La publicité a-t-elle enfin compris quelque chose au féminisme ?

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  • La publicité a-t-elle enfin compris quelque chose au féminisme ? (Slate.fr)
    http://www.slate.fr/story/89097/publicite-feminisme

    Dans quelques jours, le Ministère de l’Éducation Nationale annoncera la fin des #ABCD_de_l'Égalité (expérimentation qui ne débuta jamais vraiment) devant l’agitation marginale de #Vigigender et des #JRE. Paradoxalement, au même moment, les agences de publicité et les vedettes modifient leur approche du sujet…
    C’est certain, l’éducation ne passe plus par l’Institution : elle n’en a plus ni les moyens, ni la volonté.

    Ce qui est notable, c’est que la publicité a pour habitude de renforcer le plus violemment les clichés sexistes. Parce que la publicité doit fournir aux spectateurs, lecteurs, auditeurs, des messages confortables, en conformité avec leurs idées préconçues, et l’idéologie établie. Or l’idéologie établie est sexiste.

    La publicité doit aussi faire rêver : montrer une femme belle parce que c’est ce à quoi les femmes et les hommes aspirent. Avoir un effet « aspirationnel » (jargon de publicitaire), ce qui signifie que vous devez vous projeter, aspirer à être comme les personnages mis en scène dans le spot que l’on vous présente.

    Or, Always et HelloFlo ne sont pas différentes des autres marques : elles veulent vendre leur produit et faire des profits. Le message aspirationnel ne disparaît d’ailleurs pas : dans la pub Always il est même très clair. La publicité joue sur l’émotion, plans américains concentrés sur les visages, témoignages individuels, musique qui commence doucement puis monte en puissance. Avec l’idée que l’on va tous ensemble changer le monde, le rendre plus égalitaire, et que l’on sera des gens biens...

    Mais ce qui est réjouissant, c’est que ces pubs pensent pouvoir faire de l’argent avec le féminisme.

    #éducation #école #renoncement #genre #éducation_à_la_sexualité #féminisme

  • #LikeAGirl : J’aimerais bien que l’énorme succès de cette pub soit l’occasion de faire connaître en France le travail de sa réalisatrice, la géniale documentariste et photographe Lauren Greenfield (qu’on aperçoit et qu’on entend dans le spot).
    https://www.youtube.com/watch?v=uRjXDixe15A

    Elle est notamment l’auteure des projets « Girl Culture » et « Thin » (sur l’anorexie), découverts au cours de mes recherches pour « Beauté fatale ».

    Girl Culture
    http://www.laurengreenfield.com/index.php?p=VPGHSTCS

    Thin
    http://www.laurengreenfield.com/index.php?p=Y6QZZ990

    Sur Slate :
    We’re Wasting Our Best Filmmakers on Tampon Ads
    http://www.slate.com/blogs/xx_factor/2014/06/26/_like_a_girl_by_lauren_greenfield_a_nice_ad_for_tampons.html

    #publicité #femmes

    • Beau spot, oui, et merci du rappel.

      Ça rappelle aussi la démarche de Dove, semblable, mais pourtant critiquée :
      http://seenthis.net/messages/155111

      À propos du féminisme dans la publicité, lire aussi :
      http://www.slate.fr/story/89097/publicite-feminisme

      Ces quelques exemples n’annihilent pas les quantités de pubs rétrogrades qui demeurent. Mais ils sont le signe, même s’ils ne devaient être qu’une instrumentalisation du féminisme, que le sexisme commence, enfin, à être moins vendeur.

      Et aussi : http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/entreprendre-articles-section/entreprendre/3766-quand-la-pub-se-pique-de-feminisme

      #pub #CommeUneFille

    • Pardon @tetue, mais la pub facteur de progrès, je n’y crois pas une seconde. Il vaudrait mieux ne pas compter sur leurs positionnements opportunistes pour faire évoluer la société, leur but c’est quand même toujours de fourguer leur camelote. Voir le talent de Lauren Greenfield servir à vendre des serviettes (ultra polluantes, me rappelle quelqu’un sur Twitter) me déprime. A propos de Dove, c’est une marque qui appartient à Unilever, dont la branche indienne, Hindustan Lever, vend des crèmes blanchissantes aux Indiennes en leur disant que si elles n’ont pas la peau claire elles ne trouveront pas de mari, pas de boulot, n’auront pas d’amis, etc. J’en ai parlé dans "Beauté fatale" dans un chapitre sur la blancheur :

      http://www.editions-zones.fr/spip.php?page=lyberplayer&id_article=149#chap06

      À noter qu’Unilever possède aussi la marque Dove, avec laquelle il a réussi une belle opération de communication en Europe et en Amérique du Nord en se faisant le héraut de la « vraie beauté » des « vraies femmes », créant même un « Fonds de l’estime de soi Dove ». « Nous voulons contribuer à nous libérer et à libérer la prochaine génération des stéréotypes de la beauté », lit-on sur son site. La marque se propose de « faire bouger les choses à travers l’éducation et la diffusion d’une définition moins étriquée de la beauté ». Pour cela, elle met à disposition du public un « constructeur interactif de l’estime de soi » et un « kit “Au-delà des apparences” ». Une campagne diffusée au Canada en 2004 montrait des petites filles affligées chacune d’un complexe différent. On y voyait notamment une fillette aux traits asiatiques, avec ce commentaire navré : « Elle aimerait être blonde », tandis qu’une voix féminine chantait : « Montre-moi ta vraie couleur, elle fera fondre tes peurs. » Et de conclure, lyrique : « Disons-lui qu’elle a tort / Car tant qu’elle sera vraie / Qu’elle sera courageuse / Qu’elle restera elle-même / Alors elle sera belle / Faisons la paix avec la beauté. »

    • Ooh, mais je ne crois pas non plus à la publicité comme facteur de progrès, ni ne me fait d’illusion sur l’opportunisme des marques :) mais j’apprécie que, contrairement à l’habitude, ces spots-ci ne soient pas sexistes.

    • Hu, bien vu @mona, c’est difficile de ne pas se faire piéger en voyant ces images, c’est bien le cynisme des petits sergents du capitalisme qui sont prêts à tout pour séduire. Ils récupèrent depuis toujours et impunément les idées de leurs adversaires et font perdurer du coup les mécanismes d’avilissement. Nous, otages, sommes priés de croire à la grande boutade sociale qu’ils présentent dans les publicités pour masquer la destruction opérée.
      Et pendant ce temps, le programme des #ABCD_de_l'égalité est supprimé des écoles.
      N’empêche, d’un point de vue de l’agonie, quand le monde nous étouffe, la libération de quelques pets dans la bulle du confort publicitaire fait du bien.