« La transphobie tue » : le long du mur ocre, l’inscription est encore fraîche. Attablés à des terrasses de fortune, quelques hommes sirotant leur thé semblent l’ignorer. À moins de trois mètres, de l’autre côté de la rue, une femme se trémousse derrière les barreaux d’une fenêtre. C’est une prostituée. Le #bordel est minimaliste, aucune enseigne, la porte fermée à clé. Il faut d’abord négocier avec la travailleuse du sexe, montrer patte blanche, pour investir les lieux. Dans cette ruelle cabossée d’Istanbul, à deux minutes de la place Taksim, ses boutiques de luxe et ses touristes, les tenanciers sont sur leurs gardes. Le mois dernier, ici-même, la police a détruit les portes à coups de masses et saccagé les locaux. Vingt transsexuels ont été amenés de force au poste de police. Trois jours plus tard, dans un autre quartier, rebelote. Cette fois, la prostituée n’a pas survécu. La #transphobie tue.