Pierre Bourdieu : Combattre la technocratie sur son terrain.

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  • Il y a 20 ans : Discours aux cheminots grévistes, Paris, Gare de Lyon, 12 décembre 1995
    http://blog.europa-museum.org/post/2014/06/17/Il-y-a-20-ans-soutien-aux-cheminots

    Cette opposition entre la vision à long terme de « l’élite » éclairée et les pulsions à courte vue du peuple ou de ses représentants est typique de la pensée réactionnaire de tous les temps et de tous les pays ; mais elle prend aujourd’hui une forme nouvelle, avec la noblesse d’État, qui puise la conviction de sa légitimité dans le titre scolaire et dans l’autorité de la science, économique notamment : pour ces nouveaux gouvernants de droit divin, non seulement la raison et la modernité, mais aussi le mouvement, le changement, sont du côté des gouvernants, ministres, patrons ou « experts » ; la déraison et l’archaïsme, l’inertie et le conservatisme du côté du peuple, des syndicats, des intellectuels critiques. Source : Musée de l’Europe et de (...)

    • Pierre Bourdieu : Combattre la technocratie sur son terrain. - 12/12/95
      http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/Bcombtec.html

      Combattre la technocratie sur son terrain.
      pierre bourdieu
      Discours aux cheminots grèvistes, Paris, Gare de Lyon, 12 décembre 1995.

      Je suis ici pour dire notre soutien à tous ceux qui luttent, depuis trois semaines, contre la destruction d’une civilisation, associée à l’existence du service public, celle de l’égalite républicaine des droits, droits à l’éducation, à la sante, à la culture, à la recherche, à l’art, et, par-dessus tout, au travail. Je suis ici pour dire que nous comprenons ce mouvement profond, c’est-à-dire à la fois le désespoir et les espoirs qui s’y expriment, et que nous ressentons aussi ; pour dire que nous ne comprenons pas (ou que nous ne comprenons que trop ) ceux qui ne le comprennent pas, tel ce philosophe qui, dans le Journal du Dimanche du 10 décembre, découvre avec stupéfaction « le gouffre entre la compréhension rationnelle du monde », incarnée selon lui par Juppé - il le dit en toutes lettres -, « et le désir profond des gens ».

      pointg.gif (57 octets) Cette opposition entre la vision à long terme de « l’élite » éclairée et les pulsions à courte vue du peuple ou de ses représentants est typique de la pensée réactionnaire de tous les temps et de tous les pays ; mais elle prend aujourd’hui une forme nouvelle, avec la noblesse d’Etat, qui puise la conviction de sa légitimité dans le titre scolaire et dans l’autorité de la science, économique notamment : pour ces nouveaux gouvernants de droit divin, non seulement la raison et la modernité, mais aussi le mouvement, le changement, sont du côté des gouvernants, ministres, patrons ou « experts » ; la déraison et l’archaïsme, l’inertie et le conservatisme du côté du peuple, des syndicats, des intellectuels critiques.