Article11 - « Charlie Hebdo », pas raciste ? Si vous le dites…

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  • Philippe Val est un raciste - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/Philippe-Val-est-un-raciste

    « [Les otages français, Christian Chesnot et George Malbrunot] ont été enlevés par des terroristes islamiques qui adorent égorger les Occidentaux, sauf les Français, parce que la politique arabe de la France a des racines profondes qui s’enfoncent jusqu’au régime de Vichy, dont la politique antijuive était déjà, par défaut, une politique arabe. »

    Cette phrase de Philippe Val n’a évidemment aucun sens. Qualifier la politique antijuive de Vichy de politique « arabe » n’a aucun sens puisque aucune influence arabe n’a joué un quelconque rôle dans cette entreprise criminelle. Tout s’est passé entre l’Allemagne nazie et la France de Vichy, point barre.

    Pour que cette phrase insensée signifie quelque chose, il faut admettre un postulat raciste : le postulat selon lequel les Arabes, en bloc, sont antisémites par nature. Dans cette hypothèse, même si aucun Arabe n’est ni auteur, ni incitateur ni demandeur d’une politique antijuive, ladite politique n’en est pas moins une « politique arabe » dans la mesure où elle ne peut que remplir de joie cette masse assoiffée de sang juif qu’est « le monde arabe »
    .
    En résumé : « politique arabe » ne signifie, chez Philippe Val, rien d’autre que « politique antisémite ».

    « Arabe » et « antisémite » sont donc synonymes.

    En d’autres termes : Philippe Val essentialise « les Arabes », en fait une entité homogène, pour ensuite attribuer à cette essence (« les Arabes ») un caractère infâmant (« antisémite »). Cette manière de penser, conjuguant l’essentialisation l’homogénéisation et le dénigrement, porte un nom : le racisme.

    Philippe Val a donc écrit un texte purement et simplement raciste. Et comme il assume ce texte plusieurs années après sa publication, comme il ne l’a pas renié, on peut donc affirmer, de manière plus concise, qu’il est avéré et démontré que

    Philippe Val est raciste.

    #racisme #essentialisme

  • Non, « #Charlie_Hebdo » n’est pas raciste !
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/11/20/non-charlie-hebdo-n-est-pas-raciste_3516646_3232.html

    Où seraient cachés les supposés racistes ? Nous n’avons pas peur d’avouer que nous sommes des militants #antiracistes de toujours. Sans nécessairement avoir une carte, nous avons choisi dans ce domaine notre camp, et n’en changerons évidemment jamais.

    Il y a quarante ans, conspuer, exécrer, conchier même les #religions était un parcours obligé. Qui entendait critiquer la marche du monde ne pouvait manquer de mettre en cause les si grands pouvoirs des principaux clergés. Mais à suivre certains, il est vrai de plus en plus nombreux, il faudrait aujourd’hui se taire.

    Passe encore que Charlie consacre tant de ses dessins de couverture aux papistes. Mais la religion #musulmane, drapeau imposé à d’innombrables peuples de la planète, jusqu’en Indonésie, devrait, elle, être épargnée. Pourquoi diable ? Quel est le rapport, autre qu’idéologique, essentialiste au fond, entre le fait d’être #arabe par exemple et l’appartenance à l’islam ?

    Nous refusons de nous cacher derrière notre petit doigt, et nous continuerons, bien sûr. Même si c’est moins facile qu’en 1970, nous continuerons à rire des curés, des rabbins et des imams, que cela plaise ou non. Nous sommes minoritaires ? Peut-être, mais fiers de nos traditions en tout cas. Et que ceux qui prétendent et prétendront demain que Charlie est raciste aient au moins le courage de le dire à voix haute, et sous leur nom. Nous saurons quoi leur répondre.

    #Charb #Nicolino

    • Raciste ou non, en suivant les débats je commence à comprendre pourquoi depuis au moins dix ans Charlie Hebdo me fait de moins en moins rire.

      A l’époque de #Reiser et #Choron on fabriquait de l’humour gratuit. Hara Kiri et de Charlie faisaient rire en dépassant les limites imposées par le « bon goût ». Son équipe et ses lecteurs partageaient le dégoût des militaires et du clergé, c’était tellement naturel que personne n’en fît son cheval de bataille. Au fond ses caricatures n’agressaient personne, on riait en quelque sorte « entre nous ». C’était le rire de ceux qui avaient laissé le vieux monde derrière eux et qui se reconnaissaient mutuellement à travers les pointes d’humour. Tout le monde savait que les mots et dessins n’allaient pas faire disparaître les armées et les églises, alors la possibilité d’en rire était le minimum de liberté qu’on était en droit d’exiger face à ces forces immuables.

      Bref, c’était une bande d’insolents qui faisait rire les individualistes.

      Il semble que la motivation de la dernière rédaction avait complètement changé au point d’inverser la raison d’être du canard. Il se situait désormais au sein d’un combat politique, il avait une mission et il cherchait des alliés pour assurer sa survie.

      Les papys gauchistes qu’on admirait tant étaient dépassés par les événements . Il continuaient leur dessins comme avant, ces variations sur les thèmes qu’ils avaient traité depuis toujours. A l’execption de Siné ils ne dépassaient plus les limites, ils respectaient les tabous de la gauche après Mittérant, ils étaient ni sexistes ni pornographiques ni révoltés, ils acceptaient un chef qui exigeait des preuves de loyauté. Par son accession au pouvoir ils s’étaient transformés en bouffons.

      Sous ce potentat la revue satirique mettait le cap sur les contrées où on ne rigole pas, vers un monde où on n’éparge pas les bouffons. Puis, aveuglement, après le départ du timonier l’équipe a maintenu le cap. C’était triste mais on ne se rendait pas compte. On croyait qu’on avait toujours droit à la rigolade.

    • @monolecte OK, alors sexistes en plus mais plus drôles du tout. C’est encore plus triste. Pourtant je ne suis pas sûr si on doit classer cette couverture dans la catégorie sexisme ou dans le casier extrémisme de droite . Sans doute ca dépend du contexte.

      Juste pour donner un exemple voici une affiche de nos néonazis. Le titre signifie Bon retour !

      J’ai effectivement choisi la mauvaise expression - peut-être j’aurais mieux fait de parler des blagues graveleuses sur les relations entre les sexes. Dans le vieux Hara Kiri je découvrait davantage de caricatures du sexisme que de caricatures sexistes. J’ai l’impression qu’ils se donnaient un air (bête et) méchant sans vraiment l’être alors que j’ai de plus en plus l’impression que c’était le contraire pour certains aspects de Charlie Hebdo après 2001.

  • Le texte de l’intervention de Mordillat hier, lors du débat Fakir.
    https://www.facebook.com/GerardMordillat/posts/842204092493132

    Le texte de l’intervention de Mordillat hier, lors du débat Fakir.

    "Les journalistes et les dessinateurs de Charlie n’ont pas été victimes d’un attentat mais exécutés nommément. C’est bien d’une exécution dont il « s’agit et d’une exécution politique comparable si l’on veut à celle de Jaurès, lui aussi journaliste, lui aussi directeur de journal. Ce sont des méthodes fascistes dont le discours religieux ou nationaliste n’est qu’un faux-nez. »

    L’intégralité ici :
    « Pour être clair : Charb, Honoré, Wolinski, Cabu, Tignous assassinés dans les locaux de Charlie Hebdo étaient mes amis. Nous avons travaillé ensemble, publié ensemble, milité ensemble, mangé ensemble, déconné ensemble depuis des années…
    Je ne peux donc prétendre à aucune soi-disant neutralité.
    Comme je suis écrivain et cinéaste, je veux m’arrêter sur des mots et des images.
    Le premier mot sur lequel je veux m’arrêter est le mot » attentat « dont les médias se gargarisent depuis mercredi dernier. Je crois que ce mot est inapproprié. Le terrorisme est aveugle et les poseurs de bombes tuent parce qu’ils veulent tuer sans se soucier de l’identité des victimes dont seul le nombre compte à leurs yeux. Les journalistes et les dessinateurs de Charlie n’ont pas été victimes d’un attentat mais exécutés nommément. C’est bien d’une exécution dont il s’agit et d’une exécution politique comparable si l’on veut à celle de Jaurès, lui aussi journaliste, lui aussi directeur de journal. Ce sont des méthodes fascistes dont le discours religieux ou nationaliste n’est qu’un faux-nez. Il faut le dire haut et fort, les journalistes de Charlie ont été exécutés non par des musulmans, non par des islamistes mais par des fascistes.

    Penons une image maintenant : celle de Mahomet qui a fait tant couler d’encre. Juste pour mémoire, il y a au départ les dessins publiés au Danemark et trafiqués par deux imams intégristes qui les diffusent partout dans le monde musulman mettant le feu aux poudres. En les publiant et en publiant ses propres dessins, Charlie hebdo témoignait de sa solidarité avec les dessinateurs danois…
    C’est le point de départ. à l’arrivée il y a deux tueurs fascistes qui s’érigent en juges et bourreaux sous prétexte de » venger le prophète « ..
    Mais venger qui et de quoi ?
    Je ne doute pas qu’il y ait eu un prophète en Arabie au 7e siècle. S’appelait-il Mahomet, c’est une autre histoire. Comme le dit une grande islamologue, Jacqueline Chabbi » c’est un peu trop beau pour être vrai « . Mahomet signifie » le loué « , le » louangé « , c’est un surnom, pas un nom. Peut-on injurier un surnom ?
    Nous ne savons pas quand Mahomet est né ni quand il est mort. La tradition considère que c’est en 632 mais cette hagio-biographie a été mise par écrit près de deux siècles après la mort de Mahomet. C’est-à-dire qu’en réalité, historiquement, nous ne savons rien où presque de l’homme Mahomet ; et absolument rien de son aspect physique. Un Mahomet légendaire, paré de toutes les grâces et de toutes les vertus, naîtra plus d’un demi-siècle après sa mort sous l’égide du calife Abdel Malik qui en fera en quelque sorte son porte-parole.
    Comment faire la caricature d’un homme dont on ne sait rien ?
    Les dessins publiés par Charlie Hebdo ne sont pas des caricatures mais des portraits imaginaires, peut-être des portraits charge mais des portraits du prophète de l’islam ; ils sont aussi imaginaires que ceux que l’on trouve abondamment dès le XVe siècle dans la tradition ottomane et perse et jusqu’à nos jours dans la tradition chiite. Une partie des musulmans ne s’offusquent en rien que l’on représente Mahomet comme un homme du 7e siècle. La sacralisation de sa figure n’est qu’un diktat fondamentaliste venu au XIXe siècle du wahhabisme, et c’est cette figure légendaire qui réclamerait d’être » vengée «  ?
    Soyons sérieux.
    Il est urgent et nécessaire que les autorités ecclésiastiques de l’islam rappellent qu’en République il est licite de caricaturer Mahomet comme on caricature Jésus, le pape, Jéhovah, les hommes politiques, vous, moi, etc. Cela s’appelle la liberté d’expression et c’est un des piliers de la démocratie.

    Ce serait licite de caricaturer Mahomet mais » offensant « . Le mot offense revient sur beaucoup de lèvres pour reprocher aux dessinateurs de Charlie d’avoir fait ce qu’ils ont fait. Cette » culture de l’offense « est en train de se propager comme les métastases d’une tumeur. Désormais tout le monde s’offense pour un oui pour un non ! Les chrétiens intégristes s’offensent d’une pièce de théâtre mettant en scène Jésus, les juifs de la même eau s’offensent de toute critique du gouvernement israélien gangrené par les religieux d’extrême-droite, les musulmans s’offensent de voir leur prophète à la une d’un journal satirique… Toutes ces belles âmes réclament la censure et qu’on impose le silence aux offenseurs. Mais qui leur imposera le silence à eux qui offensent quotidiennement mon athéisme en m’assommant de leurs sornettes superstitieuses et en prétendant gouverner ma vie au nom d’une chimère ?

    En caricaturant Mahomet, Charb, Cabu et les autres auraient commis le délit de » blasphème « . Combien de fois faudra-t-il répéter qu’il ne peut y avoir de blasphème que dans une théocratie ? Dans la République il est parfaitement possible d’écrire, de crier, de proclamer qu’on emmerde Dieu, Jéhovah, Allah, Nanaboso le Grand Lapin, Bouddha, le Père Noël, Mickey, Harry Potter et toutes les dieux inventés par les hommes pour conjurer leur peur de la mort.

    Dans les médias, mais aussi dans la rue, on entend formuler trois accusations contre Charlie : le journal serait islamophobe, âpre au gain et provocateur.
    Charlie serait islamophobe… parce qu’il se moque des intégristes et des fondamentalistes musulmans. A ce compte, il est aussi christianophobe parce qu’il se moque des grenouilles de bénitier et des punaises de sacristie, de Jésus, du pape et de toute la quincaillerie bondieusarde chrétienne. Ajoutons qu’il est aussi vraisemblablement judéophobe parce qu’il se fout de Moïse et des prophètes. Et, pour faire bonne mesure, sans doute antisémite puisqu’il critique la politique du gouvernement israélien massacrant les populations civiles palestiniennes qui font tache sur » la terre sacrée « …
    Tout cela n’est que faux procès.
    Charlie est tout simplement anti-clérical.
    Par l’humour, la satire, l’ironie, il lutte contre tous les clergés : qu’ils soient chrétiens, musulmans, juifs, bouddhistes, shintoïstes, zoroastres, raéliens, j’en passe et des meilleures. Et si l’on regarde ce que publiait la presse française au moment de la séparation de l’Église et de l’État en 1905 on peut trouver que ses caricaturistes sont plutôt timorés comparés à leurs anciens… Le seul respect que l’on doive aux religions est le respect au sens étymologique : tenir à distance.

    Charlie ne publierait ses dessins que pour attirer le chaland que par une cupidité absolue, gouverné par l’idée de faire du fric, toujours plus de fric ! Inutile de souligner le grotesque de cette accusation quand on regarde la situation financière du journal et celle de ses journalistes. La sagesse des nations l’a dit une fois pour toutes : » Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage « .

    Enfin Charlie serait » provocateur « , irresponsable, criminel en somme et récolterait ce qu’il a semé. C’est là le plus odieux des retournements de langage. Ou alors c’est provocateur par nature de dire le réel, de l’affronter, de le mettre en lumière. En leur temps Spinoza pour le judaïsme, Richard Simon, Renan, Loisy pour le christianisme et de nombreux auteurs musulmans des premiers siècles, Abou Navas, Al Hallaj, Al Razi ont été eux aussi accusé d’être des provocateurs et ostracisés. A leur mesure les journalistes de Charlie Hebdo sont dans le même sillage… celui de la raison critique, de l’intelligence contre l’obscurantisme.

    On présente le monothéisme comme un progrès par rapport au polythéisme ; espérons qu’après le monothéisme et son dieu unique un autre progrès nous conduise à l’athéisme. Il ne suffit pas d’en finir » avec le Jugement de Dieu « comme le préconisait Antonin Artaud, il faut en finir avec l’idée de dieu et le fleuve de sang qu’il charrie derrière lui. Encore et toujours le curé Meslier : » l’homme sera libre lorsque le dernier des rois sera étranglé avec les boyaux du dernier prêtre."
    Gérard Mordillat, 12 janvier 2015

    • Ce texte de Mordillat est très mauvais.

      Evidemment c’est difficile de critiquer Charlie Hebdo maintenant, mais on peut pas enterrer toute lucidité.

      1 Charlie Hebdo a-t-il jamais fait des dessins humoristiques sur les dîners du CRIF et la « non séparation du CRIF et des politiciens » ? Non
      As-t-il mis en boîte les partis américains sur leur mode de financement, et Obama sur sa complicité active avec les crimes israéliens ? Non
      Charlie Hebdo faisait l’humour autorisé par les dominants.

      Et humilier les croyances des dominés, de ceux qui sont rejetés aux marges, dans les tâches les moins valorisées, et de ceux qui prennent les bombes high-tech sur la tête depuis au moins 1990 (première guerre du Golf), je n’ai jamais trouvé que ce soit une bonne idée.

      2 Athée (je suis athée) n’est pas synonyme d’humaniste et pacifique. Il y a des assassins athées. Et il y a des religieux admirables d’humanité et de tolérance.

      Plusieurs régimes communistes et maoïstes ont voulu éradiquer la religion et ils pour cela mis en place des répressions féroces :
      http://en.wikipedia.org/wiki/USSR_anti-religious_campaign_%281928%E2%80%9341%29

    • @stephane_m A chacun son opinion, je ne sais d’ailleurs pas comment qualifier Charlie Hebdo d’une manière absolue et précise. Pour moi c’est une publication assez contradictoire.

      Mais « humilier les croyances des dominés », c’est accuser le canard et ses auteurs d’un acte dont ils sont incapables. On a vu des hommes humiliés à la prison d’Abou Ghraib, mais humilier par des paroles et dessins dans un journal ? C’est impossible. Aussi la croyance est une « chose » assez abstraite. Comment humilier une abstraction ? C’est encore plus difficile.

      Quelle est alors le crime en matière de croyance dont les dessinateurs seraient-ils coupables ? Un exemple précis s.v.p. ?

    • On fait valoir que Charlie s’en prend, indistinctement, à toutes les religions, mais c’est un mensonge. Certes, il s’est moqué des chrétiens, et, parfois, des juifs ; toutefois, ni le journal danois, ni Charlie ne se seraient permis, et c’est heureux, de publier une caricature présentant le prophète Moïse, avec une kippa et des franges rituelles, sous la forme d’un usurier à l’air roublard, installé au coin d’une rue.

      http://seenthis.net/messages/330624

    • Cette remarque de Sand me parait étrange : je suis à peu près sur qu’ils ont déjà fait Moïse — en tout cas ils ont fait des tonnes de Rabbins — mais effectivement, pas selon les critères de l’« humour nazi » (usurier etc). Mais qu’est-ce qui, dans leurs dessins d’imams ou du prophète lui-même est emprunté à des tropes d’extrême droite ?
      D’après mes lectures, arrêtées il y a quelques années, Charlie s’en prenait réellement à toutes les religions (et d’abord à la catholique). Maintenant, ça n’empêche pas d’analyser que le cas des musulmans est spécialement sensible actuellement et ce depuis des années, mais il me semble peu rigoureux de nier que l’anticléricalisme de Charlie était total.

    • Un article écrit en 2013 par quelqu’un qui a travaillé à Charlie Hebdo de 1992 à 2001, avant de claquer la porte, échaudé par « la conduite despotique et l’affairisme ascensionnel » d’un certain Philippe Val.
      Depuis, Olivier Cyran observe de loin, hors les murs, l’évolution de Charlie Hebdo et sa grandissante obsession pour l’islam. Il revient sur cette longue dérive à l’occasion d’une tribune récemment publiée dans Le Monde, signée Charb et Fabrice Nicolino.

      « Charlie Hebdo », pas raciste ? Si vous le dites…
      http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous

      Cyran n’écrirait certainement pas l’article dans le contexte actuel, mais son témoignage a l’intérêt justement de s’être écrit en dehors du processus actuel de construction d’une légende.

    • @klaus, je pense que tu n’es pas profondément croyant. Moi je suis athée, mais j’essaie de faire preuve d’imagination... ;-)

      Pour être un peu plus complète : je pense que lorsqu’on est très souvent visé par les contrôles de police, qu’on a un mauvais dossier pour trouver un appart, qu’on n’a aucune réponse à ses envois de CV, et qu’on croit très profondément en Dieu sans avoir un lieu correct pour son culte, on est mal face à des dessins du type de celui ci-dessus, ou celui de Mahomet avec une bombe dans le turban ...

      Bonsoir

  • Nous sommes tous des hypocrites, par Pacôme Thiellement

    Je reproduis ici avec l’accord de l’auteur un texte publié sur un autre réseau social le 12 janvier 2015.

    C’est peut-être ça, ce que veut dire « Je suis Charlie ». Ca veut dire : nous sommes tous des hypocrites. Nous avons trouvé un événement qui nous permet d’expier plus de quarante ans d’écrasement politique, social, affectif, intellectuel des minorités pauvres d’origine étrangère, habitant en banlieue. Nous sommes des hypocrites parce que nous prétendons que les terroristes se sont attaqués à la liberté d’expression, en tirant à la kalachnikov sur l’équipe de Charlie Hebdo, alors qu’en réalité, ils se sont attaqués à des bourgeois donneurs de leçon pleins de bonne conscience, c’est-à-dire des hypocrites, c’est-à-dire nous. Et à chaque fois qu’une explosion terroriste aura lieu, quand bien même la victime serait votre mari, votre épouse, votre fils, votre mère, et quelque soit le degré de votre chagrin et de votre révolte, pensez que ces attentats ne sont pas aveugles. La personne qui est visée, pas de doute, c’est bien nous. C’est-à-dire le type qui a cautionné la merde dans laquelle on tient une immense partie du globe depuis quarante ans. Et qui continue à la cautionner. Le diable rit de nous voir déplorer les phénomènes dont nous avons produits les causes.

    A partir du moment où nous avons cru héroïque de cautionner les caricatures de Mahomet, nous avons signé notre arrêt de mort. Nous avons refusé d’admettre qu’en se foutant de la gueule du prophète, on humiliait les mecs d’ici qui y croyaient – c’est-à-dire essentiellement des pauvres, issus de l’immigration, sans débouchés, habitant dans des taudis de misère. Ce n’était pas leur croyance qu’il fallait attaquer, mais leurs conditions de vie. A partir de ce moment-là, seulement, nous aurions pu être, sinon crédibles, du moins audibles. Pendant des années, nous avons, d’un côté, tenus la population maghrébine issue de l’immigration dans la misère crasse, pendant que, de l’autre, avec l’excuse d’exporter la démocratie, nous avons attaqué l’Irak, la Libye, la Syrie dans l’espoir de récupérer leurs richesses, permettant à des bandes organisées d’y prospérer, de créer ces groupes armés dans le style de Al Quaïda ou de Daesch, et, in fine, de financer les exécutions terroristes que nous déplorons aujourd’hui. Et au milieu de ça, pour se détendre, qu’est-ce qu’on faisait ? On se foutait de la gueule de Mahomet. Il n’y avait pas besoin d’être bien malin pour se douter que, plus on allait continuer dans cette voie, plus on risquait de se faire tuer par un ou deux mecs qui s’organiseraient. Sur les millions qui, à tort ou à raison, se sentaient visés, il y en aurait forcément un ou deux qui craqueraient. Ils ont craqué. Ils sont allés « venger le prophète ». Mais en réalité, en « vengeant le prophète », ils nous ont surtout fait savoir que le monde qu’on leur proposait leur semblait bien pourri.

    Nous ne sommes pas tués par des vieux, des chefs, des gouvernements ou des états. Nous sommes tués par nos enfants. Nous sommes tués par la dernière génération d’enfants que produit le capitalisme occidental. Et certains de ces enfants ne se contentent pas, comme ceux des générations précédentes, de choisir entre nettoyer nos chiottes ou dealer notre coke. Certains de ces enfants ont décidé de nous rayer de la carte, nous : les connards qui chient à la gueule de leur pauvreté et de leurs croyances.

    Nous sommes morts, mais ce n’est rien par rapport à ceux qui viennent. C’est pour ceux qui viennent qu’il faut être tristes, surtout. Eux, nous les avons mis dans la prison du Temps : une époque qui sera de plus en plus étroitement surveillée et attaquée, un monde qui se partagera, comme l’Amérique de Bush, et pire que l’Amérique de Bush, entre terrorisme et opérations de police, entre des gosses qui se font tuer, et des flics qui déboulent après pour regarder le résultat. Alors oui, nous sommes tous Charlie, c’est-à-dire les victimes d’un storytelling dégueulasse, destiné à diviser les pauvres entre eux sous l’œil des ordures qui nous gouvernent ; nous sommes tous des somnambules dans le cauchemar néo-conservateur destiné à préserver les privilèges des plus riches et accroître la misère et la domesticité des pauvres. Nous sommes tous Charlie, c’est-à-dire les auteurs de cette parade sordide. Bienvenue dans un monde de plomb.

    • Nous sommes des hypocrites parce que nous prétendons que les terroristes se sont attaqués à la liberté d’expression, en tirant à la kalachnikov sur l’équipe de Charlie Hebdo, alors qu’en réalité, ils se sont attaqués à des bourgeois donneurs de leçon pleins de bonne conscience, c’est-à-dire des hypocrites, c’est-à-dire nous. Et à chaque fois qu’une explosion terroriste aura lieu, quand bien même la victime serait votre mari, votre épouse, votre fils, votre mère, et quelque soit le degré de votre chagrin et de votre révolte, pensez que ces attentats ne sont pas aveugles. C’est-à-dire le type qui a cautionné la merde dans laquelle on tient une immense partie du globe depuis quarante ans. Et qui continue à la cautionner. Le diable rit de nous voir déplorer les phénomènes dont nous avons produits les causes.
      Raison pour laquelle les principales victimes du terrorisme sont les peuples vivant sur les territoires où les groupes prospèrent, c’est-à-dire précisément les endroits où les « bourgeois donneurs de leçon pleins de bonne conscience » ne vivent pas. Qui se fait bombarder : les terroristes ou les pauvres personnes n’ayant pas réussir à fuir ? Qui se fait déchiqueter par les bombes ? Qui se fait enlever par des groupes armés ? Les terroristes manipulent les idées pour les rendre concordantes avec leur vision mortifère de la réalité. On ne peut pas fonder une quelconque ambition politique sur la mort de ses adversaires.
      A partir du moment où nous avons cru héroïque de cautionner les caricatures de Mahomet, nous avons signé notre arrêt de mort. Nous avons refusé d’admettre qu’en se foutant de la gueule du prophète, on humiliait les mecs d’ici qui y croyaient – c’est-à-dire essentiellement des pauvres, issus de l’immigration, sans débouchés, habitant dans des taudis de misère.

      J’imagine que vous êtes contre les caricatures de toutes les religions ? Doit-on interdire Molière, Voltaire, Nietzsche et tant d’autres ? Doit-on sacraliser la foi pour mieux admettre ce qu’elle sous-tend ? Pourquoi lutter contre le créationnisme si cela heurte la sensibilité ?
      Ce n’était pas leur croyance qu’il fallait attaquer, mais leurs conditions de vie.
      Ce n’est pas la croyance qui est attaquée, mais l’expression de celle-ci. Pourquoi opposer croyance et conditions de vie ? La pauvreté et la religiosité ont souvent partie liée, signe d’un certain fatalisme ou d’une échappatoire face à une vie morose. Et il y a une différence entre le respect nécessaire à la dignité d’un culte et la méfiance face à ses tentatives d’hégémonie, quel que soit ce culte.
      Pendant des années, nous avons, d’un côté, tenus la population maghrébine issue de l’immigration dans la misère crasse, pendant que, de l’autre, avec l’excuse d’exporter la démocratie, nous avons attaqué l’Irak, la Libye, la Syrie dans l’espoir de récupérer leurs richesses, permettant à des bandes organisées d’y prospérer, de créer ces groupes armés dans le style de Al Quaïda ou de Daesch, et, in fine, de financer les exécutions terroristes que nous déplorons aujourd’hui.
      Qui a tenu les populations étrangères dans une misère crasse ? Qui a fait venir ces gens en ne leur offrant que des perspectives bloquées ? Récupérer les richesses d’Irak et de Lybie ? Ah bon ? Vous croyez que sur des terrains de combat on peut tranquillement exploiter des ressources ? Cette théorie du complot est stupide : pourquoi aller dépenser des milliards de dollars dans une guerre en Irak pour récupérer du pétrole qu’on pourrait obtenir en graissant à moindre frais la patte d’un vulgaire dictateur ? Le développement du gaz de schiste quelques années plus tard rend par ailleurs complètement hors de propos cette analyse. Une guerre qui a fait exploser la dette des Etats-Unis pour quelques barils qui aujourd’hui ne valent quasiment plus rien ?
      On se foutait de la gueule de Mahomet. Il n’y avait pas besoin d’être bien malin pour se douter que, plus on allait continuer dans cette voie, plus on risquait de se faire tuer par un ou deux mecs qui s’organiseraient. Sur les millions qui, à tort ou à raison, se sentaient visés, il y en aurait forcément un ou deux qui craqueraient. Ils ont craqué. Ils sont allés « venger le prophète ». Mais en réalité, en « vengeant le prophète », ils nous ont surtout fait savoir que le monde qu’on leur proposait leur semblait bien pourri.
      Remplacez Mahomet par le Pape et imaginez un catho qui va tuer des gays pour venger Dieu face à la menace que représente le mariage homosexuel et le monde « bien pourri » qu’il représente…
      Nous ne sommes pas tués par des vieux, des chefs, des gouvernements ou des états. Nous sommes tués par nos enfants. Nous sommes tués par la dernière génération d’enfants que produit le capitalisme occidental. Et certains de ces enfants ne se contentent pas, comme ceux des générations précédentes, de choisir entre nettoyer nos chiottes ou dealer notre coke. Certains de ces enfants ont décidé de nous rayer de la carte, nous : les connards qui chient à la gueule de leur pauvreté et de leurs croyances.
      Et le meilleur moyen de se sortir de ce cercle vicieux c’est de tuer aveuglément des gens ? Se soumettre à une loi divine ? Il n’y a que sur Terre qu’on sort les gens de la pauvreté et de la crasse intellectuelle et sociale.
      Alors oui, nous sommes tous Charlie, c’est-à-dire les victimes d’un storytelling dégueulasse, destiné à diviser les pauvres entre eux sous l’œil des ordures qui nous gouvernent ; nous sommes tous des somnambules dans le cauchemar néo-conservateur destiné à préserver les privilèges des plus riches et accroître la misère et la domesticité des pauvres. Nous sommes tous Charlie, c’est-à-dire les auteurs de cette parade sordide. Bienvenue dans un monde de plomb.
      Vous participez vous-mêmes à ce que « storytelling dégueulasse » en rajoutant une couche supplémentaire à cette mascarade. Au fond, les terroristes auraient raison de nous tuer pour nous rappeler ô combien nous sommes méchants. C’est toujours plus simple d’être une victime qui accuse ; tellement plus dur d’être le coupable et le responsable. Le meilleur moyen de dire merde aux néo-conservateurs c’est justement de ne pas rentrer dans le piège idéologique qu’ils tendent entre les méchants toujours si heureux d’être des méchants et les gentils, 1000 fois enchantés d’avoir le bon rôle. C’est urgent, relisez « L’homme révolté » de Camus : « Il y a des crimes de passion et des crimes de logique. La frontière qui les sépare est incertaine. Mais le Code pénal les distingue, assez commodément, par la préméditation. Nous sommes au temps de la préméditation et du crime parfait. Nos criminels ne sont plus ces enfants désarmés qui invoquaient excuse amour. Ils sont adultes, au contraire, et leur alibi est irréfutable : c’est la philosophie qui peut servir à tout, même à changer les meurtriers en juges ».

    • Une chèvre pour @taggle ! Une chèvre pour @taggle ! Avec un beau postérieur et une vraie sodomie laïque et poilante et libre et fraaaaaançaise ! Viiite !

      Si j’étais doué dans le dessin scatologique et engagé, moi aussi j’aimerais qu’on publie mes dessins. Comme cela, je pourrais moi aussi dire combien c’est méchant de tuer des gens et combien c’est gentil d’apprendre aux gens qui s’expriment mal qu’ils s’expriment mal.
      @taggle, tu es gentil. Mais n’empêche que tu pourrais utiliser les outils fournis par SeenThis pour correctement effectuer des citations. Comme cela, on comprendrait mieux là où tu fais ton catéchisme et là où il y a du texte que tu ne comprends pas.

      #troll

    • @biggrizzly :

      tu pourrais utiliser les outils fournis par SeenThis pour correctement effectuer des citations. Comme cela, on comprendrait mieux là où tu fais ton catéchisme et là où il y a du texte que tu ne comprends pas.

      J’ai ri :)
      (et du coup j’ai pas lu le commentaire de taggle vu que sans les jolies citations ça fait un gros pavé infâme)

    • Ouais c’est vrai je reconnais ne pas avoir faire attention à ces contraintes de formes qui rendent illisibles ce que j’ai écrit. De toute façon je ne compte pas m’éterniser sur ce site donc je suis allé au plus vite.

      Il n’empêche. Face aux arguments ou à un début de discussion c’est toujours facile de mobiliser le scatologique, la sodomie, le prout et caca d’oie.

      Quant au catéchisme, en effet il est difficile d’admettre les contradictions qu’on est soi-même obligé de porter pour être cohérent. Au fond toute pensée est hypocrite.
      La gauche entretient avec la violence un rapport très étrange. Un homme qui bat sa femme est un affreux salopard méritant la peine de mort car sa faute est inexcusable. Un terroriste se défend contre les attaques qui sont menées contre lui indirectement, et son crime est donc logique.
      Je n’ose imaginer à quelle contradiction vous pourriez venir en défendant un terroriste qui bat sa femme.

    • @taggle : tu continues à dérailler. Sans doute l’émotion. Une caricature qui t’a troublé à n’en pas douter ! Le pipi-caca-prout, ça s’mérite ! Tiens, tu devrais demander à la Caisse des dépôts de mettre un de leurs nouveaux abonnements à Charlie à ton nom...

      Il est possible de modifier ses commentaires, il y a un lien « Modifier » en dessous du commentaire. Et quand on le modifie, on peut sélectionner des bouts de texte, et cliquer sur le lien « citation » (maj+tab) pour que le texte apparaisse ensuite convenablement. Faute d’émettre des idées qui se tiennent, fais en sorte qu’il soit agréable à regarder.

    • Moi j’ai jamais cautionné les caricatures de Mahomet. Ca m’a toujours mise très mal à l’aise.

      Cela n’a rien à voir de cracher sur les religions des dominés, de ceux qui sont massacrés en masse depuis 1990, la première guerre du Golf, et de cracher sur les religions des dominants , de ceux qui envoient les bombes depuis des avions high-tech.

      C’est aux gens de ces pays là de faire évoluer leurs propres rapports aux religieux, et à leur rythme, et selon leurs propres chemins.

      Il y a ici de multiples textes qui en parlent, qui essaient de nous donner les moyens de comprendre les sentiments et les émotions de ces populations exotiques, de nous mettre un tout petit peu à leur place.

      Sinon un texte qui date de 2013 critique sur Charlie-Hebdo, même après la période Philippe Val. Personnellement j’ai détesté la période Val donc je n’ai plus lu Charlie, je ne sais pas ce qu’il y avait dedans après cette époque. Il n’est pas question de chercher le moins du monde à amoindrir la condamnation ou à justifier les assassinats. Mais juste d’amoindrir l’hagiographie, qui n’est pas le respect.
      http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous

    • Ecoute @taggle, puisque tu confonds manifestement le fait de chercher des explications avec le fait de justifier/excuser un phénomène, je considère avoir gagné le droit t’ignorer.

      Je ne confonds pas le deux simplement je ne supporte pas les gens qui utilisent les morts pour défendre leur vision du monde.

      Qui est mort pendant cet attentat ? Frédéric Boisson, un agent d’entretien. Un pauvre mec qui a rien demandé à personne qui était là au mauvais endroit au mauvais moment et qui est mort d’une balle dans le fion tiré presque au hasard.
      Les trois flics morts. Des mecs qui gagnent pas lourds et qui font un boulot de merde en plus. Loin des bourgeois dominateur et néo-conservateurs.
      Les quatre juifs. Pareil, des mecs qui vont faire les courses et qui meurent comme ça parce qu’ils sont juifs.
      Quant aux mecs de "Charlie", peu importe qu’on les soutiennent. Perso j’aime l’humour irrévérencieux et caricatural mais je suis très conscient qu’ils sont allés trop loin parfois c’est-à-dire qu’ils ont dépassé l’humour pour devenir simplement diffamant. Donc je comprends qu’ils aient blessé des gens.

      Quant aux trois djihadistes force est de constater qu’ils ont raté leurs cibles. S’ils voulaient vraiment faire mouche fallait s’attaquer à ceux qui sont responsables : les néo-cons comme vous dites.

      Au fond le plus difficile c’est d’essayer d’intervenir dans le domaine politique sans utiliser la violence. Je suis aussi très conscient que faire la guerre pour la démocratie est stupide car elle ne mène à rien. Moi ce qui m’intéresse c’est les peuples pas leurs dirigeants. Qui a souffert le plus de la guerre en Afghanistan ? Les talibans ou les Afghans ? Qui souffre de la déliquescence de la Libye ? La réponse est évidente. On peut justifier n’importe quoi par la violence y compris la liberté et l’émancipation. Le colonialisme est aussi une hypocrisie totale, le fardeau de l’homme blanc tout comme l’axe du mal permet de justifier tous les excès et couvre bien des hypocrisies.
      La question qu’on peut se poser, à la lumière des révolutions arabes dont l’attentat à Charlie Hebdo est aussi un contrecoup selon moi, c’est qu’est-ce qui peut pousser un peuple à se mobiliser et à défendre certaines valeurs. Des millions de français sont sortis dans la rue. Pas pour réclamer la guerre (ça c’est leurs dirigeants qui le réclament) mais pour défendre des valeurs qui les soudent. Pourquoi les Afghans, les Irakiens, les Égyptiens ne sortent-ils pas dans la rue pour défendre la liberté ? Ils ne sont pas plus cons que nous, ni en retard de quoique soit, simplement ils ont des rapports au monde différents et que l’on peut aussi comprendre. Il ne s’agit pas d’intervenir pour leur octroyer une liberté qu’ils n’ont pas ; ni d’avoir un « double standard » en n’étant pas émus par les attentats terroristes qui ont lieu là-bas ou les privations qu’ils subissent. Simplement l’émancipation d’un peuple ne peut qu’être intérieur et elle est affaire de conviction et d’adhésion pas de violence, de terreur ou de domination. Et ça va dans les deux sens.

    • En écho, ce texte que m’a signalé @xavsch, qui n’est pas une réponse directe à Thiellement (puisqu’il date du 8 janvier) mais résonne néanmoins avec son propos, signé Bruce Bégout (et tout cela se passe toujours avec l’accord de l’auteur, bien sûr) :

      Il y a un autre amalgame tout aussi insupportable que l’identification des terroristes avec l’ensemble des musulmans, le « nous sommes tous responsables ». Il est étrange de voir comment certains sont, dans un premier temps, incapables de reconnaître la culpabilité et ses échelles, et s’accusent aussitôt en tant qu’occidentaux nantis et privilégiés. Au fond, disent-ils dans une confusion de pensée totale, « tout ça c’est de notre faute », et nous méritons ce qui nous arrive : la soumission de 2022, le terrorisme islamiste, la dégradation du climat, l’extinction des espèces. Ils se détestent tellement qu’ils voudraient qu’on périsse tous, de sorte que les terroristes leur apparaissent comme des médecins pratiquant l’euthanasie. Cette version postmoderne du fardeau de l’homme blanc est ridicule dans sa position nihiliste. Bien sûr que l’hypercapitalisme, l’inégalité mondiale de la répartition des richesses, l’hypocrisie des démocraties-libérales, la fabrique dans les ghettos de banlieue de la misère et de la haine, l’insignifiance abyssale de la pseudo-culture médiatique et consumériste n’aident pas à la formation d’un monde plus sain et plus juste et servent de terreau à l’émergence de ces mouvements radicaux. Mais, si nous sommes parfois complices de ces agissements, nous ne sommes pas que cela. Et Charlie-Hebdo, ce n’était pas cette hypocrisie et cette complicité avec le monde inique. A lire certains commentaires de ceux qui se veulent les grands esprits éclairés de derrière l’écran et cherchent à prendre de la distance avec cette émotion qu’ils trouvent naïve et ridicule (il y a quand même un temps pour pleurer non ?), on ne lit que l’autodétestation d’une société qui ne sait même plus ce en quoi elle croit. Ils sont incapables de faire la part des choses entre les nuisances, et mettent tout dans le même sac pour s’en prendre essentiellement à eux-mêmes dans une culpabilité diffuse et abjecte qui est le contraire de l’esprit critique. Alors, en conclusion, si vous pensez que c’est bien fait pour nous (quel est ce nous d’ailleurs ?), il y a des parapets d’immeuble et des ponts d’autoroutes à votre disposition. Les autres savent pourquoi ils se battent, et luttent contre deux fronts : Monsanto et Daech.

  • Charlie et le délire compassionnel
    http://articles.alambic.ch/libre/charlie-et-le-delire-compassionnel.html

    Sous couvert d’une interprétation particulièrement perverse [7] de la « #laïcité », et du droit à critiquer toutes les religions [8], le journal a laissé libre cours à ses penchants islamophobes. Cela a donné quelques chefs-d’œuvre des monuments de la liberté d’expression que nous devrions défendre de manière inconditionnelle, tel ce « monument à l’esclavage du contribuable autochtone blanc », alors que « Le Coran ne dit pas s’il faut faire quelque chose pour avoir trente ans de chômage et d’allocs », vicieuse inversion du rapport raciste. On y est aussi invité à répondre à cette question hautement impertinente, qui contient sa propre réponse : « Les frites seront-elles bientôt toutes halal en Belgique ? Quelques barbus s’y activent, et combattent la démocratie qui leur permet d’exister ». A ceux qui ont l’outrecuidance de faire remarquer de tels propos doivent être combattus, tout comme doivent l’être les propos antisémites, sexistes et homophobes, Charlie Hebdo rétorque que « les musulmans doivent comprendre que l’#humour fait partie de nos traditions depuis des siècles ». A chacun sa tradition : celle des Musulmans nous est donnée à voir par le dessin d’un un imam habillé en Père Noël en train d’enculer une chèvre, avec pour légende : « Il faut savoir partager les traditions » [9]. Cette désinhibation raciste, qui a cherché à se déguiser en subversion et en impertinence, a été en réalité facilitée dans le contexte d’une France sarkozyste aux relents pétainistes, dont le président a remercié le rédacteur en chef de l’hedomadaire pour sa loyauté en le propulsant à la tête d’une radio nationale. L’époque est depuis longtemps révolue où Charlie Hebdo était régulièrement soumis à la censure du pouvoir et pouvait de ce fait se présenter comme subversif et courageux. Il est aujourd’hui devenu l’ami des puissants, et au cri de « Je suis Charlie », c’est ce caniche des va-t-en-guerre qu’on essaie maintenant de nous présenter comme le dernier rempart contre la barbarie.

    #racisme #sexisme #xénophobie #guerre #conditionnement

    • Tout le papier est d’une débilité assez crasse, et finit dans un mélange de phénomènes sans aucun rapport qui mériteraient à son auteur une jolie chemise avec des manches attachées dans le dos :

      On ne compte déjà plus les interventions médiatiques qui surenchissent dans l’appel à la croisade. Le gouvernement français a pour sa part aussitôt annoncé des mesures anti-terroristes renforcées. Avant toute chose, cela signifie plus de persécutions policières pour ceux qui les subissent déjà, et plus de répression de la contestation. La guerre contre les pauvres [10] va elle aussi redoubler d’intensité, et les bancs grillagés d’Angoulème ne sont que le prélude à la terreur quotidienne qui attend les parias d’une société qui, pour se préserver de ses propres relents, s’en gargarisera d’autant plus à l’eau démocratique. Le délire compassionel vient renforcer une nouvelle fois le délire sécuritaire, et la panique autour de « l’invasion islamique » a pour principale fonction d’étouffer ce bruit de bottes

      .

      Il montre en outre :
      – Une absence de précautions oratoires, et même de décence assez peu commune
      – Une méconnaissance totale de Charlie des quinze dernières années, comme tous les papiers dans la même veine qui commencent à fleurir. Parce qu’il y a du monde pour s’exciter sur des dessins sans contexte, voire tronqués, mais pour lire les papiers ou les éditoriaux, qui donnaient du contexte et de la diversité, plus personne tout à coup.

      Plus généralement, tout le passage mis en citation n’est qu’une mauvaise resucée du désormais célèbre papier de Cyran, http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous , qu’il n’a même pas été foutu de lire correctement , comme le montre la confusion atterrante entre un soutien, dans une chronique, de Fourest (qui était loin de faire consensus à Charlie) à un dessinateur néerlandais qui avait effectivement publié les dessins en question sur son blog ; et une publication dans Charlie.
      Le papier en question n’est d’ailleurs pas tellement meilleur, et est très largement de mauvaise foi, mais au moins il avait le mérite de savoir à peu près de quoi il parlait, au lieu de partir dans une succession de délires paranoïaques, au timing franchement indécent.

    • @alexandre, tu viens là, d’un ton péremptoire, nous donner ton verdict : ce papier c’est de la merde ("Tout le papier est d’une débilité assez crasse").

      Ayant un peu l’habitude de trainer sur seenthis, je me méfie des posts des gens que je ne connais pas car le niveau est généralement très élevé. Il y en a pas mal avec lesquels je suis en désaccord mais, l’argumentaire qu’ils utilisent impose le respect.
      Donc, après lecture de ta diatribe j’ai fait deux choses : je suis allé relire l’article en question (au cas ou je sois passé à côté de quelque chose) et ensuite j’ai relu ton post.
      Mon verdict : non seulement je continue de trouver cet article remarquable, mais maintenant je te sais réducteur dans l’analyse.
      @alexandre, que penses-tu de la complexité ? Les choses ne sont pas dichotomiques, elles sont complexes, très complexes. Tu tires une citation du texte en disant (je simplifie) « regardez c’est un lourd, il mélange tout ».
      Et pourtant dans cette citation il t’explique que si l’on y prend garde, demain t’auras droit à un touché rectal pour pénétrer dans un grand magasin car la loi le prévoira. Il t’explique que si l’on y prend garde, demain on te mettra sur écoute permanente car la loi le prévoira, tu n’auras qu’à la fermer. Il t’explique que si l’on y prend garde, tu finiras en GAV parce que t’es allé 2 fois sur le même site, car la loi le prévoira. Toi t’appelles ça « tout mélanger » moi j’ai l’impression de voir en accélérer l’après 11/9.

      Tu viens crier haut au fort « y’a pas bon papier, y’a bon journalistes, y’a liberté d’expression bafouée, ..etc., y mélange tout » (sic !).
      Cyran que tu cites a pratiqué une dizaine d’années tes champions de la liberté d’expression dont d’après toi il faut « …lire les papiers ou les éditoriaux, qui donnaient du contexte et de la diversité… » mais pourtant son ressenti a l’air différent du tien et se rapproche de ce papier.

      Peut-être te faudrait-il du bien lourd, des méchants d’un côté (islamistes et autres) et des gentils de l’autre (en gros les ils_sont_Charlie). Mais Cyran ou Schiess c’est pas bon, ils ont l’air à gauche mais ils ne sont pas Charlie, alors l’opprobre est jetée.

      Je suis fatigué de ces leçons de pensée.

      Il y a peu de temps quelqu’un a seené un papier remarquable qui décrivait ces gens, généralement gauchistes antifas, qui prétendent combattre pour la liberté d’expression mais qui ont pour comportement de s’assoir sur celle de ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, avec violence, et bien entendu, en anonymes, pour gerber sur des gens qui signent avec leur vrai blase.

      Au final, Schiess est un âne, Cyran pas loin et toi visiblement tu es Charlie et tu iras certainement demain manifester à l’appel de ton premier ministre avec tous les représentants de l’OTAN. Je te laisse évaluer objectivement où est la crasse.

      @biggrizzly , j’ai également lu ton commentaire que tu as par précaution qualifié d’humoristique. Je le prends donc comme tel, mais je voudrais néanmoins dire quelque chose : tout n’est pas blanc ou noir. Tu crées le tag #je_suis_minute, tag pervers s’il en est car il pousse à accroire que soit tu es Charlie ou soit tu es minute (tu n’as pas choisi, l’huma, ou rouge, tu as choisi minute, c’est particulier).
      @biggrizzly , souffre qu’il existe beaucoup de nuances de gris. Tu peux ne pas être Charlie, et ne pas être minute également. Tu peux être Charlie et aussi être un gros c%@, c’est ça la complexité, elle nous impose de ne pas abdiquer notre droit à réfléchir et à admettre qu’il y a autre chose que le choix dichotomique mac-do/quick, auchan/carrouf, démocrate/républicain, ump/ps et bien entendu #je_suis_Charlie/#je_suis_minute.

      J’espère néanmoins que tu apprécieras mon humour comme j’ai su apprécier le tien. Si tous les couples que je viens de lister ne sont en fait que le reflet de deux choses identiques, choses pourtant que l’on veut nous montrer comme opposées ou pour le moins différentes, je te laisse méditer la dessus : #je_suis_Charlie/#je_suis_minute.

      Moi, #je_ne_suis_pas_Charlie, #je_suis_de_gauche enfin je crois, mais je peux être également #assez_lourd aussi, mais bon c’est complexe…
      Amicalement.

    • @butadaie tu as bien du courage pour faire ce genre de commentaire posé. J’avoue que des fois l’envie de laisser tomber m’habite. J’ai posté le même article ailleurs et j’ai eu un truc encore plus réactif :
      « Article de merde, intellectuellement médiocre et surtout particulièrement malvenu... AVFF. »
      je ne suis pas sur mais je crois que AVFF doit signifier aller vous faire foutre... J’étais ravi.
      Du coup, je pense surtout que c’est que pour certains, il y avait beaucoup d’attachements aux auteurs, et qu’il y a une grande part d’émotion. La spécificité de la chose étant que les personnes tuées étaient en partie très connue du grand public.

  • Article11 - « #Charlie_Hebdo », pas #raciste ? Si vous le dites… - Olivier Cyran
    http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous

    Vous vous réclamez de la tradition anticléricale, mais en feignant d’ignorer en quoi elle se différencie fondamentalement de l’islamophobie : la première s’est construite au cours d’une lutte dure, longue et acharnée contre un clergé catholique effectivement redoutable de puissance, qui avait – et a encore – ses journaux, ses députés, ses lobbies, ses salons et son immense patrimoine immobilier ; la seconde s’attaque aux membres d’une confession minoritaire dépourvue de toute espèce d’influence sur les sphères de pouvoir. Elle consiste à détourner l’attention des intérêts bien nourris qui gouvernent ce pays pour exciter la meute contre des citoyens qui déjà ne sont pas à la fête, si l’on veut bien prendre la peine de considérer que, pour la plupart d’entre eux, colonisation, immigration et discrimination ne leur ont pas assigné la place la plus reluisante dans la société française. Est-ce trop demander à une équipe qui, selon vos termes, « se partage entre tenants de la gauche, de l’extrême gauche, de l’anarchie et de l’écologie », que de prendre un tantinet en compte l’histoire du pays et sa réalité sociale ?

    J’aime bien les bouffeurs de curés, j’ai grandi avec et ils m’ont inculqué quelques solides défenses contre les contes de fées et les abus de pouvoir. C’est en partie cet héritage-là qui me fait dresser les poils devant l’arrogante paresse intellectuelle du bouffeur de musulmans. La posture antireligieuse lui offre un moyen commode de se prélasser dans son ignorance, de faire passer pour insolents ses petits réflexes de contraction mentale. Elle donne du lustre à un manque béant d’imagination et à un conformisme corrodé par les yeux doux de l’extrême droite16.

  • http://blog.marcelsel.com/2015/01/07/je-ne-suis-pas-charlie

    Tu te rappelles que tu as publié cette critique acerbe quand le journal avait pris la défense de ce parti islamophobe, le Vlaams Belang, pour une histoire de coran déchiré. Zineb t’avait alors demandé un droit de réponse. Et de cette petite polémique, tu ne gardes rien d’autre que l’espoir qu’elle a échappé au massacre. Pour pouvoir t’offusquer encore, un jour, d’un texte d’elle que tu trouverais déplacé. Pour pouvoir publier encore, un jour, un droit de réponse comme celui qu’elle t’a envoyé, et que tu étais si fier d’avoir reçu. Pour pouvoir jouir avec elle de cette liberté de débattre, de se battre lettre à lettre, celle-là même que trois corbeaux ont voulu abattre aujourd’hui et qu’ils n’abattront pas.

    • Phil, je ne vais pas rentrer dans les détails, cette affaire me donne déjà envie de m’enterrer ; mais les dessinateurs de Charlie en résistants, franchement non. À moins de supposer que la France soit un état théocratique musulman contre lequel nos combattants de l’ombre portaient des coups depuis les souterrains, c’est juste faux. La violence de ce qu’ils ont subi est une chose, mais ce serait pas mal de garder un brin la tête froide pour observer cette chose avant de commencer à délirer une union nationale en deuil pour ses héros morts au combat. Toutes les réactions conduisant à cette espèce d’effrayant sentiment de cohésion collective et la clarté solennelle de son évidence ne conduiront à rien de bon. Les mausolées sont des constructions hypnotiques, je m’en tiens le plus éloigné possible.
      Bon. C’est le deuxième mot sur ce sujet, après celui, à chaud, envoyé à Aurélien le soir-même sur seenthis, que j’écris. C’est parce que c’est vous deux, parce que vous êtes des amis ; je me sens obligé de vous signifier à peu près où je me trouve. Ce sera aussi le dernier.

    • Euh ?

      Allez, ris ! Ris donc de son museau pointu. Ris donc de sa déprime qu’il impose à tous. Et, tiens, marre-toi aussi de ces sans-couilles homophobes et misogynes qui pensent se faire 72 vierges au paradis et découvriront en arrivant qu’à la place, ils devront se prendre la bite au Professeur Choron dans l’anus 72 fois par jour. Haha ! Allah sait y faire avec les cons !

      Tu te dis que ce genre de sarcasme pourrait choquer. Mais tu expliqueras d’emblée à tes amis musulmans que tu ne parlais pas de cet Allah auquel ils croient, que tu respectes, mais d’un dieu fallacieux auquel les jihadistes ont donné le même nom, le souillant par là même.

    • L., pour ma part je ne parviens pas très bien à savoir où je me trouve avec précision. D’abord ému et déboussolé à l’idée d’une rédaction assaillie à l’arme lourde et ses occupants décimés si froidement, et cela en dépit de l’aversion que j’avais pour ce journal depuis un peu plus de dix ans maintenant.

      Ensuite effaré, littéralement effaré par la récupération médiatique avant même celle politique, ce phénomène Je suis Charlie , manière de dire qu’on avait tous au moins une fois croisé dans son existence un des tués. Je note par exemple qu’il y a ces quatre noms de dessinateurs mis en avant, on se dit c’est parce qu’ils sont dessinateurs, donc plus emblématiques qu’un correcteur, mais alors quid d’Honoré à peine mentionné la plupart du temps à mon sens bien meilleur graphiste que tous les autres réunis, mais la question est oiseuse. Effectivement ce côté martyr et héros est à gerber. Et l’article dans Article 11 d’Oliver Cyran http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous donne un peu de recul sur les héros et leur crémerie dans laquelle le moindre que l’on puisse dire c’est que les produits n’étaient pas tous frais du jour.

      Quant à la volonté d’union nationale là c’est l’effroi complet. Et il me semble que ce post http://seenthis.net/messages/328384 dit assez bien en première analyse cette impossibilité. Quant à ce grand fantasme démocratique d’union nationale, c’est consternant et celles et ceux ici qui n’ont pas d’enfants au collège et au lycée ne peuvent même pas se douter de la difficulté que c’est de tâcher d’extraire des idées pareilles quelques minutes seulement après qu’elles ont germé dans l’esprit généreux, et élévés pour l’être, de ses enfants.

      Aussi sans doute suis-je particulièrement attentif à ceux, qui comme @arno, en premier ici http://seenthis.net/messages/328125, osent dire ce que je réponds aux mails et sms que je reçois depuis hier d’amis, de proches même, je ne suis pas Charlie. Ce truc est tellement stupide, il fait références à tellement d’héritages contradictoires, de Kennedy à mai 68, et il fait tellement tâche d’huile que je me dis que cela c’est déjà une bouffée d’air.

      Mais en fait je crois que je devrais faire comme je pensais faire depuis le début, tourner le dos entièrement à cette situation, j’ai cependant été rassuré dans un premier temps où je cédais à mes émotions de constater que sur seenthis, il y avait quelques renvois vers des liens qui rapportaient un peu d’intelligence là où elle manquait crucialement.

      En reponse à @arno et @rastapopulos sur le passage justement relevé par eux, je ne dis pas que je n’ai pas tiqué non plus, j’y ai vu un hommage malheureux et maladroit à ceux qui avaient été des adversaires, mais de fait c’est scabreux.

  • Bon, je vais tout de même le dire : #je_ne_suis_pas_Charlie, parce que lorsque j’ai commencé à écrire sur le Web, avec plein de Copains à la fin des années 90, parmi les premiers et plus bruyants ennemis de ma propre liberté d’expression, il y avait, justement, Philippe Val et Charlie Hebdo (avec force arguments corporatistes et dénonciation des pédonazis). Et ça avait été particulièrement choquant, justement parce qu’à l’époque je croyais encore que Charlie était « dans notre camp », je croyais à leurs prétentions libertaires (la dérive néoconservatrice, les éditoriaux pro-israéliens, la supériorité de la civilisation occidentale sur ces Arabes qui n’ont pas composé les symphonies de Beethoven ni inventé les avions, l’islamophobie ouverte qui ne se limitait pas, loin de là, à des dessins un peu trash, etc., sont arrivés rapidement ensuite, et sont plus largement documentés).

    Alors, évidemment, « rien ne justifie… », je suis abasourdi par ce qui est arrivé, compassion, etc., mais je laisse ceux qui ont brandi leur carte de journaliste hier comme si c’était un symbole de la liberté d’expression, le soin d’« être Charlie ». Charlie, pour moi, c’est le média qui a utilisé son image de gauche, voire libertaire, pour dénoncer cette belle et passionnante liberté d’expression qui arrivait avant tant de force et d’enthousiasme sur l’Internet.

  • « Charlie Hebdo », pas raciste ? Si vous le dites…
    Olivier Cyran
    http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous

    Vous vous réclamez de la tradition anticléricale, mais en feignant d’ignorer en quoi elle se différencie fondamentalement de l’islamophobie : la première s’est construite au cours d’une lutte dure, longue et acharnée contre un clergé catholique effectivement redoutable de puissance, qui avait – et a encore – ses journaux, ses députés, ses lobbies, ses salons et son immense patrimoine immobilier ; la seconde s’attaque aux membres d’une confession minoritaire dépourvue de toute espèce d’influence sur les sphères de pouvoir. Elle consiste à détourner l’attention des intérêts bien nourris qui gouvernent ce pays pour exciter la meute contre des citoyens qui déjà ne sont pas à la fête, si l’on veut bien prendre la peine de considérer que, pour la plupart d’entre eux, colonisation, immigration et discrimination ne leur ont pas assigné la place la plus reluisante dans la société française.

  • Article11 - « Charlie Hebdo », pas raciste ? Si vous le dites… - Olivier Cyran
    http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous

    Mais je ne vous écris pas pour vous parler de bon goût, plutôt de ce pays que vous avez contribué à rendre plus insalubre. Un pays qui désormais interdit à une femme de travailler dans une crèche au motif que le bout de tissu qu’elle porte sur la tête traumatiserait les bambins. Où une élève de troisième coiffée d’un bandana jugé trop large se fait exclure de son collège avec la bénédiction d’un maire UMP, du ministre socialiste de l’Éducation nationale et de la presse écumante6. Où l’on peine à trouver un comptoir de bistrot ou une table de fins lettrés sans qu’à un moment ne se déverse le genre de blagues qui, à « Charlie », vous font péter les boyaux le jour du bouclage. Où l’on considère comme une avant-garde de la cinquième colonne toute femme qui se couvre les cheveux, au point qu’on lui interdit de participer à une sortie scolaire ou de faire du bénévolat aux Restos du cœur7.

    #Charlie #islamophobie