« Oui mais quand même, la religion, c’est mal »

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  • Ça me gave sérieusement, les innombrables messages de défense des religions qu’on voit un peu partout, même ici, et qui nous expliquent que les religions ne sont pour rien dans l’intégrisme, qu’il ne faut pas faire d’amalgames, qu’il ne faut pas offenser les sentiments des croyants, et autres fadaises. Je vais donc citer des gens (trouvés au hasard via Google) qui savent parler des religions : « le retour de l’influence religieuse dans la vie politique et sociale est une réalité : de la remise en cause de l’IVG, aux ingérences dans les programmes scolaires, aux manifestations contre l’égalité des droits pour les homosexuel-le-s jusqu’aux tentatives d’interdire le droit au blasphème et au delà toute critique des religions et des dogmes sacrés, »

    http://fa-perigueux.blogspot.fr/2015/01/a-bas-lobscurantisme-et-tous-les.html

    #religion #obscurantisme #religiophobe_et_fier_de_l'être

    • Lutter contre l’obscurantisme ouais ok pas de problème.

      Taper sur les juifs et les musulmans non, parce que ce sont des religions stigmatisées qui n’ont ni le poids, ni les privilèges qu’ont les chrétiens (et les personnes de culture chrétienne) en France.

      Tu remarqueras d’ailleurs que dans tous les exemples de pression religieuse qui sont fournis ici, ce sont les chrétiens qui les propagent.

      Quant à l’interdiction de toute critique des religions… Faudrait voir à pas se croire aux États-Unis, les anti-théistes ne subissent RIEN ici.

      #christianophobie

    • @Alda Il faut avoir une perspective un peu moins franco-française. En
      France, la perspective d’une prise de pouvoir par les intégristes
      islamistes n’est pas d’actualité (à part dans les fantasmes de
      Houellebecq), au niveau mondial, plusieurs pays les ont déjà au
      pouvoir.

      Dans les exemples cités par le tract anarchiste, il est faux de dire
      qu’il n’y a que des cas d’attaques par la religion chrétienne
      (« tentatives d’interdire le droit au blasphème et au delà toute
      critique des religions et des dogmes sacrés », ça concerne tout autant
      la religion musulmane). Le tract en question prenait bien soin de
      taper sur toutes les religions mais, effectivement, je constate (entre
      autres sur SeenThis) qu’il ya une tendance à essayer d’excuser
      certaines religions, sans raison objective.

      Quant à dire que « les anti-théistes ne subissent RIEN ici », c’est
      délirant et honteux, après l’attentat contre #Charlie_Hebdo.

    • Quant à dire que « les anti-théistes ne subissent RIEN ici », c’est délirant et honteux, après l’attentat contre #Charlie_Hebdo.

      Un attentat contre un journal ne crée pas un système oppressif. Les victimes sont largement défendues (on aurait même plutôt tendance à en faire des martyr, ce qui est plutôt ironique…), les auteurs sont largement condamnés et je doute fortement qu’une telle situation devienne monnaie courante. Donc non, les anti-théistes ne subissent RIEN ici.

      Quand à la perspective moins franco-française, je sais bien que des pays ont des intégristes au pouvoir. Mais lutter contre les croyants non-chrétiens en France ne va pas changer la situation de ces pays et ça ne va certainement pas aider les pratiquants de ces religions à vivre mieux.

    • Pour moi le pire danger ne vient pas des religions en elles mêmes, mais de ceux qui veulent les classer, qu’ils soient dedans ou à l’extérieurs.
      Cette hiérarchisation est une forme dérivée du racisme, avec une incidence sociale équivalente, potentiellement aussi affreuse.

      Et donc en 2015, des mecs du « monde libre » se permettent de continuer à classer, hiérarchiser des individus en fonctions de critères sociaux, de leur appartenance religieuse.
      Ils dénoncent le choc des civilisations mais l’alimentent en même temps avec leurs discours irresponsables.
      Exemple (ici il parle de la religion, mais derrière c’est bien les humains qui sont visés..)

      L’Islam, car c’est bien de l’Islam qu’il s’agit, est une religion très jeune. Dans la religion juive, la première de celles qui n’honorent qu’un seul dieu, on prie debout. Dans le Christianisme qui lui a succédé on prie à genoux. Et dans la toute dernière on se prosterne en signe de soumission. Plus bas toujours plus bas...
      Mais la jeunesse a une vitalité et une fougue qu’on ne trouve ni chez les juifs ni chez les chrétiens. L’Islam est en effet de 7 siècles plus jeune que le Christianisme (par rapport au Judaïsme cela se compte en milliers d’années). Nous sommes en 2015. Mais pour les musulmans c’est 1315 (selon notre calendrier). Chez nous en 1315 les bûchers de l’Inquisition flambaient dans toute l’Europe. On égorgeait les Juifs. On torturait les mécréants. On massacrait les païens. Il va donc falloir, s’agissant de l’Islam, nous armer de patience...

      http://www.atlantico.fr/decryptage/regardez-bien-cette-couverture-personne-ete-tue-cause-elle-benoit-rayski-1

    • Imagine si les musulmans sont tenus responsables de tarés islamistes assassins il faut aussi demander aux arabes dont certains sont musulmans, puis aux africains dont certains sont arabes, puis aux chinois dont certains sont noirs, puis aux noirs dont certains sont américains, puis aux français, russes, juifs, bouddhistes … de se sentir coupables… (comme de bons chrétiens ?) ! et donc de laisser les racistes les martyriser, comme ce genre de fait le montre :

      http://www.20minutes.fr/societe/1513199-20150108-isere-agression-raciste-marge-minute-silence-charlie-hebd

      Un lycéen de 17 ans, d’origine maghrébine, a été frappé jeudi par un groupe de quatre ou cinq personnes à Bourgoin-Jallieu (Isère), en marge de la minute de silence observée devant son lycée

      –---

      On est bien d’accord sinon

      La religion est le polonium du peuple !

      (dessin paru dans Charlie suite à l’érection de Jean-Paul 2 à Ploermel)

    • @koldobika Oui, en effet, tout à fait ce que je dénonçais : en France, aujourd’hui, on ne peut pas attaquer l’intégrisme sans être taxé de religiophobie (terme que j’endosse complètement).

      Mais, bon, je ne suis pas trop inquiet pour l’avenir. Ceux qui pleurnichent quand on attaque l’intégrisme, qui vous traitent de religiophobe dès qu’on critique les religions, qui demandent q’on fasse leur place aux religions, ceux-là seront les premiers mis en camp de concentration par Daech ou LMPT quand ceux-ci arriveront au pouvoir.

    • La religion est le polonium du peuple !

      Dans mon souvenir, c’était le titre d’un communiqué de la BAC (canal historique) dont le texte complet était :

      Dans notre combat commun contre la séparation du spirituel et du temporaire, la BAC salue la contribution notable de Paul Anselin qui enchaîne mauvaises blagues sur mauvaises blagues à un rythme effréné. Il renouvelle ainsi toutes les références dans le domaine du parc à thèmes en proposant une reconstitution fidèle du village du prisonnier : vidéosurveillance permanente, sonorisation lancinante et statuaire ubuesque…
      Ainsi, ce n’est rien de moins que Dieu que la BAC a dépêché pour participer aux festivités de l’inauguration de la statue de Popole 2. Dès son apparition, les forces de l’ordre envoûtées se portèrent à sa rencontre.

    • @ktche, en effet, c’était une phrase des clowns de la BAC pour l’inauguration de la statue, on avait d’ailleurs fait route ensemble. Les opposants n’étaient vraiment pas nombreux à être présents et les clowns de la BAC avec leur papamobile se sont fait sortir manu militari par les flics avant même d’arriver à la statue. Je me suis retrouvée seule (car non déguisée) pour attendre le moment ou Anselin a donné la parole à l’infâme Adler et jusqu’à ce qu’on me torde le bras et me sorte à mon tour j’ai hurlé ces mots. Voila, je me souviens que le dessin de Charlie m’avait fait sentir moins seule, il représentait la foule et une petite bulle qui en sortait pour crier « La religion est le polonium du peuple ! »

    • @Bortzmeyer Je suis également religiophobe - est-ce incompatible avec la reconnaissance de la religion comme fait personnel et non comme un objet de débat public ? On n’a quand même pas obtenu la séparation de l’église et de l’état pour ensuite légitimer la discussion publique du fait religieux comme si ceux qui ont une foi en commun partagent aussi la responsabilité des actes d’une fraction d’entre eux. Une religion n’est pas un parti politique, même si certains choisissent la religion comme programme politique - c’est ce programme politique qu’il est nécessaire d’attaquer et non l’étiquette religieuse amalgamatoire qui est collé dessus.

  • Une géographie de l’Islam classique - Fernand Braudel
    http://bougnoulosophe.blogspot.fr/2009/08/une-geographie-de-lislam.html
    chez @le_bougnoulosophe

    L’Islam c’est une longue route qui de l’océan Atlantique à l’Océan Pacifique perce la masse puissante et rigide du Vieux Monde. Rome n’a pas fait davantage quand elle a constitué l’unité de la Méditerranée.

    L’Islam, c’est donc cette chance historique qui, à partir du VIIe siècle, en a fait l’unificateur du Vieux monde. Entre ces masses denses d’hommes : l’Europe au sens large, les Afriques Noires, l’Extrême-Orient, il détient les passages obligés et vit de sa fonction profitable d’intermédiaire. Rien ne transite qui ne le veille ou ne le tolère. Pour ce monde solide, où manque, au centre, la souplesse de larges routes marines, l’Islam est ce que sera plus tard l’Europe triomphante à l’échelle de la planète, une économie, une civilisation dominante.

    Forcément cette grandeur a ses faiblesses : le manque d’hommes chroniques ; une technique imparfaite ; des querelles intérieures dont la religion est le prétexte autant que le fondement ; la difficulté congénitale, pour le premier Islam, à se saisir des déserts froids, à les écluser au moins à la hauteur du Turkestan ou de l’Iran. Là est le point faible de l’ensemble au voisinage ou en arrière de la porte de Dzoungarie http://fr.wikipedia.org/wiki/Dzoungarie, ente le double danger mongol et turc.

    Dernière faiblesse : l’Islam est prisonnier bientôt d’une certaine réussite, de ce sentiment confortable d’être au centre du monde, d’avoir trouvé les solutions efficaces, de ne pas avoir à en chercher d’autres. Les navigateurs arabes connaissent les deux faces de l’Afrique Noire, l’atlantique et l’indienne, ils soupçonnent que l’Océan les rejoint et ils ne s’en soucient pas…

    Sur quoi arrive, avec le XVe siècle, l’immense succès des Turcs : un second Islam, un second ordre islamique, lié celui-là à la terre, au cavalier, au soldat. « Nordique » et, par la possession des Balkans, terriblement enfoncé en Europe. Le premier Islam avait abouti en Espagne en fin de course. Le cœur de l’aventure de Osmanlis se situe en Europe et dans une ville maritime qui les emportera, les trahira aussi. Cet acharnement d’Istanbul à sédentariser, à organiser, à planifier est de style européen.

    Il engage les Sultans dans des conflits périmés, leur cache les vrais problèmes. En 1529, ne pas creuser un canal de Suez cependant commencé ; en 1538, ne pas s’engager à fond dans la lutte contre les Portugais et se heurter à la Perse dans une guerre fratricide, au milieu du vide des confins ; en 1569, rater la conquête de la Basse-Volga et ne pas rouvrir la Route de la Soie, se perdre dans des guerres inutiles de Méditerranée alors que le problème est de sortir de ce monde enchanté : autant d’occasions perdues !… »

    (Fernand Braudel, La Méditerranée)

    #islam #histoire
    pour la perception historique de l’Islam depuis l’Europe voir aussi http://www.parutions.com/pages/1-4-5-869.html
    et écho avec cette analyse de @mona reprenant Liogier http://seenthis.net/messages/164388

  • « Tout le monde peut devenir, en quelque sorte, un musulman de substitution. Les ennemis sont les minorités quelles qu’elles soient. Le vrai peuple peut aussi redevenir le Blanc persécuté, et même poursuivi, par les minorités ethno-culturelles qui le poussent à fuir les banlieues de Paris, Bruxelles, Londres. Tandis que les « multiculturalistes », parfois nommés , « bobos » ou « post-soixante-huitards », bref les traîtres par excellence, coulent une existence insouciante dans les centres-villes huppés, d’où ils font la loi dominant le monde et écrasant le vrai peuple. C’est là le message du géographe Christophe Guilluy , un des initiateurs de la Gauche populaire (à côté de parlementaires socialistes comme Laurent Baumel), qui a inspiré Nicolas Sarkozy tout en intéressant François Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012. Pour lui, le vrai peuple de gauche, les classes populaires blanches, équivalent des classes moyennes (les petits employés), qui représenteraient 60 % de la population, sont exclues des grandes métropoles branchées sur la mondialisation par deux groupes d’ennemis : d’un côté, les minorités ethno-culturelles des grandes périphéries urbaines ; de l’autre, les « bobos » qui tiennent les centres-villes et le pouvoir symbolique, institutionnel et économique. Ses thèses ont un franc succès à droite comme à gauche : elles sont citées par Marine Le Pen, et pourtant très prisées au sein du PS, avec de puissants relais comme la Fondation Jean-Jaurès. Le petit employé blanc méprisé, délaissé, et pourtant majoritaire, est poussé vers les petites villes de campagne. Les tenants de la Gauche populaire (au sein du PS) ont beau vouloir se distinguer des membres de la Droite populaire et de la Droite forte (au sein de l’UMP), il n’empêche qu’ils désignent plus ou moins implicitement les mêmes ennemis (les minorités ethno-culturelles des « quartiers ») et les mêmes traîtres (les « bobos » multiculturalistes des grandes métropoles). »

    [ Raphael Liogier , Ce populisme qui vient ]

    • Là où c’est comique c’est quand ces « Blancs » qui défendent leurs « racines » viennent cracher sur les Bretons, Basques, Catalans ou Corses, pourtant tout aussi « blancs » et « périphériques » qu’eux selons leurs concepts, mais qu’ils accusent de communautarisme et de chercher à détruire leur joli état-nation auquel ils s’accrochent mordicus. Attitude incarnée par exemple par les chevènementistes et les lepénistes, qui partagent également le terme de « balkanisation ».
      Finalement on dirait que ce qui leur fout la trouille c’est la non-homogénéité. ça me fait penser à ce que dit @mona dans le dernier paragraphe de cet article http://seenthis.net/messages/164388