The Contras, Cocaine, and Covert Operations

/nsaebb2.htm

  • Où l’on apprend qu’il va se faire un film sur Gary Webb, le journaliste qui avait sorti Dark Alliance en 1996, lynché par ses « collègues » avant de se suicider en 2004.

    Ex-L.A. Times Writer Apologizes for "Tawdry" Attacks
    http://www.laweekly.com/2013-05-30/news/gary-webb-jess-katz-crack/full

    Nine years after investigative reporter Gary Webb committed suicide, Jesse Katz, a former Los Angeles Times reporter who played a leading role in ruining the controversial journalist’s career, has publicly apologized — just weeks before shooting begins in Atlanta on Kill the Messenger, a film expected to reinstate Webb’s reputation as an award-winning journalist dragged through the mud by disdainful, competing media outlets.

    Cette histoire a marqué l’internet à l’époque : le site Web du San Jose Mercury News avait monté un dossier « interactif » et « multimédia », mettant en ligne, dans la marge de la série d’articles, toutes les sources dont il disposait (photocopies, interviews…). La force de conviction de ce site était proprement invraisemblable et marque, pour moi, la première véritable référence du #webdocumentaire qui fut, pour beaucoup de gens de cette époque, une expérience fondatrice.

    Le dossier a été sauvé par l’Internet Archive :
    http://web.archive.org/web/19970409180506/http://www2.sjmercury.com/drugs/start.htm
    et il existe un miroir (plus rapide et pratique) ici :
    http://www.narconews.com/darkalliance/drugs/start.htm

    J’avais fait un billet sur Dark Alliance à l’époque sur le Scarabée.

    Puis les « médias sérieux » ont démonté le travail de Webb ; comme on le lit dans cet article, et comme le suggère la sortie d’un film sur son travail, ils l’ont fait avec une mauvaise foi et un acharnement parfaitement indignes et injustifiés (le L.A. Times, à lui seul, avait monté une équipe de 17 journalistes pour ce seul dossier !), qui ont conduit à l’enterrement de son dossier et au suicide de Webb en 2004 (deux balles dans la tête tout de même).

    La destruction du travail de Webb a évidemment alimenté l’idée, colportée par les médias dominants et les gouvernements, que l’internet est le « média de la rumeur », des « informations infondées » et des « théories du complot ». À l’inverse, le web a également donné une visibilité à ce « journalisme de meute » morbide qui assure la protection du système ; cet aspect aussi a été une expérience fondatrice sur l’internet.

    Depuis, le Web s’est empli de gentils « contestataires » dont l’activité principale consiste à traquer et dénoncer toutes les « théories du complot », à dénoncer l’« anti-impérialisme » et l’« anti-américanisme » comme d’affreuses facilités, et à dresser des listes de gens qu’il convient de ne plus fréquenter (sauf à vouloir soi-même apparaître sur ces listes d’infréquentables).

    Mais je suis un vieux con, j’ai connu le web doc de Webb sur le site du San Jose Mercury News, j’ai été sidéré à l’époque par la force de conviction de cette façon de documenter un article sur le Web, j’ai assisté – toujours via le Web – à son lynchage par les chiens de garde, et j’ai appris son suicide quelques années plus tard avec rage. Et quand je vois les hordes de lyncheurs aujourd’hui qui traquent les « complotistes » et autres « confusionnistes » en ligne, je ne peux jamais m’empêcher de penser que ces bienfaiteurs de l’humanité sont faits du même plomb que Gary Webb s’est tiré dans la tête.