Les « 28 pages » classifiées : une diversion aux vrais problèmes entre Ryad et Washington

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  • Les « 28 pages » classifiées : une diversion aux vrais problèmes entre Ryad et Washington
    Gareth Porter
    http://www.middleeasteye.net/opinions/les-28-pages-classifi-es-une-diversion-aux-vrais-probl-mes-entre-ryad

    ...il est peu probable que la déclassification de ces 28 pages caviardées n’ajoute une quelconque nouvelle révélation dramatique au sujet des Saoudiens et des pirates de l’air qui ont perpétré les attentats du 11 septembre. L’ancien sénateur Bob Graham, qui était à la tête de la Commission d’enquête conjointe pour le Sénat, a laissé entendre que ces 28 pages contenaient des éléments à charge sur les liens des pirates de l’air avec le gouvernement saoudien. Toutefois, les preuves tangibles de Graham seront probablement davantage des pistes spéculatives plutôt que des preuves réelles de l’appui du gouvernement saoudien aux pirates de l’air. -

    [...]

    Le régime saoudien a certainement joué un rôle dans la suite d’événements qui ont abouti au 11 septembre, mais nul besoin d’attendre la déclassification des 28 pages pour le comprendre. Il a longtemps été bien documenté que la base socio-politique favorable à l’organisation anti-américaine de ben Laden dans le royaume était si grande et influente que le gouvernement lui-même avait été contraint de marcher sur des œufs avec al-Qaïda jusqu’à ce que commencent les attaques du groupe contre le régime saoudien en 2003.

    L’administration Clinton avait appris que les partisans saoudiens de ben Laden avaient été autorisés à financer ses opérations par le biais d’organismes de bienfaisance saoudiens. Le régime saoudien a systématiquement rejeté les demandes de la CIA concernant le certificat de naissance, le passeport et les relevés de banque de ben Laden. En outre, les enquêteurs de la Commission sur le 11 septembre ont appris que, après le départ de ben Laden du Soudan pour l’Afghanistan en mai 1996, une délégation de responsables saoudiens avait demandé à de hauts dirigeants talibans de dire à ben Laden que s’il n’attaquait pas le régime, la déchéance de sa citoyenneté saoudienne et le gel de ses avoirs de 1994 seraient annulés.

    Le gouvernement américain savait que le financement saoudien de madrasas partout dans le monde était une source majeure d’activisme djihadiste. Le point de vue wahhabite extrémiste du régime saoudien sur l’islam chiite est la base de sa position paranoïaque concernant le reste de la région et de la déstabilisation de la Syrie et du Yémen. Les 28 pages devraient être publiées, mais au moment où les contradictions entre les intérêts américains et saoudiens commencent enfin à être reconnues ouvertement, cette question n’est qu’une autre diversion au réel débat concernant l’Arabie saoudite – un débat nécessaire et urgent.

    #Arabie-Saoudite #Etats-Unis