Manifeste pour une Nouvelle presse (en Suisse)

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  • La revue est-elle le futur du journalisme ? Entretien avec Adrien Bosc, fondateur de Feuilleton
    http://ragemag.fr/entretien-avec-adrien-bosc-fondateur-de-la-revue-feuilleton-67005

    À la dématérialisation répond toujours une espèce de mouvement contradictoire. C’est-à-dire que plus on est dans la rapidité et dans la dématérialisation, plus y répond une demande surannée. Et, sans vouloir être prétentieux, on citait pour illustrer ce principe l’essai d’un spécialiste des médias allemand du début du siècle qui s’appelait Wolfgang Riepl, et dont l’ouvrage s’intitulait « De la circulation de l’information dans l’Antiquité, plus précisément chez les Romains » – c’est pour ça que je dis que ça peut sonner prétentieux. Il explique qu’un nouveau média ne supplante jamais l’ancien mais l’oblige à se radicaliser sur ce qui fait sa spécificité. Dit comme ça, c’est très juste sur ce qui se passe actuellement. La radio n’est jamais morte de l’arrivée de la télévision. L’arrivée d’internet a radicalisé les journaux sur ce qui fait leur spécificité. Et ceux qui sont en train de crever sont ceux qui ne se sont pas radicalisés.

  • Manifeste pour une Nouvelle presse (en Suisse) - Fabio Lo Verso (2013)
    http://www.editions-paulette.ch/catalogue/2-manifeste-pour-une-nouvelle-presse-en-suisse.html

    J’aime bien La Cité, qui est un très beau journal avec de longs articles vraiment chouettes. Un super projet. Mais je suis loin d’être d’accord avec tout ce qu’il y a dans ce #livre.

    Fondateur de La Cité, Fabio Lo Verso dresse un portrait lucide de la presse traditionnelle. Etouffée par les exigences de rentabilité et par la chute des revenus publicitaires, elle est aujourd’hui confrontée à des licenciements en masse et à une dure réalité : internet n’a pas été le miracle que tout le monde attendait. Que faire, dès lors qu’on reconnaît la vertu cardinale d’une #presse libre en #démocratie ? 
    Qu’est-ce que le #journalisme, au fond ? Quel prix donner à l’#information indépendante ? Mais surtout quel nouveau modèle pour corriger les défaillances de l’ancien ? C’est à ces questions que la nouvelle presse se propose d’apporter une réponse : humaniste, libre, ni marchande, ni militante.

    Le portrait de la « presse traditionnelle », de la financiarisation du secteur, notamment en Suisse avec un éditeur qui exige 15% de rentabilité sur chaque titre, est vraiment nécessaire.

    En revanche la critique de la presse « militante » me semble un peu courte : comme on le voit dans l’actu, des frères Koch à Obama, ce que les pouvoirs reprochent à n’importe quel journaliste qui les gêne, c’est qu’il est « militant », et à ce titre perdrait sa qualité de journaliste. Qu’on rejette une presse inféodée à un parti ou qui perd tout esprit critique une fois qu’elle s’est engagée dans une campagne, d’accord ; mais peut-on généraliser ainsi ? Alors que les journalistes les plus courageux sont très souvent aussi « militants » ?
    Se croire au-dessus de la mêlée, c’est un peu masquer le fait qu’on a tous nos à prioris, une ouverture d’esprit limitée, des centres d’intérêt étriqués, une difficulté à percevoir quelque chose de neuf qui n’entre pas dans notre schéma de pensée, etc.

    A mon sens d’ailleurs, c’est entre autres à ça que peut être utile Internet, pour un journal : via la communauté de lecteurs/participants, activer un feedback qui peut pousser ceux qui s’expriment publiquement à plus d’honnêteté intellectuelle (du moins tant qu’ils jouent le jeu), à plus de finesse dans leurs faits et leurs choix.

    La critique que Fabio Lo Verso fait d’Internet me semble aussi manquer de précision ; les journaux se seraient tiré une balle dans le pied en investissant comme des fous dans le net ; on peut le penser, mais est-ce que ceux-là ont investi comme il fallait ? D’autres s’en sortent bien après de grands investissements et plusieurs changements de stratégie ; d’autres encore, après avoir dépensé très peu d’argent. On ne peut pas faire un grand sac et y jeter tous les sites de presse.

    Très intéressante, en revanche, l’approche consistant à dire qu’on doit mettre en semble « ceux qui font » les journaux et « ceux qui les lisent », et se débarrasser de « ceux qui financent ». D’autant que La Cité met ça en place avec une structure à but non lucratif, une association de lecteurs-donateurs-impliqués, du #crowdfunding, des abonnements au prix relativement élevé (200 FRS), des journalistes bénévoles tant qu’il n’y a pas assez d’abonnés (il en faudrait 5000)… Intéressant, et courageux. Mais, est-ce que ça marche ? Est-ce qu’on ne pourrait pas faire mieux … avec Internet ? La question reste ouverte.

    Vers la fin il nous parle (avec Schiffrin) du modèle norvégien, qui a l’air plutôt intéressant : subventions d’Etat aux journaux de tirage moyen. Et de ProPublica (financement privé par des milliardaires d’enquêtes qui pourront ensuite être publiées [ou pas] dans le NYT).

    (et un grand merci @cdb_77 qui m’a permis de lire ce bouquin, qui n’est disponible… qu’en Suisse !)

    P.S. : Pourquoi La Cité revoit ses tarifs | La Cité
    http://www.lacite.info/pourquoi-la-cite-revoit-ses-tarifs

    Combien « pèse » un abonnement dans la vie d’un journal ? C’est une question centrale pour un titre comme La Cité, qui tire ses « moyens d’existence » des souscriptions de ses lecteurs.