« Tout a été fait pour étouffer l’affaire des évadés fiscaux HSBC »

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  • Quand Michèle Alliot-Marie, Ministre de la Justice, cherchait à faire détruire les éléments concernant les fraudeurs au fisc :

    Est venu un ordre de Michèle Alliot-Marie : il faut les restituer. Le procureur Eric de Montgolfier était abasourdi, il n’y croyait pas : « Je les garderai dans mon coffre. » J’ai trouvé son attitude admirable. Dès lors, MAM s’est contentée de l’envoi d’une copie en Suisse. Au minimum, elle a essayé d’entraver l’enquête.

    http://www.liberation.fr/economie/2013/07/11/tout-a-ete-fait-pour-etouffer-l-affaire-des-evades-fiscaux-hsbc_917355

    Après l’élection de François Hollande, Jérôme Cahuzac est nommé au Budget. Je me dis tout de suite : cela ne va pas encore être le bon moment…

  • « Tout a été fait pour étouffer l’affaire des évadés fiscaux #HSBC »
    http://www.liberation.fr/economie/2013/07/11/tout-a-ete-fait-pour-etouffer-l-affaire-des-evades-fiscaux-hsbc_917355

    En 2008, il avait fui la #Suisse avec les noms de plusieurs milliers d’évadés fiscaux français. Cinq ans plus tard, alors que la lutte contre la fraude se retrouve au premier plan, Hervé Falciani raconte et accuse.

    [...]

    Témoignant en votre faveur à Madrid, le procureur Eric de Montgolfier avait mis en cause la chancellerie, qui avait refusé de saisir #Eurojus afin que la traque fiscale soit coordonnée à l’échelon européen...

    J’ai été témoin de réunions avec le procureur Eric de Montgolfier. Les Suisses exigeaient alors la restitution des scellés (les fichiers HSBC copiés par Falciani, ndlr). Le procureur était d’accord pour leur envoyer une copie, mais certainement pas les rendre comme si de rien n’était. Est venu un ordre de #Michèle_Alliot-Marie : il faut les restituer. Le procureur Eric de Montgolfier était abasourdi, il n’y croyait pas : « Je les garderai dans mon coffre. » J’ai trouvé son attitude admirable. Dès lors, MAM s’est contentée de l’envoi d’une copie en Suisse. Au minimum, elle a essayé d’entraver l’enquête.

    Vous en voulez aussi à #Eric_Woerth ?

    Quand il était ministre du Budget, on s’est focalisé sur une liste de noms, en évitant d’aller plus loin sur les mécanismes de l’évasion fiscale, en stoppant les enquêtes plus générales. Woerth a brandi son listing de 3 000 noms, puis expliqué devant les députés qu’il provenait de fichiers volés ! C’est inimaginable de la part d’un responsable en charge du dossier (la Cour de cassation annulera plus tard certaines procédures fiscales en reprenant l’argument, ndlr). Un agent du #fisc m’a alors prévenu : « On va tout foutre à la poubelle, les fichiers vont être déclarés volés. » Je me pince : d’une main ils feignent de lutter contre l’ #évasion_fiscale et de l’autre ils freinent des quatre fers !

    Dans la foulée, votre nom est jeté en pâture..

    Cette divulgation ne pouvait qu’entraver l’enquête alors en cours. On m’a très vite demandé de stopper toute collaboration, alors qu’on n’avait pas abordé le fond du problème. L’explication du système s’est arrêtée aux balbutiements. On s’est alors limité à quelques clients particuliers déjà condamnés ou fichés au #STIC. Ce n’est pas cohérent : l’objectif aurait dû être non pas d’identifier ceux qui le sont déjà mais aussi de dissuader les tentations.

    C’est alors que vous partez en Espagne.

    Je savais que je me retrouverai en prison, car je faisais l’objet d’un mandat d’arrêt international. Mais j’ai choisi l’Espagne car c’est le pays le mieux outillé pour lutter contre la corruption, avec la possibilité d’y faire du bruit. Emilio Bottin, à la tête de la plus puissante banque européenne, Santander, a ainsi été redressé de 200 millions d’euros.

    Parallèlement, d’autres pays ont fait appel à vous ?

    Mi-2009, j’ai été en contact avec la justice italienne, qui avait reçu de France une liste partielle de 8 000 clients. On a entamé une démarche scientifique pour aller au-delà, révéler les prête-noms, travailler sur l’ensemble des données. Mais les Italiens n’ont pas pu récupérer le tout. Je n’ai donc pas pu les aider comme j’aurai voulu, nos contacts ont cessé mi-2011. En juin 2012, peu avant de me rendre en Espagne, j’ai été en contact avec les autorités américaines : un procureur s’est déplacé personnellement à Paris, en présence d’un magistrat français. Mais j’ai vite compris que les Américains se méfiaient des Français, qu’ils prennent pour des alliés des Suisses… Je veux rappeler que dans l’héritage de Nicolas Sarkozy, il y a le fait que #Panama soit sorti de la liste noire des paradis fiscaux. Ce n’est pas anodin car tout l’immobilier louche se retrouve là-bas. Sarkozy a fait obstruction sur le plus grand dossier fiscal de l’histoire, il est le premier président à bénéficier d’autant de données et n’en a rien fait. Sauf à consolider une des places financières les plus toxiques par son opacité.

    [...]

    #Cahuzac