Des sorcières et des hommes
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Chasse aux sorcières, pas aux sorciers
« Un sorcier pour mille sorcières » : c’est ce que déclare l’historien Jules Michelet qui, le premier, réhabilite les femmes dans son livre « La Sorcière » (1868) et accuse l’Eglise d’en avoir organisé la chasse. En effet, s’il y a des sorciers, ce sont les femmes en majorité qui ont été accusées de mille maléfices depuis Adam et Eve. Le mythe prend sa source dans la peur/fascination des mâles à l’endroit de ces créatures féminines jugées fatales, car dangereusement douées de séduction et qui plus est expertes en cueillette et préparations de toutes sortes. Les religieux de tous poils condamnés à la chasteté se sont vengés sur celles qui leur étaient défendues en les faisant griller ! Dès le 13ème siècle, la magie très répandue dans les campagnes et tolérée jusqu’alors est diabolisée, au sens strict.
Avec l’Inquisition au 14ème siècle une répression systématique et barbare est organisée. Sous prétexte d’éradiquer le Mal, « rumeur et mauvaise foi, une seule plainte suffit ; épidémies, catastrophes naturelles vouent aux procès et aux pires tortures et au bûcher des femmes par centaines, dans une hystérie collective orchestrée par l’église ». L’idée de secte satanique émerge, les procès se succèdent. Les juges s’appuient sur le célèbre « Malleus Maleficarum », le "marteau des sorcières" (1486), dont on peut admirer un exemplaire. Il a été rédigé par deux inquisiteurs désignés par le pape Innocent VII. Sa bulle ad hoc vaut son pesant d’or. Elle évoque en effet mille dépravations sordides et orgiaques à peine imaginables ! Les juges/magistrats redoutables s’inspirent également de divers traités de démonologie. On peut les voir dans l’exposition. Les médecins qui dénoncent assez vite des aliénations sont sévèrement punis. Bien plus tard, avec Charcot, Freud et les autres, on attribuera l’hystérie à l’impuissance, à l’impossibilité d’agir, à la privation de parole. Bonne description du sort des femmes.