O Corse, île de permaculture

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  • Ça jardine à donf ! Je fais quoi du p’tit bois ? #BRF dites-vous ?
    Emménagée il y a bientôt deux ans, je cumule la coupe de bois envahissant que j’avais effectué en arrivant et celle d’arbustes moches que j’ai ratiboisé récemment pour les remplacer par d’autres, bien plus beaux. Un de mes chers voisins dispose d’une broyeuse mais je ne sais pas comment utiliser ce qui en sort. Jeune rameau ou vieux bois, ce n’est pas le même usage. Donc, une petite recherche rapide m’a conduite là
    Le bois raméal fragmenté (BRF)
    http://www.nord-nature.org/fiches/fiche_j4.htm
    puis là
    http://jamjam.fr/?page_id=98
    une conf de Jacky Dupéty
    http://www.youtube.com/watch?v=qSRIX8zLy64


    une autre de Gilles Domenech (Terre en Sève) et Charles Gers (CNRS, Université Paul Sabatier, INP) mais le son est pourave
    http://vimeo.com/13029169

    • D’ailleurs j’en profite pour poser une question sur le BRF. Ça correspond à quoi la période maximale de 1-2 semaines entre entreposage et broyage ? Si le bois est trop sec, ça relancera moins la vie du sol car les enzymes du bois seront séches ? Dans tous les cas ça sert de paillage 1ere catégorie.

      Perso je prends ce qu’on me donne donc du résineux et d feuillu, du branchage seulement ou du branchage+feuilles. Comme c’est de la taille d’élagage c’est du frais, mais comme faut que je fasse plein d’aménagement avant d’épandre, ça s’affine pendant plusieurs mois :)

      ping au spécialiste local du BRF @koldobika

    • Perso chez moi je fais du brf avec ce que j’ai sous la main, la plupart du temps c’est du frais, desfois c’est du un peu sec, desfois un mélange, j’ai jamais noté de grosse différence. Celui que je fais n’est pas épandu tout de suite au potager, je l’étale à l’ombre sur une épaisseur de 40 cm maxi (pour éviter la chauffe) et comme il y reste toujours du brf « ancien » plein de mycélium qui fait office de levain, la colonisation prend bien. Une fois devenu du « semi-terreau » je le tamise, je garde le terreau pour faire des semis et les restes de bois vont au potager.
      J’essaie le plus possible de broyer en frais, dès que j’élague, mais c’est surtout pour éviter de fatiguer le broyeur et d’émousser les lames. Je pense que cette recommandation de broyer frais est surtout liée au fait de garder une humidité suffisante dans le bois, pour que le développement mycélien soit plus facile. Sur du bois très sec j’imagine que c’est des mycéliums différents qui poussent.

      Je m’étais pas mal pris le bec à une époque avec J. Dupéty, sur un forum, celui-ci tenait mordicus à faire passer le brf pour la panacée universelle et refusait d’entendre la moindre nuance concernant le compost. Certains maraîchers qui l’ont suivi au pied de la lettre (en Corse notamment) s’en sont mordu les doigts : développememnt d’humus archaiques, ralentissement de la vie biologique du sol, et besoins d’amendements azotés accrus pour relancer tout ça.

    • Pour le broyat, je choisis ce que je reçois (mais y a plus de dispo pour du résineux), donc le résineux je vais le destiner aux toilettes sèches, aux allées, aux fraisiers, peut être dans le parcours à poules, et peut être dans un système Jean Pain (on peut rêver). Il est beaucoup plus fin que le broyat de feuillus que je reçois à cause des aiguilles.

      Pour le terreau de semis je pensais que tu prenais du vermicompost ? Je vais essayer le terreau de broyat parce qu’effectivement c’est bourré de verres de terre et ça commence à devenir noir en dessous.

      Donc si je comprends bien ce que tu dis, le BRF devrait être utilisé vite pour être colonisé vite pour être digéré plus vite et aller construire le sol et la vie du sol, alors qu’un bois plus vieux sera plus dur à digéré et sera plus durable comme couverture physique.

    • Pour le terreau de semis j’ai des deux en fait, mais le terreau de brf a une texture vraiment très bien.
      Comme couverture physique oui du bois sec en principe dure plus longtemps. Pour un paillage durable des lamelles épaisses de bûche de chêne ou d’acacia (des bardeaux à l’arrache en quelque-sorte) sont pas mal, et peuvent aussi aller en couverture d’un mulch qu’on souhaite humifier rapidement.

    • Pour les sols secs et infertiles de Corse, j’imagine qu’une gestion de la biomasse pourrait être de faire des feux pour brûler la végétation moins forte/verte et que les nutriments solubilisés aillent « s’éroder » vers les dépressions déjà plus fertiles , pour maximiser la quantité d’eau et de nutriments en certain endroits. C’est que faisaient les aborigènes d’Australie. Mais c’est de la théorie, je propose pas aux Corses de mettre le feu chez elleux :)
      Mais je me dis que dans ces environnements ça doit être le feu et non la vie du sol qui sert de pulsation.

  • L’élevage, un outil pour un futur post-industriel | 1+1=salade ?
    http://madeinearth.wordpress.com/2014/01/22/elevage-un-outil-pour-un-futur-post-industriel

    Bien sûr, l’objectif n’est pas de continuer à produire les quantités astronomiques de viande que nous absorbons actuellement dans les sociétés industrielles. Le but est d’utiliser l’élevage pour ce qu’il apporte de mieux, comme les nombreux services à la ferme, le recyclage de matières premières qui quitteraient la chaîne alimentaire, la consolidation des fermes et des sociétés, et la production nette de nourriture.

    #élevage #agriculture #permaculture #paysages #animaux #fermes #shameless_autopromo

    • (ton blog insiste pour me filer des cookies mais je préfère les miens aux flocons d’avoine donc je poste mon commentaire ici)

      Que se passerait-il si demain le monde devenait subitement vegan ? Beaucoup de choses, mais l’une est particulièrement intéressante, et déduite des chiffres de la FAO (encadré 5.1) : si le monde devenait subitement vegan, il n’y aurait pas plus de protéines disponibles pour l’alimentation humaine au niveau mondial

      Si toute l’humanité devenait végane ET appliquait de la polyculture #biointensive, avec un rendement moyen la SAU actuelle (de terres arables uniquement soit 1.4 milliards d’ha, en excluant ce qui est classifié en « parcours » et paturages) permettrait de nourrir entre 35 et 36 milliards de personnes. J’ai l’impression que ces calculs de la FAO ne prennent pas en compte la possibilité de directement composter ou humifier les déchets pour accroître la fertilité des sols, ni le fait que les engrais verts peuvent être inclus dans les surfaces mises en culture (voir être à la fois un engrais verts et une culture alimentaire comme plusieurs fabacées (fixatrices d’azote) et céréales (fixatrices de carbone))
      Cela dit à titre personnel je considère l’élevage par défaut de volailles (et de cochons mais là il faut de la place et du matos) entièrement judicieux, pour tous les services rendus que tu détailles ici.
      Je pense que passer d’un élevage basé sur des cultures fourragères à un élevage par défaut comme tu le décris ici serait déjà un très grand pas et rendrait une certaine dignité à l’élevage.

    • (Mon blog peut même te filer des pubs à l’occasion maintenant ...)

      J’aime bien la stat de la FAO pour son côté choquant mais ça n’a pas grand intérêt sauf à montrer que l’élevage peut « créer » de la nourriture car on pourrait commencer à croire qu’il faut forcément en perdre 90%. Le chercheur Pimentel a même dit qu’il fallait 100 000l d’eau par kilo de viande, parce qu’il comptait la pluie qui tombait sur les pâturages. Des fois on se demande quel est le plan derrière tout ça.

      Pourquoi est-ce que tu considère que l’élevage par défaut serait seulement un très grand pas ? Ça serait quoi le pas d’après ?

    • En fait je crois que la question va au-delà des cultures fourragères. Les cultures fourragères sont absentes des systèmes avec élevage par défaut, et ça en fait toute l’élégance, mais je crois que la vraie question est celle du seuil de contre-productivité (Ivan Illich) dans l’élevage, le seuil à partir duquel les échanges entre éleveur et animal domestique ne sont plus à bénéfices réciproques et aliènent l’éleveur (ou l’animal, ou les deux).
      Et c’est possible que ces seuils soient atteints même en élevage par défaut. Exemple tu as un terrain avec des ronciers relativement loin de là où tu passes tous les jours. Tu te dis je vais y mettre des chèvres ça va désengorger le milieu et me faire de la viande. Du coup il te faut bien clôturer ou les tenir au piquet (où desfois elles restent emmêlées et bêlent à la rescousse), il leur faut de l’eau donc à toi d’en assurer l’approvisionnement. Desfois elles chopent des maladies donc tu les soignes. Certaines saisons il n’y a plus grand chose à brouter donc tu leur aportes un complément, puis de là tu peux basculer à cultiver un carré de féverole pour elles, en te disant ok c’est une culture fourragère mais ça me fait aussi de l’azote pour mon sol, puis imperceptiblement tu bascules comme ça vers de l’élevage qui ne sera plus par défaut et où tu consacreras plein de ressources à tes chèvres, au détriment d’autres éléments de ton système, voire au détriment de ta famille. Tout ça parce-qu’au départ il y a eu un souci de prise en compte de l’échelle dans la conception : à partir de combien de chèvres ça vaut le coup de consacrer du temps pour préparer tel espace aux besoins liés à leur présence, à partir de quelle taille mon espace peut-il recevoir des animaux qui s’insèreront bien dans les cycles et rendront plus de services qu’ils n’en demandent, etc.
      Et bien sûr il y a d’autres systèmes avec élevage par défaut où tout marche impec, parce-que ces questions d’échelle et d’espace auront été bien prises en compte (consciemment ou pas), comme chez l’ami Fabien http://senshumus.wordpress.com/2006/10/16/o-corse-ile-de-permaculture

    • En y repensant, je trouve assez difficile de vivre avec les animaux quand ils sont élevés par défaut. C’est à dire qu’en période de sécheresse ou quand une femelle met bas ou quand l’hiver est rude ou autre circonstance particulière, en tant qu’éleveur on aura plutôt tendance à vouloir les complémenter avec du fourrage, et donc à glisser vers un peu (puis un peu plus, puis beaucoup) de cultures fourragères.
      Pour faire un élevage par défaut au sens strict, il faut considérer ses animaux de façon nettement plus utilitaire, comme des variables d’ajustement, qui passeront sur la table à découper dès que les ressources (sauvages ou rebuts agricoles) qui les nourrissent viendront à diminuer.

    • J’ai plutôt l’impression que l’élevage par défaut se divise en deux grandes parties :

      – les monogastriques (cochons, poules) qui peuvent vivre près des villes, mangent les surplus (déchets de cultures, surplus de cultures les années fastes, déchets de cuisine, produits d’abattoir). Ces animaux sont la variable d’ajustement.

      – les herbivores qui maintiennent les paysages, mangent des choses non comestibles, concentrent la fertilité. Ces animaux ne sont pas une variable d’ajustement, ou alors hypothétiquement à long terme comme signe avant coureur d’un dépassement de capacité de charge

      La tentation du fourrage est là, mais si le fourrage est de l’herbe, je pense que c’est toujours un élevage par défaut, et peut être que l’agriculteurice devrait prévoir une marge. Pour l’été, les arbres apportent de bon fourrages à cette époque, il faut voir comme les intégrés au mieux (par exemple des champs herbes/tagasastes qui sont ouverts aux animaux le temps que les tagasastes ne soient pas surpatûrés).