Le sarin de qui ? (London Review of Books) — Seymour HERSH

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  • Vous vous souvenez des attaques au gaz de combat en Syrie le 21 août dernier ? Et les accusations : le régime syrien avait franchi la ligne rouge, etc. Il faut lire de près l’enquête de Seymour Hersh parue dans la London Review of Books

    Whose sarin ?

    http://www.lrb.co.uk/v35/n24/seymour-m-hersh/whose-sarin
    En peu de mots : les services de renseignements savaient que Al-Nusrah disposait (dispose toujours) de capacités de production du gaz sarin ; les capteurs qui avaient averti avec succès, en décembre 2012, que l’armée syrienne avait manœuvré du gaz (on sut plus tard que ce fut pour un exercice) n’avaient rien capté de ce côté dans les trois jours qui ont précédé l’attaque (3 jours = durée de vie maximale d’une munition prête car le gaz érode le contenant) ; le gouvernement US a évité de faire reposer ses accusations du régime syrien sur les rapports des services de renseignement, ne prenant dans ces rapports que ce qui l’arrangeait et l’accusation formulée le 30 août ne reposait pas sur des faits mais essentiellement sur des arguments politiques ; les accusations formulées à nouveau le 10 septembre présentaient comme effectives les procédures qu’aurait (aurait) employé l’armée syrienne si (si) elle avait préparé une attaque (procédures connues depuis décembre 2012) ; les preuves brandies par la presse à la suite du rapport de l’ONU, photos des munitions employées, munitions soit-disant typiques de l’armée syrienne, ont été évaluées par Theodor Postol (MIT) comme des munitions artisanales produites localement ; de même, encore, l’analyse produite par le New York Times, selon laquelle le trajet des projectiles porteurs avait été de 9 km, en provenance directe d’un camp de l’armée syrienne, cette analyse est qualifiée par Postol et un de ses collègues, Richard M. Loyd, de ‘totally nuts’ (pure foutaise) car ces projectiles ne pouvaient avoir parcouru plus de 2 km - et tout cela alors que les USA (services de renseignement, ministères) étaient attentifs à l’utilisation de gaz sarin par al-Nusrah depuis des attaques au gaz de cette armée en mars et en avriL
    J’ajoute que les investigations menées sur place par les inspecteurs de l’ONU avaient pour but d’identifier la nature de l’attaque (quel gaz, où, etc.) mais pas d’identifier qui avait employé cette arme.
    Seymour hersh n’affirme pas que al-Nusrah est l’auteur de l’attaque (il n’existe aucune preuve positive de cela), il se contente de démontrer qu’Obama et ses administrations ont raconté ce qui les arrangeait, qu’ils ont soigneusement écarté tout ce qui pouvait les contredire, que la presse officielle, fidèle serve, a fait de même.
    Pour l’instant, je n’ai encore rien lu ni entendu de nos organes de presse au sujet de l’enquête de Seymoyur Hersh.
    Accessoirement, un article du Huffington Post http://www.huffingtonpost.com/2013/12/08/seymour-hersh-syria-report_n_4409674.html sur les refus de publication essuyés par Seymour Hersh - et comment son article a fini dans une revue intellectuelle londonienne :
    #sarin #syrie #hersh #contre-enquête

  • Le sarin de qui ? (London Review of Books) — Seymour HERSH
    http://www.legrandsoir.info/le-sarin-de-qui-london-review-of-books.html
    traduction VD

    Barack Obama n’a pas tout dit cet automne quand il a essayé de nous convaincre que Bashar al-Assad était responsable des attaques à l’arme chimique près de Damas le 22 août. Dans certaines circonstances, il a omis des informations importantes, et dans d’autres, il a présenté des suppositions comme des faits. Plus important, il n’a pas reconnu un fait bien connu de la communauté des services de renseignements : que l’armée syrienne n’est pas la seule partie dans la guerre civile de ce pays à avoir accès au sarin, ce gaz neurotoxique qui d’après une étude de l’ONU – qui n’assigne aucune responsabilité – a été utilisé dans l’attaque à la roquette. Durant les mois qui ont précédé cette attaque, les services de renseignements américains ont produit une série de rapports classés hautement confidentiels, culminant par un Operation Order – un document de planification en prévision d’une invasion au sol – qui citait des preuves que le Front al-Nousra, un groupe de djihadistes affilié à Al-Qaïda, maîtrisait la technique de production du sarin et était capable d’en produire en quantité. Quand les attaques ont eu lieu, al-Nousra aurait dû faire partie des suspects, mais le gouvernement a sélectionné avec soin les renseignements qui pouvaient justifier une frappe contre Assad.

    Dans son discours télévisé national sur la Syrie, le 10 Septembre, Obama a fermement rejeté la responsabilité de l’attaque au gaz sarin, sur la banlieue de Ghouta Est tenue par les rebelles, sur ​​le gouvernement d’Assad, et a clairement indiqué qu’il était prêt à mettre à exécution ses mises en garde publiques antérieures selon lesquelles l’utilisation d’armes chimiques était une « ligne rouge » à ne pas franchir : « le gouvernement d’Assad a gazé à mort plus de mille personnes, a-t-il dit. « Nous savons que le régime d’Assad est responsable ... Et c’est pourquoi, après mûre réflexion, j’ai décidé qu’il est dans l’intérêt de la sécurité nationale des États-Unis de riposter à l’utilisation par le régime Assad d’armes chimiques par une frappe militaire ciblée. » Obama allait entrer en guerre pour appuyer une menace publique, mais il le faisait sans savoir avec certitude qui avait fait quoi au petit matin du 21 Août.

    http://seenthis.net/messages/205134
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    #Seymour_Hersh