• Le non-art contemporain en 6 dogmes - Bibliobs avec Le Nouvel Observateur
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    Dans leur numéro de rentrée, consacré au « grand bluff de l’art contemporain », nos confrères du magazine « BoOks » présente un article de la très estimée revue littéraire colombienne « El Malpensante ». Avelina Lesper, critique d’art du grand quotidien national « Excelsior », y analyse la façon dogmatique et autoritaire dont les critiques et commissaires d’exposition décident de ce qui doit être considéré comme de l’art. Extraits féroces.

    On accueille aujourd’hui dans les musées des objets dénués de valeur esthétique, présentés comme étant de l’art, au nom du dogmatisme : par soumission totale aux principes imposés par une autorité. En théologie, un dogme est une vérité ou une révélation divine que l’on impose aux fidèles pour qu’ils y croient. Kant opposait philosophie dogmatique et philosophie critique, ainsi que l’usage dogmatique de la raison à l’usage critique de la raison. Le dogme ne tolère aucune réplique ni aucun questionnement, il existe a priori.

    Le dogme est une croyance, car sans l’intervention de la foi, il ne peut être assimilé par la connaissance. Le théoricien de l’art Arthur Danto (1) compare à la foi chrétienne celle qui permet de transformer un objet de la vie courante en objet d’art ; pour lui, c’est dans cette transfiguration que se trouve la signification de l’œuvre. Ce n’est pas un hasard si Danto utilise un terme religieux. C’est parfaitement intentionnel, une manière de dire que le critique n’est plus là pour juger l’œuvre, mais pour croire en sa signification.

    J’analyse dans ce qui suit chacun des dogmes qui fondent ce qu’on ne peut qu’appeler l’idéologie de l’art contemporain, dans sa quête de la transfiguration dont parle Danto.

    Transsubstantiation

    Voici d’abord la transsubstantiation. Selon ce dogme, la substance d’un objet est transformée par magie, grâce à un acte de prestidigitation ou à un miracle. Ce que nous voyons n’est plus ce que nous croyons voir, c’est autre chose, une chose dont la présence physique ou matérielle n’a rien d’évident, puisque sa substance a changé. Celle-ci est invisible à l’œil nu. Pour la faire exister, il est nécessaire de croire en sa transformation.

    La transsubstantiation repose sur deux dogmes secondaires : celui du concept et celui de l’infaillibilité. D’abord la doctrine du concept. Quand Marcel Duchamp revendiqua l’urinoir en tant qu’œuvre d’art, en 1917, dans son texte signé R. Mutt, il dit mot pour mot :

    Que Richard Mutt ait fabriqué cette fontaine avec ses propres mains, cela n’a aucune importance, il l’a choisie. Il a pris un article ordinaire de la vie, il l’a placé de manière à ce que sa signification d’usage disparaisse sous le nouveau titre et le nouveau point de vue, il a créé une nouvelle pensée pour cet objet. »

    C’est cette nouvelle pensée, ce concept, qui a transfiguré l’urinoir en fontaine, et par là même en œuvre d’art. L’urinoir en tant que tel n’a pas bougé d’un pouce, il a toujours le même aspect ; il est ce qu’il est, un objet préfabriqué d’usage courant ; mais le caprice de Duchamp a donné lieu à sa métamorphose magico-religieuse. Le discours joue ici un rôle fondamental : alors qu’il n’est pas visible, le changement est énoncé. Il ne s’agit plus d’un urinoir mais d’un objet d’art ; nommer cette transformation est indispensable à sa réalisation effective.

    Le dogme agit dans la mesure où on lui obéit sans le remettre en question, uniquement parce que les idéologues de l’art affirment : « Ceci est de l’art. » Celui-ci est devenu une forme de superstition qui nie les faits ; y croire suffit à accomplir la transformation. Le ready-made nous ramène à la part la plus élémentaire et irrationnelle de la pensée humaine : la pensée magique. Tout ce que l’artiste choisit et désigne se mue en œuvre. L’art en est réduit à une croyance fantaisiste et sa présence à une signification. Danto écrit : « Il n’y a aucune différence visible entre un objet d’art et un objet ordinaire, et c’est précisément ce qui doit aujourd’hui retenir l’attention des critiques et des spectateurs. »

     
    Dans « Books » ce mois-ci
    Le flâneur épris d’art passant devant un kiosque à journaux reconnaîtra en une de « BoOks » le cochon baroque de l’artiste belge Wim Deloye, tatoué aux armes de Vuitton. C’est qu’avec une série d’articles glanés dans la presse anglo-saxonne et latino-américaine, nos confrères consacrent leur dossier de rentrée au grand bazar de l’art contemporain. Jamais il n’y a eu autant de foires, de biennales, d’expositions, de galeries, de « performances ». « Quoi qu’on pense de leurs œuvres, les artistes savent que la seule chose qui définisse "l’art" est : "trouvé dans le monde de l’art" », écrit Mark Kingwell dans une analyse détaillée parue dans le « Harper’s »…

    Dans la rubrique internationale, une enquête de Richard Lloyd Parry de la « London Review of Books » intitulé « Tartuffe en Corée » offre une synthèse époustouflante de ce qui se trame dans ce pays fermé. L’auteur y expose les raisons pour lesquelles il n’y aura pas de changement de régime. Et si le monde avait intérêt à ce que se maintienne un statu quo, quelque mortifère soit-il pour la population ? Une incursion poussée dans les bas fonds de la diplomatie américaine achève de convaincre que la situation est dramatiquement bloquée. Un article de 7 pages si passionnant qu’il se laisse lire à toute allure. 

    A. C. 

    « BoOks », n° 46, 106 pages, 9,80 euros. En kiosque tout le mois de septembre.

    […]

    #art
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    #books
    #Arthur_Danto

    • J’ai pas le temps de devellopper mais c’est un peu facil et cliché ce que dit ce danto, critique d’art.
      il semble regretter que l’art ne sois pas décoratif et pas esthetique.
      il se moque des messages politiques des œuvres sauf quant il s’agit de véhiculée de la merde réactionnaire
      il se permet de distribué les titres d’artistes et raconte que dans les écoles d’art c’était mieux hier. Il critique les galeries et les musée mais est bien incapable de parlé d’autre chose. Il dit ce qu’il rejette mais est trop lâche pour donner son gout personnel, dire ce qui pour lui est du vrai-art si il pretend qu’il y a de faux-art.
      le bloubi-boulga habituel pour attaquer l’art contemporain.
      Il y a des choses a critiquer dans l’art contemporain, et je ne suis pas la dernière a le faire, mais là ce critique est a coté de la plaque, il dépolitise la question et confond art contemporain et art coté en bourse.

      je connais pas cette revue « books » mais il y a une photo de la couv
      les autres titres « La charia a du bon, même pour les femmes »
      et « existe-t’il un gène propre aux juifs ? » ca me fait pas envie