Misère de notre addiction numérique

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  • Informatique ou liberté ?
    http://paris-luttes.info/informatique-ou-liberte

    Un texte du groupe Marcuse après les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance des communications numériques par les services secrets américains. Tribune parue à l’origine dans Le Monde du 3 janvier sous le titre « Misère de notre addiction numérique », en voici sa version longue, avec le titre que désiraient ses auteurs.

    cf. http://seenthis.net/messages/213121 via @bug_in (merci !)
    Un complément au débat signalé par @colporteur demain au Dilengo peut-être http://seenthis.net/messages/213613
    #surveillance #capitalisme #data

  • Le scandale de la la NSA à la lumière de 1789. Un peu de recul, ça ne fait jamais de mal.

    Les partisans d’une interception des lettres considèrent que le principe du secret des lettres « peut être modifié, et qu’on doit admettre une exception dans le cas où les lettres seraient soupçonnées d’être écrites par des ennemis et à des ennemis de la liberté nationale »

    Or, l’Assemblée ne suivra pas cette demande et rejettera les différentes motions, privilégiant le principe du respect du secret des correspondances aux nécessités de l’ordre public, malgré l’époque particulièrement troublée.

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=60711

    #nsa #histoire #diachronie #surveillance #vie_privée

    • Malheureusement, je ne suis pas sûr que la violation d’une correspondance internet puisse être comparée avec celle d’une lettre sous enveloppe.

      Un mail étant numérique, l’inspection de son contenu ne laisse pas de trace (en tout cas on n’a pas de solution pour que ça en laisse). La surveillance peut donc être automatisée, sans « responsable physique ». Indolore.

      Dans la tribune du groupe Marcuse dans Le Monde :http://seenthis.net/messages/213121

      Les Etats et les grandes entreprises devraient vraiment faire preuve d’une vertu surnaturelle pour ne pas être tentés de tirer profit du fait que nous vivons dans une société où tout est enregistré, mémorisé.

      Un mail n’est pas une lettre, ni pour vous, ni pour les fonctionnaires chargés de la surveillance, ni pour l’Etat. Ce n’est qu’un paquet de données échangé. On peut sérieusement douter que des lois – ou une révolte – mettent un jour fin à leur lecture, tout simplement parce qu’il parait impossible d’en vérifier l’application effective (à la différence de la violation d’une correspondance épistolaire – l’importance du sceau :).

      Par ailleurs, peut-être faudra-t-il un jour arrêter cette comparaison avec la carte postale pour motiver le chiffrage des mails, parce que c’est quelque chose d’infiniment plus grave et de profondément différent qui se joue. Une question d’#intimité, un terme bien plus approprié pour rendre compte de l’enjeu actuel que celui de « vie privée ».

  • La transparence dissuasive au service des libertés
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/01/02/la-transparence-dissuasive-au-service-des-libertes_4342301_3232.html
    Publié dans Le Monde le 03/01 en regard de la tribune du groupe Marcuse (cf. http://seenthis.net/messages/213121 ), un texte qui justifie la surveillance et le #big_data étatique :

    Un débat fondamental s’est ouvert avec l’affaire Snowden et ses fuites sur l’interception et la collecte des communications numériques : celui de la protection de la vie privée et de la sécurité des citoyens dans nos sociétés connectées.

    Si certains estiment que le droit à la vie privée est une prérogative absolue, force est de constater que c’est un droit déjà très encadré. L’Etat demande à chacun de révéler l’intégralité de ses revenus. Il peut si nécessaire perquisitionner et même placer un prévenu en détention provisoire. S’étonner que l’Etat puisse intercepter des e-mails, c’est oublier qu’il dispose du monopole de la violence.

    Jusque là, on est totalement d’accord sur le constat, qui permet de se gausser (amèrement) des indignés devant leur écran. C’est d’ailleurs l’une des bases de la critique anarchiste de l’Etat, et qui fonde certainement le désintérêt et le silence des anars sur toutes ces questions.

    Depuis 2007, plus de 90 % des informations transmises ou archivées dans le monde le sont sous forme numérique. Si l’on pense que cette technologie est devenue vitale à nos sociétés, alors il est normal que l’Etat s’y impose également. La démonstration de cette nécessité s’établit désormais tous les jours par les tentatives de communication cryptée et anonyme entre groupes mafieux ou terroristes, l’espionnage industriel massif, le risque de cyberattaques ou les progrès de la criminalité informatique.

    L’article finit en apothéose, justifiant la surveillance par la collecte de données en masse, pour le bien évidemment des citoyens. Une simple conservation des logs à des fins de débugage de la société, quoi ;-)

    Mais l’évaluation des menaces nécessitant surveillance va évoluer. Elle intégrera signaux forts et faibles dans un large mélange de données – un cas usuel dans les analyses « big data ». Ces analyses prédictives assistant l’intuition de l’enquêteur devront être constamment évaluées par des autorités de contrôle. Car les institutions de police et de surveillance seront elle-même surveillées.

    A l’historique des connexions des suspects s’ajouteront celles des enquêteurs. De la localisation GPS imposée aux voitures de la police de Boston aux possibilités vidéo des lunettes électroniques d’agents dont les gestes et actions pourront être vérifiés – c’est un immense jeu de données sur l’activité policière qui sera collecté.

    Ces informations pourront être archivées sur la très longue durée, apportant une protection judiciaire supplémentaire au citoyen. Les preuves d’un abus ne pourront jamais disparaître. Une transparence dissuasive naîtra de cet archivage numérique.