Isolement en prison : « On ne peut pas en sortir sans sentir la merde »

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  • Isolement en prison : « On ne peut pas en sortir sans sentir la merde » - Le Nouvel Observateur
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    Isolement en prison : « On ne peut pas en sortir sans sentir la merde »

    Ne pas devenir dingue. Ne pas te laisser happer. Résister aux hallucinations - les bourdonnements, le bruit d’une fête imaginaire au coin de la rue, les « Joe ! Joe ! » qui t’appellent de nulle part. L’enfant chauve que tu découvres un beau matin dans ta cellule avant
    de comprendre, un jour de terreur plus tard, qu’il s’agit d’un souvenir d’enfance, un gamin du quartier qui avait chopé une leucémie fatale quelques mois avant la mort de ta mère. Lutter. Ecrire, pour survivre. Remuscler ta pensée.

    Fixer un point du mur en essayant de discipliner les yeux, de ne pas les bouger. C’est presque impossible, ton regard ne veut pas rester en place. Tu finis par y arriver cinq minutes, dix minutes... Une heure. Le point que tu fixes commence à bouger, à danser. Le cerveau tente de mettre de l’ordre dans ces formes en mouvement. Tu te fais ton film, un cheval au galop, un gosse qui shoote dans un ballon... Des trucs, aussi, que tu ne veux pas voir, des gens que tu as bousillés. Tout est affaire de perception. Et, soudain, tu vis le moment le plus terrible de ton existence : tu te rends compte que tu n’es plus capable de distinguer la réalité du fantasme. Les petites images dansent sur le mur, et toi, tu ne sais plus où tu habites...

    #prison #isolement #États_Unis #Folie