Les problèmes que devront affronter l’UMP et le PS
Les enseignements qu’on peut tirer de cette élection partielle sont donc contrastés : le Front républicain, entendu comme coalition des partis « républicains » contre le Front national, n’existe pas (parce que l’UMP refuse d’appeler à voter en faveur du PS, et parce que les électeurs de l’UMP se portent majoritairement sur le FN) ; en revanche, la perspective de voir un candidat frontiste élu député permet une mobilisation réelle d’électeurs par ailleurs peu politisés et mobilisés, ou en tout cas abstentionnistes au premier tour. Enfin, pour passer d’un niveau de premier tour à un score s’approchant des 50% face au PS, le FN doit plutôt compter sur sa force d’attraction envers des électeurs de droite que sur un réservoir d’électeurs FN déjà largement mobilisé au premier tour.
L’UMP et le PS ont donc des problèmes distincts. Pour l’UMP, le problème principal est celui du rapport de force avec le FN. Comme on avait déjà pu le noter en d’autres circonstances, dès que le #FN passe devant l’#UMP, toute une part de l’électorat de droite va voter pour le parti de Marine Le Pen, dans une forme de vote stratégique (« vote utile »). L’UMP n’a donc guère d’autre choix, comme l’a relevé Jean-Yves Camus, que de mener une lutte frontale contre le FN, ou d’accepter de s’allier avec lui –mais au risque, dans ce dernier cas, de subir le même sort que le PC face au PS après Épinay : la mort lente.
Pour le parti socialiste, l’enjeu est celui de la mobilisation de son électorat. La menace de l’extrême droite semble, pour l’instant, permettre de mobiliser –mais très imparfaitement !– des électeurs que le bilan de l’exécutif conduisent sinon à s’abstenir. Mais agiter le chiffon brun ne saurait pour autant tenir lieu de stratégie pour le PS : d’abord parce que l’efficacité de cette stratégie semble s’éroder au fil du temps ; mais aussi parce qu’il s’agit d’une tactique de second tour, plutôt que de premier, et que dans la situation politique actuelle, l’enjeu pour le PS sera dans bien des cas de parvenir au second tour. L’obtention de résultats et, surtout, la formulation d’un projet de nature à mobiliser son électorat potentiel apparaissent comme des conditions sine qua non du succès pour le "#PS et, plus largement, la gauche.