C’est arrivé pres de chez vous : Petit Gregory

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  • • Le festival de jazz de Montreux utilise l’image du petit Grégory dans une publicité
    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/07/16/gaffe-le-festival-de-jazz-de-montreux-utilise-limage-du-peti

    Le graphiste, « qui n’est pas un professionnel et manque d’expérience » selon le festival, a « cherché une image d’enfant sur Google images » – une première erreur, la probabilité étant forte de tomber sur une image qui n’est pas libre de droits. Il voit cette photographie qui circule dans tous les médias français depuis trente ans, montrant le petit garçon souriant, la choisit."Il est jeune, étranger, ne connaît pas l’affaire", déplore le festival.

    Si on faisait pareil avec les chirurgiens ? Il est pas chirurgien mais boulanger : « Il a retiré un organe qu’il trouvait d’une couleur douteuse mais c’était pas le bon… »

    • Leurs efforts sont amusants. Ils disent « le journal emploie durant le festival des jeunes en formation pour la mise en page ». Ils parlent tous d’un « jeune graphiste ignorant », un garçon de 20 ans, qui n’est « pas un professionnel » et « manque d’expérience »... En terme courant, on dit « stagiaire », mais (à 23h59) il n’y a pas un journaliste pour écrire le mot.

    • J’aimerais bien savoir par quels mots-clés il est tombé sur cette image ; « enfant » et « enfant souriant » ne la montrent pas. Mais il s’agit peut-être d’une blague (de mauvais goût) qu’ils ne peuvent pas assumer, et qu’il est plus facile de mettre sur le dos de google images ? Simple interrogation.
      Cela dit n’en tirons pas non plus des généralités sur les stagiaires ; les « pros » font aussi parfois des big mistakes, voire, se spécialisent dans la connerie.

    • Mauvais goût, mauvais goût…
      http://www.youtube.com/watch?v=W1uvQeuqvsE

      Sinon, la défense des professionnels de la profession qui ne se plantent jamais me fait globalement chier. Comme beaucoup de gens, je n’ai jamais exercé le métier que j’ai appris à l’école, et aucune des activités que j’exerce pour gagner ma vie n’a été apprise à l’école.

      Quant à comparer les graphistes et les iconographes aux chirurgiens, c’est idiot : avant qu’un graphiste tue quelqu’un parce qu’il s’est raté sous Photoshop, il y a tout de même un monde.

    • C’est pas la peine de passer d’un extrême à l’autre « la défense des professionnels de la profession qui ne se plantent jamais ». On sait bien que ces professions (graphistes, photographes, maquettistes… sont attaquées de partout pour réduire les coûts. Les conséquences sont multiples : perte de savoir faire (mais pas de toute puissance), disparition d’un secteur économique, perte de confiance accrue envers les médias, appauvrissement informationnel…
      La petite guéguerre entre professionnels et amateurs ne m’intéresse pas, cette bataille d’égos mal placé occupe un peu partout les commentaires des blogs mais ça ne fait rien avancer.
      Enfin un chirurgien amateur tue le patient, la gestion en amateur de l’information tue la démocratie. Le choix d’une comparaison extrême est là pour faire réfléchir sur un champ large permettant en principe à chacun de revenir sur le sujet en apportant des nuances, peut-être que l’exemple était mal choisi parce que là, ça ne semble pas avoir été compris…

    • L’exemple est mauvais parce que l’importance du graphisme dans la société est totalement dérisoire par rapport à celle de la médecine, et que les conséquences d’un graphisme laid sont… la laideur. Pas terrible, mais supportable.

    • Je ne vois pas comment on peut lire ton poste autrement que sous l’angle corporatiste :
      – tu cites une histoire qui dit qu’ils ont fait bosser un « non professionnel », qui « manque d’expérience » (et qui s’est bien planté),
      – ensuite tu demandes si on ferait la même chose avec un chirurgien (or, justement, le métier de chirurgien est strictement régulé par l’obtention d’un diplôme).

      La réponse à la seconde partie étant évidemment « non », la seule lecture possible est qu’il ne faudrait pas autoriser un « non professionnel » ou qui « manque d’expérience » à réaliser le petit coupon signalant qu’il y a une garderie gratuite dans ce concert.

      On peut tout aussi bien interdire l’utilisation dans un cadre professionnel de logiciels réalisés par des non-diplômés de l’informatique (parce que les conditions de travail des informaticiens diplômés ne sont pas roses, parce que la diffusion de mauvais code informatique est dangereux pour la société…).

      Au passage, désormais le journalisme est très largement exercé par des gens diplômés qui ont appris le métier dans des écoles de journalisme – alors que c’était totalement faux il y a quelques décennies –, je ne vois pas qu’on ait ni gagné en qualité de la vie démocratique, ni, surtout, en protection des droits sociaux des journalistes.

    • Pour que ça advienne, il a dut manquer des cases dans la fabrication ! ils n’ont trouvé personne pour relire avant publication ? La liaison avec un chirurgien ne me choque pas, cela arrive quand on réduit les effectifs drastiquement, que l’on ne donne plus le temps, ou que le seuil de connaissance s’effondre. La médecine, comme les transports, comme le spectacle, n’échappe pas à la logique marchande. Je défends l’idée de métier, même si il est le fait d’amateurs. Que le graphiste soit inexpérimenté, soit, mais laisser passer une bourde pareille c’est géant, en fait le festival n’a pas de garderie et à trouver ça pour que les parents renoncent à laisser leurs enfants …
      #éducation_à_l'image

    • Je crois que @touti met le doigt là où ça fait mal : le fait que leur chaîne graphique avait l’air bien courte et manquait cruellement de postes de validation (ou alors, effectivement, de gens avec un bagage minimum de #culture_visuelle).
      Perso, quand je rend un taff, y en a toujours pour une éternité de va et vient parce qu’il faut bouger le sous-titre de 3 pixels, que le second annonceur en partant du verso, il est 4 pixels trop petit ou que le rendu du jaune tire plus sur la pisse que le canari et surtout, parce que tout le monde trouve très important d’ajouter son grain de sel et d’étaler sa propre inculture graphique.

      Aussi un exemple où l’expression aliénante de la #dead_line prend toute sa saveur.

    • (a) Oui, enfin, « éducation à l’image », parce que vous vous l’auriez forcément reconnue, cette photo ? Moi pas. Ça date de 1984, et depuis, disons, 1990, je prends un soin extrême à ignorer avec autant de soin que possible les faits divers. Marc Dutroux, par exemple, je connais son nom mais je n’ai aucune idée de sa tête – alors je serais assez capable de faire une belle boulette si je devais faire une affiche pour recruter des animateurs de centre aéré.

      Il se trouve que j’ai des étudiants graphistes, je suis donc assez pour leur transmettre l’amour du métier bien fait, mais désormais ces jeunes gens sont nés l’année de la mort du petit Grégory. Ils acquièrent une belle culture de l’image, ils ont des cours de sémiologie, des conférences hebdomadaires, ils connaissent le petit nom de tous les typographes vivants ou morts, savent reconnaître n’importe quelle police de caractère rien qu’en regardant le g minuscule… mais je ne crois pas que reconnaître la tête du petit Grégory fasse partie des choses qu’ils apprennent pour obtenir leur diplôme.

      (b) Sinon, que Montreux ait une chaîne de production de ses communications graphiques raccourcie, je trouverais ça plutôt sympa. Bosser avec en face une chaîne de décision qui remonte jusqu’au ministre, j’ai donné : ça ne produit pas plus de qualité et ça n’améliore en rien les conditions sociales des travailleurs-travailleuses de l’industrie graphique.

    • Non mais @arno, justement, qu’ils connaissent ou pas, ils savent a priori au minimum que pour utiliser une image, il faut l’identifier assez précisément (origine, auteurs, licences, etc). La technique google image au hasard et c’est réglé me parait effectivement relever du niveau 0 des compétences en icono.

    • Niveau 0, certainement pas. Je n’ai jamais constaté que les graphistes professionnels (ni même les journalistes) étaient particulièrement compétents en matière de droit d’auteurs. (Nous on en bouffe depuis des années à cause des problématiques Web, c’est vraiment très différent.) Si en plus tu jettes une poignée de « creative commons » là-dedans (c’est tout de même ce qui justifie l’idée de « photos récupérées sur le Web »), tu n’as plus beaucoup de professionnels qui comprennent quoi que ce soit (tu sais à quel point je suis obligé d’expliquer à plein de gens parfaitement professionnels les problématiques de droits avec les webfonts ?). Accessoirement (en fait, pas accessoirement du tout), je ne suis pas d’accord pour qu’on mette les problématiques de droit d’auteur dans la catégorie « niveau 0 » et « éducation à l’image » (même si c’est moi qui fait le cours sur les droits d’auteur à nos étudiants, pour pas qu’ils se fadent justement le discours qui oublie que ce sont eux qui produisent du droit d’auteur, alors qu’on ne leur parle que de leur obligation de respecter celui d’Adobe, et parce que j’en ai besoin pour leur présenter les notions du libre).

    • La technique google image au hasard et c’est réglé me parait effectivement relever du niveau 0 des compétences en icono.

      disais-je. Que chercher une licence ne soit pas si évident, OK, ce sera plus haut que le niveau 1, pour continuer cette merveilleuse métaphore, mais ça n’empêche pas que se contenter de copier une image sur google image sans l’identifier davantage (avant la question de la licence, OK) correspond à un niveau 0 de l’icono.

      Par ailleurs, il n’est pas impossible que certains graphistes soient excellents en… graphisme, mais nuls en icono.

    • @arno* tu as mal interprété mon message et je reprends la phrase de @touti « Je défends l’idée de métier, même si il est le fait d’amateurs. »
      Puisque tout le monde y va de sa bio perso pour argumenter, moi aussi j’ai appris mon métier (photographe) sur le tas. Comme tout métier il faut avoir quelques compétences techniques (mais de moins en moins avec les avancées positives des nouveaux appareils), une pratique esthétique (cadrage, notion de perspective, histoire de la photo, de la peinture, culture générale, etc), les codes de bases (quitte à en transgresser certains) (respect des gens photographiés, droits divers, hiérarchie implicite, etc)… tout cela ne fait pas que l’on est forcément un photographe génial et n’empêche pas des amateurs de faire de meilleures images ou d’être plus respectueux des gens mais c’est un cadre qui permet de constituer une chaine de confiance de la personne photographiée à celle qui lit le journal (en passant par tous les intermédiaire).
      Pour l’exemple présent, le problème n’est pas l’amateur qui a fait l’affiche mais l’organisation qui a pris une personne non qualifiée pour ne pas la payer, non encadrée pour ne pas perdre de temps à la former, non protégée par un système de validation minimal des conséquences de ses erreurs…
      Dans le journalisme, quand on te vole une image, on envoie toujours un stagiaire pleurer au téléphone qui te dit qu’il savait pas, qu’il va être viré si tu continues à réclamer d’être payer, etc.
      Pour finir par l’exemple du chirurgien, il y a pleins de médecins étrangers qui n’obtiennent à qui on ne donne pas l’équivalence du diplôme en France et que l’on utilise, malgré tout à des postes de responsabilités en les payant moins. Ok, ils ont les compétences mais à la moindre erreur, ils ne sont protégé de rien. Ce phénomène gagne le milieu des infirmières à qui on fait faire des actes de médecin (et là, elles n’ont pas forcément le niveau quand elles sont jeunes, après, elles apprennent malgré tout sur le terrain).
      Cette affaire est simplement symptomatique du système libéral tout azimut.

    • Juste pour préciser mon propos sur l’amateur, pour moi il n’y a là rien de dévalorisant, héritage d’une lecture de Godard, l’amateur est celui qui aime. En l’occurence, là, ce n’est pas un amateur, c’est un inculte ;)

    • @peweck Je suis déjà plus d’accord dit comme ça.

      Mais sans perdre de vue, tout de même, que l’on parle de métiers qui n’existent que depuis récemment, de techniques récentes, voire de métiers qui ont déjà pris la place d’autres métiers.

      L’« information commerciale » et la réclame annonçant qu’un lieu de récréation infanticide sera gracieusement mis à disposition des enfants des invités de madame la Sous-Préfète, ce n’était pas fait par un « graphiste », il n’y avait pas de photo prise par un photographe en dessous du texte. C’était au plomb, monté directement par un ouvrier typographe, et fallait pas trop le faire chier parce qu’on va pas y passer la journée.

      Dans ce genre de discussions sur l’amour du métier, il y a toujours la notion de perte de compétences et de savoir-faire, et de destruction de métiers par le libéralisme économique. Je veux bien, mais en l’occurrence c’est une petite information commerciale bien pérave dans un journal. Ça ne bénéficie d’un traitement graphique que depuis une cinquantaine d’années, sinon c’était monté par l’ouvrier typographe directos, et depuis cinquante ans, c’est de toute façon un truc toujours moche. Il y avait d’assez bonnes parodies dans le Livre des Nuls, façon pubs dans Spiderman en 1982. Dans les compilations de conneries imprimées, ce genre de petits encarts occupe toujours la meilleure place.

      Ce dont on parle, là, ça n’a jamais été bien glorieux, jamais cher et jamais confié à des graphistes de haut niveau. Personne ne s’est jamais payé Alexey Brodovitch pour faire ce genre de chose. Si on veut pousser le bouchon, on pourrait même dire c’est des trucs qui permettent de faire travailler des gens qui ne sont pas des pointures, et ça permet aux débutants de se former. Mais avant-avant, ça n’existait pas sous cette forme, il n’y a pas grand chose qui s’est perdu.