Les appels au boycott de produits israéliens ont-ils un effet ?

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    Partie de la société civile palestinienne en 2004, la campagne BDS a depuis pris une ampleur internationale. Sa déclinaison française, qui a pris du poids en 2009 dans la queue de comète de l’opération militaire israélienne « Plomb durci », regroupe aujourd’hui une quarantaine d’associations et de partis politiques — dont le Parti de gauche, le NPA, la Confédération paysanne et les syndicats Solidaires et CNT. « Souvent les gens ne retiennent de notre action que le boycott des produits israéliens, note Jean-Pierre Bouché, dirigeant du collectif affilié Stop Apartheid à Toulouse. Or, nous incitons également les entreprises internationales à se retirer d’Israël, et les Etats à le sanctionner. Par ailleurs, le boycott a aussi une dimension académique et culturelle. »

    L’initiative ne manque évidemment pas de susciter des critiques. Dans un communiqué publié en juin, le président de la chambre de commerce France-Israël, Henri Cukierman, soulignait que « la loi française interdit le boycott en raison de la race, de la religion ou de la nationalité. » Assurant que « 10% des Palestiniens travaillent pour des employeurs israéliens », il assimilait l’action du BDS à une nouvelle « Nuit de cristal », en référence aux attaques de commerces juifs menées en novembre 1938 dans l’Allemagne nazie.

    Familier de cette accusation, les animateurs de BDS la contestent avec vigueur. « Nous ne nous mobilisons jamais contre des individus ou une communauté, mais uniquement contre des institutions, explique Imen Habib, coordinatrice nationale. Par exemple, nous ne déconseillons à personne d’écouter de la musique israélienne ou de voir les films d’Amos Gitai. En revanche, nous désertons les événements culturels patronnés par l’ambassade ou les consultats d’Israël. »

    Le boycott des produits de consommation courante, notamment alimentaires, demeure l’aspect le mieux connu et le plus facilement applicable de la mobilisation. Sur Internet, plusieurs sites, dont celui du BDS, dressent la liste des marques à éviter. Expliquent que le nombre 729, censé caractériser les code-barres israéliens, est en réalité peu fiable. Et dénoncent, photos à l’appui, les supposées tricheries de certains magasins : telle mangue serait ainsi présentée comme dominicaine, alors que son étiquette porte la mention « Pays d’origine Israël ». Pour aider ses militants, BDS réfléchit à lancer une application numérique pour guider le consommateur pendant ses achats.

    Quel est vraiment l’impact de cette campagne ? Les groupes de grande distribution contactés par Libération n’ont pas souhaité commenter le phénomène. Tout au plus Auchan confirme-t-il être « confronté à des opérations de boycott », « étudier les suites à donner au cas par cas », et respecter scrupuleusement les règles d’étiquetage. Même discrétion chez le groupe pharmaceutique israélien Teva : « Ils ne veulent pas mélanger le business et la politique », explique une source proche de l’entreprise.

    D’autres sont pourtant plus prolixes. « D’habitude, les gens se battent pour vendre nos produits, raconte Yinon Osem, PDG de l’entreprise Edom Fruits, basée dans un kibboutz de la vallée du Jourdain. Là, il se passe quelque chose, en France notamment. Aucun supermarché ne nous a formellement dit qu’il est confronté à un boycott. Mais on se rend compte que, s’ils ont une alternative à nos produits, ils ont tendance à la privilégier. » Un phénomène que l’entrepreneur attribue à « l’influence de la communauté musulmane ». Même constat du côté de BeFresh, un groupe exportateur de fruits et légumes : « La situation affecte vraiment nos affaires, reconnaît Oron Ziv, l’un de ses représentant en Europe. Nous recevons des annulations de commandes. Nos clients semblent faire profil bas et attendre que la tension retombe. »
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