La Coupe du monde n’aura pas lieu
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Jeudi 15 mai, ce matin là, devant l’Arena Corinthians, stade où doit bientôt s’ouvrir la Coupe du Monde, à São Paulo, il flotte dans l’air comme une forte odeur de soufre. L’énorme stade flambant neuf contraste avec les épaisses colonnes de fumée noire provenant des barricades de pneus enflammés entravant l’avenue. Les quelque 2 000 manifestants présents occupent depuis le début du mois un terrain situé aux abords du stade. Derrière le foulard qui protège son visage de la fumée, Fabio parle fort, comme s’il s’adressait à une foule : « Nous avons baptisé notre occupation Copa do Povo (« Coupe du Peuple ») car nous avons compris que cette coupe-là », il pointe alors son doigt en direction du stade, « cette coupe qui dépense des milliards tirés des coffres publiques pour enrichir les entreprises et les amis du maire, sans rien apporter au peuple, qui ne pourra même pas se payer un billet pour assister aux matchs, cette coupe-là n’est pas la nôtre. Mais de son côté, le peuple prépare sa réponse. » Au même moment, une dizaine de manifestations différentes bloquent les principales artères de la ville. Dans le centre-ville, une foule hétéroclite se rassemble peu à peu sur la place Dos Ciclistas. Bia, jeune enseignante d’un lycée actuellement en grève, raconte : « Ce n’est qu’un aperçu d’un mouvement social beaucoup plus large et très diversifié. » La foule grossit rapidement, jusqu’à occuper la totalité de la place. L’avenue en face est peu à peu investie et la circulation est interrompue. On y déploie une large banderole, sous un concert de klaxons : « La Coupe n’aura pas lieu. »