En Méditerranée, il reste du thon rouge, mais seulement pour la pêche industrielle

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    A l’arrière, un immense filet forme un tas de plus de deux mètres de haut : il s’agit de la senne, qui sert à encercler les bancs de thon. « Quand on repère un banc de thon, on le met à la mer, raconte Jean-Jacques, un des membres d’équipage. Il est tiré par le skiff, le canot, qui fait le tour des poissons. Puis on jette les mailles, on resserre et le poisson est à l’intérieur. »

    Le poisson est ensuite transféré en pleine mer dans la cage d’un mareyeur, un grossiste de poissons. Il les engraisse pendant quelques mois, avant de les vendre à prix d’or sur le marché japonais, qui représente environ les trois quarts de la consommation mondiale de #thon_rouge. Là-bas, le prix peut atteindre des centaines d’euros au kilo.

    Chez Greenpeace, on reconnaît également une amélioration de la situation mais on reste prudent. « La pêche est ouverte pendant un mois, mais c’est la période de reproduction du thon », déplore François Chartier, chargé de campagne océans de l’ONG. Les poissons les plus prisés au Japon sont les plus gras, c’est-à-dire les femelles encore enceintes d’œufs qu’elles n’ont pas pondus.

    La famille Avalonne, avec ses quatre thoniers senneurs concentre 600 tonnes de quotas, soit un quart des 2400 tonnes attribuées à la France en 2014. « Ils n’auraient pas dû conserver tous ces quotas », dénonce Frédéric Reste, Président du Syndicat professionnel des pêcheurs petits métiers du Languedoc Roussillon. Les pêcheurs à la ligne n’ont eux que 230 tonnes soit 10 % du quota, à répartir entre les 87 licences octroyées aux petits métiers.

    Selon ce représentant des pêcheurs artisans, au moment de la réduction des quotas en 2007, la famille Avallone a racheté des thoniers senneurs destinés à la casse : « Ils ont eu les subventions pour les détruire, et au lieu de remettre les quotas correspondants dans le pot commun, comme c’était prévu, ils les ont reportés sur leurs autres bateaux ! » Un privilège dû au fait qu’ils ont « les moyens de défendre leur position à Bruxelles », confie Frédéric Reste. En effet, c’est l’Union Européenne qui définit la politique commune de la pêche et répartit les quotas entre pays.

    Comme pour l’agriculture, les subventions vont aux industriels !

    #pêche_industrielle #surpêche #pêche_artisanale #quotas_de_pêche #ressources_naturelles

    • Mais surtout, l’avantage des petits métiers est qu’ils sont « polyvalents », insiste le syndicaliste. « On pêche la sole, la dorade, le rouget, le maquereau en fonction des saisons, détaille-t-il. C’est cela une pêche durable. » Elle permet aussi aux pêcheurs de vivre toute l’année, pas seulement un mois par an pendant la saison des thoniers senneurs, et crée plus d’emplois.

      « C’est une grosse bêtise de vouloir spécialiser la pêche, poursuit-il. Cela pousse forcément à la surpêche. Regardez, les deux espèces qui font l’objet d’une pêche spécialisée en Méditerranée, le thon rouge et l’anguille, sont menacées. »