La Turquie fixe une ligne rouge à la stratégie étatsunienne contre l’État islamique

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  • La Turquie fixe une ligne rouge à la stratégie étatsunienne contre l’État islamique -
    par M. K. Bhadrakumar.
    Traduit par Daniel pour vineyardsaker.fr
    Turkey draws red line on US’ ISIL strategy, Indian Punchline, 13-09-2014 http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2014/09/13/turkey-draws-red-line-on-us-isil-strategy
    http://www.vineyardsaker.fr/2014/09/17/turquie-fixe-ligne-rouge-strategie-etatsunienne-contre-letat-islamique

    (...) Mais le véritable enjeu se trouve ailleurs. Il s’agit de savoir si Ankara a confiance en l’efficacité de la stratégie du président Barack Obama, qui est accueillie avec incrédulité même dans l’opinion publique étatsunienne (comme Jim Lobe le souligne dans l’article indiqué en note [2]), mais surtout de savoir ce que la Turquie peut en tirer.

    Les diplomates turcs et les pachas sont assez malins pour voir que leur rôle au sein de la « coalition des volontaires » sera totalement différent de celui de l’Arabie saoudite, du Qatar ou du Bahreïn. Il se trouve que s’il y a un pays du Moyen-Orient qui est susceptible aujourd’hui d’assumer un rôle de combat en Irak et (ou) en Syrie, c’est bien la Turquie. Puis, si la stratégie d’Obama exige essentiellement la présence de troupes sur le terrain, comme la plupart des analystes le prévoient, ce devrait être des troupes turques.

    Il est tout simplement inconcevable que les puissances européennes (même les « nouveaux Européens ») ou les États-Unis assument un rôle de combat. Ce n’est pas non plus dans les gènes de l’Arabie saoudite, du Qatar et consorts, de s’engager dans des batailles de rue. C’est donc à la Turquie qu’il incombe d’agir, une Turquie qui se voit mal tenir ce rôle, l’histoire ottomane étant encore trop présente dans la conscience collective de la région.

    D’ailleurs, la Turquie a assez de jugement pour savoir que nous n’en sommes qu’aux premiers jours. Obama est toujours ouvert à des idées étranges. Quand il dit que le gouvernement syrien est un paria dans la lutte contre l’EI, qu’est-ce qui prouve que c’est définitif ? Ankara sait plus que quiconque que la soi-disant Armée syrienne libre n’est qu’une fumisterie.

    Rappelons aussi la carte kurde, toujours imprévisible. La Turquie aimerait voir comment les États-Unis vont jouer cette carte, qui concerne ses intérêts fondamentaux. À cela s’ajoute la Syrie, l’Irak et l’Iran, trois pays « rivaux » de la Turquie, d’une façon ou d’une autre, sur l’échiquier politique régional. Soit dit en passant, la Turquie possède aussi une population assez importante d’Alevis (la secte qui constitue le pilier du régime syrien). (...)

    #EIIL #ISIS