Les vigiles : visages précaires de la société de surveillance

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    Les sociétés de « sécurité privée », parmi lesquelles on trouve les boîtes employant les vigiles, sont de plus en plus nombreuses en France, même si cela ne signifie pas forcément que le nombre d’employés augmente [1]. (...) Les chiffres que je donne ici, rendus publics en 2012, datent de 2011 mais on peut être sûr que la tendance d’alors n’a pas beaucoup varié. En 2011 donc, 9 800 entreprises (500 de plus que l’année précédente soit une croissance de 5,4%) employaient 143 000 salariés dont 88% de vigiles (soit 126 000 personnes). A titre de comparaison, à cette même date, la police nationale employait 145 500 agents. Aujourd’hui, le nombre d’employés de la sécurité privée est donc sans doute supérieur à celui de la sécurité publique.

    (...)

    Certains d’entre vous ont sans doute constaté l’importante proportion de vigiles issus de ce que les journalistes appellent poliment les "minorités visibles". La première raison de cet état de fait est sans aucun doute que pour des postes peu qualifiés, mal rémunérés et pénibles (station debout pendant de longues heures, altercations récurrentes avec des clients), le recrutement s’effectue essentiellement parmi les classes les plus populaires. Mais cette surreprésentation de certaines origines géographiques relève aussi des choix effectués par les sociétés de surveillance. Selon des témoignages concordants de vigiles ou d’anciens vigiles, certaines sociétés pratiquent en effet un recrutement « ethnique ». Elles recrutent prioritairement des hommes noirs, le plus souvent issus d’une immigration récente. Tout cela repose sur une triple logique : racisme, filière de recrutement, exploitabilité maximale.

    (...)

    Assurément, s’ils sont une pierre apparente de la société de surveillance, ils se trouvent en bas de son échelle sociale et de responsabilité. Les vrais responsables sont leurs chefs, qu’ils soient ceux des sociétés de surveillance, du supermarché du coin ou de la chaîne nationale. Bien sûr, pour nombre d’imbéciles bornés, précaires ou pas, se retrouver avec un pseudo-statut, un badge et un uniforme suffit à faire un usage zélé et jouissif du micro-pouvoir qu’on vous laisse. Les vigiles ne font pas exception et certains semblent ainsi ravis de faire carrière. Cependant, de cette machine ils ne sont que les ultimes exécutants et si on ne peut jamais être exempté de toute responsabilité dans des actes librement consentis, le niveau de contraintes qui pèse sur eux rend cet exercice difficile.

    #surveillance #répression #discriminations