Ernest Ernest, l’idée de révolution

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  • Ernest Ernest, l’idée de #révolution, Arthur Bernard, Cent pages, 2013
    http://blogs.mediapart.fr/blog/noemi-lefebvre/030114/ernest-ernest-lidee-de-revolution

    Le livre avertit, à la fin, que ce n’est pas un livre, que ce livre est un homme, et en effet il y a un homme. C’est le littérateur, il est avec Ernest et Ernest, ses deux amis, il le dit, tous les trois enveloppés, frais comme du maquereau dans le journal, les vieilles nouvelles du jour, sur la même page, à la une de France Soir du 12 octobre 1967, le bébé de Sacha Distel, au Vietnam la bataille de Con Thien, le règlement officiel anti-dopage qui entrera en vigueur le 1er janvier 1968, Josephine Baker qui veut adopter un bébé coréen et au milieu une photo, le Che, le corps de Che Guevara montré par les Boliviens, mais d’abord, en gros titre, cette histoire de viande de cheval avariée qui intéresse les gens. Les gens de quoi ils parlent alors que le Che est mort, sa tête de mort en première page, ou après, sur des briquets et des agendas de lycéens, les gens, tout le temps, à croire, ils parlent de la viande de cheval. 

    Le littérateur se souvient de la viande pourrie, « dans Potemkine, on voit les marins qui, juste avant de se mutiner, refusent une viande où grouillent des vers et que les officiers prétendent parfaitement comestible. Après c’est la fusillade dans la ville et les morts tombent » (64). Les morts ils tombent où maintenant ? de quoi meurent-ils ? De cheval ? Plus trop. Un peu sans doute, mais soyons clairs, moins que d’autre chose. Les problèmes de viande ne provoquent plus, dans l’ouest européen, qu’un effroi diffus, celui des rumeurs vraies qui parcourent le monde mondialisé de la grande distribution, maladies du poulet, trafics des abbatoirs, porcs aux antibios tranchés sous cellophane. On a la peur molle de ce qui fait mourir sans ennemi en face, peur intime de ce qui ne se voit pas, ….

    #Livre