LE RAS-LE-BOL DES SUPERBES WOMEN

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  • « Elle » : Le ras-le-bol des superbes women
    http://www.lekiosque.fr/article-1260817-RAS-BOL-SUPERBES-WOMEN.html

    Dans « Elle » du 30 mars, Alix Girod de l’Ain (oui, celle de l’édito sur « mademoiselle » :

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/207333-elle-defend-les-demoiselles-et-perd-ses-lectrices.html

    ... réplique à ces « néo-féministes » qui « dénoncent la dictature de l’apparence dont nous serions toutes les victimes ».

    Elle mentionne le livre de Maryse Vaillant « Sexy soit-elle » (à paraître le 2 mai aux éditions Les Liens qui libèrent), mais pas « Beauté fatale », dont elle doit pourtant connaître l’existence, puisqu’on a débattu ensemble de chirurgie esthétique sur France Inter il y a quelque temps. Peut-être parce que Maryse Vaillant, elle, ne cogne pas sur « Elle » comme une sourde :P

    Le pitch : « Etre une femme, c’est atroce : on doit être jeune, jolie, s’habiller bien tout le temps... Quelle galère ! Cessez de gémir, le Dr Aga est là pour vous faire découvrir que ces injonctions sont en fait la vraie libération de la femme ! »

    Suit un émouvant plaidoyer pro domo, plein de joyeuses approximations dans le résumé du propos de l’adversaire (je n’ai lu nulle part chez Maryse Vaillant qu’il était « plus facile d’être moche avant », par exemple) et d’arguments qui laissent sans voix.

    Au « présupposé n° 2 », par exemple, selon lequel, pour ces féministes ridicules, « les médias et en premier chef la presse féminine, Satan aux pieds vernis et fourchus, lobotomiseraient les plus jeunes en ne leur donnant à rêver que sur des actrices ou mannequins, que des filles superficielles, futiles et seulement intéressées par leur petit nombril », Alix Girod de l’Ain répond... en s’offusquant qu’on insinue qu’"être jolie est synonyme d’idiote".

    Bizarrement, pour ma part, en citant longuement dans le livre ce qu’elles disent de leur métier, j’ai l’impression de respecter beaucoup plus l’intelligence des actrices et des mannequins (dont personne n’a jamais prétendu qu’elles étaient idiotes) que ne le fait « Elle », qui ne rapporte leurs propos que quand ils se résument aux secrets de leur forme ("je bois beaucoup d’eau, je cours sur la plage avec mon chien et je mets des crèmes de la marque Machin") ou à leurs projets d’avenir ("je rêve de devenir maman").

    Le reste est à l’avenant, mais assez réjouissant, puisqu’on a l’impression que pour la première fois, le magazine se sent obligé de se justifier face à des attaques frontales.

    Accusé d’enfermer les femmes dans des critères étroits, il répond par la plume du « Dr Aga » que les Françaises n’ont pas cessé ces dernières années de prendre des centimètres de tour de taille, preuve qu’elles résistent bien à la pression. Donc, ne venez pas nous emmerder, et laissez-nous continuer tranquillement à les bombarder d’images de gamines squelettiques !

    Alix Girod de l’Ain va même chercher sa mère, qui, âgée de 79 ans, a récemment découvert avec émerveillement le travail de Jean Paul Gaultier : « Moi, cette aliénation-là, elle me plaît bien », plaide la fille. Or là encore, personne n’a dit qu’il n’y avait pas des créateurs de mode dignes d’admiration (voir mon propre hommage à Yohji Yamamoto et à Azzedine Alaïa à la fin du livre).

    Pour finir, la chroniqueuse en est réduite à une vulgaire harangue de poissonnière pour le fonds de commerce de la maison, vantant « le plaisir de se faire belle, d’acheter un vêtement qui nous met en valeur, de sortir de chez le coiffeur, et même, à l’occasion, de se déplacer sur des talons de 12. Le plaisir de se déguiser en jolie fille. Le jeu, la malice, la légèreté, la joie qu’il y a dans tout ça ».

    Adepte enthousiaste de la chirurgie esthétique, Alix Girod de l’Ain publie elle aussi un livre ces jours-ci :
    http://www.anne-carriere.fr/ouvrage_un-bon-coup-de-jeune---162.html

    L’histoire d’Alice Mignan-Bertin (eh oui, le biotope naturel de « Elle », c’est plus le 16e que le 9-3) qui décide « d’en découdre avec son âge » pour sauver son couple vieillissant, sans voir que leur problème, ce n’est pas qu’ils vieillissent, mais qu’ils ont des vies de cons (il travaille dans la pub, elle co-écrit les chroniques d’un humoriste de radio odieux). (Pas eu le courage de tout lire, trop déprimant)

    Dans le courrier des lectrices de « Elle » (23 mars), une jeune femme de 27 ans lui dit toute sa gratitude : « Grâce à vous, arrivée à 30 ans, je ne me dirai pas que ma vie est finie ! »

    #presseféminine #jeunesse