Multitudes Web - 05. Thompson et le problme de la conscience

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  • Oxford Journals | Humanities | Past & Present |
    E. P. Thompson Special Issue
    http://oxfordjournals.org/our_journals/past/thompson.html

    La revue d’histoire Past & Present présente une rétrospective en trois parties sur l’oeuvre d’E.P. Thompson. La première partie porte sur The Making of the English Working Class et regroupe quinze articles, en accès libre jusqu’à fin mars.

    Du coup, je rappelle l’existence de Thompson et le problème de la #conscience, par Bernard Aspe
    http://multitudes.samizdat.net/Thompson-et-le-probleme-de-la

    #classe #histoire #E.P_Thompson

  • Existe-t-il une classe de précaires ?
    http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=2635

    Néolibéralisme et désindustrialisation ne sont plus des concepts nouveaux. L’utilisation de ces mots pour décrire les transformations des centres de l’économie mondiale depuis les années 1970 est devenue une forme de lieu commun ou de raccourci décrivant un état de fait contre lequel on ne pourrait pas grand-chose. Mais récemment, …

    #Abus_patronaux #S'organiser #précarité ;_syndicalisme ;_capitalisme ;_désindustrialisation ;_répression_patronale

    • Il y a deux façons d’entendre « #précariat ». La plus fréquente est celle qu’évoque l’article ci-dessus : atomisation, hétérogénéité irrémédiable et impuissance, bref, faiblesse heuristique de la catégorie et incapacité politique des premiers concernés. C’est un habillage de la déploration qui accompagne la grande reprise de l’initiative capitaliste dans l’après décolonisation, l’après 68, etc. Au mieux cela donne une sociologie « humaniste » (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Précariat) qui dénonce le capital et sa domination…. Nous voilà bien.

      Une autre manière d’entendre précariat y voit une catégorie conflictuelle, l’enjeu d’une recomposition possible. Depuis le refus du travail (cf Lutte contre le travail ! Mario Tronti, http://multitudes.samizdat.net/Lutte-contre-le-travail) qui par le passé a contraint les patrons à « faire avec » la fuite de l’usine, de l’emploi, jusqu’à renverser une mobilité tactique (vers de moins mauvaises conditions de travail, de salaire) et stratégique (moins de travail, abolir le travail ici et maintenant) des ouvriers en une politique de précarisation, c’est-à-dire de contrôle de la mobilité salariale par les institutions du capital.
      Et également depuis tout ce qui préfigurerait une libre activité apte à détruire la cage concurrentielle de « l’entrepreneur de soi » (cf La personne devient une entreprise, note sur le travail de production de soi, André Gorz, http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4199), c’est à dire notre adéquation à l’économie, par delà l’emploi , sur un plan à la fois social et intime.
      Bref, le précariat comme catégorie politique, subjective, à construire : là où la supposée « citoyenneté du #travail » (si on veut bien admettre cet oxymore) n’existe en rien, une toute autre politique pourrait s’inventer.
      La classe ouvrière fut elle aussi avant tout une #invention politique, et pas comme ce fut ensuite le cas une catégorie sociologique.
      Cette invention de la classe ouvrière mêlait élaboration conceptuelle (cf, l’exemple princeps du Manifeste communiste de 1847) et expérience de luttes, d’entraide, solidarité et conflits fondateurs, voir, par exemple, à propos de La formation de la classe ouvrière anglaise, #Thompson et le problème de la conscience, http://multitudes.samizdat.net/Thompson-et-le-probleme-de-la. ou encore (et là on redécouvre que la politisation ouvrière ne peut se déployer sans des lieux spécifiques, territorialisés hors de toute entreprise particulière…) Les Bourses du travail, berceau de l’identité ouvrière, http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5375

      ...

  • A propos de la monumentale étude sur la formation de la classe ouvrière anglaise(collection Points Histoire) de l’historien #Edward_P_Thompson

    Entretien avec #Miguel_Abensour à qui l’on doit l’édition française et l’historien #François_Jarrige qui a rédigé la préface pour l’édition en poche.
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/04/05/miguel-abensour-philosophe-et-francois-jarrige-historien-une-biographie-de-l

    Quelle a été l’influence de ce livre d’E. P. Thompson ? Pourquoi est-il si méconnu en France ?

    M. A. : Le livre a été traduit trop tard en français, en 1988, date qui explique que sa réception n’a pas été réussie. S’il avait été traduit en 1968, ou juste après, la situation aurait été différente. Est-ce qu’aujourd’hui les conditions sont réunies pour une meilleure réception ? L’école de François Furet (1927-1997), qui s’était repliée sur une lecture politique, au sens étroit du terme, paraît aujourd’hui dépassée, ce qui rend le contexte plus favorable.

    F. J. : Il faut bien voir que ce livre a infusé absolument partout, dans toute l’historiographie mondiale. En cela, la #France ressemble à un îlot épargné. En histoire, si on sort du cas hexagonal, les innovations les plus importantes des années 1980-1990, comme les Subaltern Studies en Inde, se sont totalement imprégnées d’Edward P. Thompson, car il s’agit d’écrire une histoire « par en bas », des dominés, de ceux qui ont été marginalisés par l’historiographie nationaliste ou marxiste. Et même en France, à mesure qu’on s’est détachés de l’historiographie marxiste, qui s’intéresse essentiellement aux organisations, aux syndicats ou aux leaders, on a vu monter un intérêt pour Thompson.

    Conférence à la #Sorbonne de François Jarrige et Xavier Vigna Maîtres de conférence en Histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne autour du livre d’Edward P. Thompson.
    http://vimeo.com/62285302

    Biographie de l’auteur :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Palmer_Thompson

    E. P. Thompson est né en 1924 à Oxford d’un père missionnaire presbytérien au Bengale, Edward John Thompson (1896-1946). Il abandonne ses études en 1941, à 17 ans, pour s’engager dans l’armée britannique : il combat notamment dans une unité blindée lors de la campagne d’Italie ; il participe notamment à la bataille de Monte Cassino4, puis à la prise de Pérouse, sur laquelle il reviendra lors d’une rencontre du mouvement pour la paix en Italie en 1984 5. Il adhère dans le même temps au Parti communiste de Grande-Bretagne.
    À l’issue de la guerre, alors qu’il dirige des cours du soir (extramural studies) de littérature dans le Yorkshire, il crée en 1946 le Communist Party Historians Group, avec notamment Christopher Hill, #Eric_Hobsbawm, Rodney Hilton et Dona Torr ; avec eux, il lance en 1952 une revue destinée à avoir une grande influence, Past & Present. De fait, « E. P. Thompson est un outsider académique, qui reste toute sa vie extérieur au monde d’Oxbridge, et un franc-tireur idéologique »3 : il quitte en 1956 le #parti #communiste pour protester contre l’#intervention #soviétique en Hongrie et contribue à la recomposition de la #gauche #marxiste #britannique, la Nouvelle #gauche (« New Left ») dans les années 1960. Il joue ainsi un rôle important, avec Perry Anderson ou Eric Hobsbawm, dans la création de la New Left Review en 1960, avant de prendre en 1965 la tête du Centre for Study of Social History (université de Warwick). Idéologiquement marqué par le socialisme anti-industriel du sujet de ses premières recherches, William Morris, E. P. Thompson « prône un #humanisme marxiste teinté de radicalisme plébéien »3.
    Il meurt à Worcester en 1993, à l’âge de 69 ans.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_P._Thompson

    #Histoire #historiographie #Archives #Ouvriers #Luttes #Révolution_industrielle #Politique #Sociologie #Usine #Luddisme #Livre

    • L’oeuvre de Thompson a été et demeure au purgatoire comme celle-ci : Age of Extremes (L’Âge des extrêmes) , ouvrage d’Eric Hobsbawm. Les historiens aussi s’unissent en groupes de pression... Les universitaires en ont même fait leur spécialité.

    • De cet ouvrage, il ne faut pas seulement dire que c’est sans doute un des plus beaux livres d’histoire qui ait été écrit ; car c’est aussi l’une des recherches les plus fondamentales pour comprendre le nouage entre la méthode historique et le problème de la constitution d’un #sujet_politique. L’ensemble de l’ouvrage présente une approche immanente à la constitution d’une conscience de classe : la première partie (« L’arbre de la liberté ») explore la manière dont se développe en Angleterre une conscience révolutionnaire jacobine, sous l’impulsion de la Révolution Française ; la deuxième partie (« La malédiction d’Adam ») met au jour l’opération de démantèlement de cette conscience par l’offensive capitaliste articulée à la « révolution industrielle » ; la troisième partie (« Présence de la classe ouvrière ») montre comment la conscience de classe ouvrière émerge peu à peu, à partir de la recomposition d’éléments de la conscience révolutionnaire jacobine dans un monde transformé. Mais qu’entend-on, exactement, par « conscience » ? Et surtout : le terme est-il adéquat pour saisir la réalité subjective dont il tente de rendre compte ?

      Thompson et le problème de la conscience, par Bernard Aspe
      http://multitudes.samizdat.net/Thompson-et-le-probleme-de-la

      #subjectivité

    • Pour le plaisir de voir et d’entendre Edward P. Thompson.
      Il n’y a malheureusement pas de sous-titres en français
      http://www.youtube.com/watch?v=RJl3_ulTmoQ

      Abstract: This is a film of a seminar on ’Models of Change’ over two days on 20th and 21st March 1976. The participants in the four sessions, lasting eight hours in all, were: Peter Burke, Sally Humphreys, Ernest Gellner, Raphael Samuel, Joel Kahn, Maurice Bloch, Jack Goody, Maurice Godelier, Arnaldo Momiliagno, Edward Thompson, Keith Hopkins, Tom Bottomore, Edmund Leach. The seminar was convened by Alan Macfarlane and held in King’s College, Cambridge.

      Description: This is one of four seminars in the series. The films of one other seminar will be made available on the web. The films were made and edited by the Audio Visual Aids Unit at Cambridge, directed by Martin Gienke and with the assistance of Sarah Harrison. The films were saved from deteriorating quarter inch tape by the British Film Institute, London.

  • Thompson et le problème de la conscience
    par Bernard Aspe
    http://multitudes.samizdat.net/Thompson-et-le-probleme-de-la

    Edward P. Thompson est historien, il a écrit relativement peu de livres, et seuls deux d’entre eux ont été traduits en français, dont son oeuvre majeure, La formation de la classe ouvrière anglaise [1]. De cet ouvrage, il ne faut pas seulement dire que c’est sans doute un des plus beaux livres d’histoire qui ait été écrit ; car c’est aussi l’une des recherches les plus fondamentales pour comprendre le nouage entre la méthode historique et le problème de la constitution d’un sujet politique. L’ensemble de l’ouvrage présente une approche immanente à la constitution d’une conscience de classe : la première partie (« L’arbre de la liberté ») explore la manière dont se développe en Angleterre une conscience révolutionnaire jacobine, sous l’impulsion de la Révolution Française ; la deuxième partie (« La malédiction d’Adam ») met au jour l’opération de démantèlement de cette conscience par l’offensive capitaliste articulée à la « révolution industrielle » ; la troisième partie (« Présence de la classe ouvrière ») montre comment la conscience de classe ouvrière émerge peu à peu, à partir de la recomposition d’éléments de la conscience révolutionnaire jacobine dans un monde transformé. Mais qu’entend-on, exactement, par « conscience » ? Et surtout : le terme est-il adéquat pour saisir la réalité subjective dont il tente de rendre compte ?