Merci pour ta lecture @touti.
Le fait que l’enseignant "fait partie du problème" dans le cadre d’un projet Égalité filles-garçons est un point important et qui n’a été traité dans ce projet que par défaut (sans dispositif pédagogique ou réflexif spécifique). C’est compliqué à traiter pour différentes raisons : il n’y a aucune culture dans l’EN d’un regard réflexif ou partagé ; l’enseignant(e) ne se voit pas comme un individu "à psychologiser" mais comme une Institution et l’enseignant(e) accepte rarement qu’on vienne lui titiller l’intime (et pourtant…) ; concrètement, pour sortir des simples réflexions personnelles, il faut un dispositif extérieur, un regard tiers, et nous n’avons aucune ressource pour avancer dans cette direction. Nous avons mené ces actions sans appui, et c’est forcément compliqué lorsqu’il y aurait besoin d’un "regard sur soi". Par exemple, je serai curieux de savoir comment je "genre" la répartition de la parole dans ma classe, ou mes interventions pédagogiques individualisées, mais je ne peux le faire seul.
Près de 10% des enfants subissent des violences, mais quelles sont les formations des enseignants pour reconnaitre les signes de souffrance des enfants ?
Je suis enseignant depuis 10 ans. Je n’en ai eu aucune. À l’IUFM, à l’époque, on m’a juste donner quelques conseils pour "ouvrir le parapluie". Au quotidien, c’est très compliqué et souvent à pleurer, pour résumer les situations demandent souvent du dialogue, de la nuance, de l’accompagnement, et les réactions possibles sont souvent binaires : ne rien faire ou déclencher un signalement potentiellement lourd de conséquences. L’Éducation Nationale et les services sociaux sont très forts pour dysfonctionner en interne sur ces sujets, alors lorsqu’ils doivent collaborer c’est très souvent, selon mon expérience, d’immenses gâchis. Pour revenir à notre sujet, l’intervenant du MFPF m’a cité le cas d’une directrice d’école qui a refusé une intervention du Planning Familial parce qu’elle avait peur de ce qu’elle pourrait apprendre et de ce qu’il faudrait faire ensuite… :(
mais en quoi l’espionnage aux toilettes fait-il parti d’une construction d’identité ?
Merci d’avoir noter ce point, je me suis mal exprimé, je vais corriger. C’est de la curiosité (du corps) de l’autre dont je voulais parler, et non de "l’espionnage" dans sa dimension intrusive.
Quel peut être le sentiment d’un enfant quand de nouveaux schémas collectifs sont énoncés
Là aussi, il faut en effet que je précise et rappeler la vigilance nécessaire à ce que l’enfant ne se sente pas pris au piège d’une parole d’adulte ou d’une norme collective. Dans les faits, à ce moment-là, les enfants ont échangé des ressentis subjectifs (comme lorsqu’on revient d’une séance de ciné et que certains ont aimé et d’autres non, sans qu’il y ait de réponses attendues). L’animatrice a d’ailleurs conclu ce moment en posant cette subjectivité « Il n’y a que vous qui savez au fond de vous ce qui vous fait du bien ou du mal ». Le temps, disons, de synthèse normative n’a concerné que les interdits incontournables.
parents d’élévation
i.e. pas les parents géniteurs comme dans le cas d’une adoption, par exemple ?
en quoi l’inégalité est un problème
Tu veux dire d’un point de vue moral ?