• Marché Transatlantique : Communiqué d’Attac-France

    http://www.france.attac.org/articles/accord-transatlantique-fin-de-lexception-democratique

    Accord transatlantique : fin de l’exception démocratique

    Les ministres européens du commerce ont donné mandat à la commission européenne pour négocier un partenariat avec les États-Unis, portant sur le libre-échange des biens, des services des capitaux, et surtout sur la suppression des normes et réglementations qui porteraient préjudice au commerce et à l’investissement des entreprises. La France a porté le principe de l’exception culturelle, qui pour l’instant et de manière très confuse, se trouve exclue des négociations, avec possibilité de rouvrir le dossier. Le processus est donc lancé.

    Les gouvernements ont accepté de négocier leurs choix agricoles et alimentaires, les services publics, les droits sociaux, les normes financières, les choix énergétiques et climatiques. Ils ont accepté de renoncer à la capacité politique de construire démocratiquement des normes, des règlements, et de la transférer aux entreprises et aux tribunaux ad hoc qui jugeront des litiges entre les entreprises, les États et les collectivités territoriales.

    Comme nous avons su le faire au moment de l’Accord Multilatéral de l’investissement, au moment de l’ACTA, nous refusons l’engagement dans un tel processus, et nous appelons à une mobilisation très large des mouvements sociaux et des élus, parlementaires et élus locaux, pour faire connaître ce processus qui se réalise dans l’opacité sur la plus totale et pour l’arrêter. Nous travaillons dans le même sens avec nos réseaux européens et internationaux.

    Attac France et AITEC,

    A Paris, le 15 juin 2013

  • Sur l’avenir de la guerre (Pierre Manent)

    http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2013/02/22/Sur-l%E2%80%99avenir-de-la-guerre-Pierre-Manent

    D’une part, on tend à condamner la guerre en tant que telle, à la déclarer radicalement immorale (…). Mais d’autre part, on a été de plus en plus disposé à des « interventions humanitaires » au nom d’un »devoir d’ingérence » nouvellement ajouté à la panoplie morale de l’honnête homme occidental. (…) Ainsi, en même temps que la guerre était déclarée essentiellement immorale, montait un moralisme belliciste qui a conduit l’alliance occidentale dans l’impasse stratégique où elle se trouve aujourd’hui. Les nations occidentales ont la majeure partie de leurs forces en opération au-delà de leurs frontières pour accomplir personne ne sait quoi. Ce mélange pervers de condamnation morale de la guerre et de moralisme belliciste ne sert pas nos intérêts, ni les intérêts de la paix. Je suggère de revenir à la compréhension « classique » de la guerre, comme un moyen terrible certes, et à n’employer qu’à la toute dernière extrémité, mais un moyen légitime de la politique.

    Texte publié dans F. Ramel et J.-V. Holeindre, « La fin des guerres majeures », Economica, 2010, pp. 252 à 259

    Cité par Olivier Kempf

  • La Suisse, coffre-fort des politiques français

    par Myret Zaki, Rédactrice en chef adjointe du magazine « Bilan » à Genève.

    Lu sur « Le Monde » éd. du vendredi 5 avril, page20

    Tout se passe comme si, pour la première fois dans l’histoire, un politicien français avait eu un compte non déclaré en Suisse. Mais de qui se moque-t-on ? Cessons un instant d’hyperventiler et intéressons-nous aux chiffres. Sur les quelque 830 milliards d’euros d’avoirs européens gérés par les banques en Suisse, on peut estimer à près de 166 milliards les avoirs français exilés, soit un montant presque équivalent aux avoirs allemands abrités du côté helvétique de la frontière. Selon diverses études (KPMG, Helvea), ces avoirs européens sont à 90 %-98 % non déclarés à leur pays d’origine. Sur les 166 milliards estimés pour la France, quelque 60 milliards seraient gérés non par des banques suisses, mais par les succursales de banques françaises en Suisse.

    Or 166 milliards d’euros, cela fait un peu plus que les 600 000 euros de Jérôme Cahuzac. Et l’argent de politiciens français s’y trouve en bonne place.

    [...]

    Si Jérôme Cahuzac pouvait parler, il dirait donc qu’il n’est pas le seul. Peut-être ajouterait-il que ses collègues ayant d’emblée choisi d’autres places financières (Singapour ou Nassau) pour dissimuler leurs avoirs ont été plus malins que lui.

  • « Arabesque américaine » : Printemps Arabe ou révolutions colorées fomentées par les USA ? — Ahmed BENSAADA
    http://www.legrandsoir.info/arabesque-americaine-printemps-arabe-ou-revolutions-colorees-fomentees

    Souvent évoqué, parfois décrié, mais rarement analysé, le rôle des États Unis dans les révoltes de la rue arabe fait enfin l’objet d’un travail sérieux, rigoureux et fort bien documenté. Arabesque américaine* est l’ouvrage d’Ahmed Bensâada, un chercheur algérien établi à Montréal.

    Dès les premières lignes, l’auteur annonce la couleur « une chose est évidente : le mode opératoire de ces révoltes a toutes les caractéristiques des révolutions colorées qui ont secoué les pays de l’Est dans les années 2000. Comme il est de notoriété publique que ces révolutions ont été structurées, formées et financées par des organismes américains, il serait logique de conclure qu’il y a présence d’une main américaine derrière ces révoltes de la rue arabe ». Tous les faits et les arguments présentés sont vérifiables, selon l’auteur, par simple consultation des références mentionnées.

  • L’Europe en crise - Notes d’Analyse Géopolitique
    http://notes-geopolitiques.com/europe-crise

    Dans un ouvrage remarqué, le philosophe et historien néerlandais Luuk van Middelaar propose une grille de lecture éminemment géopolitique du Passage à l’Europe, qui fait la part belle aux représentations. Partant de la réflexion de Michel Foucault pour qui « le discours n’est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination, mais ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer » (L’Ordre du discours), il distingue trois discours idéologiques à la source de l’Union européenne. Soit l’Europe des États, l’Europe des Citoyens et l’Europe des Bureaux, qui s’opposent et se complètent. Elles renvoient respectivement aux notions de confédéralisme, de fédéralisme et de fonctionnalisme. « Chaque discours a une préférence pour une ou plusieurs institutions européennes données, adopte un style politique et des recettes propres. Chaque discours entretient un rapport particulier avec le temps historique. » Ce sont ces conceptions de l’Europe qui s’affrontent encore et structurent le présent.

    ...

    Et demain ?

    Au-delà du « vouloir faire l’Europe« , quels points communs pour ces trois visions ? Étonnamment, si l’on songe au préambule du projet de Constitution européenne de 2005, la religion chrétienne est omniprésente. Le discours de l’Europe des États est né à une époque où la chrétienté se confondait avec le continent. Celui des Citoyens s’inspire à l’origine des valeurs chrétiennes. Quant à l’Europe des Bureaux, elle fut portée par des hommes affichant ostensiblement leur appartenance à l’Église. Quelles qu’en soient les raisons, il apparaît que ce lien ne suffit pas, ou plus, à faire ciment.

    Pourtant, sans conscience de ses origines, l’Europe ne peut définir ni sa fin, ni son objectif. Concrètement, le libéralisme économique et social, trop souvent présenté comme « horizon indépassable » de l’Union, ne suffit pas à définir son Être. Il n’évacue pas notamment la question essentielle des frontières. Bien au contraire. Jusqu’où s’élargir dès lors que les discours actuels n’affichent plus de référents supranationaux partagés ?