Le sarin de qui ? (London Review of Books) — Seymour HERSH
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traduction VD
Barack Obama n’a pas tout dit cet automne quand il a essayé de nous convaincre que Bashar al-Assad était responsable des attaques à l’arme chimique près de Damas le 22 août. Dans certaines circonstances, il a omis des informations importantes, et dans d’autres, il a présenté des suppositions comme des faits. Plus important, il n’a pas reconnu un fait bien connu de la communauté des services de renseignements : que l’armée syrienne n’est pas la seule partie dans la guerre civile de ce pays à avoir accès au sarin, ce gaz neurotoxique qui d’après une étude de l’ONU – qui n’assigne aucune responsabilité – a été utilisé dans l’attaque à la roquette. Durant les mois qui ont précédé cette attaque, les services de renseignements américains ont produit une série de rapports classés hautement confidentiels, culminant par un Operation Order – un document de planification en prévision d’une invasion au sol – qui citait des preuves que le Front al-Nousra, un groupe de djihadistes affilié à Al-Qaïda, maîtrisait la technique de production du sarin et était capable d’en produire en quantité. Quand les attaques ont eu lieu, al-Nousra aurait dû faire partie des suspects, mais le gouvernement a sélectionné avec soin les renseignements qui pouvaient justifier une frappe contre Assad.
Dans son discours télévisé national sur la Syrie, le 10 Septembre, Obama a fermement rejeté la responsabilité de l’attaque au gaz sarin, sur la banlieue de Ghouta Est tenue par les rebelles, sur le gouvernement d’Assad, et a clairement indiqué qu’il était prêt à mettre à exécution ses mises en garde publiques antérieures selon lesquelles l’utilisation d’armes chimiques était une « ligne rouge » à ne pas franchir : « le gouvernement d’Assad a gazé à mort plus de mille personnes, a-t-il dit. « Nous savons que le régime d’Assad est responsable ... Et c’est pourquoi, après mûre réflexion, j’ai décidé qu’il est dans l’intérêt de la sécurité nationale des États-Unis de riposter à l’utilisation par le régime Assad d’armes chimiques par une frappe militaire ciblée. » Obama allait entrer en guerre pour appuyer une menace publique, mais il le faisait sans savoir avec certitude qui avait fait quoi au petit matin du 21 Août.
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