C. L. R. James
►https://lundi.am/C-L-R-James
Marins, renégats & autres parias. L’histoire d’Herman Melville et le monde dans lequel nous vivons.
« ►http://revueperiode.net/c-l-r-james-vers-un-materialisme-postcolonial »
C. L. R. James
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Marins, renégats & autres parias. L’histoire d’Herman Melville et le monde dans lequel nous vivons.
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Selon lui, le capitaine « est le type social le plus destructeur et dangereux qui soit jamais apparu dans la civilisation occidentale ». Ce « type » (c’est James qui souligne), c’est le type totalitaire, que Melville « a vu et compris dans toute sa mesure » près d’un siècle avant qu’il ne produise les ravages que l’on a connus en Allemagne et en Union Soviétique. En gros, Achab est devenu fou depuis que Moby Dick lui a enlevé une jambe. Le problème est que ce fou est aux commandes d’un équipage à ses ordres, d’un bateau tout ce qu’il y a de plus moderne et d’une science certaine de la navigation en haute mer : « C’est pourquoi il est une menace si sérieuse. Son dessein peut bien être fou, les armes qu’il utilise pour l’atteindre sont parmi les réalisations les plus avancées du monde civilisé, et tel dessein donne à sa grande intelligence une maîtrise […] et une puissance jamais obtenues auparavant. » Et « ce qui était folie dans un livre cent ans plus tôt, est aujourd’hui la folie même de l’époque dans laquelle nous vivons. » Ainsi les nazis disaient-ils « que la civilisation mondiale se désintégrait et qu’ils avaient une solution – la création d’une race supérieure. C’était leur programme. » Et ils l’ont appliqué : « Tout ce qu’ils ont fait, jusqu’à l’ultime tentative de détruire l’Allemagne, était subordonné à ce programme. » Personne n’a su y faire face, « car cette folie est née dans les profondeurs de la civilisation occidentale et s’en nourrit ». Ici, James veut parler de l’État-nation et de l’idéologie raciale qui en découle infailliblement. En le lisant aujourd’hui, on ne peut s’empêcher de penser à l’Empire contemporain, à sa violence et à celles qu’il engendre, comme celle de l’État islamique. Mais James poursuit en parlant du « type » totalitaire soviétique, et sa description ne peut, là encore, que nous faire penser à des phénomènes très actuels un peu partout dans le monde : « Dès 1928, dans une Russie épuisée et désespérée par la révolution, ne voyant dans le monde alentour aucune lueur d’espoir, se levait le même type social que chez les nazis – administrateurs, cadres, gestionnaires, leaders ouvriers, intellectuels. Leur but premier n’était pas la révolution mondiale. Ils souhaitaient construire des usines, des centrales électriques plus grandes que toutes celles qui avaient été construites. Leur but était de raccorder des fleuves, déplacer des montagnes, semer depuis les airs ; et pour atteindre ce but, ils dilapideraient des ressources humaines et matérielles sur une échelle sans précédent. Leur intention première n’était pas la guerre. Ce n’était pas la dictature. C’était le Plan. » Comment ne pas penser, en ce début de siècle xxi, aux dits « grands projets inutiles » comme le « TAV » (ligne à grande vitesse Lyon-Turin) ou l’aéroport de Notre-Dame des Landes ? Et ces « administrateurs, cadres, gestionnaires, leaders ouvriers, intellectuels », au service de qui travaillent-ils à présent, sinon celui de la firme Vinci et des soi-disants « pouvoirs publics » ?
#C.L.R._James #Moby_Dick #Melville #planification #totalitarisme
A lire aussi :
C. L. R. James, La vie révolutionnaire d’un « Platon noir » de Matthieu RENAULT. Vu la semaine dernière en conférence. Analyse très fine du parcours intellectuel de James. Le livre vient de paraître à la découverte.
Confirmation par l’exemple, donc. Alala, toujours à la pointe, hein.
#le_diplo_toujours_à_la_pointe :) [ma petite dose de #trolling de la semaine]
Le « Platon noir »
Portrait de C.L.R. James
par Matthieu Renault
►http://www.laviedesidees.fr/Le-Platon-noir.html
Songeant depuis plusieurs années à écrire une histoire de la révolution haïtienne, James fait de longs séjours en France pour compulser les archives. Le résultat en est Les Jacobins noirs (1938), ouvrage qui s’offre explicitement comme une propédeutique aux futures luttes de décolonisation en Afrique et où, armé des outils théoriques du marxisme, l’auteur explique l’articulation entre la lutte des « jacobins blancs de la métropole et la révolte des esclaves noirs de Saint-Domingue », le joyau des colonies françaises.
Le « Platon noir »
►http://www.laviedesidees.fr/Le-Platon-noir.html
Né en 1901 sur l’île de Trinidad, Cyril Lionel Robert James est une figure majeure de l’histoire intellectuelle et politique du XXe siècle. Au-delà de son livre Les Jacobins noirs, il est l’auteur d’une œuvre foisonnante qui nourrit les pensées critiques contemporaines, tout particulièrement les cultural et postcolonial studies.
Essais & débats
/ #culture, #race, #révolution