1910 : Jules Durand, charbonnier et martyr
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Le 25 novembre, le jury se retire pour délibérer. Il reconnaît les journaliers Mathien, Couillandre et Lefrançois coupables de meurtre sur la personne de Dongé, avec circonstances atténuantes. Durand, lui, est reconnu coupable d’avoir provoqué les trois journaliers à commettre cette action par « promesses, menaces, abus d’autorité et de pouvoir, machinations ou artifices coupables ». Le verdict tombe : quinze ans de travaux forcés pour Mathien, huit pour Couillandre et Lefrançois. Durand, lui, est condamné à avoir la tête tranchée sur une place publique de Rouen. Les trois autres accusés, mis hors de cause, sont immédiatement libérés. L’auditoire est sidéré. Abasourdis, les jurés affirment au Président qu’en déclarant Durand coupable sans circonstances atténuantes, ils n’avaient jamais envisagé une telle peine. Sitôt le verdict connu, une grève générale de 24 heures est décidée par l’Union locale du Havre. À Saint-Nazaire, Brest, Marseille, Dunkerque, et dans les principaux ports d’Angleterre, charbonniers et dockers cessent le travail. Partout en France, des meetings rassemblant des milliers de participants sont organisés. Deux cents parlementaires signent une pétition en faveur de la grâce. La protestation s’étend bientôt au monde entier. Aux États-Unis, en Australie et dans plusieurs pays d’Europe, des motions de soutien sont votées, des pétitions circulent, des manifestations sont organisées. Le pourvoi en cassation, déposé par le défenseur de Durand, Maître René Coty, est rejeté le 22 décembre 1910. Mais le 31 décembre, le président Fallières, usant de son droit de grâce, commue la peine de Durand en sept ans de détention. Une demi-mesure de clémence qui ne calme pas les esprits. La pression sur le chef de l’État s’intensifie.