« Notre problème fondamental, c’est l’énoncé d’une pensée politique »

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  • Alain Caillé : « Notre problème fondamental, c’est l’énoncé d’une pensée politique »
    http://www.reporterre.net/spip.php?article6366

    L’objectif vital,maintenant, est de construire très rapidement une démocratie durable et universalisable. C’est un peu ce que l’on esquisse dans le Manifeste convivialiste. On a besoin de dégager quelques principes centraux, communs dans lesquels puissent se reconnaître toutes les forces qui, à l’échelle mondiale, souffrent des crises que l’on a évoquées et cherchent des manières de vivre alternatives. Cela veut dire bâtir des sociétés agréables, vivables, même sans croissance du PIB, c’est à dire sans croissance du pouvoir d’achat monétaire. (...) Source : Reporterre

    • Deuxièmement, toutes ces doctrines reposent sur l’idée que le problème premier de l’humanité est la rareté matérielle. Donc sur l’idée qu’en dernière instance les êtres humains sont des êtres de besoin. Mais les êtres humains sont aussi ou d’abord des êtres de désir, de désir de reconnaissance - ce qui est d’ailleurs bien plus difficile à gérer que les problèmes économiques ! Si on pose que le problème fondamental est la rareté matérielle, la seule solution est l’accroissement continu de la production, et donc du PIB, le produit intérieur brut.

      Or nous savons maintenant que la croissance n’est plus là dans les pays riches. On tend vers des croissances zéro ou 1 % maximum. De plus en plus d’économistes commencent à converger vers ce constat.

      Remarque personnelle : la croissance a longtemps été un bon substitut de nos besoins sociaux, shootés au consumérisme, l’ère individualiste nous a semblé assez indolore, mais le réveil est difficile. Pour moi ce n’est pas forcément le fait que le PIB stagne qui fait que nous devons chercher une autre moyen de satisfaction sociale, mais c’est que le mal-être collectif devient insoutenable, et ce avant même que la croissance ait disparu...
      (...)

      Deuxième principe, celui de commune socialité : la principale richesse des êtres humains, ce sont leur rapports sociaux. C’est important de le dire parce que le raisonnement dominant dans les sciences sociales et en philosophie politique voit l’être humain comme un homo œconomicus, autrement dit un individu dont le souci premier est de maximiser son avantage personnel. Or, si on postule cela, on n’a plus rien à faire de la commune humanité et de la commune socialité… Donc ces principes qui ont l’air naïf sont fondamentaux pour contrer la pensée économique dominante.

      Avant de chercher comment produire plus, il faut chercher à améliorer la qualité des rapports sociaux. Autrement dit vivre ensemble, con-vivir : c’est de là que vient le mot convivialisme.