Cultures G » Blog Archive » Femmes violées : une affaire d’hommes (1/2)

/femmes-violees-une-affaire-dhommes-12

  • Femmes violées : une affaire d’hommes (1/2)
    http://cultures-genre.com/2012/11/09/femmes-violees-une-affaire-dhommes-12

    Si j’ai eu envie d’écrire suite au visionnage du film, c’est en raison de la représentation qui y est faite des violences sexuelles subies par un de ses personnages féminins. Bien que la thématique des violences ne soit pas centrale dans le film, il m’a semblé que la manière de les mettre en scène était suffisamment courante dans les œuvres de fiction pour justifier de s’y arrêter le temps d’un article. Partant de ce film, j’ai commencé à réfléchir à d’autres films dans lesquels la représentation des #violences_sexuelles me semblait problématique pour des raisons similaires, alors même que les scénarios en eux-mêmes différaient dans le traitement qu’ils leur réservaient.

    Je vais prendre trois exemples : l’épisode de Black Mirror mentionné ci-dessus, Lila dit ça de Ziad Doueiri (France, 2004) et Irréversible de Gaspar Noé (France, 2002). Ces trois films font des violences sexuelles subies par une femme un élément important du scénario. Or ces trois films dépeignent ces violences « de l’extérieur » : elles ne sont guère plus qu’une manière de faire progresser l’intrigue. Au fond, on pourrait dire que les violences y ont un mérite : celui de faire évoluer le héros, de lui faire prendre conscience de la triste vie qu’il mène, et éventuellement de le pousser à agir. La souffrance centrale, dans ce récit, n’est pas celle de la victime, mais celle du héros masculin. Le héros du film n’est pas la personne qui subit des violences sexuelles : il protège celle-ci (ou, justement, il échoue à le faire). De même, la personne qui visionne le film est censée s’identifier à la souffrance du héros masculin, et non à celle du personnage féminin (2).

    Reste que là encore, la violence sexuelle infligée à Lila est un accessoire du scénario, plutôt qu’un sujet en lui-même. Et que, là encore, la victime disparaît de l’écran sitôt le viol terminé, et que la souffrance qui est montrée est celle du héros masculin. C’est lui qui est tourmenté par ce qui est arrivé à son amie, et finalement, le happy end vient lorsqu’il arrive à dépasser sa douleur en exploitant son talent d’écrivain.

    en commentaire de l’article

    Dans le monde des comics, on désigne ce genre de situation sous le terme de “women in refrigerators”, un terme inventé par Gail Simone, fan de comics devenue par la suite scénariste, à partir d’une situation d’un épisode de Green Lantern où le héros trouve sa copine morte enfermée dans le frigo. Il s’agissait de désigner ce trope de la femme sacrifiée uniquement pour permettre au héros masculin d’évoluer, la personnalité et l’histoire du personnage féminin étant secondaire voire carrément négligé.

    Femmes violées : une affaire d’hommes (2/2)
    http://cultures-genre.com/2012/11/14/femmes-violees-une-affaire-dhommes-22

    Dans ce deuxième post, je m’intéresse à l’utilisation des violences sexuelles comme justification à la « conversion à la violence » de personnages masculins proches des victimes. Cette utilisation des violences sexuelles est un procédé narratif relativement répandu. Le site anglophone « TVTropes », consacré aux lieux communs fréquemment utilisés par les auteurs de fiction, qu’il s’agisse de films, de comics ou de littérature, en recense de nombreux exemples. C’est généralement l’épouse, fille, ou potentielle petite amie du héros qui est la victime collatérale de ce twist scénaristique : voir les pages “Rape and Revenge” (viol et vengeance) et “Stuffed into the Fridge” (mise au réfrigérateur) pour des exemples incluant une dynamique similaire mais basée sur l’infliction d’autres violences que le #viol.

    #cinéma #sexisme

    • Ah tiens, je me disais justement aujourd’hui que les violence faites aux femmes dans les séries du FBI/policiers ricains pur jus étaient récurrentes. D’ailleurs ce soir, ce n’était pas une femme dans un frigo mais 5 têtes ! Plus c’est gore, plus les victimes sont privées de noms, d’histoires, d’ailleurs la moitié étaient des prostituées de l’est vendues comme esclaves… sans paroles saufs des cris de terreurs, ça évite que le spectateur pleure tout en matant cette représentation sexiste et complaisante. Bon, j’avoue, bien débile.