Cher Rezo, cet article est tellement indigne de vous que me voici à m’inscrire sur seenthis pour le commenter.
Oh bien sûr l’industrie musicale est fortement liée au capitalisme, du reste ça ne s’arrête pas aux grands concerts et on s’en serait douté. Mais l’auteur fait ici preuve d’une méconnaissance crasse des techniques du son et des réglementations et normes qui les encadrent, mais aussi d’un mépris dangereux pour la sociologie, l’histoire des médias et l’histoire tout court…
On nous dit donc que la musique classique c’est mieux parce que les chanteurs/euses savent y faire et que l’architecture est travaillée dans ce sens… Il eut été préférable de ne pas s’arrêter là et de voir dans l’architecture des salles d’orchestre les prémisses de l’amplification, et aussi de prendre le soin de comparer les techniques propres à la musique des classes dominantes (capables de développer ces architectures) à celles des musiques populaires qui, en contrepartie, ont développé des techniques d’amplifications vocales (chant de tête ou de gorge) et un instrumentarium spécifique (des cornemuses et boites à bourdons à la guitare à résonateur des bluesmen)…
Cette manière d’opposer la tempérance de la musique bourgeoise au « bruit » des rassemblement populaires témoigne d’une intégration du discours normatif et dominant déjà suffisamment irritante en soi…
Mais en plus, comment formuler une telle critique, en portant un tel jugement moral, sans ne donner aucun élément technique ou historique sur l’amplification de la musique ? Depuis le « wall of sound » de Grateful Dead (voir plus haut) au line-array (voir illustration dans l’article) ces développements se sont justement élaborés sur l’idée de maîtriser la constante acoustique dans l’espace sans augmenter le volume.
Comment, également, ne pas se pencher sur les lois et réglements qui encadrent la musique amplifiée d’un discours de santé public ? Il est lui-même le reflet d’une pensée dominante, d’une construction médicale, sociale et capitalistique des corps, mais contrairement à ce que dit l’article, dans le sens d’une prescription constante du moindre bruit… (On rappellera au passage qu’après les conditions de travail, se sont les casques des baladeurs qui fabriquent le plus grand nombre de sourds, les concerts sont loin derrière…)
Étant moi-même un peu agoraphobe (et écoutant des musiques qui n’intéressent rarement plus de 100 personnes à la fois), je n’apprécie guère les grands rassemblements rock’n’roll et je suis d’ailleurs tout à fait près a y retrouver les signes navrants de la consommation de masse et de l’uniformité culturelle. Mais derrière le ton moralisateur et donneur de leçon de cet article ne se cache qu’une bonne couche d’ignorance pour le sujet… J’espère qu’en plus de ne pas aller au concert l’auteur de l’article n’écoute pas non plus de disque, dans lesquels 100% des amplis sont réamplifiés pour l’enregistrement, mais il nous dit que c’est absurde ! Bon. Et que le son est mauvais quand on amplifie ! Ah zut alors, il va falloir éliminer 99% de la musique actuelle, alors ?
Tout ça rappelle un peu les discours dogmatiques contre l’urbanisme par des gens qui ont mal lu les Situs mais on retenu que c’était mal. Enfin je n’insiste pas plus, j’ai de la noise à écouter.