« Sous le prétexte de réglementer les navettes, le programme régularise le statu quo », estime la journaliste. Il permet aux bus privés de continuer à utiliser le réseau pour une somme modique (#Google est invité à payer 100 000 dollars par an, alors que s’il devait payer l’amende, il devrait payer environ 27,1 millions de dollars par an). Or, pour beaucoup de gens, il y a là une #politique à deux vitesses, car les populations ouvrières et de couleurs, elles, sont les premières victimes de la chasse à la fraude dans le transport public, souligne un rapport récent : un jeune homme a même été abattu par la police récemment pour avoir pris la fuite sans produire son ticket de transport. Ce programme de chasse aux resquilleurs coûteux (9,5 millions de dollars par an) n’a permis que de récupérer 1 million de dollars de revenus et a surtout généré un climat de peur et de méfiance des usagers des autobus, notamment des plus pauvres.
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La mythologie de la #méritocratie nie le rôle des relations personnelles, de la richesse, de l’expérience, du genre, de la couleur de peau, de l’éducation. Pourtant, les femmes, les personnes de couleurs voir les homosexuels n’obtiennent pas les capitaux au même niveau que les hommes blancs, de sexe masculin, de moins de 30 ans, nerds, sans grande vie sociale et qui ont abandonné Harvard ou Stanford... Le mythe permet de maintenir l’idée que c’est lié à leur manque de capacité plutôt qu’a un ostracisme quelconque.
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Comme le dit très bien Packer, « Quand les financiers affirment qu’ils font le travail de Dieu en fournissant un crédit bon marché et que les pétroliers se disent des patriotes qui permettent l’indépendance énergétique du pays, personne ne les prend au sérieux : c’est une chose acquise que leur motivation est avant tout le profit. Mais quand les entrepreneurs de la technologie décrivent leurs nobles objectifs il n’y a aucun sourire ou clin d’oeil amusé. » Pour l’instant. Ce qui arrive aux bus de Google montre bien combien, contrairement aux rêves de ceux qui prétendent changer le monde, la Valley n’a pas renversé les inégalités. Au contraire. Elle les a renforcés. Sous couvert de technologie et de mérite, d’"innovation", elle a favorisé les intérêts de certains au détriment de ceux de la société. Comme le dit Evgeny Morozov (toujours lui), « lorsque l’internet est partout, la politique n’est nulle part ». « Ce qui est à l’oeuvre, ce n’est pas une révolution technologique, mais les effets d’une politique néolibérale », explique-t-il encore avec raison.