Les enfants ne savent pas se servir d’un ordinateur et vous devriez vous en inquiéter.

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  • Les enfants ne savent pas se servir d’un ordinateur et vous devriez vous en inquiéter. | Nicolas Le Gland
    https://nicolaslegland.wordpress.com/2013/08/15/les-enfants-ne-savent-pas-se-servir-dun-ordinateur

    « Alors, qu’est-ce que vous enseignez, a-t-elle demandé pendant que je travaillais sur sa présentation ?
    -- L’informatique, répondis-je.
    -- Oh… Je suppose que de nos jours, vous devez trouver que les gamins en savent plus sur les ordinateurs que leurs professeurs… »

    (...)
    Il y a évidemment des variantes de la phrase, qui toutes, vantent les capacités techniques des enfants d’aujourd’hui. Ma préférée vient de parents. « Oh, Johnny n’aura aucun problème pour l’informatique au bac 6, il est toujours sur son ordinateur à la maison. » Les parents ont cette impression assez vague que les heures passées chaque soir sur Facebook et YouTube devraient se transformer, par une sorte d’osmose cybernétique, en compétence PHP, HTML, JavaScript et Haskell.

    #Informatique

    • L’école

      Quand il est devenu évident que les ordinateurs allaient prendre de l’importance, le gouvernement britannique a reconnu que les nouvelles technologies11 devraient probablement faire partie du tronc commun dans les écoles. Étant eux-mêmes un tas d’analphabètes, les politiciens et leurs conseillers se sont tournés vers l’industrie pour lui demander ce qu’il fallait inclure dans le nouveau programme. À l’époque, il n’y avait qu’une seule industrie, et c’était Microsoft et son monopole. <sarcasm>Microsoft a longuement réfléchi à ce qui devrait être inclus dans le cursus et, après mûre réflexion, ils ont conseillé que les élèves devraient apprendre à utiliser des logiciels de bureautique.</sarcasm> Et ainsi est né le programme. <sarcasm>Les écoles ont longuement réfléchi à quels logiciels de bureautique il serait le plus approprié d’enseigner et, après mûre réflexion, ils ont choisi Microsoft Office.</sarcasm> C’est ainsi que, depuis 2000, les écoles ont enseigné des compétences Microsoft à leurs élèves (des compétences Adobe ont été introduites peu après).

      Mais le programme n’est pas le seul domaine dans lequel nous nous sommes plantés. Les infrastructures réseau des écoles du Royaume-Uni sont tout autant à blâmer. Nous avons imité les réseaux d’entreprise, en empêchant les enfants et les enseignants d’accéder aux paramètres du système, à la ligne de commande et en exigeant des droits d’administrateur pour faire quoi que ce soit. Ils sont assis devant un ordinateur généraliste sans pouvoir faire de l’informatique générique. Ils ont accès à quelques applications et c’est tout. Les ordinateurs accédent à Internet au travers de serveurs proxy qui filtrent agressivement tout ce qui ne serait pas aussi insipide que Wikipédia, et la plupart des écoles ont un logiciel de filtrage supplémentaire de sorte qu’ils puissent maintenir une liste blanche de « sites appropriés ».

    • Je link avec les propos d’un phallosophe dont on a discuter ici :
      https://seenthis.net/messages/519528

      Plus intéressante est l’intelligence connective que les réseaux sociaux développent. Elle n’est pas ni l’intelligence individuelle d’érudition ni l’intelligence collective des manifestations et du syndicalisme... Des jeunes deviennent superintelligents parce qu’ils sont connectés et qu’ils échangent. Il y a une augmentation générale de l’intelligence humaine.

    • http://edunathon.org/index.php/dernieres-nouvelles

      LE COLLECTIF ÉDUNATHON DÉNONCE LE RECOURS AU « MÉCÉNAT » DES MULTINATIONALES POUR FINANCER LE NUMÉRIQUE À L’ÉCOLE.

      Les membres du collectif et leurs soutiens se félicitent de la tenue de l’audience en référé, le 8 septembre à Paris, opposant EduNathon au Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MENESR) et Microsoft au sujet de la convention signée en fin novembre 2015.
      Elles attendent mantenant le rendu des délibérations prévu pour le jeudi 15 septembre.

  • Les enfants ne savent pas se servir d’un ordinateur et vous devriez vous en inquiéter.
    http://nicolaslegland.wordpress.com/2013/08/15/les-enfants-ne-savent-pas-se-servir-dun-ordinateur

    Marc Scott est professeur d’informatique en collège et lycée au Royaume-Uni. Son article “Kids can’t use computers… And this is why it should worry you” est traduit en français par Nicolas Le Gland.

    Trop long à lire ?1 Et pourquoi vous n’iriez pas plutôt regarder une autre v#idé ;o de chaton avec sa tête dans un rouleau de papier toilette, ou la descri […]

    Mon Dieu, c’est exactement ça ! J’aurais aimé écrire cet article…

    • Desktop Debian sur le bureau de chacune de mes gamines, Youtube bloqué, Flash non installé, tablettes bannies de la maison... Et pourtant je désespère parfois du cas de mon aînée âgée de dix ans, entre les mains de qui je met des objets d’une puissance que je n’imaginais pas à son âge, avec des volumes de mémoire et des débits pour lesquels j’aurais tué lorsque j’étais adolescent et des logiciels à côté desquels ceux auxquels j’avais accès semblent avoir soixante ans d’âge alors que c’était la fin des années 80... Mais je n’abandonne pas... Après la tablette graphique, le microscope USB et cette année le Garmin Etrex avec Openstreetmap dessus, je finirai bien par trouver l’activité qui éveille son intérêt informatique... Et quand l’élève sera prêt le maître paraîtra. Mais peut-être aussi que je devrai accepter que ses goûts ne seront pas les miens... Bon j’en ai quatre autres derrière à endoctriner ! En tout cas je n’abandonne pour aucune des cinq - j’espère bien qu’elles me dépasseront toutes !

    • Extraits :

      Tout au long de leur vie, je l’ai fait à leur place. Configurer du nouveau matériel, installer un nouveau logiciel et agir en tant que technicien maison quand les choses allaient mal. Au final, j’ai une famille d’analphabètes numériques.

      (...)

      J’attends des gens qui aideront à façonner notre future société, qu’ils comprennent la technologie qui les aidera à façonner notre future société. Pour que cela arrive, nous devons inverser la tendance qui voit l’analphabétisme numérique augmenter de façon exponentielle. Nous devons agir ensemble, en tant que parents, en tant qu’enseignants, en tant que décideurs. Formons une génération de hackers.

  • Les enfants ne savent pas se servir d’un ordinateur et vous devriez vous en inquiéter.
    http://nicolaslegland.wordpress.com/2013/08/15/les-enfants-ne-savent-pas-se-servir-dun-ordinateur

    La vérité est que les enfants ne savent pas utiliser d’ordinateur polyvalent, ni la plupart des adultes que je connais non-plus. Il y a bien un petit nombre de personnes, à l’école, que je considère techniquement compétents8. Ce sont grosso-modo des gens entre trente et cinquante ans, qui ont possédé un ordinateur personnel durant la majeure partie de leur vie d’adulte. Il y a bien sûr des exceptions parmi les enseignants comme parmi les élèves. Il y a toujours un ou deux enfants dans chaque promotion qui ont déjà commencé la programmation ou le développement Web ou qui peuvent démonter un ordinateur jusqu’à l’os, remplacer une carte mère et réinstaller un système d’exploitation. Il y a généralement quelques enseignants férus de technologie en dehors de cette tranche d’âge, souvent en mathématiques ou en sciences, qui sont seulement pris au dépourvu par les ordinateurs de l’école parce qu’ils n’ont pas les droits d’administrateur, mais ce sont des cas isolés.

    • Tout au long de leur vie, je l’ai fait à leur place.

      Mais le programme n’est pas le seul domaine dans lequel nous nous sommes plantés. Les infrastructures réseau des écoles du Royaume-Uni sont tout autant à blâmer. Nous avons imité les réseaux d’entreprise, en empêchant les enfants et les enseignants d’accéder aux paramètres du système, à la ligne de commande et en exigeant des droits d’administrateur pour faire quoi que ce soit. Ils sont assis devant un ordinateur polyvalent sans la capacité de faire de l’informatique générique. Ils ont accès à quelques applications et c’est tout.

      Nous devrions apprendre aux enfants à ne pas installer des logiciels malveillants, au lieu de verrouiller les machines de sorte que ce soit pratiquement impossible. Nous devrions enseigner aux enfants à rester en sécurité quand ils sont en ligne, plutôt que de filtrer leur Internet. Google et Facebook récompensent les enfants qui parviendraient à trouver et à exploiter des failles de sécurité dans leurs systèmes. À l’école, nous excluons les élèves qui auraient tenté de pirater nos systèmes. Est-ce juste ?

      #pédagogie ?

    • Un enfant lève la main. Il me dit qu’il a un virus sur son ordinateur. Je regarde son écran. Affichée dans son navigateur web, ce qui semble être une boite de dialogue d’avertissement de Windows XP l’averti que son ordinateur est infecté et lui propose un nettoyage gratuit et des outils de suppression. Il est sur un poste Windows 7. Je ferme l’onglet incriminé. Il ne sait pas se servir d’un ordinateur.

      Notre stagiaire, issu d’une école d’informatique (Epitech), fait ce genre de conneries. Il sait écrire des programmes, faire des sites web, mais il lui manque une « culture informatique » de base, comme à 90% de sa génération (- de 25 ans).

      Comme d’hab -> #education

    • Yep, je le reconnais, c’est le Rogue, bien chiant et longuet à nettoyer. C’est un pote (moins de 30 ans) qui m’a appelé l’hiver dernier parce que son ordi ramait à fond et qu’il avait des messages d’alerte de partout. Je me suis retrouvée devant un système Window Vista (arg), le truc pratiquement jamais utilisé pour ma part et c’est parti pour la pédagogie : installer et paramétrer le navigateur qui va bien, expliquer qu’on n’est pas au clicodrome international, qu’on doit lire les messages d’alerte en entier, que quand on ne sait pas, on pose la question à Google, qu’on n’ouvre les pièces jointes des mails qu’avec circonspection (Est-ce que je connais le gus qui me l’envoie ? Est-ce qu’il m’envoie des conneries ? Est-ce que c’est bien raisonnable de penser qu’il a voulu partager « grosnichons.exe » avec moi ? Est-ce que je ne ferais pas mieux de l’appeler pour être bien sûr — et prendre de ses nouvelles en passant — etc.).
      Tout ça en découvrant l’OS à la volée, en cherchant le nom du virus, les outils de nettoyage, etc.
      Bref, quelques bonnes heures quand même.