• Le consumérisme vert : une nouvelle vulgate médiatique

    article d’Acrimed http://www.acrimed.org/article4233.html

    Dans le royaume enchanté du « capitalisme vert », l’argument de la sauvegarde de la planète se mue ainsi en simple recette publicitaire, un argument de vente parmi d’autres et grâce auquel il s’agit de rassurer le consommateur, ou ici la consommatrice, sur les conséquences de ses achats. Or, si Marie-Claire tenait tant à la préservation de l’#environnement, le magazine pourrait commencer par remettre en cause le mode de financement des #magazines_féminins (et d’un nombre croissant de #médias), centré sur les revenus générés par la #publicité. Cette dernière constitue en effet, non seulement une énorme source de #gaspillage, mais un puissant instrument d’intoxication idéologique qu’aucun projet écologique conséquent ne saurait épargner.

    La réappropriation du discours écologique passe parfois par une mise à distance explicite de l’#écologie militante. Ainsi peut-on lire sur le site de Marie-Claire cette profession de foi, qui se prolonge en une profonde interrogation : « Loin de l’image ringarde de l’écolo post 68, les lignes bio s’imposent comme des références mode. Comment se traduit ce discours militant dans nos adresses préférées ? » Suivent quelques couplets relatifs aux « looks écolo » ou aux créateurs « soucieux de l’environnement ». On apprend au passage que « la protection de la planète et le développement durable sont devenus les priorités des industriels du textile », ce qui sans doute amusera ces industriels eux-mêmes, puisqu’en régime capitaliste, c’est la protection et le développement (durable ou non) de leurs profits qui priment et primeront toujours, conditionnant l’ensemble des décisions d’investissement prises par les entreprises privées.

    Le lecteur curieux n’est pas au bout de sa peine puisque ce sont ensuite les « people » qui sont convoqués pour faire la promotion, d’ordre évidemment publicitaire, de ce que Marie-Claire nomme « écologie ». Outre ces écolos devant l’éternel que sont le prince Charles, Arnold Schwarzenegger ou le prince Albert II de Monaco, sont ainsi proposées des interviews avec les acteurs Leonardo DiCaprio et Cameron Diaz ou avec la chanteuse Jenifer, interrogés sur leur «  désir de sauver le monde ». On retiendra cette savoureuse question posée à l’acteur états-unien : « Vous voulez dire que l’environnement est un problème politique ? ». La chose a évidemment de quoi surprendre quand, plus bas sur la page du site et avec la mention « à voir sur le même thème », démarre automatiquement une vidéo intitulée : « Comment porter la jupe fendue cet hiver ? » #Dépolitisation, que ne commet-on pas en ton nom ?

    ça me rappelle un passage de « La Tyrannie de la Réalité » de @mona http://www.peripheries.net/article15.html

    Ce qu’exprime le geste du consommateur lorsqu’il achète un paradis dans un flacon ou dans une pochette plastique, c’est bien un désir éperdu de renouer un contact avec le monde naturel. Mais ce geste, évidemment, est un geste d’impuissance. Il renforce encore l’enfermement dont il procède et qu’il voudrait plus ou moins consciemment secouer. Tout notre système économique repose sur l’indifférence au milieu : on sait que, aveugle à tout ce qui n’est pas lui, il prospère en grande partie grâce aux frais engagés pour pallier les dégâts qu’il cause - lesquels alimenteront la sacro-sainte #croissance. Seul ce qui fait l’objet d’un échange commercial existe : le reste ne fait pas partie de la réalité. Considérée intrinsèquement bonne, la transaction économique éclipse la situation critique qui peut la motiver (en 1970, déjà, Jean Baudrillard, dans La Société de Consommation, citait en exemple l’augmentation des ventes d’ampoules due à une baisse de la luminosité de l’air de 30% en cinquante ans) ou apparaît même comme un moyen de la réparer.
    [...]
    Le Salon de l’agriculture qui se tient chaque année à Paris représente sans doute l’avatar le plus grossier du grand écart entre la réalité et sa représentation : on y célèbre la #nature avec de grands groupes agro-industriels, et on s’y berce d’images bucoliques pour mieux oublier que le productivisme broie les hommes, torture les animaux, pollue la terre et l’eau, que les #campagnes se désertifient et que le monde #paysan se meurt.
    Une fois que l’on a perdu l’échelle, qui seule pourrait permettre de rompre l’enfermement, on devient perméable à toutes les #duperies. Ou, si on n’est pas dupe, on se résigne néanmoins à se contenter d’#ersatz. Sans cet escamotage initial, il serait impossible de transformer chacun en cheval de trait affublé d’oeillères, comme c’est le cas aujourd’hui. Notre environnement est agencé de telle façon que nous ne voyions – et ne désirions – rien d’autre que les produits ; de façon qu’ils occupent tout l’espace et obstruent l’horizon.

    et un vieux commentaire que j’avais mis sur un forum, en espérant me tromper http://www.onpeutlefaire.com/forum/topic/3973-changer-de-travail-de-vie-pour-son-plaisir/#entry44257

    #greenwashing #récupération #marketing