Cynthia Fleury : « On va liquider la pensée en s’en remettant à une machine »

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    Pour la philosophe Cynthia Fleury, les technologies permettent la liquidation de la décision humaine, comme le montre le trading à haute fréquence. Nous voici dans l’âge du probabilisme : le règne sans partage de la probabilité comme seule source de décision pertinente. Le règne de l’algorithme signe la fin du libre arbitre et ce d’autant plus que l’homme pour utiliser les machines plus efficacement devra apprendre à penser et à devenir machine. Cette machinisation est le fruit de l’incapacité de l’homme à accepter sa finitude. L’homme ne cherche plus à être libre, mais à être immortel. Bienvenu à l’homme indéfini et soumis aux machines qui tente d’expliquer l’esprit par l’imagerie du cerveau... « La résistance individuelle à une telle déshumanisation demande une abnégation », demande de ne pas avoir (...)

    #philosophie

    • L’algorithme devient le décideur. Il se substitue à la décision humaine. Il devient la matrice de 14 000 décisions exécutées en une seconde, alors qu’un être humain a l’obligation éthique d’analyser la situation, d’évaluer les hypothèses d’action, en somme de combiner son intuition, ses principes moraux et ses arguments rationnels… et cela nécessite plus d’une seconde. Je constate qu’un nouveau dogme émerge : le probabilisme, le règne sans partage de la probabilité comme seule source de décision pertinente. Or, la probabilité analyse les données, mais ne pense pas.

      Le règne de l’algorithme signe la fin du libre arbitre, donc du choix, donc de la responsabilité, donc de l’éthique… Einstein craignait déjà que l’on conduise le monde de demain avec les solutions d’hier. Or, le système probabiliste poussé à outrance ne fonctionne qu’en analysant du déjà connu, recueilli et conservé de plus en plus massivement sous forme de données informatisées. Ainsi, le qualitatif est dès lors déduit du quantitatif.

      Ce qui fait extraordinairement peur, car les ordinateurs ne vont pas pour autant « penser » à notre place. On va donc liquider la pensée – qui est liée au jugement – en s’en remettant à une machine qui fait des probabilités.