Des mannequins grandes, maigres et rvoltes

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  • Métier de rêve, suite - Des mannequins grandes, maigres et révoltées
    http://www.lemonde.fr/style/article/2012/06/05/des-mannequins-grandes-maigres-et-revoltees_1713059_1575563.html

    (via @xchewiex sur Twitter)

    La révolte gronderait-elle chez les top models ? A Rio, avant la Fashion Week qui s’est tenue fin mai, une vingtaine de mannequins noirs, hommes et femmes, ont fait un « défilé de protestation » pour exiger qu’au moins 10 % des mannequins brésiliens soient « afro-descendants » dans un pays où la moitié de la population est noire ou métisse.

    Voir aussi : A Rio, la semaine de la mode débute sur fond de tensions

    En février, à New York, les top models Sara Ziff et Coco Rocha avaient, de leur côté, lancé une association, Model Alliance, pour améliorer les conditions de travail du mannequinat aux Etats-Unis.

    Celle-ci dénonce le travail des mineurs et demande l’instauration d’un salaire minimum. Plus des deux tiers des mannequins américains souffriraient de dépression ou d’anxiété ; la moitié d’entre eux auraient commencé leur carrière entre 13 et 18 ans et plus d’un quart auraient été victimes de harcèlement sexuel.

    A noter que les Rencontres photographiques d’Arles proposeront cet été une exposition intitulée « Mannequins, le corps de la mode » :
    http://www.rencontres-arles.com/A11/C.aspx?VP3=CMS3&VF=ARL_709_VForm&FRM=Frame%3AARL_827

    Le mannequin est l’un des rouages essentiels de la diffusion des maisons de couture et des marques de prêt-à-porter. Des premières illustrations de mode du 19e siècle aux photographies de modèles, des pages de magazines, des publicités jusqu’aux vidéos, il est reproduit à l’infini. Créé par et pour la mode, il incarne les contradictions d’une industrie tiraillée entre commerce et création, dont l’une des principales activités est de produire des images.

    Empruntant son nom au mannequin en osier qui servait au 19e siècle à montrer les robes dans le salon du couturier, le mannequin vivant a pour fonction de porter les modèles des dernières collections devant les clientes comme devant l’objectif. Il gardera ce statut d’« objet inanimé » qui met en valeur les vêtements pour mieux les vendre. Pourtant le mannequin, défini comme un idéal féminin de beauté et de jeunesse, est représenté avec une perfection toute artificielle qui a pour but de séduire. Pour répondre aux besoins de rentabilité de l’économie de la mode, il est formaté, dupliqué dans des poses mécaniques, façonné par le maquillage ou par la retouche. Produit de son époque, corps modèle, le mannequin répond à des normes physiques et esthétiques qui, pour vendre du rêve, laissent peu de place à la singularité ou au réalisme.

    Ce sont les femmes de la haute société et les actrices qui, depuis le début du 20e siècle, jouent sans discontinuer les icônes de mode, apportant leur notoriété aux grandes marques et aux magazines. Les mannequins professionnels n’imposent leur visage et leur nom que plus tard. Révélées par les couturiers ou les photographes, elles sont leurs créatures, leurs muses. Célèbres, devenues stars, elles font vendre du papier glacé. Reconnaissables mais modelables, elles jouent de leur image et de leur personnalité ; pour des magazines ou des grandes marques, elles endossent des rôles de fiction sous la direction de photographes metteurs en scène. Au-delà du système de la mode, elles incarnent leurs fantasmes.

    Du mannequin anonyme à la cover-girl, du portemanteau au sex-symbol, du top model à la girl next door, les ambivalences du mannequin de mode sont au coeur de corpus photographiques qui interrogent sa valeur marchande, esthétique, humaine, ainsi que ses stéréotypes. En réunissant des images pour la plupart issues des collections de Galliera, cette exposition propose une histoire de la photographie de mode du point de vue du modèle et non plus seulement du photographe.

    #mannequinat