans les médias, ça marche du tonnerre ! C’est tout juste si les chroniqueurs politiques n’ont pas fait passer le nouveau chef du gouvernement Gabriel Attal, ministre depuis 2017, pour un nouveau-né de la politique !

    Des jours durant, ils ont commenté les crocs-en-jambe politiciens, s’extasiant sur la carrière fulgurante de tel ou tel. Et ils ont, bien sûr, adoré l’arrivée façon « guest star » de Rachida Dati, une fidèle de Sarkozy, au ministère de la Culture.

    Politiciens et journalistes aux ordres, chacun joue son rôle dans cette comédie qui ne fait plus rire personne. Dans le rôle de la bourgeoise, la nouvelle ministre de l’Éducation, qui met ses enfants dans une école privée pour riches, en critiquant l’Éducation nationale… que ses amis ont saccagée.

    Que ces politiciens viennent de gauche, de droite ou d’extrême droite ne change rien : ils sont tous issus du même moule, tous défenseurs du système capitaliste où la bourgeoisie se construit un petit paradis sur l’enfer des travailleurs.

    Dans son discours de passation de pouvoir, Borne a assuré qu’elle partait avec « le sentiment du devoir accompli ». Eh oui, ces politiciens ont le sentiment d’accomplir leur devoir quand ils font passer la retraite à 64 ans, quand ils attaquent les droits des chômeurs et pourrissent la vie des travailleurs immigrés, avec ou sans papiers, en réduisant leurs droits aux allocations familiales et au logement ! Autrement dit, quand ils cognent sur les travailleurs !

    Quand il leur arrive, élections obligent, de faire quelques promesses aux travailleurs, ils les oublient aussitôt arrivés au pouvoir. Tous n’ont-ils pas dit et répété qu’« il faut que le travail paye » ? Mais pour assurer le pouvoir d’achat de tous les salariés, il faudrait imposer l’indexation des salaires sur le coût de la vie, ce dont ils ne veulent pas entendre parler !

    Les prix des produits alimentaires flambent de 20 % en deux ans et l’électricité de 40 % en un an. Des millions de foyers ne peuvent pas se chauffer normalement. Plusieurs milliers de salariés sont licenciés ou vont l’être à Casino, Minelli, Naf Naf, Habitat, Lejaby. Au moins trois personnes sont mortes de froid parce qu’elles n’ont pas trouvé de toit ces derniers jours. Et ils osent parler de devoir accompli !

    Si Borne et ses congénères ont le sentiment d’avoir fait le travail, c’est qu’ils ont bien servi la grande bourgeoisie. Et en effet, ses affaires prospèrent plus que jamais. 100 milliards ont été redistribués aux actionnaires cette année. Record battu pour le CAC 40.

    Tant que la bourgeoisie domine l’économie du haut de ses milliards et détient les grandes entreprises, l’écurie qui anime le cirque politicien peut porter la casaque de gauche, de droite ou d’extrême droite, nous, travailleurs, serons les exploités et les sacrifiés.

    Nos conditions de travail et de vie seront attaquées. Nous serons voués à la concurrence opposant les travailleurs les uns aux autres et les peuples entre eux. Nous serons empoisonnés par l’individualisme, le racisme et la xénophobie engendrés par ces oppositions. Et nous irons de crise en crise et de guerre en guerre où nous serons appelés à donner notre peau pour assurer la survie de cet ordre injuste, barbare et stupide.

    Nous sommes très nombreux à voir que la société va dans le mur, mais beaucoup se sentent impuissants face au déferlement d’attaques et d’horreurs. Et nous le serons si chacun reste isolé en croyant impossible de contester les dirigeants actuels.

    L’histoire démontre le contraire : les travailleurs constituent une force quand ils décident d’agir à leur niveau, pour leurs intérêts, parce qu’ils font tourner toute la société.

    Le grand patronat et ses politiciens nous rabaissent en permanence pour que nous ne soyons pas conscients de cette force collective. Mais sans les travailleurs, la grande bourgeoisie ne pourrait rien faire, il n’est même pas sûr qu’elle saurait se faire à manger ! Sans la bourgeoisie et ses politiciens, les travailleurs s’en sortiraient parfaitement et ils pourraient débarrasser la société des tares du capitalisme en supprimant la propriété privée des grandes entreprises et le marché.

    Entrevoir un autre avenir est possible. Ce qui manque, c’est un parti révolutionnaire qui regroupe les travailleurs conscients de pouvoir et devoir prendre la société en main.

  • Halte à la guerre d’Israël contre le peuple palestinien ! | éditorial de Lutte Ouvrière
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/halte-la-guerre-disrael-contre-le-peuple-palestinien-727970.html

    La trêve à Gaza n’aura duré qu’une semaine, le temps d’échanger 80 des otages israéliens enlevés par le Hamas contre 210 des milliers de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

    Après avoir détruit et occupé le nord, tuant 15 000 personnes et chassant 1,7 million d’habitants, l’armée israélienne se lance désormais contre le sud. Sous prétexte « d’éliminer le Hamas » et de « poursuivre la guerre jusqu’à la victoire », Netanyahou et ses ministres d’extrême droite semblent prêts à anéantir Gaza.

    Ils sont lancés dans une fuite en avant meurtrière contre les Palestiniens. À Gaza ceux-ci sont écrasés sous les bombes. En Cisjordanie, ils sont livrés à l’arbitraire des colons israéliens qui les chassent de leurs terres, coupent les routes d’accès à leurs villages, quand ils ne les abattent pas froidement. À Jérusalem Est, l’armée traque ceux qui affichent leur solidarité avec Gaza. Les quartiers arabes sont bouclés, leurs commerces fermés, leurs maisons souvent détruites.

    La violence et les humiliations quotidiennes de cette occupation coloniale nourrissent une révolte légitime. Depuis le 7 octobre, et faute d’autres perspectives politiques, le Hamas apparaît comme le champion de la cause palestinienne. Mais c’est l’armée israélienne qui fait naître dans toute la Palestine des générations de révoltés, prêts à se battre et à mourir pour ne plus subir un enfermement à perpétuité, en l’absence de tout perspective.

    Pour justifier le massacre commis à Gaza, Netanyahou, ses chefs militaires et leurs parrains occidentaux n’ont que la sécurité d’Israël à la bouche. Mais la population juive israélienne n’aura ni paix ni sécurité tant qu’elle restera complice de l’oppression des Palestiniens. Sa jeunesse passe ses meilleures années sous l’uniforme et se salit en participant à l’oppression coloniale. L’extrême droite et les colons les plus extrémistes pèsent de plus en plus sur la vie politique et sur les libertés.

    De Macron à Biden, les dirigeants des grandes puissances « regrettent la rupture de la trêve » et exhortent Netanyahou à faire « moins de morts civils au sud qu’au nord ». Quelle hypocrisie ! Sans le soutien inconditionnel des États-Unis, sans les quatre milliards de dollars d’aides militaires versées chaque année, les dirigeants israéliens n’auraient pas l’armée la plus puissante du Moyen-Orient. Ils n’auraient pas pu déverser 40 000 tonnes de bombes sur Gaza en 45 jours.

    Pour contrôler cette région stratégique et ses richesses, la France, la Grande-Bretagne puis les États-Unis n’ont cessé de dresser un peuple contre un autre, de tracer des frontières arbitraires, d’installer des régimes dévoués, d’abattre ceux qui n’étaient pas assez obéissants au prix de guerres sanglantes.

    Pour faire diversion, les dirigeants américains reparlent d’une « solution à deux États ». Il faut un cynisme sans limite pour ressortir cette formule quand Gaza est un champ de ruines et la Cisjordanie morcelée par les colonies. Depuis 75 ans, ils ont laissé tous les gouvernants israéliens empêcher la formation d’un État palestinien en annexant ou colonisant des régions entières. Même l’Autorité palestinienne, créée après les accords d’Oslo, a été réduite à une force de police.

    Pendant que les morts s’accumulent, les tractations se déroulent pour savoir quel appareil répressif encadrera les Palestiniens. Tous les protagonistes de ces marchandages, du Hamas à Israël, de l’Arabie saoudite à l’Égypte, en passant par le Qatar, la Turquie ou l’Iran, ont le plus grand mépris pour la population palestinienne. Pour eux, Gaza n’est qu’une arène pour accroître leur influence dans un Moyen-Orient transformé en poudrière par les grandes puissances.

    Les États arabes, tout comme le Hamas, ne sont pas en lutte contre l’ordre impérialiste qui opprime les peuples, ils veulent s’y faire une place ! Il ne pourra pas y avoir d’issue pour les Palestiniens tant que les grands groupes industriels et bancaires imposeront leur loi du profit à la planète.

    Ici en France, les politiciens au service de ces grands bourgeois et leurs médias utilisent le conflit en Palestine pour attiser les divisions entre travailleurs comme ils le font après chaque meurtre ou attentat. Ils présentent tous ceux qu’indigne le sort des Palestiniens comme des antisémites et inventent un choc de civilisation. 

    C’est une propagande révoltante qui ne peut qu’attiser la haine. C’est un piège dans lequel il ne faut pas tomber car cette division est un moyen de mieux nous exploiter aujourd’hui et de nous embrigader demain sur les champs de bataille.

    Par-delà les frontières nationales, leurs origines ou leur religion, les travailleurs subissent partout le même système capitaliste, un système qui nous enfonce dans la barbarie et qu’il faut se préparer à renverser.

  • Non à la campagne raciste contre les immigrés ! | éditorial de Lutte Ouvrière
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/non-la-campagne-raciste-contre-les-immigres-727841.html

    N’importe quel crime, n’importe quel drame est instrumentalisé par les démagogues de droite et d’extrême droite pour alimenter les préjugés anti-immigrés et anti-musulmans, de plus en plus présents dans notre société.

    Des délinquants poignardent des jeunes dans un bal de campagne et tuent Thomas, 16 ans : pour eux, c’est la faute des Arabes ! Il y a une recrudescence des actes antisémites, un jeune fanatisé qui assassine un enseignant : pour eux, c’est la faute des musulmans !

    L’extrême droite accuse en permanence les immigrés, leurs enfants et petits-enfants de détester la France, la liberté, l’égalité et la fraternité !

    Ces amalgames racistes sont odieux. Comme si la délinquance, les vols, la drogue ou le terrorisme étaient nés avec l’immigration et propres à une communauté particulière !

    Il y a bien des violences dans la société. Une des plus fréquentes est perpétrée au sein du foyer familial. Une femme est tuée tous les trois jours. Cette violence-là détruit des enfants et des familles entières, mais comme elle n’entre pas dans le schéma raciste et communautariste de l’extrême droite, celle-ci s’en moque. 

    La violence d’une minorité de jeunes délinquants existe, bien sûr, et elle contribue grandement à pourrir la vie des classes populaires. Sur un point de deal, un guetteur de 16 ans peut gagner plus que son père ou sa mère auxiliaire de vie, agent d’entretien ou cuisinier. C’est de l’argent facile et sans principe.

    Mais c’est ainsi que tout le système capitaliste fonctionne, avec l’appât du gain et l’enrichissement extravagant d’une toute petite minorité de grands bourgeois sur le dos des exploités condamnés à la précarité et à la pauvreté. 

    Alors, oui, notre société produit des bandes de jeunes de 15, 18 ou 20 ans qui vivent selon leurs propres règles : le rapport de force, les provocations et la violence. Quelques-uns, mus par la même rage finissent par vouloir entrer au panthéon des djihadistes en se transformant en terroristes.

    Cette déshumanisation fait partie des pires maux de la société, et il faut la combattre. Pour y parvenir et offrir une vraie perspective à la jeunesse, il faut remettre en cause les mécanismes à la base de la société capitaliste : l’exploitation, la domination par l’argent et la mise en concurrence des travailleurs.

    À l’inverse, les défenseurs du système bourgeois entretiennent un climat de « guerre de civilisations ». C’est le cas de l’extrême droite et de ses perroquets à droite et au gouvernement. C’est aussi le cas des organisations intégristes qui prêchent le djihad. Et il y a des assassins en puissance des deux côtés.

    Du côté de l’extrême droite, on l’a vu ce week-end à Romans-sur-Isère, avec l’expédition punitive tentée par quelques dizaines d’apprentis nazis contre un quartier populaire et immigré et les nombreux appels à des « ratonnades ».

    Le même danger se manifeste dans d’autres pays. En Irlande, une émeute d’extrême droite a ciblé un quartier immigré. Aux Pays-Bas, le politicien Geert Wilders, islamophobe revendiqué, est arrivé en tête des élections législatives. En Hongrie, en Italie, en Slovaquie et en Pologne, l’extrême droite est au pouvoir. En Allemagne, elle pèse de plus en plus lourd.

    C’est dans ce climat nauséabond que le projet de loi Asile et immigration arrive à l’Assemblée nationale. Porté par Darmanin, il réduit le droit des étrangers à l’aide médicale, complique leur régularisation, quand bien même ils travaillent ici depuis des années dans les cuisines des restaurants, sur les chantiers, dans l’aide à la personne ou la sécurité. Et alors que tous enrichissent leurs patrons et paient des cotisations sociales, les allocations familiales et logement leur seraient refusées pendant cinq ans.

    Au-delà de l’attaque qu’elle constitue contre les immigrés, cette loi va conforter la xénophobie.

    C’est un grave danger pour le monde du travail, composé de femmes et d’hommes de toutes origines et de toutes croyances. Il n’est pas rare que 5, 10 ou 20 nationalités se côtoient dans une même entreprise. Les amalgames, les préjugés, la suspicion et la défiance mutuelle ne peuvent conduire qu’à la division et la paralysie face aux attaques patronales.

    La propagande contre les immigrés sert à masquer la domination de classe. Elle cache le responsable de l’évolution catastrophique, barbare de la société : le grand patronat.

    Alors qu’à l’échelle de la planète, les travailleurs de différentes origines sont de plus en plus mêlés, alors que la crise et les guerres condamnent de plus en plus de femmes et d’hommes à l’exil, les démagogues veulent nous opposer les uns aux autres. Ne les laissons pas nous intoxiquer. Les seuls ennemis des travailleurs sont leurs exploiteurs, les capitalistes !

  • Israéliens et Palestiniens dans le piège sanglant créé par l’impérialisme | Conférence de Lutte Ouvrière (25 novembre 2023)
    https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/israeliens-et-palestiniens-dans-le-piege-sanglant-cree-par-limperial

    Sommaire :

    Les puissances impérialistes se partagent le Moyen-Orient
    Le mouvement sioniste
    Au lendemain de la guerre, le partage du Moyen-Orient
    La Palestine sous mandat britannique
    La Grande révolte arabe de 1936

    La Seconde Guerre mondiale et ses conséquences
    Naissance d’Israël et expulsion des Palestiniens
    Israël : religion, ségrégation, racisme…
    Israël devient le gendarme de l’impérialisme au Moyen-Orient

    Face au discrédit des États arabes, la révolte des Palestiniens
    Le massacre de Septembre noir
    Les Palestiniens au cœur de la guerre civile libanaise
    L’intifada de 1987 et ses conséquences
    Les accords d’Oslo et la mise en place de l’Autorité palestinienne
    Des Frères musulmans à la naissance du Hamas
    La deuxième intifada

    Gaza : la population soumise au blocus israélien et la dictature du Hamas

    Netanyahou de plus en plus otage de l’extrême droite

    L’état de guerre permanente et ses conséquences

    Pour une lutte de tous les travailleurs et exploités du Moyen-Orient !

  • Contre l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie, et contre les dirigeants de la bourgeoisie qui les attisent ! | Portail de Lutte Ouvrière
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/contre-lantisemitisme-le-racisme-et-la-xenophobie-et-contre-les-diri

    Yaël Braun-Pivet, la présidente macroniste de l’Assemblée, et Gérard Larcher, le président Les Républicains du Sénat, qui ont appelé à manifester contre l’antisémitisme, se sont dits « heureux » et « rassurés par ce sursaut républicain ».

    Le Pen et le Rassemblement national sont, eux aussi, très heureux de « l’excellent accueil » qui leur a été fait. Un peu moins heureux et très gênés de manifester avec l’extrême droite, les dirigeants écologistes, du PS et du PC, se sont quand même, eux aussi, félicités de l’événement.

    Alors, oui, le petit monde dirigeant est satisfait : son opération politicienne est réussie !

    Bien sûr, beaucoup de manifestants étaient là sincèrement, sans arrière-pensée, pour affirmer leur solidarité avec leurs proches, amis ou voisins de confession juive. Pour redire leur attachement au combat contre l’antisémitisme et, pour certains, contre tous les racismes.

    Le malheur, c’est que cette manifestation ne fera pas reculer l’antisémitisme d’un pouce. Elle s’inscrit dans une campagne de propagande révoltante qui pourrait au contraire attiser les haines communautaires

    S’il s’agissait de s’unir derrière des valeurs universelles, pourquoi les organisateurs ont-ils seulement dénoncé l’antisémitisme ? Pourquoi ne pas dénoncer aussi les provocations et les agressions contre les musulmans ou les Arabes, que ni le gouvernement ni les médias ne se soucient d’ailleurs de recenser ?

    S’il s’agissait d’exprimer sa solidarité avec les victimes de la guerre israélo-palestinienne, pourquoi n’évoquer que les victimes et les otages israéliens ? Pourquoi ne pas dénoncer le massacre de masse qui continue en ce moment même à Gaza et fait, chaque jour, des centaines de morts supplémentaires ?

    Ce parti pris pour le gouvernement israélien et cette façon de nier l’oppression fondamentale dont sont victimes les Palestiniens sont insupportables. Pire, cela va de pair avec une propagande contre les musulmans et les immigrés, accusés d’être des antisémites et des terroristes en puissance.

    Si Le Pen a d’ailleurs tant tenu à manifester, c’était aussi pour faire entendre cette petite musique anti-arabe.

    Oui, l’antisémitisme est un fléau à combattre. La haine des Juifs fait partie des pires saletés que continue de véhiculer la société capitaliste en crise. « L’antisémitisme est le socialisme des imbéciles », fustigeait en son temps le socialiste allemand August Bebel, à propos de ceux qui assimilaient les capitalistes et les banquiers aux Juifs.

    Au 19e et au 20e siècle, de la Russie tsariste à la République française, ces préjugés attisés par l’extrême droite ont été utilisés par tous les gouvernants pour détourner la colère populaire et assurer leur domination.

    Ils servirent à Hitler pour conquérir le pouvoir. Dans ces années 1933-1939, quand fuir l’Allemagne nazie était devenu, pour les Juifs, une question de vie ou de mort, les États-Unis et les prétendues démocraties leur fermèrent les portes parce qu’ils avaient une politique anti-immigrés et faisaient eux aussi dans l’antisémitisme !

    Pendant la guerre, Hitler perpétra le plus important génocide du 20e siècle en exterminant six millions de Juifs. L’État français prêta son concours à cette barbarie en livrant 75 000 Juifs aux nazis.

    Dans ces années-là, ce fut l’honneur du mouvement ouvrier révolutionnaire que de combattre l’antisémitisme, comme il luttait contre le racisme et la xénophobie. Il faut continuer !

    Les Juifs ne peuvent être confondus ni avec les capitalistes ni avec les assassins qui gouvernent Israël. Les Palestiniens ne peuvent pas être assimilés au Hamas, de même que les travailleurs d’ici ne sont pas identifiables à Macron.

    Partout, dans tous les peuples, il y a des exploités et des exploiteurs. Et partout, il y a des travailleurs qui se battent contre leurs propres dirigeants et exploiteurs. C’est en faisant de tous ces combats une lutte pour chasser la grande bourgeoisie du pouvoir, c’est-à-dire renverser le capitalisme, que les travailleurs s’uniront pour changer leur sort et jetteront les préjugés racistes et moyenâgeux dans les poubelles de l’histoire. 

    Aucune unité ni solidarité avec ceux qui nous dirigent et nous exploitent en divisant la classe ouvrière et en dressant les peuples les uns contre les autres ! Unité et solidarité de classe entre travailleurs de tous les pays et de toutes origines !

  • #editoLO Silence, on assassine un peuple !
    #editoLO Halte au massacre à Gaza !
    Derrière Netanyahou, l’armée
    Israël, bras armé de l’impérialisme
    Palestiniens, les damnés de la Terre
    La révolution, seule voie de salut pour les Juifs (Trotsky)
    Pour une Fédération socialiste des peuples du Moyen-Orient !
    Cisjordanie : une colonisation continue
    L’armée israélienne, un bataillon pour les États-Unis

    https://journal.lutte-ouvriere.org/lutte-ouvriere/2883
    https://journal.lutte-ouvriere.org/lutte-ouvriere/2882
    #Gaza

  • Moyen-Orient  : la guerre permanente, condition du maintien de la domination impérialiste

    – La création de l’État d’Israël
    – Un instrument contre le nationalisme arabe
    – Un conflit entretenu par l’impérialisme

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2023/10/29/moyen-orient-la-guerre-permanente-condition-du-maintien-de-l

    #mensuelLO (13 octobre 2023)

  • – L’Éditorial : Halte au massacre à Gaza !
    – Macron en 🇮🇱 : pour les intérêts de l’impérialisme 🇫🇷
    – Condamner la politique de Netanyahou n’est pas de l’antisémitisme
    – Quel embrasement ?
    – Cisjordanie : une colonisation continue
    – Pour une Fédération socialiste des peuples du M-O !
    – L’armée 🇮🇱, un bataillon pour les 🇺🇸

    https://journal.lutte-ouvriere.org

  • #Palestiniens | Histoire d’un peuple qui a Israël pour adversaire et les États arabes comme ennemis
    https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/les-palestiniens-histoire-d-un

    #Israël #Palestine | Comment l’impérialisme, en transformant un peuple en geôlier d’un autre, a poussé les deux dans une impasse tragique
    https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/israel-palestine-comment-l

  • Hausse des prix : les ministres s’agitent, les capitalistes décident | éditorial de Lutte Ouvrière
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/hausse-des-prix-les-ministres-sagitent-les-capitalistes-decident-726

    « On ne reviendra pas aux prix d’avant », a reconnu Bruno Le Maire alors que l’inflation se maintient officiellement à 5 % par an.

    Le carburant frise les 2 euros le litre. Les prix de l’alimentaire ont pris 20 % en deux ans. Ceux qui se sont saignés pour acheter leur logement voient leur taxe foncière exploser. Chaque passage au supermarché, chaque plein à la pompe, chaque facture deviennent sources d’angoisse.

    Mois après mois, de nouvelles fractions de travailleurs sous-payés, de chômeurs mal indemnisés, de jeunes sans revenu ou de retraités aux petites pensions, sont poussés vers la pauvreté. Le cri d’alarme lancé par le président des Restos du cœur vaut mieux que toutes les statistiques : en France, des millions de personnes ne pourraient manger à leur faim sans les associations caritatives.

    Borne et Le Maire prétendent combattre l’inflation. Mais, s’ils savent brandir le gros bâton pour obliger les titulaires du RSA à travailler 15 heures par semaine contre une aumône de 600 euros par mois, ils refusent d’imposer quoi que ce soit aux capitalistes.

    La proposition avortée d’Elisabeth Borne d’autoriser la vente à perte du carburant est une leçon de choses. La mesure à peine annoncée, les patrons de la grande distribution l’ont sèchement rejetée. Vendre à prix coûtant pour se faire de la pub, pas de soucis ; vendre à perte, c’est niet !

    Le gouvernement annonce-t-il une taxe sur les richissimes sociétés d’autoroutes ? En moins d’une demi-heure, les patrons de Vinci, Eiffage et autres concessionnaires privés répondent qu’ils la répercuteront sur les automobilistes !

    Les ministres s’agitent, mais ce sont les capitalistes qui décident. Ce sont eux qui fixent leurs prix dans le secret des affaires.

    L’inflation n’est pas un phénomène mystérieux. Elle résulte de la guerre entre capitalistes pour accaparer la plus grande part de profits. Les plus puissants, dans l’énergie ou le transport maritime, ont augmenté leurs prix. Chaque événement, pandémie, guerre, sécheresse, bouscule les rapports de force entre eux et sert de prétexte pour augmenter les prix. À chaque étape, industriels, distributeurs ou spéculateurs répercutent ces hausses en ajoutant leur propre marge. Au bout de la chaîne, les classes populaires sont saignées.

    Le prix du carburant s’envole parce que les raffineurs ont multiplié leur marge par dix depuis 2021. Et le gouvernement en est encore à se demander s’ils ne feraient pas des « super-marges » ! Du côté de l’alimentaire, industriels et grande distribution s’accusent mutuellement d’avoir augmenté leurs prix. Ils parlent en connaisseurs car ils l’ont tous fait et sont tous des profiteurs !

    Sous l’Ancien régime, les rois créaient de nouveaux impôts pour améliorer leur train de vie. Aujourd’hui, les capitalistes s’octroient de superbes marges que nous payons au quotidien. Ces rois des temps modernes sont des parasites et des irresponsables. Leur avidité est en train de détraquer tout le système et de compromettre leurs propres affaires.

    Les prix flambent et les salaires sont bloqués, ce qui diminue la consommation. La hausse des taux d’intérêts imposée par les banques centrales renchérit les emprunts, et il devient impossible d’acheter un logement ou une voiture. Des petites entreprises font faillite faute de pouvoir renouveler un crédit. L’immobilier plonge dans la crise et la récession menace.

    Mais les rois du pétrole ou du luxe s’en fichent. La production peut s’effondrer, des millions de travailleurs dépendre de l’aide alimentaire ou se retrouver à la rue, ces gens-là continueront de sillonner la planète dans leurs jets privés, de se payer des bouteilles à 3000 euros et de racheter leurs concurrents à coup de milliards.

    Comble du cynisme, les industriels français se réjouissent d’avoir gagné en compétitivité parce que les salaires ont augmenté moins vite en France que chez leurs concurrents chinois, américains ou allemands. On ne saurait mieux dire que les profits des capitalistes sont réalisés en volant les travailleurs !

    Aux États-Unis, les travailleurs de l’automobile font grève pour des augmentations de salaires. Là-bas comme ici, la seule façon de ne pas tomber dans la pauvreté ou la déchéance, c’est d’imposer que les salaires rattrapent les 400 ou 500 euros perdus ces dernières années. Tous les salaires, toutes les pensions et les allocations doivent être indexés en temps réel sur la hausse des prix !

    Ces mesures ne sortiront pas du dialogue social. Pour les imposer, la seule classe utile dans la société, celle qui produit tout, celle des travailleurs, doit menacer la machine à profits des capitalistes.

  • Les migrants sont nos frères de classe ! | éditorial de Lutte Ouvrière

    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/les-migrants-sont-nos-freres-de-classe-726719.html

    Samedi, à Marseille, le Pape tenait une gigantesque messe dans le stade vélodrome. Grâce à l’argent du multimilliardaire Rodolphe Saadé, PDG du groupe de transport maritime CMA-CGM, il a même pu faire un tour dans les rues de la ville retransmis sur des écrans géants. En bon chrétien, le Pape a rappelé cette évidence que les migrants sont des êtres humains. Et tous les médias se sont émerveillés de ces propos. Quelle mascarade ! Le lendemain, à peine Macron s’était-il relevé de sa prosternation devant le Pape, que dans son allocution à la télévision, il confirmait le durcissement de sa politique envers les migrants.

    Oui, la politique de l’#Union_européenne (UE) vis-à-vis des migrants est abjecte. Alors que leur nombre est dérisoire au regard de la taille de l’Europe et de sa population, les dirigeants au pouvoir font croire que la situation serait ingérable. Mais de l’aveu même de l’agence européenne qui comptabilise les entrées irrégulières dans l’UE, il y en aurait eu 230 000 cette année, à peine quatre fois le nombre de gens venus écouter le Pape durant sa messe. Les pays européens ont les moyens de les accueillir, mais leurs dirigeants n’abandonneront pas la politique du bouc-émissaire qui leur permet de faire diversion devant le mécontentement qui grandit à cause de l’inflation et de la crise économique.

    Les prix ne cessent d’augmenter. « Ça va continuer », a dit Macron. Mais tout le monde sait qui est à l’origine de cette situation : il s’agit de TotalEnergies, des groupes de l’agroalimentaire comme Danone et Nestlé, de ceux de la distribution comme Carrefour et Leclerc ou encore de CMA-CGM qui a fait 25 milliards d’euros de bénéfices l’an dernier en faisant exploser les prix du transport de marchandises. Mais pour le gouvernement, il n’est pas question de s’en prendre à ces trusts. Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé avec les prix des carburants. Le gouvernement a évoqué l’idée d’autoriser la vente à perte pour faire baisser les prix. Cela a aussitôt été rejeté par les distributeurs et les pétroliers. Et immédiatement Macron a retiré son projet.

    Lui comme les autres dirigeants politiques de l’UE préfèrent pointer du doigt les migrants, prétendant qu’il n’est pas possible « d’accueillir toute la misère du monde ». Comme s’ils n’étaient pas responsables de la misère d’ici et d’ailleurs !

    Car d’où vient la misère que fuient les migrants ? La plupart des pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine sont des pays riches en matières premières. C’est là-bas que TotalEnergies va pomper son pétrole et que d’autres industriels vont chercher leurs matières premières. Ces pays ont été maintenus dans le sous-développement par le pillage des grands groupes capitalistes des pays impérialistes, ces mêmes groupes qui nous exploitent et nous rackettent ici avec l’inflation. En compensation de ce pillage, les cliques dirigeantes de ces pays ont reçu des miettes, non pour développer leur pays mais pour pouvoir se vautrer dans le luxe au milieu d’une misère noire. Et surtout, cet argent sert à mettre sur pied des armées, avec l’aide de celles des pays riches, capables de tenir les populations. C’est ce qu’a fait la France en Afrique. À tout cela s’ajoutent les catastrophes climatiques et les guerres que toute cette situation entraîne.

    Alors, travailleurs, ne nous laissons pas entrainer dans le piège de voir les migrants comme une menace. Ceux qui cherchent à nous dresser les uns contre les autres sont nos pires ennemis. Ces dirigeants politiques, ceux au pouvoir comme ceux qui espèrent y être, sont au service des plus riches et ils se moquent de nos vies tout autant que de celles des migrants.

    Par contre, les #migrants seront à côté de nous dans les entreprises et dans nos quartiers et deviendront nos sœurs et nos frères de classe. Et en tant que travailleurs, nous devons être pour la #liberté_de_circulation et d’installation et pour que tous les travailleurs, d’où qu’ils viennent, aient les mêmes droits. Il ne s’agit pas seulement d’une question d’#humanité, c’est aussi une question vitale pour le camp de la classe ouvrière. Celle-ci peut être une force considérable, avec une énergie révolutionnaire irrésistible, mais à la condition qu’elle soit soudée par une conscience de classe et par un parti porteur d’un programme pour renverser cet ordre social impérialiste qui pourrit notre vie ici et celle de milliards d’êtres humains de la planète.

    Prolétaires de tous les pays, unissons-nous !

    #liberté_d'installation

  • La baisse du chômage, c’est juste un mensonge de plus.
    https://qg.media/2023/09/15/la-baisse-du-chomage-sous-macron-releve-du-mythe

    Contrairement aux annonces triomphales de Macron, le taux de chômage reste tout à fait stable en France. Pour l’économiste Dany Lang, la baisse historique annoncée par le gouvernement est largement factice, et relève d’une opération marketing. La transformation annoncée de Pôle emploi en « France travail » au 1er janvier 2024, dans la droite lignée de la vision néolibérale du chômeur oisif, vivant d’allocations et peu enclin à reprendre un emploi, ne fera que produire des effets délétères sur les demandeurs d’emploi, sans régler aucunement la question. Maître de conférences à l’université Sorbonne Paris Nord, il évoque les mesures qui seraient décisives pour lutter efficacement contre le chômage dans cet entretien exclusif accordé à QG.

    L’objectif du plein emploi, martelé depuis des mois par le gouvernement afin de justifier ses politiques touchant le monde du travail, risque de se fracturer bientôt sur le mur du réel. Le taux de chômage reste en France à un plancher légèrement supérieur à 7% de la population active. Ramener le taux de chômage sous la barre des 5 % d’ici à 2027, comme le souhaite le Président de la République, ne sera pas aisé. Et ce n’est sûrement pas en harcelant les allocataires du RSA que ce voeu sera exaucé. Les prévisions économiques pour les deux prochaines années sont au contraire bien sombres. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) anticipe un rebond du chômage à 7,9 % fin 2024. La Banque de France s’attend quant à elle à un chômage de 8,1 % dès 2024. Pour QG, l’économiste Dany Lang, maître de conférences à l’Université Sorbonne Paris Nord, membre du collectif les Économistes Atterrés, souligne en effet combien les réformes passées et à venir, suivant une ligne néolibérale, sont vouées à ne rien changer voire à aggraver la situation. L’idée d’une garantie d’emploi, doublée de la rénovation des logements, la transition écologique étant un gisement d’emplois énorme, font selon lui partie des mesures prioritaires seules à même de faire baisser significativement le chômage. Entretien par Jonathan Baudoin

    • Un livre démonte la mécanique du contrôle contre les chômeurs
      https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/150923/un-livre-demonte-la-mecanique-du-controle-contre-les-chomeurs

      Rédigé par cinq chercheurs, « Chômeurs, vos papiers ! » décrypte l’histoire et le fonctionnement du #contrôle de la recherche d’emploi, témoignages de l’intérieur à l’appui. Objectif du livre : « armer les lectrices et lecteurs contre les fausses évidences de la croisade gouvernementale pour le plein emploi ».

      https://www.raisonsdagir-editions.org/catalogue/chomeurs-vos-papiers

      Plus les #chômeurs et #chômeuses sont nombreux·ses, plus ils et elles sont suspecté·es d’être la cause du #chômage. Tel pourrait être le paradoxe des politiques de l’emploi, en France comme ailleurs. Que celles-ci prennent les traits américains du workfare ou ceux plus européens de l’activation, l’objectif est le même : pousser les chômeurs·ses à travailler et, pour cela, conditionner les allocations à un contrôle de plus en plus strict de leur recherche d’emploi.

      En replaçant les évolutions du contrôle dans l’histoire longue du chômage, ce livre montre comment son intensification dans la période récente a été pensée, mise en œuvre et justifiée au nom de la « redynamisation » des chômeurs·ses, au point d’être désormais présenté comme une nouvelle forme d’accompagnement. Cette euphémisation tranche avec la virulence des discours politiques sur le sujet, tout autant qu’elle masque les effets délétères de ce traitement coercitif. Car si le contrôle vise à adapter les comportements des chômeur·es à des exigences institutionnelles, il s’agit aussi de satisfaire celles des entreprises. Mettre la pression sur les chômeurs·ses, c’est ainsi perpétuer l’ascendant des employeur·ses dans le rapport de force qui les oppose aux salarié·es en matière de revenu et de conditions de #travail. Aujourd’hui comme hier, la cause des chômeurs·ses est bien celle des travailleurs·ses.

    • A propos de l’auteur

      Claire Vivès est ingénieure de recherche au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), LISE et CEET. Elle a notamment signé « L’objectivité sous contrôle : analyse d’une évaluation randomisée de programmes d’accompagnement de demandeurs d’emploi », Revue française de sociologie, 2019, 60-1, p. 73-94.

      Luc Sigalo Santos est maître de conférences en science politique à Aix-Marseille, LEST. Il a écrit L’administration des vocations. Enquête sur le traitement public du chômage artistique en France (Dalloz, 2018).

      Jean-Marie Pillon est maître de conférences en sociologie à Paris-Dauphine, IRISSO. Il a écrit Pôle emploi : Gérer le chômage de masse (PUR, 2017).

      Vincent Dubois est professeur de sociologie et de science politique à Sciences Po Strasbourg, SAGE. Il a déjà publié deux livres chez Raisons d’agir : Contrôler les assistés : genèses et usages d’un mot d’ordre, (2021) et La culture comme vocation (2013).

      Hadrien Clouet est docteur en sociologie et député de Haute-Garonne. Il a écrit Rationner l’emploi  : la promotion du temps partiel par les services publics d’emploi allemand et français, (Éditions de la MSH, 2022).

    • La gauche met en scène ses divisions à la fête de « L’Huma »
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/09/17/la-gauche-met-en-scene-ses-divisions-a-la-fete-de-l-huma_6189812_823448.html

      Les « insoumis » François Ruffin et Clémentine Autain ont exprimé leurs divergences avec Jean-Luc Mélenchon. Lequel a fait huer son rival communiste, Fabien Roussel, lors d’un rassemblement où la reconquête des classes populaires était au centre des débats.

      [...]

      « Populaire », tout le monde a tenté de l’être, lors de cette fête organisée sur l’ancienne base aérienne de Brétigny (Essonne). Fabien Roussel en premier lieu, avec son discours de samedi tourné vers une certaine idée de la classe ouvrière, incomprise du gouvernement, selon lui, alors qu’« elle est belle, elle est grande et elle parle français ».

      (...) « Fabien, dans le monde où l’on vit, tout ce qui est populaire est proscrit », s’est désolée Mme Delga devant l’ex-candidat à la présidentielle, regrettant la fin des fêtes foraines, louant la chasse comme l’un des « derniers espaces de sociabilité en milieu rural ». « On parle la même langue, Carole a mille fois raison », a abondé M. Roussel.

      Sur place, ce n’est pas toujours ceux qui se revendiquaient des classes populaires qui étaient les plus acclamés. Au chef de file du PCF, la jeunesse a préféré d’autres stars ; Jean-Luc Mélenchon d’abord. Vendredi soir, le chef de file de La France insoumise (LFI) ne s’est pas privé de faire huer son rival communiste. « Il y a une personne qui s’en fiche de l’union, elle s’appelle Fabien Roussel », a-t-il lancé, goguenard, devant un public acquis à sa cause. Avant la marche du 23 septembre contre les violences policières, l’ancien candidat insoumis à la présidentielle a justifié d’avoir besoin de « faire du Poutou » pour se faire entendre, en disant « la police tue ». Comprendre : marquer les esprits avec des formules chocs. La salle entière semblait en convenir et scandait : « Tout le monde déteste la police. »

      #chauvin

  • Si les SUV étaient un pays, il serait le 6e plus pollueur du monde – polluant plus que l’Allemagne et le Royaume-Uni réunis ou autant qu’un pays comme le Japon...

    Il n’empêche : Les SUV sont désormais les véhicules les plus vendus en Europe
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/09/14/les-suv-sont-desormais-les-vehicules-les-plus-vendus-en-europe_6189359_3234.

    Qui sont ces gens qui achètent des SUV en dépit de la catastrophe ?
    Vous même, en fréquentez-vous ? Comment leur parler ? Peuvent-ils comprendre ?...

    • J’ai des potes qui sont nombreux quand ils voyagent, ils désespèrent de trouver une familiale GPL qui ne soit pas une SUV, mais y’en a pas parait-il :/

    • Le SUV n’est plus seulement la référence centrale du marché automobile ; il en est désormais la composante majoritaire. Avec 3,37 millions d’unités, ce type de carrosserie né aux Etats-Unis et apparu en Europe avec le Nissan Qashqai en 2007 a franchi un nouveau seuil au premier semestre, en totalisant pour la première fois 51 % du marché continental. Il ne dépassait pas 10 % des immatriculations en 2010.

    • Structurellement, un SUV est au moins 200 kilos plus lourd que la berline dont il est dérivé et sa surface frontale comme sa hauteur dégradent forcément ses performances aérodynamiques. Les données d’homologation recensées par T&E font état d’émissions de CO2 à l’échappement en moyenne supérieures de 9 % par rapport aux autres types de voitures, avec un écart susceptible d’atteindre 20 % pour les versions les plus imposantes. Les modèles électriques ne font pas de miracle car, pour afficher la même autonomie qu’une berline, un SUV doit embarquer davantage de batteries.

    • gated community mobile :

      « La clé du succès du SUV, c’est le sentiment rassurant que suscite, depuis l’avènement du monospace, le fait d’installer les occupants d’un véhicule en position haute, qui est devenue la norme », renchérit un porte-parole de Renault. On peut aussi percevoir, à travers la préférence du public pour une automobile cocon qui isole ses occupants de l’extérieur et réduit les surfaces vitrées, le reflet d’une recherche récurrente de protection.

    • Contre les SUV en ville, la contestation enfle Le Monde, 25/02/2023

      Elle n’attire pas le regard, cette petite troupe joviale qui arpente, à la nuit glaciale tombée, les rues du 9e arrondissement parisien. On la dirait sortie d’un dîner de copines. Tout en sang-froid et en dextérité, les quatre jeunes femmes dégonflent pourtant, sur leur passage, les pneus des SUV stationnés. En deux heures, près d’une trentaine de gros véhicules « désarmés », selon la rhétorique de ces vingtenaires, qui opèrent dans la capitale au moins deux fois par semaine. (...)

      Un prospectus est glissé sous les essuie-glaces, pour éviter l’accident. « Nous avons dégonflé un pneu de ce véhicule qui représente une atteinte à l’environnement. Nous regrettons de devoir en arriver à des actions touchant les particuliers. Mais pour tenter de protéger notre avenir et celui de nos enfants, nous n’avons plus d’autre choix que la résistance civile. »

      https://justpaste.it/ckao4

    • @touti : https://www.dacia.fr/gamme-gpl/sandero-bji-ph1-eco-g.html.

      Après, voir le marché de l’occasion. Mais rien en dessous de 10 000 €.
      Avec le GPL, tu as toujours besoin d’essence (double réservoir pour le démarrage à froid)) et tu consommes plus quand tu brûles du gaz. Donc plus de rejet CO2. Par contre tu n’as plus d’émission de particules fines.
      Savoir aussi qu’au bout de 8 ans d’utilisation (achat neuf), tu devras sûrement remplacer la cuve de gaz (corrosion) et c’est cher.
      Non, je n’ai aucun intérêt à leur faire de la pub. Lors de l’achat de ma dernière bagnole, c’est une solution que je privilégiais mais Madame préférait le diesel : /

    • merci @sombre c’est pas pour moi :) j’ai une 806 depuis longtemps, essence, et je la conserve aussi au max par écologie même si la carrosserie est un terrain vague.
      Pour les potes, ils avaient la FIAT 806 (CF l’histoire de 3 constructeurs d’un même modèle)
      La Sandero a l’aspect d’une SUV. Les potes ont payé cher leur choix et installation GPL au tout début mais ils n’en démordent pas. Ils ont dû accepter la prime qui allait leur passer sous le nez et se sont achetés des vélos électriques. Uhuh, vrai de vrai.

  • Une étude française relance le débat sur l’impact des écrans sur le développement de l’enfant
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/09/14/impact-des-ecrans-sur-le-developpement-de-l-enfant-une-etude-francaise-relan

    « Cette étude est intéressante, car elle confirme les effets directs et indirects des écrans sur le développement de l’enfant », explique-t-il d’abord. On sait que les écrans exposent l’enfant à une surstimulation sensorielle, notamment au bruit et aux images. « Ils altèrent ainsi son attention, son impulsivité et ses apprentissages », note le neuroscientifique.

    Mais, juge Michel Desmurget, les effets indirects des écrans, plus insidieux, « pèsent encore plus lourd ». Ainsi, parce que la durée d’une journée n’est pas extensible, les activités de l’enfant entrent en compétition les unes avec les autres. « Plus un enfant a le nez collé à l’écran – et ses parents aussi –, moins il interagit avec ses parents, moins il passe de temps à parler, à lire, à faire du sport et à dormir », liste le chercheur lyonnais. Or, les interactions précoces – dialogue avec les parents, lectures et jeux partagés – ont des effets massifs sur le développement du langage et le succès scolaire ; le sommeil et l’activité physique aussi. L’imagerie cérébrale, par ailleurs, a révélé les ravages des écrans sur la mise en place des réseaux cérébraux du langage.

    • Marrant comme on n’interroge pas l’impact de la pauvreté ou de la précarité grandissante des parents, ou le fait que de plus en plus de gosses ne bouffent pas à leur faim, ou que de plus en plus de familles ne sont plus logées décemment.
      Et qu’est-ce qui compte le plus : les écrans ou l’absence d’instit à la rentrée ? Ou l’absence de formation des nouveaux instits ? ou l’absence d’AESH ?

    • L’Organisation mondiale de la santé préconise ainsi de ne pas exposer les enfants de moins de 2 ans aux écrans, puis de limiter le temps à une heure par jour entre 2 et 5 ans. En France, Santé publique France et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail fixent la même limite, tandis que le Haut Conseil de la santé publique et l’Académie nationale de médecine recommandent, en l’absence d’un adulte, de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans. L’Association française de pédiatrie ambulatoire, quant à elle, précise des temps à ne pas dépasser : vingt minutes entre 3 et 6 ans, trente minutes entre 6 et 8 ans, quarante-cinq minutes entre 8 et 10 ans, une heure après 10 ans… On en est bien loin.

      https://justpaste.it/9ok6q

      #écrans #enfants #acquisition_du_langage #développement

  • Chili : le coup d’État de Pinochet et ses leçons
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/09/13/chili-le-coup-detat-de-pinochet-et-ses-lecons_726532.html

    [...] Le 29 juin 1973, une première tentative de coup d’État échoua. Les travailleurs réagirent immédiatement, occupant les usines et constituant des brigades de surveillance. Mais, face à la menace qui demeurait, Allende continua à couvrir l’armée et à promettre qu’elle resterait loyale. Les dirigeants des partis de gauche canalisèrent la mobilisation populaire afin qu’elle reste dans la limite du soutien au gouvernement. Lorsque le 11 septembre les chars sortirent de nouveau dans les rues, les travailleurs se retrouvèrent ainsi sans plan, sans direction et sans armes.

    Salvador Allende lui-même mourut lors de l’attaque du palais présidentiel par l’armée. Le coup d’État signait l’échec d’une politique qui avait cru pouvoir faire accepter quelques réformes à la bourgeoisie, en lui garantissant que les revendications populaires seraient contenues et au besoin réprimées. La bourgeoisie chilienne et ses protecteurs impérialistes, eux, préféraient se fier à la manière forte et à la répression sanglante de l’armée. Le gouvernement d’Unité populaire, qui s’était bien gardé de s’attaquer à celle-ci et l’avait même cautionnée, avait désarmé d’avance les travailleurs et le peuple qui lui avaient fait confiance, et les avait livrés à leurs égorgeurs.

  • Maroc : une catastrophe naturelle aggravée par l’incurie et la misère | éditorial de Lutte Ouvrière
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/maroc-une-catastrophe-naturelle-aggravee-par-lincurie-et-la-misere-7

    En dix secondes, le tremblement de terre qui a secoué le Haut-Atlas a plongé des dizaines de milliers de Marocains dans le drame et changé leur vie à jamais. Avec plus de 2100 morts, des milliers de maisons écroulées et des dizaines de villages entièrement détruits, beaucoup ont tout perdu et se retrouvent littéralement sans rien. 

    La plupart des victimes comptent parmi les pauvres, parce que ce ne sont pas les palais de la monarchie ni les paradis pour touristes qui se sont effondrés. Ce sont les maisons et les villages construits en pisé, parfois accrochés à flanc de montagne. Et eux n’avaient aucune chance de résister au séisme !

    Même à Marrakech, ce ne sont pas les quartiers riches qui ont connu les destructions importantes. Les riads de Strauss-Kahn ou de Bernard-Henri Levy n’ont pas été touchés, ce sont les immeubles les plus vétustes de la Médina qui se sont écroulés.

    Et comme toujours, les plus pauvres, surtout dans les régions les plus reculées, se sont retrouvés abandonnés avec leurs morts et leurs parents ensevelis. Deux jours durant, ils étaient bien souvent seuls à déblayer les gravats à mains nues pour retrouver des survivants. Encore aujourd’hui, beaucoup restent dans une détresse absolue, à dormir à même le sol avec une couverture pour seule protection, sans eau, sans nourriture et sans interlocuteur officiel.

    Et le destin, invoqué par certains, a bon dos ! Le risque sismique et la fragilité des maisons étaient connus. Le tremblement de terre d’Al Hoceima en 2004 avait déjà fait 600 morts dans la région du Rif. Il y a 60 ans, celui d’Agadir en avait fait 12 000…

    Mais le roi, qui possède un splendide hôtel particulier de 1 600 mètres carrés sur le Champ-de-Mars, au pied de la tour Eiffel, est sans doute plus intéressé par l’évolution de l’immobilier parisien que par un plan de prévention et de sécurisation des villages, des maisons et des infrastructures… 

    Exactement comme lors du séisme qui a frappé la Turquie, en février 2023, causant plus de 50 000 morts et celui de janvier 2010 en Haïti - 250 000 morts -, la population est non seulement victime d’une catastrophe naturelle, mais aussi et surtout de la misère et du sous-développement.

    Aujourd’hui, tous les chefs de gouvernement font assaut de bons sentiments pour venir en aide aux Marocains : la France, les États-Unis, le Qatar, le Royaume-Uni, l’Espagne, Israël… jusqu’à l’Algérie voisine, opposée au Maroc sur la question du Sahara occidental. Cet œcuménisme humanitaire est d’une hypocrisie sans nom !

    Hier, le président algérien et Mohamed VI s’invectivaient et brandissaient un nationalisme agressif visant à creuser un sentiment de haine entre Algériens et Marocains. Et aujourd’hui, Tebboune s’intéresserait au sort des paysans marocains !

    Il y a la même hypocrisie du côté de Macron. Il ne veut pas rater l’occasion de se montrer généreux, mais il refuse toujours d’accorder plus de visas pour les Marocains qui veulent venir ici ! La France fait partie des grandes puissances qui maintiennent les travailleurs marocains dans la misère.

    Même s’il y a de la friture sur la ligne entre Macron et le roi du Maroc parce que ce dernier a ordonné le piratage du téléphone de son homologue, la France est, depuis l’indépendance, un soutien de la monarchie. Et le grand patronat français s’accommode parfaitement de la dictature et de la répression politique et syndicale féroce que fait régner Mohamed VI pour exploiter les travailleurs au maximum.

    Alors, il faut prendre tout le tapage fait autour de l’aide internationale pour ce qu’il est : du cinéma !

    L’exemple d’Haïti ou de la Turquie montre d’ailleurs qu’il y a un fossé entre les promesses d’aide et ce qui parvient réellement sur le terrain. La seule aide qui n’échappera pas aux victimes et qui répondra réellement à leurs besoins viendra de la solidarité entre travailleurs.

    Celle-ci s’est mise spontanément en place, au Maroc, au travers des réseaux familiaux ou associatifs, où elle a souvent devancé la présence gouvernementale. Elle s’organise aussi, ici, à l’initiative des travailleurs d’origine marocaine, et c’est tant mieux, parce qu’elle donnera du courage aux sinistrés pour surmonter cette catastrophe et reconstruire.

    Mais pour reconstruire sur du solide, il faudra bâtir une société dans laquelle les exploités puissent jouir des richesses qu’ils créent. Dans ce but, il faudra s’unir pour renverser tous les régimes au service exclusif de la grande bourgeoisie, les monarchies répressives comme les soi-disant démocraties occidentales !

  • La famille d’un patron fait interdire un spectacle sur la mémoire ouvrière
    https://www.politis.fr/articles/2023/09/la-famille-dun-patron-fait-interdire-un-spectacle-sur-la-memoire-ouvriere

    À #Bretoncelles, petite commune de l’Orne, la programmation d’un spectacle sur les 50 ans d’une grève historique a provoqué l’ire des descendants du patron de l’époque. Après des menaces de mort, le maire l’a finalement interdit, avec l’approbation du préfet.

    C’est un spectacle qui aurait dû rester dans l’anonymat du Perche, ce territoire niché à une centaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale. Une œuvre vivante, amateur, pour faire sortir de l’oubli la grève de l’usine Piron, équipementier automobile, en 1974, dans la commune de Bretoncelles. Un mouvement social très important avait en effet secoué cette entreprise où les ouvriers, dans la poursuite de la lutte historique de LIP, avaient fini par licencier leurs patrons. « Cet événement a eu un retentissement national à une époque où on rêvait d’autogestion ouvrière. Piron a été un petit exemple de ce rêve-là », raconte à Politis Jean-Baptiste Evette, écrivain et un des trois réalisateurs du spectacle. En 1974, Le Monde était même venu couvrir cette lutte.

    Un spectacle en trois temps

    Mais voilà, cinquante ans plus tard, beaucoup ont oublié cette grande grève. Trois amis, à l’initiative de Patrick Schweizer, ancien ouvrier et syndicaliste, décident de faire revivre sa mémoire. Pendant plusieurs mois, ils se plongent dans les archives, et réalisent des entretiens avec des acteurs de l’époque, ouvriers, membres du comité de soutien, etc. De ce travail de recherche naît un spectacle, Bretoncelles, si un jour ça se passait ainsi, décomposé en trois temps.

    « Il commence par une reconstitution du piquet de grève dans l’usine pour raconter les discussions qu’avaient entre eux les ouvriers », explique Jean-Baptiste Evette. Ensuite, un défilé « carnavalesque » est prévu dans la ville avec une fanfare. Enfin, tout ce beau monde termine sa route dans la salle des fêtes de Bretoncelles, occupée à l’époque par les ouvriers de l’usine Piron, pour une rencontre-débat. Le tout devait se dérouler pour les journées européennes du patrimoine, le 17 septembre.

    Jusqu’ici tout allait bien. Le patron actuel avait donné son accord pour que la première partie se déroule dans l’usine. Le maire, Daniel Chevée, le sien pour prêter la salle des fêtes et autoriser le défilé. Jusqu’à cet article paru en avril dans l’hebdomadaire local Le Perche titré « À Bretoncelles, un spectacle pour faire revivre la grève des ouvriers Piron en 1974 ». Dedans, les auteurs communiquent pour la première fois sur leur spectacle.

    La marionnette de la discorde

    Dans cette commune de moins de 1 500 âmes, cet article déclenche les hostilités. La famille Piron, encore présente sur place, apprend la réalisation de cette création artistique et n’en supporte pas l’idée. « Nous défendons la mémoire de notre père Michel et celle de notre grand-père Ferdinand qui est mort de chagrin suite à cette grève. Voilà notre seule motivation. Qui accepterait de voir une marionnette à l’effigie de son père et de son grand-père, tous deux décédés, déambuler dans les rues de son village ? », souligne Corinne Piron, fille de Michel Piron, qui assure que la famille « n’a jamais été sollicitée ni informée pour la réalisation de ce spectacle ».

    On raconte l’histoire de la grève du point de vue des ouvriers, donc forcément on parle des conditions de travail horribles, c’est normal, c’est l’histoire !

    Le conflit avec les réalisateurs devient ouvert. « À ce moment, on a organisé une réunion de conciliation à la mairie pour essayer de trouver un accord entre les deux parties. Mais ça n’a pas abouti, chacun est resté campé sur ses positions », raconte Daniel Chevée.

    La pression monte. La famille Piron fait des pieds et des mains pour que le spectacle n’ait pas lieu. Et cela fonctionne. Le patron actuel de l’usine, qui la vend fin septembre, retire son autorisation de jouer dans ses locaux. « Il m’a dit qu’il fallait négocier avec la famille Piron, et que tant qu’on n’aurait pas d’accord avec la famille, il ne voulait pas d’histoire », glisse Denis Robert[1], le troisième auteur de la création.

    Le maire fait de même. Il annule la partie dans la salle des fêtes – alors qu’un contrat était signé – et explique qu’il n’autorisera pas le défilé dans la ville. « Je pensais que leur spectacle parlait de l’histoire de l’usine. Là, c’est simplement une manifestation à charge sur comment licencier un patron qu’ils veulent faire », justifie-t-il.

    Un mauvais souvenir patronal

    Un argumentaire qui fait rire jaune Denis Robert : « C’est aberrant d’entendre ça. Je l’ai rencontré en septembre, c’était très clair qu’on parlait de la grève. Il patauge dans ses arguments. » Au téléphone, le maire reconnaît à demi-mots qu’il savait quand même que ce spectacle allait parler de la grève de 1974. « Mais pas que ! », se rattrape-t-il vite.

    « Les organisateurs n’ont très clairement pas compris que la grève dont ils se réjouissent est un mauvais souvenir non seulement pour notre famille, mais également pour Bretoncelles », argue de son côté la famille dans une ébauche de droit de réponse que nous avons pu consulter. « Madame Piron dit qu’on salit la mémoire de leur famille. Ce n’est pas vrai », rétorque Denis Robert. « On raconte l’histoire de la grève du point de vue des ouvriers, donc forcément on parle des conditions de travail horribles, des accidents du travail récurrents, mais c’est normal, c’est l’histoire ! On n’invente rien. »

    Coupure de presse de 1974 sur la grève à l’usine Piron.
    « Les Piron, père et fils, ne sont sans doute pas méchants, mais ils ont des idées qui datent de cinquante ans, lit-on sur cette coupure de presse de 1974. Les ouvriers en ont ras-le-bol. »
    Aujourd’hui, le maire de Bretoncelles justifie surtout sa décision par la crainte de voir ce spectacle créer des troubles à l’ordre public. Car, vite, cette histoire bascule dans les menaces et l’intimidation. Lorsque les auteurs comprennent que tout est en train de capoter, ils cherchent à joindre la famille Piron. C’est Denis Robert qui s’en charge. On est le 20 juillet au matin. Il propose, par message vocal, un rendez-vous à Corinne Piron, petite-fille et fille des patrons, père et fils, de l’époque.

    Menaces de mort

    Le même jour, un peu plus tard dans la journée, un homme se faisant appeler « Mickey Manouche » se rend devant le domicile de Denis Robert, qui n’est pas présent. « Il a commencé à mettre la terreur chez mes voisins, en disant qu’il allait me torturer, me casser la gueule, incendier mon domicile. Les gens étaient terrifiés. » Dans la foulée, il dépose plainte.

    Interdire des spectacles qui célèbrent la mémoire ouvrière, c’est une attitude d’extrême-droite.

    Dans celle-ci, que Politis a pu consulter, il accuse la famille Piron d’être à l’origine de ces menaces. « Je pense que cette personne a été envoyée par eux. Depuis la parution de l’article, on me fait part de rumeurs que des gens voudraient me casser la gueule. » Aujourd’hui, Denis Robert affirme que l’individu a été retrouvé par les forces de l’ordre et qu’il serait bien lié aux Piron. Dans une lettre ouverte au maire et au préfet, les auteurs accusent explicitement la famille Piron.

    « Face aux accusations diffusées, des plaintes pour diffamation ont été déposées. Notre famille n’est coupable ni de menaces, ni de pression, ni de censure. Nous condamnons d’ailleurs fermement toutes formes de violences », rétorquent les Piron.

    Confronté à cette situation, le maire préfère donc annuler toute représentation sur le domaine public. « J’ai peur que ça dérape, c’est tout. Il y a quand même quelqu’un qui s’est déplacé pour effectuer des menaces de mort. S’il se passe quelque chose de grave, ça me retombera dessus. Donc sur le domaine privé, ils font ce qu’ils veulent, mais sur le domaine public c’est non. Le préfet et le sous-préfet ont approuvé ma décision », assure-t-il ajoutant : « ce n’est pas un spectacle, c’est une manifestation ! ». Reprenant ainsi les éléments de langage de la famille qui parle « d’un spectacle à charge » qui « instrumentalise un drame familial et local à des fins idéologiques et politiques discutables ».

    Entraves à la liberté d’expression

    Le 17 septembre, date prévue pour le spectacle, la salle des fêtes sera même fermée à double tour, par crainte d’une intrusion « sauvage » des participants du spectacle. « J’ai peur que la manifestation ait lieu sans demande. Je n’ai pas envie que Bretoncelles devienne une zone de non-droit », poursuit le maire. Contactée, la préfecture de l’Orne n’a pas donné suite à nos sollicitations.

    Ces arguments indignent les auteurs de la pièce. « Ce n’est pas comme ça qu’on doit réagir en tant qu’élu, juge Jean-Baptise Evette. Nous ne sommes pas des perturbateurs. Notre spectacle est une célébration de la mémoire ouvrière. Nous sommes très choqués que des menaces puissent venir l’empêcher. C’est inadmissible ! »

    Son collègue, Denis Robert, va même plus loin : « Interdire des spectacles qui célèbrent la mémoire ouvrière, c’est une attitude d’extrême-droite. Malheureusement, ça résonne beaucoup avec ce qu’il se passe aujourd’hui. Lutter contre cela, c’est aussi notre combat. » Il assure ainsi que leur spectacle aura quand même lieu, sans plus de précision sur les lieux où il se déroulera.

    « Ces artistes, qui osent nous comparer à des terroristes, menacent dans la presse d’occuper le territoire public de force. À ce propos, vouloir imposer son idéologie, user de la propagande, n’est-ce pas là le début du terrorisme ? », leur répond la famille, dans une énième passe d’armes. Sans faire broncher les réalisateurs : « On ne reculera pas face aux intimidations ! »

    [1] Denis Robert est un homonyme du journaliste du même nom. Ils n’ont aucun lien de parenté.

    #Liberté d’expression #Luttes_sociales #lutte_de_classe

  • Pays-Bas : l’exemple à ne pas suivre d’une agriculture intensive destructrice | Comment le fumier a fait exploser les Pays-Bas
    https://up-magazine.info/planete/pollutions/119155-pays-bas-lexemple-a-ne-pas-suivre-dune-agriculture-intensive-de
    Les #Pays-Bas sont un exemple d’incurie gouvernementale laissant perdurer des pratiques désastreuses pour l’#environnement dont la remise en cause provoque une crise politique majeure. C’est l’un des plus petits pays d’Europe, mais aussi l’un de ses plus grands producteurs et exportateurs de denrées alimentaires, grâce à un secteur agricole intensif extrêmement performant, avec la plus forte densité de bétail d’Europe. Mais les Pays-Bas sont depuis des années au cœur d’une crise liée aux émissions d’azote provenant du fumier, qui, alertent les écologistes, détruisent les #écosystèmes du pays. Alors que la société néerlandaise s’éveille à la difficile réalité que son environnement ne peut plus survivre à son système alimentaire, la façon dont elle réagit est sans doute un avant-goût de ce qui se passera dans d’autres pays.

    OTTERLO, Pays-Bas – Par un bel après-midi de mai, Annemieke Visser-Winterink marchait dans les sous-bois hollandais, les feuilles mortes craquant sous ses bottes alors qu’elle s’approchait d’un arbre et le touchait doucement. « Ils sont tous malades« , soupire-t-elle, les rayons du soleil tombant du couvert forestier sur son uniforme de garde forestier. « Il n’y en a pas un seul dont je dirais qu’il est en pleine forme ou en pleine santé« .

    Les chênes qui l’entourent s’étirent vers le haut, leurs branches s’enroulant dans l’air vif du printemps. Les arbres attirent les foules dans le parc national De Hoge Veluwe, un refuge tentaculaire de 55 kilomètres carrés de prairies couvertes de fleurs sauvages, de dunes de sable arides et de bosquets romantiques. Le Hoge Veluwe est le plus grand parc national des Pays-Bas. À deux pas de la ville d’Arnhem, il attire des touristes de tout le pays, qui viennent observer ses 172 espèces d’oiseaux ou, s’ils ont un permis, chasser le cerf et le sanglier. Les chênes sont l’une des vedettes du parc. Certains sont relativement jeunes ; d’autres ont des centaines d’années, et aujourd’hui, ils sont en train de mourir.

    « Normalement, si vous avez un arbre en bonne santé, vous verrez toutes ses petites brindilles où les feuilles vont pousser« , explique Annemieke Visser-Winterink en fronçant les sourcils devant l’un des chênes. « Si vous regardez celui-ci, vous pouvez voir qu’il a encore des rameaux dans la partie inférieure, mais si vous regardez le sommet, il est mort. Il n’y a plus de branches ni rien d’autre« .

    Les chênes de la Veluwe – ainsi que nombre d’oiseaux, d’insectes et d’autres espèces indigènes – craquent sous le poids du système alimentaire industriel des Pays-Bas. Autour du parc, des fermes laitières avec leurs vaches Holstein-Friesian noires et blanches, emblématiques des Pays-Bas, parsèment le paysage, où elles produisent du lait, du fromage et du beurre pour les supermarchés de toute l’Europe.

    Une machine agricole stupéfiante
    Ces fermes, ainsi que d’autres semblables, représentent l’une des plus grandes réussites du XXe siècle dans le domaine de l’agriculture moderne. Après la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture néerlandaise a subi une transformation radicale, passant de petites parcelles dispersées à une machine d’exportation d’une productivité stupéfiante. Aujourd’hui, les Pays-Bas comptent plus de 15 millions de porcs et de vaches, soit presque autant que la population humaine de ce petit pays. Les Pays-Bas ont la plus forte densité de bétail en Europe et, malgré leur taille, ils sont le premier exportateur de viande de l’Union européenne et le quatrième exportateur mondial de lait.

    La réputation des Pays-Bas en tant que puissance alimentaire est si forte qu’en 2017, le National Geographic a publié un article les qualifiant de « pays qui nourrit le monde ». En termes de valeur, les Pays-Bas sont les deuxièmes exportateurs de produits agricoles après les États-Unis. Le succès de l’industrie agricole néerlandaise a enrichi certains de ses plus grands agriculteurs, ainsi que les actionnaires des entreprises, des chaînes de supermarchés et des banques qui les entourent.

    Mais cette réussite flamboyante cache une catastrophe pour la nature.

    La « stikstofcrisis »
    Les émissions du bétail provenant des exploitations agricoles, comme celles situées près du Veluwe, sont le principal facteur contribuant à ce que les Néerlandais appellent la « stikstofcrisis« , la crise de l’azote. Ce qui peut sembler être une obscure préoccupation environnementale a, en fait, déchiré les Pays-Bas, interrompant les activités, provoquant des manifestations de rue explosives de la part des agriculteurs et réécrivant la politique du pays.

    Depuis quatre ans, la stikstofcrisis oppose les écologistes, armés de la réglementation européenne, aux groupes d’agriculteurs et à l’industrie agroalimentaire. Elle a alimenté les rancœurs qui couvaient depuis longtemps dans les campagnes néerlandaises, a provoqué des blocages au parlement et a déclenché l’ascension fulgurante d’un nouveau parti politique populiste qui a balayé les élections au début de l’année.

    Mais pendant ce temps, peu de progrès ont été réalisés dans la réduction des émissions d’azote provenant des exploitations agricoles. Et le sort d’habitats fragiles tels que le Veluwe semble aujourd’hui plus incertain que jamais.

    Au fil des décennies, les systèmes d’alimentation intensive sont devenus un moteur de destruction écologique qui ravage la biodiversité, de l’Europe à l’Amérique du Sud. La production de viande et de produits laitiers, au cœur de la crise alimentaire, est responsable à elle seule d’environ 15 % des émissions de carbone de l’humanité. Alors que les affrontements culturels et politiques sur la manière de nous nourrir sans détruire la planète s’intensifient, la nature lance un appel de détresse. Inévitablement, notre mode d’alimentation va devoir changer, en particulier dans les pays riches. Mais les Pays-Bas lancent un avertissement au monde entier : ce changement ne se fera pas sans heurts.

    En attendant, la Veluwe, ainsi que le reste des endroits calmes et sauvages de la planète, devront continuer à payer la note de ce qui se trouve dans nos assiettes.

    « Les forêts de chênes sont vraiment sur le point de s’effondrer à cause des dépôts d’ammoniac« , fait observer Bram van Liere, un militant du groupe environnemental néerlandais Milieudefensie. « Cela ne date pas d’aujourd’hui ou de l’année dernière, mais s’accumule dans l’environnement depuis des décennies. Il acidifie le sol, de sorte que les autres éléments nutritifs sont évacués jusqu’à ce qu’il n’en reste pratiquement plus rien. Et il ne s’agit pas de quelques oiseaux qui pourraient disparaître, mais d’un effondrement complet de la biodiversité. C’est toute une biodiversité qui s’effondre« .

    Un nuage qui tue les oiseaux
    L’écologiste Arnold van den Burg a découvert par hasard le rôle de la stikstofcrisis. Doté d’un rire profond et amoureux de la nature, Arnold van den Burg vit à la périphérie du Veluwe, où il étudie les oiseaux. Au début des années 2000, il a remarqué que les œufs de l’épervier d’Europe (Accipiter nisus) échouaient avant l’éclosion des poussins. Les tests qu’il a effectués ont indiqué que la cause était une carence en acides aminés chez les mères. « Cela m’a paru étrange« , raconte Arnold van den Burg, de la Biosphere Science Foundation. « En effet, les oiseaux de proie se nourrissent de protéines. Alors pourquoi manqueraient-ils de protéines ?« 

    Outre les œufs manquants, M. van den Burg a également observé des signes inquiétants chez d’autres espèces. Les poussins des oiseaux chanteurs se cassaient les jambes alors qu’ils étaient encore au nid, leurs os minuscules étant trop fragiles pour supporter leur poids. Il a découvert que les oiseaux chanteurs souffraient d’un manque de calcium. Il a commencé à soupçonner un coupable familier : la surcharge d’azote dans leur habitat.

    Le problème de l’azote aux Pays-Bas n’est pas nouveau, et sa cause n’est pas non plus un mystère. Les vaches et les porcs, qui constituent la base de l’industrie néerlandaise de la viande et des produits laitiers, consomment beaucoup d’aliments pour animaux, principalement des concentrés de soja importés de pays comme les États-Unis et le Brésil. Les agriculteurs qui cultivent ce soja utilisent des engrais synthétiques pour lui apporter de l’azote et du phosphore, les nutriments sur lesquels repose le système agricole mondial.

    Lorsque le bétail mange le soja, une partie de ces nutriments est absorbée par son organisme et donc par sa viande. Mais une plus grande partie encore est excrétée par le biais du fumier et de l’urine. Lorsque les deux se mélangent, que ce soit sur le sol des étables et des écuries ou dans les pâturages extérieurs, ils produisent de l’ammoniac, une forme gazeuse d’azote, qui s’évapore ensuite dans l’atmosphère. Dans les années 1980, la croissance constante du cheptel néerlandais a généré un nuage d’ammoniac dans tout le pays. Combiné aux émissions de dioxyde de soufre des usines, ce nuage a créé des pluies acides – l’un des premiers signes que le triomphe de l’agriculture intensive axée sur l’élevage présentait un inconvénient.

    « Vous pouvez sentir l’ammoniac, c’est un problème pour les gens« , affirme Roland Bobbink, un expert néerlandais de la science des dépôts d’azote à l’université de Radboud. « À la fin des années 80, les autorités ont donc lancé un programme de réduction des émissions d’ammoniac« .

    Surcharges d’azote
    Les mesures prises par le gouvernement comprenaient l’installation de meilleurs filtres sur les cheminées industrielles, ce qui a permis de réduire considérablement les émissions de dioxyde de soufre, ainsi que la mise en place d’une technologie aidant les éleveurs à séparer le fumier de l’urine. Grâce aux quotas laitiers imposés par l’Union européenne, le nombre de vaches laitières aux Pays-Bas a diminué de 600.000 au cours des 25 années suivantes, ce qui a permis de réduire de près de moitié les dépôts d’azote dans l’environnement. Cette baisse a suffi à stopper les pluies acides, mais pas à empêcher la surcharge en azote des écosystèmes voisins.

    « Au cours des 15 dernières années, la réduction des émissions a stagné« , observe Jeroen Candel, politologue à l’université et au centre de recherche de Wageningen. « Cela s’explique par une philosophie plus large selon laquelle le gouvernement ne devrait pas introduire de mesures coercitives, comme nous l’avons vu dans d’autres États membres de l’UE, mais plutôt s’en remettre au marché pour trouver des solutions. »

    L’ammoniac produit par l’élevage dérive dans l’air et finit par se déposer sur des surfaces situées dans un rayon de 20 à 30 km. Au fil du temps, il s’accumule, en particulier dans les sols. Certaines plantes adorent l’excès d’azote, s’en gavent et évincent les autres espèces. D’autres ne s’en sortent pas aussi bien. Finalement, le sol lui-même s’acidifie, drainant des nutriments vitaux et déséquilibrant les chaînes alimentaires. « On assiste alors à une augmentation de l’aluminium, qui est toxique pour les plantes et les animaux sensibles, ainsi qu’à une perte de calcium, de potassium et de magnésium dans le sol« , explique M. Bobbink.

    Comme le soupçonnait van den Burg, c’est ce qui a causé la souffrance des oiseaux. Au fil des siècles, les espèces vivant dans des écosystèmes tels que la Veluwe ont développé des méthodes complexes pour obtenir les nutriments dont elles ont besoin. Certains oiseaux du parc, par exemple, obtiennent leur calcium en mangeant des coquilles d’escargot. Mais l’acidification a réduit à néant la capacité des escargots à faire pousser leur coquille. « Ces changements entraînent une cascade de problèmes… dont les effets se font sentir sur les plantes, les insectes – qui meurent si on les pose sur les chênes -, les oiseaux chanteurs et les éperviers« , explique M. van den Burg.

    Lorsqu’il a publié ses recherches, celles-ci ont attiré l’attention des groupes de défense de l’environnement aux Pays-Bas, qui sonnaient l’alarme au sujet de l’excès d’azote depuis des décennies. Le problème est loin de se limiter à la seule région de la Veluwe. Selon une étude réalisée par Bobbink et publiée par Greenpeace, 118 des 161 zones protégées croulent sous le poids des dépôts d’azote et 14 seraient en passe de s’effondrer.

    Des cris et des flammes
    Lassés de supplier le gouvernement d’agir, ces groupes ont commencé à adopter une approche plus conflictuelle, se tournant vers les tribunaux des Pays-Bas et de l’UE pour obtenir ce que les politiciens pro-marché du pays ne voulaient pas. Les écologistes ont fait valoir devant la Cour européenne de justice et le Conseil d’État néerlandais, la plus haute juridiction du pays, que le gouvernement ne respectait pas les règles de l’UE qui imposent aux États membres de protéger la #biodiversité. M. Van den Burg était l’un de leurs témoins : « Dans les années 1980, alors qu’ils géraient très bien les dépôts d’acide sulfurique, ils auraient dû faire exactement la même chose avec les dépôts d’azote. Mais à cause du #lobby_des_agriculteurs, ils ne l’ont pas fait ». C’est aussi simple que cela. En mai 2019, le Conseil d’État a rendu son arrêt. La stikstofcrisis a commencé.

    L’arrêt s’est abattu sur les Pays-Bas comme un tombereau de fumier. Le tribunal a donné raison aux groupes de défense de l’environnement qui avaient porté l’affaire devant les tribunaux, ordonnant au gouvernement de cesser de délivrer des permis pour des projets émettant de l’azote jusqu’à ce qu’il présente un plan de réduction rapide des émissions. Du jour au lendemain, 18.000 projets de construction, dont des infrastructures essentielles et des logements, ont été mis en veilleuse jusqu’à ce qu’une nouvelle stratégie puisse être élaborée.

    L’économie étant menacée, un législateur néerlandais proche du cabinet du Premier ministre #Mark_Rutte a suggéré que la seule façon de résoudre le problème était de faire l’impensable : réduire considérablement le cheptel national. Les agriculteurs indignés, encouragés par les fabricants d’aliments pour animaux et d’autres acteurs de l’industrie agroalimentaire, se sont révoltés. Des milliers d’agriculteurs sont descendus dans la rue, bloquant les autoroutes avec leurs tracteurs et se rendant à La Haye, où ils ont organisé des manifestations devant les domiciles des législateurs.

    Mais quelques mois seulement après le début de la crise, la pandémie de COVID-19 est apparue, mettant temporairement fin aux manifestations, les agriculteurs attendant que le gouvernement publie son plan. Entre-temps, les tensions liées aux confinements et aux vaccinations se sont envenimées, alimentant la méfiance et renforçant l’atmosphère de suspicion à l’égard du gouvernement.

    Lorsque le cabinet Rutte a publié son plan azote tant attendu en juin 2022, il s’agissait d’une allumette jetée sur du petit bois sec. Ce plan prévoyait une réduction de 50 % des dépôts d’azote d’ici à 2030. Dans les zones proches des sites Natura 2000 (zones protégées par les réglementations européennes et nationales, comme la Veluwe), cette réduction pourrait atteindre 70 %. Pour parvenir à des réductions aussi spectaculaires, certaines exploitations agricoles devraient être rachetées et fermées.

    L’annonce a mis le feu aux poudres dans la campagne, parfois au sens propre du terme. Les drapeaux néerlandais renversés, symboles du mouvement de protestation, ont été brandis comme une bannière de guerre depuis les maisons, les viaducs et les fermes. Des dizaines de milliers d’agriculteurs en convoi de tracteurs ont sillonné les autoroutes des zones rurales, s’arrêtant pour mettre le feu à des tas de fumier et de foin. À un moment donné, la police a tiré sur un tracteur qui, selon elle, tentait de lui foncer dessus.

    Collés à leur écran, la plupart des Néerlandais n’ont pu s’empêcher de sympathiser avec les manifestants, y compris de nombreux écologistes, qui estimaient que les agriculteurs devaient supporter le fardeau d’une crise que le gouvernement aurait dû régler il y a des années. « Ce n’est pas leur faute principale« , remarque M. van den Burg. « C’est un manque de bonne gouvernance qui se produit aujourd’hui. Pendant des décennies, les agriculteurs ont été incités à produire de plus en plus, quel que soit le coût pour l’environnement. »

    Cette réaction explosive a soulevé des questions difficiles pour le mouvement écologiste. Pour protéger la nature, les émissions d’#azote doivent baisser immédiatement. Mais les mesures que beaucoup jugent nécessaires risquent de mettre certains agriculteurs sur la paille. Alors que la protection de l’environnement se heurte de plein fouet aux moyens de subsistance de ces agriculteurs, les responsables politiques néerlandais seraient-ils en mesure de survivre à ces mesures ?

    Ici, à l’ombre des chênes de la #Veluwe, les événements de l’été 2022 semblent lointains, bien loin de la décomposition silencieuse et lente qui s’opère sous le sol et l’écorce. C’est un défi pour les écologistes : au milieu de l’éclosion pittoresque d’une nouvelle vie, il faut un œil expérimenté et réfléchi comme celui de Visser-Winterink pour voir ce qui risque d’être perdu. Comparée à la réaction énergique aux politiques destinées à l’inverser, la lenteur du déclin de la biodiversité aux Pays-Bas est facile à ignorer.

    Alors que la société néerlandaise s’éveille à la difficile réalité que son environnement ne peut plus survivre à son système alimentaire, la façon dont elle réagit pourrait être un avant-goût de ce qui se passera au-delà de ses frontières. « La polarisation au sein des groupes est une chose qui surprend tout le monde", soupire Mme Visser-Winterink. « La situation devient très dure, et les gens ne sont plus capables de se retrouver. Les agriculteurs ne pensent qu’à leurs intérêts et les défenseurs de la nature ne pensent qu’aux leurs. Ils ne trouvent pas de terrain d’entente. ».

  • "La classe ouvrière doit reconnaître un Allende ou un Mitterrand pour ce qu’ils sont : des ennemis de classe. [...] Allende ne prépare à la classe ouvrière que des désillusions s’il ne fait pas le lit de la dictature militaire."

    La Quatrième Internationale voit, au Chili, la bourgeoisie au pouvoir et la classe ouvrière au gouvernement
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1972-1977-bilingue/article/la-quatrieme-internationale-voit
    #archiveLO (Lutte de classe n°10 - mai 1973)

  • À la veille du coup d’État du 11 septembre 1973 (#archiveLO 4 septembre 1973) #Chili #Allende) :

    « Allende, qui ne veut surtout pas s’appuyer sur la population laborieuse, ne peut que s’appuyer sur cette armée. On ne voit pas très bien en quoi le gouvernement d’Allende, qui réprime plus durement l’ext-gauche que la droite, est encore un gouvernement de gauche, pour autant que ce terme signifie quelque chose. »

    – Allende se raccroche à l’ombre de l’armée
    – Fajon dénonce les « erreurs » de l’Unité populaire : « Quand nous serons ministres... »

  • Chili, 4 septembre 1970 : la victoire de l’"Unité Populaire" n’est pas celle du peuple | #archiveLO (15 septembre 1970)

    "On parle d’un coup d’Etat possible et d’un putsch militaire. On cite même le nom du général qui pourrait en prendre la tête. [...] Allende multiplie les déclarations rassurantes sur son désir de jouer le jeu alors que la tâche la plus urgente du moment serait d’armer et moralement et matériellement le peuple chilien. Allende est en fait en train de désarmer le peuple chilien dans le moment ses pires ennemis fourbissent ouvertement leurs armes"

    [...] La bourgeoisie chilienne et l’Anaconda n’ont certainement pas le fétichisme de la légalité qui est celui de la gauche chilienne et qui fait le grand bonheur de l’Humanité. On parle d’un #coup_d'Etat possible et d’un putsch militaire. On cite même le nom du général qui pourrait en prendre la tête. Tout comme en Espagne, il y a plus trente ans, on pouvait voir se préparer quasi ouvertement la conspiration de la droite et de Franco après la victoire électorale du #Front_populaire.

    Et, tout comme en Espagne, la gauche, toute à ses préoccupations électorales, toute à son légalisme, n’a en rien préparé le peuple chilien, qui vient de lui accorder sa confiance, à faire face à la situation. Tout au contraire, dans l’espoir d’amadouer une droite qui est prête à étrangler la constitution pour défendre ses privilèges, Allende multiplie les déclarations rassurantes sur son désir de jouer le jeu alors que la tâche la plus urgente du moment serait d’armer et moralement et matériellement le peuple chilien. Allende est en fait en train de désarmer le peuple chilien dans le moment même où ses pires ennemis fourbissent ouvertement leurs armes. La #gauche chilienne n’a pas plus appris de l’histoire que la nôtre.

    Il est possible aussi, bien entendu, que les classes dirigeantes chiliennes et les grandes compagnies américaines laissent Allende s’installer tout de même dans le fauteuil présidentiel. Les premiers mouvements de la démocratie chrétienne semblent indiquer qu’une fraction au moins est favorable à cette politique. Après tout, le #Chili a déjà connu d’autres gouvernements de front populaire ou soutenus par les communistes en 1938 et même avec des ministres communistes en 1946. Cela n’a pas modifié considérablement ni le sort du peuple chilien ni celui des classes privilégiées ni même celui des grandes compagnies implantées dans le pays. Pourquoi #Allende serait-il d’une autre classe que ses prédécesseurs ?

    L’Anaconda et la bourgeoisie chilienne peuvent donc laisser Allende parvenir à la présidence, attendre et voir venir. D’autant plus qu’elles auront toujours à leur disposition et les députés démocrates chrétiens et l’extrême-droite, l’armée et la au cas où le président mine de remplir son contrat. L’hypothèse est-elle bien pour le peuple chilien ?

    Qu’est-ce qui enthousiasme donc les rédacteurs de l’Humanité ?