Judith Butler : judéité et sionisme

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  • Judith Butler : judéité et sionisme
    http://blogs.mediapart.fr/edition/bookclub/article/261213/judith-butler-judeite-et-sionisme

    S’il s’agit, pour #Judith_Butler, de penser une #judéité distincte du #sionisme (...), il s’agit aussi de montrer en quoi les termes du conflit israélo-palestinien renvoient à des questions et problèmes constitutifs de la judéité qui permettraient de penser ce conflit et la légitimité de la cohabitation : la question du rapport à l’autre, la question de la frontière, celle de l’identité ou de la cohabitation, ainsi que la reconnaissance des obligations éthiques et des droits et devoirs politiques impliqués par la judéité, font partie de ce que, selon Butler, signifie être Juif. Vouloir penser ce conflit en occultant ce que la judéité implique comme éthique de l’altérité et comme politique inclusive est au contraire le propre du sionisme nationaliste de l’Etat israélien : penser que la judéité et les conditions de l’identité juive ne sont possibles qu’à la condition de nier l’autre, de l’exclure, voire de l’opprimer – comme cela est le cas dans la violence politique, sociale, économique et militaire subie par les Palestiniens – revient non seulement à imposer à l’autre une souffrance que l’on espère ainsi, mais en vain, s’épargner, mais aussi à confisquer les termes de la judéité pour les rabattre sur ceux d’un Etat-nation militaire et guerrier, niant par là même, de manière violente, l’histoire juive et ses implications éthiques, politiques et subjectives. Pour Butler, il s’agit au contraire de « défaire l’association […] entre l’Etat d’#Israël et le peuple juif, voire les valeurs juives », de remettre « en cause le droit de l’Etat d’Israël à parler au nom des valeurs juives, voire du peuple juif » – cette dissociation étant non seulement une condition d’une critique juive de l’Etat israélien mais surtout de la paix.

    Butler trouve chez les auteurs qu’elle mobilise les moyens de développer toutes ces questions et perspectives ainsi que leurs implications. C’est le cas, par exemple, avec Hannah Arendt, dont le rapport à Israël et la position critique à l’égard du sionisme sont longuement analysés : « Pour Arendt […] nous n’avons pas le droit de choisir avec qui cohabiter sur terre. La population de la Terre, par sa diversité, nous précède toujours […]. Il n’est pas de fraction de la population qui puisse, pour elle-même, revendiquer la Terre. Revendiquer cela équivaut à initier une politique génocidaire. Cela signifie que la proximité non voulue et la cohabitation non choisie sont les conditions préalables à notre existence politique, ce qui fonde la critique arendtienne de l’Etat-nation (qui suppose une nation homogène) et implique l’obligation de vivre sur terre dans le cadre d’un régime politique qui établisse des formes d’égalité pour une population nécessairement hétérogène ».

    #livre